Soumission pour les uns, obéissance pour les autres par Jean-Claude Barbier, message au forum « Unitariens francophones » ( lien), du 13 septembre 2010 -
Beaucoup de chrétiens reprochent à l'islam de préconiser la soumission, sous entendu aveugle. En fait il s'agit là d'un argument de bien mauvaise foi car il s'agit, dans le cas de l'islam, d'une soumission à la seule volonté de Dieu et non point à celle des hommes. S’il y a souvent dans l'islam confusion entre le sabre et le goupillon, cela vaut historiquement pour bien d’autres religions, à commencer par la chrétienne, dès lors qu’elles sont dominantes. En fait, le musulman doit se détourner d’un pouvoir temporel si celui-ci entre en contradiction avec les commandements divins. Nous retrouvons là la même attitude chez les chrétiens avant que la laïcité ne soit instaurée.
Avec le Notre-Père : "que ta volonté soit faite et non la mienne", les chrétiens disent exactement la même chose. Pire, au sein de l'Eglise catholique, le devoir d'obéissance vis-à-vis de son évêque - et au-delà vis-à-vis du pape -, est formellement requis et donne lieu à un voeux chez les prêtres et chez des religieux. L'islam n'a jamais demandé cette obéissance inconditionnelle vis-à-vis d'une autorité humaine quelconque, pas même vis-à-vis du calife.
Quant à l'obéissance aveugle vis-à-vis des textes, elle existe chez les littéralistes (par exemple chez les salafistes), mais les Ecoles juridiques de l'islam ont, quant à elles, une longue tradition de discussion et d'interprétation des textes afin de faire jurisprudence. On retrouve d’ailleurs ces mêmes littéralistes dans toutes les religions.
Les argumentaires sont bien souvent hypocrites : comme disait Jésus en son temps, il faut d'abord voir ce que l'on a dans l'oeil avant de critiquer les autres. Toute critique vis-à-vis des autres doit être conduite avec rigueur et justice.
Dire Dieu comme on voit un mirage par Richard Roullier, message du mercredi 15 septembre 2010 au groupe « Croissance spirituelle » ( lien), extrait de son texte « Méditation sur un verset du Qôran " Ne cesserez-vous de vous construire des merveilles sur chaque colline afin de vous distraire ?" (Qôran) », publié le vendredi 18 avril 2003 sous le nom d’auteur de Abd Al Haqq, sur le site «Les Balladins de la tradition » ( lien).
Mirage voilà bien un mot dont l'étymologie (arabe) résume mon propos... Chacun de nos concepts n’a pas plus de valeur qu’un mirage vers lequel nous nous dirigeons immanquablement faute d’autre repère pour la vue… L’idée de Dieu ou de divinité est de cet ordre.
Dieu est une des représentations humaines du Tout Autre, de l’Absolu, de Celui qui est… Dieu est une maison que chacun habite et décore selon son goût, sa culture…
Le voyez-vous vieillard barbu sur un nuage ? Le voyez-vous buisson ardent ? Le voyez-vous lumière, Verbe ? Vous le voyez à travers les yeux des histoires de votre enfance, à travers les fenêtres de la maison culturelle que vous habitez, à travers le lieu spirituel sur lequel vous vous tenez ; là où nous nous tenons …
L’unitarisme au vu de nos bulletins, Lettre de Paul Pistre*, le 12 septembre 2010, à réception des bulletins des mois d’août (n° 106 – Partager ses biens … ») et de septembre (n°107, septembre 2010 – Religion et spiritualité). Paul Pistre (catholique, Toulouse) est éditeur de la « Lettre aux catholiques amis des maçons ».
« Je reçois les deux derniers exemplaires de la Correspondance unitarienne. Je parcours avec plaisir et intérêt les numéros. J’admire la persistance et la réflexion de l’auteur, ainsi que l’abondance des réactions déclenchées.
Il me semble que les textes oscillent entre deux tendances : une critique fréquente de l’Eglise romaine, tempérée souvent par des remarques acerbes contre toute institution religieuse, d’une part ; très souvent aussi, par une exaltation du message évangélique ou de Jésus, d’autre part.
Les unitariens seraient donc des esprits religieux se fabriquant eux-mêmes leur propre spiritualité, issue des évangiles, mais où le cadre institutionnel serait réduit à sa plus simple expression.
En supposant que cet effort se poursuive, quels peuvent en être les résultats attendus ? Seule une minorité sera touchée : des êtres au niveau intellectuel élevé, acceptant de se focaliser sur une recherche difficile, privés de rencontres nourrissantes ; des Michel Servet ou Théodore Monod. Demeureront toujours en-dehors les quotients intellectuels réduits, les gens très occupés par famille, profession, vie à gagner, les enfants (à qui on ne dira plus que Dieu = papa, dont les héros auxquels ils ont besoin de ressembler ne comporteront plus le Poverello d’Assise ou saint Vincent de Paul, ni l’abbé Pierre, ou les moines de Tibhlirine), les pauvres en général, ceux à qui Jésus s’adresse en priorité.
Sans institution, aucun message ne sera transmis au grand nombre.
De plus, toute Eglise, en même temps que divine, est une société humaine, porteuse de défauts et de contre témoignages. Pour Péguy, « L’Eglise, c’est un saint et trois pécheurs, et trente pécheurs, et trois cent pécheurs, et plus … ». Demeurons humbles, mais chercheurs de lumière et avançons. Amicalement.
NDLR - notre lecteur réagit surtout à notre article « Religion et spiritualité », lequel faisait la distinction sans toutefois renier les religions. D’ailleurs, le christianisme unitarien est lui-même une confession et possède ses propres institutions, avec une Eglise historique, l’Eglise unitarienne de Transylvanie, datant de 1568 ! Idem pour les congrégations unitariennes-universalistes d’Amérique du Nord qui sont très bien organisées. Nous ajoutons que plusieurs de nos Eglises ont une base rurale, tout à fait populaire, par exemple en Transylvanie (Roumanie), en pays kashi (Inde, partie orientale) et en perspective en République démocratique du Congo (avec les populations pygmées). Notre foi n’est nullement réservée à une élite ; bien au contraire, sa simplicité (par rapport aux multiples dogmes et mystères du christianisme classique) la rend beaucoup plus accessible.
Notre mouvance par Jean-Claude Barbier, mardi 14 septembre 2010 au groupe « Croissance unitarienne » (lien),
Si j'avais à qualifier, avec des mots, notre mouvance unitarienne, je dirai qu'elle est humaniste, libérale, démocratique et fraternelle. Humaniste parce que, pour nous, la religion est au service de l'épanouissement de l'homme et non l'inverse (à la suite de Jésus qui disait que le sabbat était fait pour l'homme et non l'homme pour le sabbat - quel renversement du religieux !). Libérale car c'est à chacun de suivre l'itinéraire de son choix et d'avancer à son rythme et non point aux religions de nous imposer des règles absolues. Démocratique car nous sommes libres d'opter pour la religion ou la spiritualité ou la philosophie qui nous convient. Enfin fraternelle car nos options identitaires et nos engagements individuels ne sont nullement des obstacles à la communication avec autrui, mais bien au contraire nous donnent la possibilité de mieux échanger et de mieux partager avec les autres ; de communier avec eux par des paroles et des gestes ; par notre simple présence aussi (je pense par exemple au silence quaker).
Et comme nous le rappelle si bien Paul de Tarse, sans le dernier mot, sans l'amour mutuel, sans la charité, nous ne sommes que des cymbales d'airain qui sonnent creux ...Je vous embrasse toutes et tous.
La voie étroite par Jean-Claude Barbier, message du mardi 14 septembre 2010 au forum des "Unitariens francophones" ( lien),
Lorsque l'on est tolérant, modéré, soucieux d'accueillir le travail des autres, de tenir compte des réalités, d'être juste avec autrui, d'avoir une vue d'ensemble des questions, dans leur complexité, alors la voie se fait très étroite. On se heurte très vite aux convictions fortes, entières, aveugles, autoritaires des pro ceci, des pro cela ; des gens qui ont la vérité toute faite, des convictions énormes et bétonnées ; qui écartent d'un revers de main tout ce qui n'entrent pas dans leur (petit) schéma intellectuel, qui n'est pas de leur tribu, de leur ghetto, de leur bande hurlante où les slogans sont de mise.
Que Dieu nous préserve des militants aux convictions bétonnées !
Soyons au contraire ouverts aux autres, ce qui ne veut pas dire non plus accepter n'importe quoi, mais savoir être attentifs aux personnes et aux évènements.
Une Eglise fraternelle par Benhur1942, message au groupe Croissance spirituelle ( lien), le 28 octobre 2010 -
« Bonjour. J’apprécie beaucoup l’esprit fraternel et inter chrétien de l’Eglise unitarienne ; malgré sa fragilité elle est forte de son amour ».