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le calice des unitariens

chaque communauté unitarienne arbore un blason ou un logo. Voici celui des unitariens qui sont regroupés au sein de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Voir sur son site à la rubrique "le calice des unitariens"
http://afcu.over-blog.org/categorie-1186856.html


 

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27 avril 2010 2 27 /04 /avril /2010 10:42

Yohann Amal (Bordeaux, unitarien-universaliste),

Oui, Jean-Claude (en réponse aux propos de ce dernier sur le christianisme ésotérique), toutes ces constructions ésotériques ont fini par lasser le bon peuple : les Eglises traditionnelles et les religions officielles ont fini par se vider de la majorité des fidèles qui acceptaient de suivre sans réfléchir. Quoi qu'elles connaissent actuellement un regain de santé dans leurs formes intégristes, sans parler des sectes (comme tu le dis, qui diabolisent la société civile ) : "le monde est sous l'emprise du diable, venez chercher votre salut chez nous : nous avons la vérité".

Cependant des personnes religieuses ont touché l'Humanité grâce à l'efficacité de la grande compassion qui les animait, ou les anime encore : mère Teresa, soeur Emmanuelle, l'abbé Pierre, le dalaï Lama ...

Le libéralisme, l'unitarisme : une chance pour l'avenir : à nous de la saisir.

Fabien Maisonneuve (Les Yvelines, musulman et unitarien),

En fait, la Trinité pose la question de savoir si l'unicité comprend l'individu, l'homme en son sein : rien n'existe en dehors de Dieu. Le Je en nous, le Je véritable, c'est Dieu ; le moi superficiel, l'ego, n'est qu'une enveloppe qui nous laisse dans l'illusion : tout est Un. Dieu, l'Esprit, l'Homme.

Sauf qu'en cristallisant cette unicité de l'homme et de Dieu sur le Christ seul, on finit par placer l'homme à l'extérieur de Dieu, dans le péché, et Jésus devient seul dépositaire de l'Union en Dieu, quoique l'Esprit Saint agisse pourtant dans cette logique d'unicité, avec les saints qui se retrouvent donc dans l'unité du Saint Esprit.

L'Eglise catholique affirme que c'est par le Christ qu'ils sont comptés dans le Saint Esprit, mais ils ne paraissent pourtant aucunement dans la Trinité. En quelque sorte, seuls les saints sont concernés par l'unicité, et leur rendre un culte paraît alors normal, mais il y a fausse donne ! L'Esprit Saint peut en effet toucher tout le monde, c'est une grâce à qui sait aimer, à qui est ardent du désir de Dieu, à qui efface son ego !

De cette façon, le catholicisme a divinisé des hommes, en particulier le Messie d'Israël, le Fils de l'Homme, et rendu inaccessible le véritable mystère, celui de l'Unicité, lequel nous enseigne que nous ne sommes qu'une manifestation du Dieu unique, que notre séparation de Lui est une illusion due à la prégnance des sensations de ce bas monde. Le mystère de l'Unicité, c'est que Dieu est en nous, qu'il ne faut pas le chercher dans les étoiles ou sur le mobilier d'un bâtiment fait de mains d'homme.

Raymond Bath (Montignies-sur-Sambre, Belgique, chrétien libre-penseur), septembre 2009

Dans l’ensemble, la chrétienté offre le spectacle lamentable d’un fouillis de sectes. La catholique romaine est la plus obèse, mais c’est une secte quand même. Elle en a toutes les caractéristiques. Le mal est trop important pour qu’un seul homme puisse y remédier ; ce sera le travail de l’Esprit saint. Soyons simplement altruistes et de bonne volonté sans omettre les Saintes Ecritures.

Déjà à la fin du première siècle de notre ère, il existait des sectes gnostiques plus ou moins « christianisantes ». Une secte se forme généralement dans le sein d’une secte-mère. Un ou plusieurs mécontents contestent quelques points de doctrine, prétendent les rectifier ; finalement, c’est la séparation. « Un pur trouve toujours un plus pur qui l’épure ». A côté des erreurs rectifiées, les nouveaux leaders commettent d’autres erreurs. Ils seront contestés à leur tour. C’est une histoire sans fin !

On peut être conciliant, tolérant, compréhensif, ne vouloir rien brusquer, il y a quand même des croyances qu’on ne peut admettre, telle que le dogme de la Trinité. Peut-on honnêtement se complaire dans l’absurdité ? Quinze jour avant de recevoir le bulletin n° 96 (« Michel Servet fut-il un prophète ? », par Fabien Girard, octobre 2009, http://labesacedesunitariens.over-blog.com/article-36658032.html), je me suis dit : « Je ne peux rester neutre sur tous les sujets ; j’ai les moyens de pulvériser cette croyance qui fait obstacle à la saine raison ; si je ne le fais pas, ma conscience ne me laissera pas en paix ! ». Le travail est commencé …

Nicolas Semaille (Mons, Belgique, unitarien humaniste),

le 26 avril 2010, au forum des « Unitariens francophones »

La plupart des sagesses de l'Humanité à égalité, sans plus une seule au centre, ou encore plus de croyances religieuses du tout sinon leurs apports culturelles et artistiques reconnues ?

Imagine, par John Lennon :
Imagine there's no countries, / It isnt hard to do, / Nothing to kill or die for, / And No religion too, / Imagine all the people / living life in peace ...


Yohann Amal (Bordeaux, unitarien-universaliste) en réponse à Nicolas Semaille

Bonjour Nicolas. C'est ce que je vis sur un plan personnel. Cela est peut-être du syncrétisme, mais je n'ai plus besoin de comparer les prophètes comme on me le demandait. Je peux très bien me sentir soufi, tout en expérimentant la présence de Jésus dans ma vie quotidienne , sans pour autant adhérer à une confession chrétienne ni à l'idée d'un Créateur personnel, et en acceptant comme enseignements tout ce que la Vie peut m'apporter d'édifiant : c'est aussi une notion du tao : ne pas résister au flux de la vie.

Je suis depuis deux jours en correspondance avec une musulmane soufie de la confrérie Alawyia et j'ai eu la joie qu'elle me dise qu'elle se retrouvait totalement dans mon blog "Spiritualités unitariennes" (http://spiritualites.unitariennes.over-blog.fr). L'Esprit dépasse le cadre des religions. Si les religions ont du soucis à se faire, la spiritualité, elle, a de beaux jours devant elle.

"Que tu le veuilles ou non", par Raymond Bath (Montignies-sur-Sambre, Belgique, chrétien libre-penseur), Lettre à Jean-Claude Barbier, septembre 2009, poèmes dédiés à ses petits-cousins Karim et Mehdi.

JUIF, tu l’es, mon frère chrétien / que tu le veuilles ou non. /
« Ton Dieu seul adoreras ; Ton prochain comme toi-même aimeras » /
Ce précieux commandement, / C’est Moïse qui te l’a transmis / ne l’oublie pas !


CHRETIEN, tu l’es / que tu le veuilles ou non, / mon frère musulman /
Le Prophète n’a-t-il pas repris / maintes paroles de Jésus, de Marie, de Jean-Baptiste ?
Allah, Yahweh, l’Eternel / c’est Tout Un / C’est le même Dieu !


NOUS TOUS / juifs, chrétiens, musulmans / sommes fils d’Abraham, / selon la chair ou selon l’Esprit /
Tous frères, mais – hélas – « frères ennemis »./
Biffons « ennemis » et contentons nous de « séparés », en attendant …. En attendant quoi ? /
Même s’il faut attendre longtemps, / de nous appeler frères réunis ! / Que tu le veuilles ou non !


Eric Agier (chrétien unitarien, Buchillon, Suisse), Lettre à Jean-Claude Barbier, le 8 avril 2010

J’ai lu avec beaucoup d’admiration ton exposé doctrinal sur le « Christianisme pour intellectuels » (Correspondance unitarienne, n° 102, avril 2010). Un excellente synthèse dont je te félicite fraternellement. Mon vœu serait que tu réussisses après çà à formuler une doctrine simplifiée, accessible aux gens du peuple. Les jeunes sont abandonnés à la vacuité spirituelle. Quant à moi, à 93 ans, je me retire de la compétition, j’ai déjà donné avec mon livre « Interview de Jésus-Christ » (1). A toi maintenant de jouer en dynamisant et en vulgarisant le christianisme unitarien.


(1) voir notre présentation de ce livre dans les Actualités unitariennes du 19 juin 2007,  « Comment parler de Jésus aux jeunes ? », 2006 – " Interview de Jésus-Christ : les questions de Benoît ", Paris, l’Harmattan, 166 p. (Cheminements spirituels).

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27 avril 2010 2 27 /04 /avril /2010 10:29

" Le christianisme est-il un ésotérisme ? ", par Jean-Claude Barbier, communication au groupe Yahoo Unitariens francophones, le 30 janvier 2010, article à la Une de la Correspondance unitarienne n°103, mai 2010.

Avec la construction trinitaire qui est un casse-tête chinois pour qui veut comprendre rationnellement ce qui nous est d’ailleurs finalement présenté comme "mystère", mais aussi avec tous les dogmes qui s'en sont suivis, le catholicisme, mais aussi la plupart des christianismes, sont devenus autant de forêts impénétrables aux non initiés. On ne s'en est pas rendu compte pendant très longtemps car le catéchisme (par exemple celui de Trente) donnait réponse à tout, par un jeu de questions / réponses, et touchait une grande majorité de gens par un maillage paroissial couvrant tout le territoire.

On aboutit à un véritable ésotérisme avec la coupure entre initiés (le clergé formé dans des séminaires) et les braves laïcs, avec des concepts abstraits et métaphysiques (donc invérifiables par les sciences), l'hyper développement d'une terminologie technique, et des arguties aussi emberlificotés qu’un delta de fleuve sinueux.

Aujourd'hui, où beaucoup moins de gens possèdent une culture chrétienne, cet ésotérisme éclate au grand jour. Le christianisme est devenu minoritaire, l'affaire de certains dont ce serait la lubie, qui croiraient encore bien naïvement à des choses « comme çà », à des légendes sans fondement historique et aux miracles, une voie particulière qui ne concerne plus les autres, qui n'est plus du tout comprise en dehors de son cercle de fidèles.

Les Réformes protestantes du XVIème siècle ont effectué un premier nettoyage, mais ont laissé bien des choses en place (le Péché originel, la Trinité, etc.). Pire, elles en ont ajouté de nouvelles : la Grâce "seule" et donnée avec parcimonie, la Bible sola escritura, la prédestination (reprise de saint Augustin et amplifiée jusqu'au délire par Calvin), etc.

Marre des religion qui, telles que des grenouilles, se prennent pour des boeufs ! se veulent des totalités englobant tout, ayant réponse à tout, dictant leurs ordres sur tout et à tout le monde.

On retrouve la même ambition avec d'autres systèmes totalitaires comme le marxisme-léninisme, de nombreux ésotérismes, certaines sectes (au sens d’une emprise totale avec diabolisation des autres courants de pensée et/ou de la société civile), etc. A noter que, bien que proposant une initiation, la franc-maçonnerie a somme toute versé dans la sobriété, surtout quand elle se limite à l'affirmation du GADLU et évite la mystique du Christ cosmique ou encore la supposée Fraternité blanche du temps d’Akématon Ier ; chez elle, l'inflation semble s’être portée sur le rituel et l'organisation interne.

Chaque fois, on nous propose un jargon à apprendre ; çà fait savant et les "étudiants" ont le vif sentiment, à peu de frais intellectuel, d'appartenir à une élite. M'envoyer vite fait bien fait tout ce beau monde sur les bancs des universités, publiques ou reconnues ! C'est là tout l'enjeu des programmes scolaires portant sur les religions, sur leur connaissance objective et comparée, sur leur dimension culturelle, loin des catéchismes.

J'apprécie le fait que l'unitarisme n'ait pas de prétention au niveau d'un corpus de connaissances qui lui serait propre : toute simplement nous tenons compte des progrès scientifiques, de l'exégèse moderne de la Bible, de l'évolution des consciences, etc. A ce niveau, nous n'avons rien à dire de spécial. On se demande d'ailleurs bien pourquoi nous avons quelques (mais toutefois rares) catéchismes historiques (lien ) !

Serions nous donc des pauvres en connaissances, des minimalistes ? Ainsi les Pères de l'Eglise du IIème siècle jugeaient-ils les ébionites (communautés résiduelles du judéo-christianisme du siècle précédent, qui ne lisaient que le Matthieu araméen et qui considéraient Jésus comme prophète et non comme un dieu).

 

Il nous reste la spiritualité, l'éthique, la morale et puis une formidable possibilité de fraternité avec les autres dès lors qu'il n'y a plus l'obstacle des dogmes, des vérités particulières à préserver, à affirmer, à imposer, et autres fatras : cela s'appelle la liberté d'aller vers son prochain, pour reprendre un mot cher aux évangiles.

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24 avril 2010 6 24 /04 /avril /2010 18:21

"Ralph et moi", par Adrian Abrahm, texte reproduit du site des unitariens-universalistes de La Corogne (La Coruña), Espagne (site fermé depuis). Traduit de l’espagnol en français par Jean-Claude Barbier.


" Le jour des jours, le grand jour de la fête de notre vie est celui où l'œil intérieur s'ouvre à l'unité des choses, à l'omniprésence de la Loi, et voit ce qui doit être ou ce qui est le mieux. Cette béatitude descend sur nous et nous voyons. Elle n’est pas en nous autant que nous sommes en elle. Si l'air emplit nos poumons, nous respirons et nous vivons, sinon, nous mourrons. Si la lumière arrive à nos yeux, nous voyons, mais pas d’une autre manière. Si la vérité vient à notre esprit, nous nous déploierons soudainement dans toutes ses dimensions, comme si nous nous accroissions à plusieurs mondes.

 

Nous sommes des législateurs, nous parlons par la Nature, nous prophétisons et nous divinisons (...). Un vent de volonté souffle sans cesse dans l'univers des âmes vers ce qui est juste et nécessaire. (...) La relation et la connexion ne s’établissent pas en des endroits particuliers ni à certains moments, mais toujours et partout. L'ordre divin ne s'arrête pas où il s'arrête la vue des hommes. Ce pouvoir de convivialité [ndlt = poder amistoso, amistar = rendre ami, réconcilier] fonctionne avec les mêmes règles à la ferme la plus proche que dans la plus proche planète. (...). La fortune d'un homme est le fruit de son caractère."


Commentaire personnel


La première fois que j'ai lu un extrait de Ralph Waldo Emerson, ce fut au travers de citations que le rabbin Chaim Stern avait sélectionné pour son livre de Day by Day ("De jour en jour") un répertoire des textes, de prières et de poèmes pour chaque jour de la semaine, en consacrant chaque semaine à un thème central tirée de la lecture de la Torah qui correspond. Ce furent les éditions Beacon Press Co., dont les presses sont au service de l’unitarisme, qui en assumèrent la publication vu qu’il était conçu pour un public très large [ndltr = donc au-delà du seul public juif]. Le plus curieux est que, dans un premier temps, mon intérêt pour Emerson en tant que penseur tarda à surgir et que, si je supportai plus ou moins sa poésie, ses discours me semblaient complexes et fastidieux


Lorsque j'ai terminé le livre de Chaim Stern, qui m'a accompagné durant toute cette année, j'ai décidé d'approfondir l'étude d’auteurs juifs contemporains, restant impressionné par le professeur Mordecai Kaplan. Son approche m'a semblé (et me semble toujours) tout simplement génial : Dieu n'est pas une personne ni un individu, mais un processus, traduit en prédicats. Dieu est cette force qui opère dans, à travers et au-delà de la Nature, non seulement dans un état physique mais aussi morale, et qui aide l'être humain à réaliser des progrès et une auto-réalisation personnelle et social. Son travail a été précurseur de toute une théologie, le transnaturel, à savoir la croyance en Dieu en tant qu’énergie inhérente à l'amélioration de l'activité humaine, comme agissante par l'intermédiaire de l'être humain et en harmonie avec la nature. C’était exactement ce que je pensais de Dieu. Kaplan m'a tant impressionné que j’ai dévoré son livre à plusieurs reprises.


Puis une autre année s’est passée. Dans la congrégation unitarienne avec laquelle je suis entrée en contact pour la première fois [ndlr. la Sociedad Unitaria Universalista de España  SUUE], on parlait beaucoup d’Emerson en le citant souvent. J'ai décidé de lire plus à son sujet, à partir de "La conduite de la vie" et "Platon". J’ai découvert un complice en Emerson, parce que j'ai vu que sa vision du monde ressemblait beaucoup à la mienne. De la lecture de ses livres, j'ai extrait un grand nombre de réflexions, non seulement sur la façon dont, lui, il a vu la nature, mais aussi sur la façon dont je la vois moi-même, ceci m’aidant aussi à mettre de l’ordre dans un certain nombre d’idées.


Le résultat est un tas de pages en vrac, en deux colonnes, dans lesquelles je marquai un extrait avec, en face, des annotations souvent d’ailleurs indéchiffrables, et que j’ai intercalées entre les pages du livre.


Je suppose que beaucoup d'entre vous qui êtes entrain de me lire s’attendent à une introduction sur la vie et l'œuvre de Ralph Waldo Emerson, ou sur le transcendantalisme. Il m’a semblé plus agréable (et peut-être plus approprié) de sauter les deux pour une conclusion directe, où vous pouvez peut-être répondre aux deux à la fois sans mon aide.


Pour comprendre l’œuvre d'Emerson nous devons partir d’une polarité non résolue : le destin face à la liberté. Le destin, tel qu’Emerson le décrit, est le « dictat irrésistible » ou « le poids de l’univers ». La liberté est l’autre face, comme « l’existence particulière de l’individu, la grandeur du devoir, la force du caractère ». Nous devons tenir compte l’époque à laquelle Emerson écrivit : la révolution agraire et industrielle était en pleine ébullition et le calvinisme s’affaiblissait – et avec celui-ci l'idée de la prédestination, c'est à dire la croyance que l'homme naît avec un destin marqué comme un signe indestructible, comme un " jour donné " auquel vous ne pouvez échapper.


Chez Emerson, la prédestination est conservée, mais transformée en prémisse. Non que l'homme soit décrit dans le livre de sa vie, sans pouvoir d’en déplacer une virgule ou un tildé, mais il est vrai que la personne est limitée par ses conditions physiques, son éducation, les circonstances de sa vie, sa nature ou, pour reprendre Emerson, par "ce que vous ne pouvez pas faire." Ainsi, "la population du monde est une population conditionnelle ; elle n’est pas la meilleure possible, mais la meilleure que nous puissions vivre maintenant". L'habitat, le climat, la culture, agissant en qualité de prémisses, contre lesquelles (surtout lorsqu’on est plus jeune), vous ne pouvez pas lutter.


Mais la liberté est un fait fondamental et qui peut être prouvé. Ensuite, ou c’est un contrepoids et, par conséquent, elle est aussi forte que la contrainte ou l’aspect de la nature que nous devons compenser, à la recherche de l'équilibre, ou bien elle fait partie de la Nature elle-même, est le fruit de la même nécessité, et alors les êtres humains peuvent "confronter destin contre destin". Et puis, "dans l'âme jaillit toujours l’impulsion de choisir et d'agir."


La relation entre les circonstances et la liberté de l'homme n'est pas posée comme un conflit, mais comme une tension. Nous ne pouvons même pas dire que l'approche de Emerson serait dualiste, mais une défense absolue de l’unité et de l’interrelation des choses. C'est la raison pour laquelle il existe à la fois un lien entre l'homme et l'univers et une possibilité de relâcher cette relation. " Les limitations de toute sorte nous affinent tandis que l'âme est purifiée, mais l'anneau de la nécessité englobe tout ", dit Emerson.


Comme le disait Emerson, je crois que l'être humain est immergé dans la Nature, et je crois que, en dépit de ne pas pouvoir clairement percevoir ces relations, tout l'univers est régi par un déterminisme atroce.

 

Toutefois, peut-être que l’incapacité toute humaine à comprendre les causes et les effets des événements qui nous entourent, génère dans notre espèce cette capacité à explorer et à créer, et que à la fin, c’est ce qui nous fit sortir de nos cavernes et éclaire nos esprits . Quand l'espèce développe le langage jusqu’au dedans de nous, en notre intérieur, elle en gagne une vision de ce qui est particulier. Sa façon de voir le monde, se convertit alors en vision unique, et les signes, naguère automatiques, dépendent désormais de sa volonté idiolecte, enchantée (ndlt : « maravillosa ») et transformatrice.


Le monde intérieur nous amène à la réflexion. C'est pourquoi je pense que l'approche émersonienne est vraie : la nécessité, pour l'espèce humaine, de transformer la nature, le "destin" ; notre indescriptible capacité à croître dans la liberté. La pensée agit comme une turbine libératrice. Dans les mots du philosophe américain, " la révélation de la pensée sort l’homme de la servitude et l’entraîne dans la liberté ". Mais nous n’en cessons pas pour autant de rester attachés à la nature, de dépendre d’elle.  Ou peut-être à cause de tout cela, précisément, notre liberté est-elle possible, et à l'intérieur précisément de ces limites invisibles que marque la nature.


L'idée qui attire le plus mon attention chez Emerson est la croyance en la nature comme une source de morale et d'éthique, comme indiqué dans les travaux de Kaplan. L'univers n'a pas seulement laissé des lois physiques bien établies, mais aussi des lois sociales. Ces lois élèvent la Nature au niveau de l'éthique qu’elles nous révèlent : une source d'expériences et de leçons de morale. La nature veut la justice, la création humaine, la paix et l'ordre, pas la guerre, la dévastation des ressources ou ce qui est préjudiciable, " réclamant justice à l'homme et le frappant, avant ou après, lorsqu’il ne pratique pas la justice ( ... ). Lorsqu’un chemin est bon, le héros le voit et avance avec cette intention (de justice), pendant que le monde lui sert de racine et de soutien. »

 
Nous devons agir dans le monde, mais ne pas le dévaster. Cela permet sa transformation, mais aussi pose la limite de nos activités.


Ce n'est pas l'obsession de la vérité, mais par notre caractère, il s'agit de trouver ce qui caractérise la vie bonne. Bien sûr, la vérité est inaccessible, comme le soleil de Platon dans le mythe de la cave : tout au plus, nous pouvons la contempler et la montrer, mais non pas la toucher ni l’atteindre, ni la comprendre profondément. La vérité se comporte comme un oiseau qui est sorti de sa cage. Vous être perdu, ne sachant quoi faire ; vous pouvez essayer de l’attraper, le reprendre dans vos mains, mais d’un saut, il a repris la fuite.

 

Ainsi, la mémoire ou la pensée en collision avec un univers perpétuel, mais qui est aussi en transformation continue, et qui en un millionième de seconde, est tout à fait un nouvel univers, comme s’il n’y avait pas eu un avant ni un après qui adviendra. La pensée et la nature rompent [le cours des choses] par un choc constructif : la pensée se met en forme, et la nature se laisse comprendre. Les œuvres humaines comprennent l'âme humaine de l'individu, l'individu dynamique, en action, l'expression de son caractère. « L'événement, c'est l'impression de votre marque », a déclaré Emerson.


Mais si nous sommes assujettis à la nécessité, notre vie concrète en est-elle pour autant prédéterminée ? Bien sûr que non. La liberté nous permet de transcender les contraintes ; elle nous permet de surmonter ou de contourner la nature (ce qui ne permet pas d'éliminer ses limites, parfois même de les transformer en possibilités nouvelles de nous améliorer). […] Votre héritage dépend, en grande partie, de vos actions, et donc votre caractère. Votre salut dépend, dans une large mesure de votre caractère [ndlt : volonté]. Cela signifie : travaillez avec ce qui vous a été donné, et essayez d’en sortir le mieux possible, agissant librement et de façon responsable, en respectant aussi les autres. Une grande partie dépend de vous, et non seulement des circonstances, de la force physique, ni la chance.


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24 avril 2010 6 24 /04 /avril /2010 10:06

image002.jpgNote du révérend Rex Styzens, ancien ministre UU, membre de l’Eglise unitarienne par correspondance (Church of the larger fellowship CLF)  (lien), et qui a soutenu une thèse sur Emerson dans le cadre d’une maîtrise de philosophie. Voir son site. Cette note a été traduite en français et transmise à la Correspondance unitarienne par Richard Brodesky, membre de l’Unitarian Universalist Church of Tucson (UUCT), en Arizona. Voir la présentation de cette Eglise sur le site des unitariens français (lien).

 
Puisque Emerson vécut une longtemps, sa relation avec l’universalisme fut une longue histoire. Après avoir démissionné de son poste de pasteur en 1832, il ne rompit pas pour autant ses liens avec les unitariens, et ceux-ci, pour la plupart, ne l’abandonnèrent point. Après son discours surprenant, mais maintenant très célèbre, « Harvard Divinity School Address » en 1837 (lien) quelques professeurs de cette faculté le traitèrent d’ «infidèle». Il resta cependant très apprécié par la plupart des ecclésiastiques unitariens.


A mon avis, les unitariens-universalistes américains ne lui ont pas accordé suffisamment d’attention. Dans la mesure où Emerson subit l’influence du romantisme de son époque, il est généralement considéré comme un romantique. Ainsi, tomba-t-il dans l’oubli philosophique et théologique de la fin du XIXe siècle jusqu'à la fin du XXe. Comme excellent écrivain, il resta néanmoins reconnu comme auteur américain par ceux qui étudient cette littérature.


La réaction contre le positivisme logique et contre le réalisme scientifique qui eut lieu dès le milieu du XXe siècle créa une renaissance des études sur Emerson. A vrai dire, ces deux philosophies restent toujours des disciplines actives mais, pour beaucoup d’entre nous, elles ont perdu de leur autorité et leur position d’avant-garde. Ce qu’on redécouvre maintenant, c’est l’apport initial de cet auteur. A mon avis, on n’a pas pu comprendre le message d’Emerson jusqu'à ce que Nietzsche contesta le christianisme. Ce développement ouvrit de nouvelles portes pour les Husserl, Heidegger, les existentialistes, Merlau-Ponty et ce qu’on appelle maintenant la philosophie "continentale" * et la phénoménologie. On peut mieux comprendre l’importance d’Emerson au vue de ces nouvelles disciplines qui n’existaient pas à son époque.

 

* ndlr - Les Américains  appellent "continentale" la philosophie européenne principalement axée sur le sujet pensant (phénoménologie) ou vivant (existentialisme) et sur l'histoire des textes, par opposition à la leur, dominée par la conception analytique (Christian Godin, 2004 - Dictionnaire de philosophie, éd. Fayard / Editions du temps, p. 257)


Ceci en ce qui concerne sa philosophie. Comme théologien, Emerson reste inconnu et encore à découvrir. On étudie rarement ses essais les plus difficiles. On est souvent perdu par son langage d’inspiration et d’extase. J’ai même lu que beaucoup de gens se perdent dans les phrases mêmes d’Emerson car elle sont parfois difficiles à interpréter clairement. Les Essais sont des recueils de telles phrases prononcées lors de ses conférences et Emerson les y mis ensemble avec ses notes.


On est loin de comprendre l’essentiel du transcendantalisme. A l’époque d’Emerson, le clergé unitarien lutta contre lui à propos de sujets comme les miracles et l’autorité biblique. Ces ecclésiastiques eurent peur de perdre le respect des chrétiens protestants d'autres dénominations bien établis. Théodore Parker, contemporain d’Emerson, resta ecclésiastique mais il lui fallut fonder sa propre Eglise à Boston [ndlr - en fait un auditoire régulier, mais non une Eglise dissidente] après sa condamnation par l’alliance officielle des ecclésiastiques [ndlr - de Boston]. On les accusa, Emerson et Parker, d'être des non-chrétiens et des déistes de bas étage [deistic scumbags : scum = l'écume, donc sacs contenant des rebuts].

 

Tous deux réussirent très bien à leur époque, mais la révolution industrielle et les vagues d’immigration allèrent bientôt rendre les versions conservatrices du christianisme plus dominantes. Et puis, "la controverse unitarienne *, comme on l’appela, bien qu’elle attira l’attention des citoyens ordinaires, fut essentiellement une bataille pour le pouvoir parmi les ecclésiastiques. Plus le clergé perdit de son influence, plus les Etats-Unis s’étendirent, plus on ignora ces controverses. Et voilà la situation aujourd’hui pour la plupart des gens.

* à la fin du XIXème siècle, des voix s'élevèrent pour ouvrir les Eglises aux gens vertueux, mais pas forcément croyants (agnostiques et non théistes), ce que les Américains appellent les "humanistes religieux".

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24 avril 2010 6 24 /04 /avril /2010 09:03

Jean-Claude Barbier à Pierre Bailleux, le 20 janvier 07


Finalement, nos universitaires parlent d'Emerson en tant que philosophe, mais PAS DU TOUT en tant qu'unitarien. Ce sont seulement les UUistes qui s'excitent avec Emerson. Celui-ci avait pourtant jeté sa robe de pasteur aux orties en 1832. C'est plutôt Théodore Parker qui a fait tout le boulot si j'en crois l'historien Earl Morse Wilbur. Albert Blanchard-Gaillard le considère comme suffisant et infatué de lui-même, ce qui est une bonne part de vérité. L'individualisme seul, en rupture avec le passé, donne effectivement des personnes imbues d'elles-mêmes, considérant qu'elles peuvent à elles seules repenser le monde et être géniales ! Or la pensée humaine c'est, à mon humble avis, un ensemble de continuités et de ruptures, mais non l'une ou l'autre.

Pierre Bailleux


Ce qui m’intéresse chez Emerson, c’est pas spécialement qu’il ait été pasteur, c’est le 68tar [soixante-huitard], l’anar, celui qui dérange parce qu’il secoue les bourgeois. Ne te trompe pas de cible, Jean-Claude, Emerson a influencé beaucoup de chercheurs de sens... hors des Eglises à la différence de Parker.

 

Il est en effet impossible et peut-être néfaste de vivre continuellement “en rupture”. J’aborderais Emerson comme je l’ai fait pour Nietzsche : avec admiration et reconnaissance mais aussi avec recul et critique, critique pas plus sévère qu’à l’égard de Martin Luther (or je le suis, critique à son égard) ; reconnaissance comme je peux en avoir pour Schweitzer, tout son contraire apparemment.

 

Remarque qui n’a aucun sens. Les historiens ont un point de vue, un angle de regard, très différent que celui d’un théologien ou d’un philosophe : plus pragmatique sans doute mais myope du point de vue spirituel. Enfin, c’est ce que je pense.

Jean-Claude Barbier


Je t'envoie mes documents sur Emerson. Les réflexions dont je t'ai fait part l'étaient par rapport à l'histoire de l'unitarisme et non pas par rapport à l'oeuvre d'Emerson en elle-même. Bonne étude de cet auteur.

 

Un intervenant *  dénonce le consensus fraternel au sein des Eglises

* dans le cadre du forum des Unitariens francophones (janvier 2007)

 

Il rappelle les propos prêtés à Jésus : "Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive" ; "Le royaume appartient aux violents qui savent s'en saisir" ; etc. Puis, il cite Emerson.


"Il faut que votre bonté ait quelque tranchant, sinon elle n'est point. Il faut que la doctrine de la haine soit prêchée, en contre-approche de la doctrine de l'amour lorsque cette dernière ne fait que piauler et geindre. […]

 

Ce que je dois faire est tout ce qui me concerne, non ce que pensent les gens. Cette règle également ardue dans la vie pratique et la vie intellectuelle peut servir à mesurer toute la différence entre la grandeur et la bassesse. Elle est d'autant plus ardue que vous trouverez toujours des gens pour penser qu'ils savent ce qu'est votre devoir, mieux que vous ne le savez vous-même. Il est facile, étant dans le monde, de vivre selon l'opinion du monde ; il est facile, dans la solitude, de vivre selon la nôtre ; mais il a de la grandeur, celui qui au milieu de la foule garde avec une suavité parfaite l'indépendance de la solitude. "

 

"L'objection à formuler quant au respect d'usages devenus pour vous lettre morte repose sur le fait que cela éparpille vos forces. Cela vous fait perdre votre temps et estompe l'empreinte de votre personnalité. Si vous soutenez une Église morte, si vous adhérez à une société biblique morte, si vous votez pour un grand parti, qu'il soit pour ou contre le Gouvernement, si vous dressez votre table comme de vulgaires maîtresses de maison — derrière tous ces écrans, j'ai du mal à cerner l'homme que vous êtes, et bien sûr c'est autant d'énergie retirée de votre vie propre. Mais accomplissez votre tâche et vous en serez fortifié. "

 

Quelques citations de Ralph Waldo Emerson *

* source : site "Proverbes et citations" (lien)

 

Il n'existe pas de défaite, si ce n'est de l'intérieur.

Il n'existe réellement aucune barrière insurmontable

si ce n'est votre propre faiblesse naturelle quant au but poursuivi.

La plus sublime révélation, c'est que Dieu est en chaque homme.

Le savoir-vivre, c'est la façon heureuse de faire les choses.

Partout, la société conspire contre l'humaine nature de chacun de ses membres.
Rien de grand n'a jamais été accompli sans enthousiasme.
Tout Gouvernement est une théocratie impure.
Tout héros finit dans la peau d'un raseur.


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24 avril 2010 6 24 /04 /avril /2010 08:49

Emerson, Ralph Waldo (1803-1882), essayiste, philosophe et poète américain.


Il naquit à Boston le 25 mai 1803, dans une famille de pasteurs. Dipômé de l'université Harvard à l'âge de dix-huit ans, il commença à enseigner avant d'entrer à la Harvard Divinity School pour y devenir pasteur de la seconde Église unitarienne (c'est-à-dire niant la Trinité) de Boston (1829). La même année, il épousa Ellen Tucker, qui mourut dix-sept mois plus tard.

 

Dès 1832, Emerson renonça à sa charge de pasteur pour cause de divergences dogmatiques [ndlr à propos du lord supper, la communion chrétienne] et quitta les États-Unis pour l'Europe. En Angleterre, il fit la connaissance de Samuel Taylor Coleridge, de Thomas Carlyle et de William Wordsworth. Sa rencontre avec Carlyle scella une amitié qui allait durer toute sa vie.

 

De son séjour à l'étranger, Emerson tira aussi un très beau livre de voyage, les Traits du caractère anglais (1856).


À son retour aux États-Unis en 1833, Emerson commença à Boston le cycle de conférences qui le rendit célèbre. Ses conférences s'inspiraient de ses Journaux (publiés après sa mort, entre 1909 et 1914), qui lui servaient de recueil d'observations et de notes. Le premier livre qu'il publia, Nature (1836), contenait sa déclaration de foi la plus détaillée. Il publia encore deux volumes successifs d'Essais (1841 et 1844), puis écrivit pour The Dial, la revue du transcendantalisme de la Nouvelle-Angleterre, fondée en 1840, dont il devint le rédacteur en chef en 1842. Plusieurs de ses conférences furent réunies dans le volume Représentants de l'humanité (1850), et des essais furent regroupés dans la Conduite de la vie (1860), qui connut un succès immédiat.

 

Emerson publia plusieurs recueils poétiques, parmi lesquels Premier Mai et autres poèmes (1867) —un recueil des textes publiés auparavant dans The Dial et dans Atlantic Monthly — et Parnassus (1874), le recueil de ses poèmes favoris.

 

 

Orateur réputé, penseur progressiste et intègre, Emerson milita pour la spécificité culturelle des États-Unis: le transcendantalisme fut pour lui un moyen de faire prendre conscience aux Américains qu'ils pouvaient, en suivant leur énergie et leur créativité spontanée, construire un monde sans référence au Vieux Continent. Il milita en outre pour la cause abolitionniste en donnant de nombreux discours contre l'esclavage.

 

Emerson mourut le 27 avril 1882 à Concord dans le Massachusetts.

 

source : site "proverbes et citations" (lien)

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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 08:27

Source : informations trouvées par Pascal Acker “The Unitarian advocate and religious miscellany”, volumes 5-6, pages 186 et 189 (lien). Traduction courante par Jean-Claude Barbier.

Voir notre article précédant : "Des unitariens à Paris en 1831" à la date du 7 mai 2007 (lien).


WORSLEY, ISRAEL (1768-1836), ministre unitarien, est né à Hertford en 1768. Son grand-père, John Worsley fut pendant 50 ans successivement instituteur en cette ville et auteur d’une grammaire (en 1736) et d’une traduction du Nouveau testament qui fut publiée à titre posthume et grâce à une souscription en 1770, trois ans après sa mort en 1767. Son père fut lui aussi instituteur durant 30 ans à Hertford et publia une grammaire latine.


Israel Worsley entra au lycée de Daventry (Daventry Academy) en 1786, sous Thomas Belsham, lequel en fit un unitarien. En décembre 1790, une société de marchands anglais de Dunkerque l’engagea comme ministre du culte car il n’y avait pas, en cette ville, de culte en leur langue. Le culte devait être mené avec un “livre de prières communes composé pour l’Eglise anglaise à Dunkerque avec une collection de psaumes”, lequel livre fut édité à Dunkerque en 1791 (et sera republié en 1848). I. Worsley ouvrit une école, mais il dût quitter la ville en 1793 à cause de la guerre [le Blocus de l'Angleterre par Napoléon] et ne put y revenir qu’après la signature de la paix d’Amiens en 1802, mais il y fut arrêté lors d’une reprise des hostilités l’année suivante.


Paris_-_Passage_de_Choiseul_03.jpgFinalement, il put s’échapper vers la Hollande, puis on le retrouve de 1806 à 1813 comme ministre à Lincoln en Angleterre, puis de 1813 à février 1831 à Plymouth (où il créa une mutuelle de solidarité et une librairie de livres religieux). C’est alors qu’il quitte Plymouth avec toute sa famille pour un séjour de 6 mois à Paris. Le contexte le persuada que l’implantation d’un lieu de culte unitarien était possible : celui-ci fut ouvert en juin 1831 (le premier culte eut lieu le dimanche 12 juin, au n° 12 de la rue de Choiseul, au S-E de l’Opéra de Paris.

 

le passage de Choiseul (distinct de la rue de Choiseul, mais dans le même quartier)


En janvier de l’année suivante (en 1832) une association (French Unitarian association traduit en français par Association unitaire française AUF) (lien) fut fondée avec siège à la rue de Provence * afin d’être habilitée à diffuser publiquement des textes (“tracts” en anglais). Elle rechercha un pasteur français afin de prêcher alternativement avec I. Worsley et de permettre à ce dernier d’aller en province pour étendre l’association (lien). Mais une épidémie de choléra dispersa malencontreusement la congrégation naissante, les cultes durèrent toutefois jusqu’en juin 1833.

* La rue de Provence court, d'ouest en est, de la Gare Saint Lazare à la rue du Faugbourg Montmartre


De retour en Angleterre, il fut de nouveau ministre à Lincoln, à partir de juin 1833. Il mourut au Havre le 3 septembre 1836 [ndlr : ultime séjour ou bien de passage ? ]. Son fils, William Worsley (1796-1881) fit des études au Manchester College de 1816 à 1819, et fut ministre unitarien à Thome (1819-1822), Hull (1822-1825), et Gainsborough (1825-1875).


En plus de sermons, de tracts et de livres scolaires, il publia :

1. 'Account of the State of France . . . and the Treatment of the English' 1806

2. 'Memoir of Jacob Brettell' Lincoln, 1810

3. 'Observations on ... Changes in the Presbyterian Societies of England' 1816 (intéressante pour une histoire de l'unitarisme)

4. 'Lectures on ... Nonconformity' 1823, réédité en 1825

5. 'View of the American Indians . . . the Descendants of the Ten Tribes of Israel' 1828.


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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 19:10

« Traîné à son corps défendant au paradis », prédication dite le 17 octobre 2009 à la Fraternité Unitarienne-Universaliste de Paris (Unitarian Universalist Fellowship of Paris, UUFP) (lien), par Mark D. Morrison-Reed, un pasteur afro-américain de théologie chrétienne universaliste. Traduction Pascal Acker (chrétien unitarien et universaliste, France).

L'apôtre Paul s'est converti sur la route de Damas, et moi je me suis converti un jour en arrivant en retard à Buffalo dans l'Etat de New-York. Conversion : à savoir un moment précis, parfois subjuguant, qui vous amène à embrasser une foi religieuse. Qu'apporte une conversion à votre avis ?


Est-ce une prédication hors de propos dans un environnement unitarien-universaliste ? Avez-vous jamais entendu un unitarien-universaliste qui avoue avoir eu une expérience de conversion ? Avez-vous vécu une telle expérience ? Un moment que divise votre vie en un avant et un après ; un moment durant lequel il y a une transformation spirituelle ; un changement dans votre intériorité qui change votre façon de voir le monde. Un tel moment m'a saisi et, d'unitarien, je suis devenu universaliste.


J'étais à Buffalo (N.Y), à la Convention des universalistes de l'État de New York. Donna et moi sommes arrivés en retard et nous avons pris place, puis nous avons accordé toute notre attention au message d'ouverture que prononçait le révérend Gordon McKeeman sur "La persistance de l'universalisme". C'était le début de notre deuxième année de ministère. Donna et moi étions tous les deux pasteurs de la Première Église universaliste de Rochester, mais nous ne savions pas grand chose de l'universalisme sauf ce que nous apprenions sur le tas. Evidemment, j'en avais étudié l'essentiel à la faculté de théologie : comment le Père de l'Eglise Origène avait défendu le salut universel ; comment George de Benneville, fils d’un réfugié Huguenot avait été l’un des premiers à prêcher l'universalisme dans l'Amérique d'avant l'Indépendance et pourquoi certains ont appelé l'ultra-universalisme l'école de "la mort et la gloire". Cependant, ayant été élevé chez les unitariens à Chicago, les valeurs unitariennes, plutôt qu'universalistes, avaient été semées en moi. Du moins, est-ce ce que je pensais.


L'église de Buffalo, avec ses poutres en bois sculptées et ses vitraux, semble être un lieu sacré. J'été assis, regardant et écoutant à moitié jusqu'à ce que G. McKeeman dise ceci : " L'universalisme est venu pour être appelé l'évangile du succès de Dieu, l'évangile des plus grands espoirs. Pour parler de manière pittoresque, on peut s’imaginer un dernier pêcheur non repenti traîné à son corps défendant au paradis, … incapable de résister à la puissance et à l'amour du Tout-puissant." [dans L'Héritage universaliste, discours d'ouverture sur l’Histoire universaliste, Éthique et Théologie, 1976-1991 p. 49]. Quelle image ! J'ai imaginé le dernier pécheur traîné par le col au paradis. Quel dieu peut donc faire cela ?

à suivre ...

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 18:45

suite

 

Soudain, ce que j'avais appris au séminaire et ce que j’avais appris de ma congrégation se sont combinés et j'ai compris enfin ce qu’était l’universalisme : une religion d'amour radicale et subjuguante. Le salut universel dit que peu importe ce que nous faisons, Dieu nous aime tellement qu'Il ne condamnera pas un seul humain à la damnation éternelle. Le salut universel est la conséquence de l'amour universel.


Pourquoi utiliser ce vocabulaire de l'amour pour le décrire ? Mais comment décrire autrement Celui qui nous a créés et qui nous soutient ? Comment parler autrement du Parent idéal qui est venu avant chaque parent – l'archétype de notre Mère et de notre Père à tous ?


Nombre d’unitariens-universalistes d’aujourd’hui écartent cette réflexion. Après tout, la plupart d'entre nous croit moins en un Dieu personnel qu'en l'amour de Dieu. Au maximum certains admettent que le divin est synonyme de l'ordre naturel, et qu'il œuvre dans et par nous. Mais le nôtre [ndlr - celui de la plupart des unitariens-universalsites] n'est pas un dieu qui vous parle quand vous êtes dans le doute, qui se réjouit avec vous quand les temps sont bons, ou vous porte secours lors les accidents de la vie.  Notre Dieu est plus abstrait et moins personnel, plus un symbole et moins une présence ressentie, plus dans nos têtes et moins dans nos coeurs, une idée dont nous débattons plutôt qu'une intuition sur laquelle nous comptons. Dans notre compréhension, la compassion ne vient pas de Dieu. L'ancien président de l'Unitarian Universaliste Association (UUA), Gene Pickett remarquait que "[nos buts et nos principes] décrivent un processus pour s'approcher des fondements de la religion, mais ne témoignent d’aucune connaissance intime de ces fondements eux-mêmes. "


Non-seulement un élitisme suffisant détermine une attitude parmi trop d’unitariens-universalistes qui regardent de haut ceux qui croient à Dieu. Ces "cyniques sophistiqués" (Forrest Church) représentent Dieu comme un homme barbu, habillé de blanc, omnipotent, omniscient, trônant au paradis. Et ensuite, bien sûr, ils l'écartent comme étant imaginaire. Mais je me suis lassé de ceux qui dédaignent Dieu.


Qui est vraiment Dieu ? Dieu est le non-commencé et l'inconnaissable, l'insondable et l'inexprimable ; il est proche comme le battement de coeur suivant, aussi ordinaire que la moindre poussière et pourtant précieux comme un nouveau-né. Dieu est le mystère transcendant au cœur de toutes choses. Dieu est le masque que nous plaçons sur l'infini et le costume que nous mettons sur le sacré pour entrer en relation avec Lui. Parce que nous sommes, de toutes les manifestations de la Création, bénis et appelé à nous éveiller, à témoigner sciemment et à savourer ce miracle de vie. Alors en transmettant et en construisant à partir de la Création avec nos propres vies, nous recherchons à nous adresser au mystère divin qui nous est tant parent que partenaire. Nous disons : " Notre Père et Kami. Saluez Marie et Gaïa, Jésus, Abba, Shiva, Allah, Brahma."


La fin d’un des romans d'Elie Wiesel était la suivante : "Dieu a créé l'homme parce qu'Il aime les histoires". Cela veut dire que Dieu est relationnel. Nous le disons de cette façon parce que nous trouvons cela plus croyable quand nous inversons la réalité. Dieu ne nous a pas faits à son image. Nous L'avons fait à la nôtre. Pourquoi ?


Pour que nous puissions nous identifier à elle, à cette l'image tout humaine ; pour que nous puissions nous adresser à elle et lui parler, l'aimer et en être aimé. C'est comme ça que nous sommes fait. Dieu, qui est - comme nous disons - l'expérience du mystère derrière toutes choses, doit être relationnel parce que nous sommes relationnels. La connexion que nous ressentons à un autre être humain, qui est celle que nous apprenons dans les bras de notre mère, est le prototype de toutes nos relations. Quand nous laissons l'intellect tyrannisez notre foi, nous échouons à orienter ce besoin humain vers cette intime connexion.


Je prie. Je prie Dieu qui demeure dans, parmi et au-delà de nous. Je prie Dieu pour la même raison que j'écris dans mon journal, parle à un ami ou passe un moment calme dans la réflexion parce que ce que je connais de Dieu je le trouve dans la communion de moi avec les autres, avec ceux que j'aime et avec le monde dans lequel j'évolue et respire et où est mon être. Je parle avec Dieu parce que je veux me relier au monde qui est dans et au-delà de moi. Je veux éprouver Sa vérité et Sa tendresse ; et les abstractions unitariennes-universalistes de Dieu ne répondent pas à mes besoins émotionnels et ne m'emmènent pas à cette relation sacrée. Même en étant aussi analytique que je puisse l’être en ce moment précis, je ne peux que rester encore loin de l'expérience immédiate de ce mystère divin.


Nous pouvons admirer, avoir confiance, nous représenter et même rire, d'un dieu qui traîne le dernier pêcheur non repenti contre sa volonté - non, en réalité en jurant et en résistant - au paradis. C'est une personnification du Plus Saint enracinée dans un sentiment puissant, parfois accablant, une expérience qui transcende la description, une langueur qui défie l'analyse. Quel soulagement de ressentir qu'il n'y a rien que je puisse faire pour m'aliéner de l'embrassement affectueux de Dieu – des tout-puissants mais bien tendres bras de la force créative qui soutient et supporte toute la vie.


La grande perspicacité de l'universalisme est que vous ne pouvez pas contraindre les gens de s'aimer les uns les autres. Les commandements ne sont pas des menaces. S'ils ne sont pas accomplis, Dieu ne retirera pas Son amour. Personne n'a jamais ou ne tirera jamais
d'une punition le véritable amour du prochain . Dieu donne son amour à tous et est une force pour le Bien, bien plus que ne le ferait jamais une punition. C'est une vérité simple : c'est dans l'amour que nous apprenons à aimer. Ceux qui sont aimés aimeront d'autres à leur tour. Ceux qui sentent l'amour infini de Dieu en eux, se sentiront si bien, si connectés avec la vie et si plein de compassion qu'ils ne pourront pas s'empêcher de communiquer cet amour dont ils débordent.

à suivre ...

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 18:29

suite et fin


Ce fut le sentiment qui m'a capturé il y a environ vingt-neuf ans ; c'est la croyance dont le monde a besoin aujourd'hui plus que jamais. L'image du pécheur traîné malgré lui au paradis a transformé la façon dont je vois le monde parce qu'elle a inconsciemment rencontré mon expérience de l'éducation et de l'amour d'une famille appartenant à une communauté unitarienne - et l'a rendue primordiale. Dorénavant je pourrais dire : même si je fais des erreurs, si j'échoue ; si je fais des choses irréfléchies, blessantes et si je suis dédaigné par le monde, si je suis mauvais et que j'ai le cœur noir, même si je rejette l'amour que l'on m'offre, je serai tout de même le bien-aimé par la Création qui nous a tous fait.


"L'évangile du plus grand espoir" est un évangile d'inclusion qui proclame l'amour éternel et imperturbable de Dieu, Ce qui m'a toujours rendu perplexe est de savoir pourquoi il n'a pas emporté rapidement le Monde ? Pourquoi après que le boom de la première moitié du 19ème siècle il s'est effondré ? Pourquoi est-il devenu un simple courant minoritaire au sein de l’unitarisme-universalisme ? Est-il plus difficile de croire en l'universalisme et la proclamation de l'amour divin inconditionnel, intransigeant, universel et subjuguant que dans la Résurrection et l'Immaculée conception ? Pourquoi est-ce plus facile de croire l'incroyable, plutôt que de croire que nous sommes une seule famille humaine aimée de Dieu ?


Nous espérons cet amour inconditionnel que notre expérience contredit. Au lieu de cela, le message de principe que chacun d'entre nous a reçu à maintes reprises était : comportez-vous bien et vous serez aimés, comportez-vous bien et vous serez aimés. Ce qui implique : ceux qui font le Bien et se comportent correctement seront aimés, les autres non. L'universalisme appelle ça le « partialisme ». Autrement dit, les gens ont pris leur propre expérience de l'amour humain, conditionnel et critique, et l’ont attribuée à Dieu.


Aujourd'hui, alors que les répercussions du 11 septembre façonnent encore la vie politique de l'Amérique, malgré une nouvelle Administration progressiste en ce pays ; aujourd'hui étant donné la guerre en Afghanistan et en Irak, le vieux conflit entre Israéliens et Palestiniens et le génocide au Darfur, l'universalisme est plus important que jamais. Le monde a besoin de savoir que l'amour de Dieu est illimité, mais nous avons oublié cette antique proclamation.


Le théisme offre aux libéraux religieux une langue pour parler au monde. C'est un langage utile parce que c'est le langage vernaculaire des gens ordinaires. Dites, "Dieu est amour et Dieu vous aime" et les gens comprendrons ce que nous voulons dire. Le monde a besoin d'entendre parler de cette foi qui soigne les coeurs blessés et forge des attitudes qui incarnent l'esprit d'amour plutôt que celui de la colère. Face au néo-tribalisme nous avons besoin d'un message qui défie la rhétorique de "l'Axe du mal", contredise la mentalité du « nous » contre « eux » et proclame l'unité de la famille humaine. Il y a seulement un « nous » aimé de Dieu qui écarte le libre arbitre (vous m'avez bien entendu, vous n'avez pas à choisir !) et qui comprend le saint et le pêcheur, Mère Teresa et Saddam Hussein, supporte Sarkozy, Royal et Le Pen, aime autant Bush que Ben Laden et emmène aussi Hitler au paradis. C'est une vérité presque trop choquante pour ne pas être comprise. «  ... Au-delà de nos diversités et de nos différences, il y a une unité qui nous fait Un et nous lie pour toujours malgré le temps et la mort, et l'espace entre les étoiles. » [David Bumbaugh]


Je reconnais comme dieu le « remorqueur » implacable de cette réalité, et je m’y suis volontiers accroché, depuis longtemps, depuis le jour que j’ai évoqué, à Buffalo.


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