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le calice des unitariens

chaque communauté unitarienne arbore un blason ou un logo. Voici celui des unitariens qui sont regroupés au sein de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Voir sur son site à la rubrique "le calice des unitariens"
http://afcu.over-blog.org/categorie-1186856.html


 

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3 septembre 2007 1 03 /09 /septembre /2007 15:23
dans La Besace des unitariens  : http://labesacedesunitariens.over-blog.com
18 mai 2007 -
 Bibliographie unitarienne de Roger Sauter
29 juillet 2007 -  Biographie de Roger Sauter (1919-2007) par lui-même. 1ère partie – l’enfance et les études ; 2ème partie – l’aventure éthiopienne ; 3ème partie – la vie au Lignon.
30 juillet 2007 -  Bibliographie de Roger Sauter sur l’Ethiopie
31 juillet 2007 -  Hommage à Roger Sauter, par le groupe de discussion Unitariens francophones
2 août 2007 -  Tristesse d’un départ, par Jacques Herman
3 septembre 2007 - Roger Sauter : Récapitulatif des articles sur lui

sur le site de l’AFCU : http://afcu.over-blog.org
28 juillet 2007 -  Les unitariens sont en deuil de Roger Sauter, par Jean-Claude Barbier  

dans les Actualités unitariennes
 http://actua.unitariennes.over-blog.com
28 juillet 2007 -  Les unitariens sont en deuil de Roger Sauter, par Jean-Claude Barbier  

sur le site de la Congregazione Italiana Cristiano Unitariana (CICU)
http://www.unitariani.splinder.com
11 août 2007 -  Roger Sauter (1919-2007), traduction en italien par Roberto Rosso des textes de J.-C. Barbier en hommage à Roger Sauter

dans le bulletin de la Correspondance unitarienne http://prolib.net/pierre_bailleux/unit/correspondance.unitarienne.htm
n° 70, août 2007 -  " Les unitariens sont en deuil de Roger Sauter " par Jean-Claude Barbier, Informations.
n° 71, septembre 2007 -  " Lorsque les unitariens sont en deuil ... ; Roger Sauter : le bilan d’une vie et d’une œuvre " par Jean-Claude Barbier, à la Une.

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14 août 2007 2 14 /08 /août /2007 15:33

exposé de Roger Sauter à l’Union protestante libérale de Genève, le 13 octobre 1997

 

Le culte de Mithra a-t-il influencé le christianisme ? Oui, ont répondu plusieurs historiens au début de ce siècle, à la suite de la publication par le Belge Francis Cumont d’un splendide inventaire intitulé : " Textes et monuments figurés relatifs aux mystères de Mithra " (Bruxelles 1896-1899). . Parmi eux, citons J.M. Robertson, A. Loisy, Autran, Arthur Weigall. Le plus convaincu était sans doute A. Weigall, qui affirmait en 1928 : " Pendant trois siècles et demi, le plus puissant rival du christianisme fut la religion connue sous le nom de mithriacisme (…). Une grande partie de sa doctrine et de ses rites fut adoptée par l’Eglise ; ainsi fut-elle pratiquement absorbée par sa rivale " (The Paganism in our Christianity). L’auteur mentionne une vingtaine d’exemples à l’appui de sa thèse . Nous verrons ce qu’il faut en penser.

 

Disons d’emblée que l’opinion des archéologues et des historiens a beaucoup changé au cours des trente dernières années, grâce aux découvertes et à l’étude critique des documents. Le meilleur résumé illustré relatif au mithriacisme est celui de Robert Turcan : " Mithra et le mithriacisme " (Paris, 1993). Deux des découvertes récentes ont eu lieu en Suisse romande : la première en 1993 à Martigny, la seconde en 1995 à la villa romaine de Boscéaz, près d’Orbe. Dans les deux cas, il s’agit des ruines d’un mithraeum. Celui de Martigny a livré un important métériel, visible au musée de la Fondation Giannada à Martigny (voir aussi l’article de François Wiblé dans " Archéologie suisse ", 1995, fasc. 1).

 

Charles-François Dupuis, Atlas de l'origine de tous les cultes  ou religion universelle, an III (1795), planche XVII, le culte de Mithra.

Origine du dieu Mithra

 Mithra a fait un long chemin avant d’arriver à Rome et d’y rencontrer le Christ et l’Eglise. Au départ Mithra est l’un des dieux de l'Inde, il y a environ 5 000 ans. Son nom signifie " Ami " , car il protège les humains. De l’Inde, ce dieu arriva en Iran ancien, où il est l’un des dieux du mazdéisme (la religion des Mages), continuant son œuvre de bienfaiteur, de garant des contrats et des serments. L’Avesta, l’Ecriture sainte des anciens Iraniens, assure que Mithra est " le plus vertueux des dieux ".

 

Toutefois, une nouvelle religion monothéiste le met à l’écart. Sa fonction propre revient maintenant aux anges gardiens du zoroastrisme, sous le regard de Ahoura Mazda, le dieu unique. Le culte de Mithra se réfugie en Cappadoce, devenant même le protecteur de plusieurs rois hellénisés, aux II° et I° siècles avant notre ère. Certains se faisaient appeler Mithidate, du nom du dieu dans les royaume d’Arménie, du Pont et de Commagène. C’est là que naquit le culte de Mithra, combinant des éléments indiens, iraniens et grecs. Et c’est aussi là que des soldats romains le découvrirent, puis l’adoptèrent, avant de l’amener en Europe occidentale.

 Expansion dans l’empire romain

 Le culte de Mithra s’est répandu dès la fin du II° siècle dans l’empire romain. Le plus ancien document connu est une statue du dieu qu’un esclave offrit à un notable de Rome en l’an 80. Grâce aux nombreux mithraea conservés ou en ruines, aux inscriptions et aux peintures, aux autels et statues, aux objets de culte offerts par les fidèles du dieu, nous avons une idée assez précise de l’expansion du mithriacisme. Cela va de la Syrie à la Mer Noire, le long du Danube puis au Rhin pour en finir au mur d’Hadrien en Ecosse. Cela correspond à la frontière nord de l’Empire. Mais on en a trouvé également le long des grandes routes suivies par les légions et dans les ports (voir carte des trouvailles mithriaques).

 

A ces documents objectifs, il faut ajouter les textes subjectifs émanant des Pères de l’Eglise (par exemple tertullien) ou d’auteurs païens (par exemple Celse), textes à utiliser avec prudence. Parmi tous ces documents, admirons le buste de Mithra provenant de Walbrook et conservé à Londres.

 

Qui étaient donc les adeptes de ce culte ? C’étaient des militaires, des marchands, des douaniers et des administrateurs, tous gens appelés à se déplacer au service de l’Etat. Dans ce groupe, pas de femmes, ni d’hommes infirmes ou débiles. Au contraire, des hommes solides et sérieux, ayant subi avec succès les dures épreuves de l’initiation. Ces adeptes, les mithriastes, forment en quelque sorte une franc-maçonnerie avant la lettre. Ils savaient pouvoir, au cours de leurs déplacements, trouver des frères et un mithraeum.

 Qu’est-ce qu’un mithraeum ?

 C’est une salle de culte, allongée, d’orientation variable, que l’on atteint en descendant quelques marches depuis le vestibule d’entrée, comme vous le voyez sur le plan du mithraeum de Martigny. Ici, l’ensemble est orienté vers le N-NO.

 Le vestibule : un vestiaire, un coin cuisine et une sacristie. C’est aussi là que les candidats à l’initiation étaient informés, interrogés, puis soumis à diverses épreuves destinées à s’assurer de leur résistance à la chaleur, au froid, à la douleur et à la solitude dans l’obscurité. S’il réussit, le candidat doit encore prêter serment et reçoit le premier grade au sein de la confrérie, celui du Corbeau. Par la suite et successivement, il obtiendra des grades de plus en plus honorables : Fiancé, Soldat, Lion, Perse, Courrier du soleil et peut-être celui de Père.

 La salle de culte : 15 mètres sur 8 à Martigny. Elle est semi-enterrée, parfois souterraine, dépourvue de fenêtres. Son plafond voûté évoque le Ciel avec ses étoiles peintes. Deux longues banquettes, inclinées vers le mur, sont prêtent à recevoir les initiés, qui s’y allongent pieds vers le mur et visage tourné vers le mur du fond. L’icône de Mithra occupe le centre de ce mur du fond, au dessus d’un podium. Au milieu du large couloir séparant les banquettes, se dressent des autels, des statues de dieux divers, des braséros où brûle l’encens. L’éclairage est fournie par des lampes à huile.

 L’histoire du monde en image

 A défaut de textes décrivant leur religion, les fidèles de Mithra nous ont laissé nombre d’images peintes ou sculptées, retrouvées dans les mithraea en ruines. Elles accompagnaient l’icône du dieu, racontant son œuvre ainsi que l’histoire du monde. Nous allons examiner trois grandes stèles à reliefs provenant de Rhénanie.

 stèle du mithraeum d’Osnabrücken (musée de Karlsruhe) : La scène principale illustre le jeune dieu Mithra, coiffé du bonnet phrygien et vêtu à l’asiatique, immolant le taureau consacré (le martelage de son visage est l’œuvre de chrétiens). Un chien, un lion et un serpent lèchent le sang s’écoulant de la blessure. Un scorpion s’attaque aux testicules. Ce sang à régénéré les créatures vivantes, y compris les plantes ; en effet des épis de blé jaillissent de la queue du taureau. A gauche et à droite les deux compagnons d’aventure de Mithra, Caudès et Cautopadès, torche en main.

 

Au dessus du zodiaque bordant l’ouverture de la caverne, on voit à gauche le Soleil levant, au centre des bergers, et à droite la Lune descendante. Les petites scènes placées les unes sur les autres, à gauche et à droite, racontent les gestes de Mithra et la création du monde. Tout en bas, à gauche, Saturne émerge du chaos et crée le Temps. Au-dessus, il a créé le Ciel et la terre. Puis les trois Parques filent nos destinées. Au-dessus, Saturne et Jupiter maîtrisent des monstres et un taureau. Enfin, Mithra naît, sortant d’un rocher. Son premier geste est de cueillir une grappe de raison. Nous abandonnons cette stèle pour une autre.

 stèle de Neuenheim (musée de Karlsruhe) : A gauche en bas, on retrouve la création du Ciel puis celle de la Terre ; avec, au-dessus, Jupiter recevant la foudre des mains de Saturne. Puis c’est la naissance de Mithra issu du roc. Dans le coin, à côté du buste du Soleil, Mithra moissonne. Plus à droite, à côté du buste de la lune, le dieu crée une source en frappant le rocher d’une flèche (on pense à Moïse au désert). Cela fait reverdir un arbre. Descendant à droite, on voit le Taureau dans une caverne, Mithra l’emmenant dompté. C’est alors que se place l’Immolation figurée par le tableau central. Mais l’histoire continue comme nous allons le voir.

 stèle de Duisbourg (Musée de Duisbourg) : En bas à gauche, on reconnaît Jupiter tenant la foudre, puis, au-dessus, Mithra émerge du roc et cueille une grappe. Il s’en va moissonner. En haut, le Taureau poursuivi se réfugie dans une maison que l’on incendie. La bête sort, Mithra la dompte et c’est l’Immolation, sujet principal. Un arbre reverdit, signe de renouveau. Dans le coin droit, en bas, Mithra partage un repas avec Hélios, le soleil. Enfin, juste à côté, on voit Mithra prendre place sur le char solaire, car il est devenu, lui aussi, un dieu solaire, bienfaiteur des humains. Ses adorateurs le nomment : " Dieu invaincu, soleil Mithra ".

 

Voilà donc les images que les mithriastes avaient devant eux lorsqu’ils se réunissaient, au Jour du Soleil, c’est-à-dire le dimanche : pour un repas de communion.

 Un culte mithriaque

 Essayons de nous représenter un culte mithriaque. Les initiés ont revêtu le costume de leur grade, dans le vestibule. Ils sont descendus dans la grande salle et ont pris place sur les banquettes selon leur grade. Proches de l’icône, les Pères en manteau pourpre portent le bonnet phrygien et tiennent une baguette. Puis voici, en allant vers la porte, les Courriers du soleil en tunique rouge à callerette jaune, les Perses en tunique blanche, les Lions portant un masque léonin, les Soldats, les Fiancés portant un voile jaune, et enfin les Corbeaux au masque à bec d’oiseau. L’origine de ces costumes en apparence fantaisistes nous échappe.

 

Le culte commence par une partie liturgique assurée par un Père se tenant sur le podium, devant les images. Nous ne savons pas ce qu’il disait, mais on peut supposer qu’il commentait les vertus du dieu, adressait des prières, encourageait les adeptes à demeurer fermes et courageux, solidaires entre eux et fidèles à leur dieu préféré Mithra.

 

Puis, c’était le repas de communion. Les Corbeaux s’affairent, apportant plats et gobelets, puis les morceaux de viande, les fruits et légumes, les pains, l’eau et le vin. Les viandes sont consacrées par les Pères, sur les autels, puis grillées. C’est généralement du poulet, parfois d’autres oiseaux ou bien de la chèvre, du mouton. Le sang et les os sont jetés dans des fosses creusées dans le sol. L’ambiance devait être à la fois chaleureuse et grave. Chacun en ressentait un regain de vigueur pour l’accomplissement de sa tâche.

 

Notons que Justin Martyr et Tertullien ont considéré ce repas mithriarque comme une initiation satanique de la Cène chrétienne. Pourtant, quelle différence ! Les adeptes de Mithra ne recherchaient pas la communion avec un dieu qui se serait sacrifié lui-même pour expier les péchés dus hommes.

 Jours solennels

 A propos des jours de fête chez les mithriastes, nous savons déjà que leur culte avait lieu au Jour du soleil, le dimanche, jour férié chez les Romains. D’autre part, ils commémoraient le 25 décembre, jour du solstice d’hiver, la naissance de Mithra. Certains pensent qu’ils devaient commémorer également l’immolation du taureau à l’équinoxe de printemps puisque cela correspondait au renouveau de la nature.

 Fin du mithraisme

 Après une notable expansion au III° siècle, vint le déclin puis la disparition de la religion de Mithra. Plusieurs raisons à cela : son inadaptation aux besoins de la masse, au peuple, l’exclusion des femmes et des malades, la supériorité du christianisme en ce domaine face à la crise engendrée par les invasions barbares. La conversion des empereurs au christianisme sonna le glas du mithriadisme. En l’an 391, il fut interdit en même temps que tous les cultes païens. Les chrétiens martelèrent les figures de Mithra et ruinèrent les mithraea, à Martigny et à Boscéaz comme ailleurs.

 

 Conclusion

 Nous dirons en concluant que le christianisme n’a rien emprunté au culte de Mithra si ce n’est la date du 25 décembre pour fêtrer Noël dans l’Eglise romaine. Peut-être aussi le titre de " Père " appliqué aux curés.

 

 

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2 août 2007 4 02 /08 /août /2007 08:59

Roger Sauter fut incinéré au crématorium Saint-Georges, au Petit Lancy en banlieue genevoise, ce lundi 23 juillet 2007.

Ne cachons pas nos sentiments. C’est vrai que nous étions tristes ce jour où le cercueil de Roger Sauter, notre compagnon, notre ami, celui dont nous apprécions les écrits et la grande amabilité, a disparu à nos yeux pour être incinéré.

Jacques Herman, dans son style poétique, selon sa façon d’évoquer la destinée humaine et nos difficultés à vivre, à être,  à partir d’une image forte  – en l’occurrence celle d’une brève fumée noire s’échappant du crématorium - a su exprimer cette tristesse qui nous étreignait. Jean-Claude Barbier

 

Brève fumée noire

Toute une vie consacrée

A lutter contre vents et marées

A aimer A pleurer A subir A gémir A hurler A courir

Dans tous les sens

En tâchant de ne pas perdre le nord

Toute une vie consacrée

A lire dans les yeux A réfléchir

Pour faire au mieux Pour éviter le pire

A rassembler ce qui est épars Ou à morceler Diviser Réunir à nouveau

En répétant

Vive l'unité Vive l'unité

Toute une vie consacrée

A faire semblant

A jouer le jeu

Comme le fait un enfant

Et puis soudain sortir

En brève fumée noire

Par la cheminée

Du crématoire

De Saint-Georges

A Genève

A quatre-vingt-huit ans

© Jacques Herman – 2007

 

 deux gerfauts soutiennent l'écu de la ville d'Avignon

Jacques Herman est d’origine belge, né à Tirlemont. Il enseigne le français et l’histoire au collège secondaire de Pully, en Suisse. Il est membre de la Société des poètes français et de l’Association valaisanne des écrivains. Il collabore à quelques revues littéraires dont " Les Cahiers de Poésie " (Luxembourg).

Il est de conviction unitarienne et est adhérent de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Il fut signataire du " Manifeste pour un libéralisme théologique renouvelé " (Paris). Il est membre du comité de rédaction du Bulletin du séminaire de culture théologique (Lauzanne) et il collabore au site " Profils de libertés " (Bruxelles).

Ses deux derniers recueils de poésie : " Les Gerfauts "publié par Guy Boulianne à Montréal en 2006, et " Les Tartanes " aux éditions du Madrier à Pailly, en Suisse.

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31 juillet 2007 2 31 /07 /juillet /2007 07:42

 

vase de sel ramené d'Ethiopie par Roger Sauter, photographié par Jean-Claude Barbier dans son appartement du Lignon (banlieue de Genève) où il vécut de 1968 à sa mort. Les plantes vertes sont également exotiques et soignées par sa fille Monique.

Le groupe de discussion "Unitariens francophones" rend ici hommage à Roger Sauter.  D'autres messages suivront. Ce groupe a été lancé en avril 2005 et comprend une soixantaine de participants. L'ambiance y est à la convivialité et une centaine de messages sont déposés chaque mois, faisant de ce groupe l'un des plus discutants dans la mouvance unitarienne  http://fr.groups.yahoo.com/group/unitariens_francophones,  

Jean-Claude Barbier (France) au groupe de discussion "Unitariens francophones", le 30 juillet 07 : " pour un hommage de notre groupe de discussion à Roger Sauter "

Après le décès d’André Malet, cofondateur de l’Association unitarienne française, dramatiquement disparu en 1989, et celui du pasteur Michel Languillat (également cofondateur de la même association), le 23 mai 2006, Roger Sauter est le troisième décès qui affecte notre communauté francophone.

Notre tristesse est profonde de ne plus l’avoir physiquement avec nous. Mais son œuvre et les souvenirs que nous avons de lui nous restent ; nous le rendent toujours présent à tout jamais.

Je propose que nous rendions un hommage collectif, au nom de notre groupe de discussion, à Roger Sauter. J’invite tous ceux qui l’on connu directement de nous faire part de leur sentiment et, pour ceux qui ne l’ont pas connu, de donner leur point de vue à partir de la lecture de ses textes et de sa biographie. Un grand merci pour tous ceux qui pourrons dire ici quelques mots, même brefs, pour lui. Jean-Claude

Piotr Ulhig (Belgique) message du 30 juillet 07.

Je n'ai pas connu Roger Sauter. Nouveau venu dans la mouvance unitarienne, je ne connais pas encore grand monde, néanmoins après avoir lu tout ce que Jean-Claude a écrit, il apparaît que Roger Sauter faisait partie de ceux qui croient que le bon grain doit germer, de ceux qui croient qu'après la nuit vient le jour et que le combat du Bien finit toujours par l'emporter sur celui du Mal.

Comme lui, je n'ai pas grand intérêt pour discuter sur la vie après la vie ; ce qu'il y a derrière cette vie ou s'il y a quelque chose, mais j'ai apprécié cette façon de vivre l'instant présent, cette volonté de proclamer haut et fort que le Royaume est en nous et autour de nous. Fonder une famille, aller ici et là faire le bien, proclamer la Bonne Nouvelle, c'est la plus belle manière d’annoncer et de rendre le Royaume plus visible.

Il a choisi de partir sans cérémonie religieuse, bref il a fait le choix d'un christianisme authentique, celui qui met sa foi dans Christ et non dans des rites magiques, qui n'illusionnent que les esprits faibles.

Bon vent à toi dans ce nouveau voyage, qui, j’en suis certain, doit être passionnant par les multiples rencontres que tu fais. Tu as planté le bon grain. Tu as laissé tes outils sur le chemin, malgré toi, permets moi de les ramasser et de continuer avec tous tes amis qui te pleurent. Je suis certain que nous nous rencontrerons quand Dieu le décidera. Que Sa Volonté soit faite, pas la nôtre. Piotr

Piotr est quaker, de sympathie unitarienne. Il participe au groupe de discussion " Unitariens francophones ". Il anime un blog " Communauté quaker virtuelle francophone " (en lien avec celui de l’AFCU).

Anabel, (France), le 30 juillet 07.

Je n'ai pas connu moi non plus Roger Sauter, mais j'ai fait un peu connaissance avec lui par la belle photo insérée dans les Actualités unitariennes du 28 juillet 07. Elle me fait penser à l'une de celles de Frère Roger de Taizé, dans sa douce spiritualité, humble et souriante. Après avoir lu dans La Besace des unitariens sa biographie, et quelques autres textes, j'admire son beau parcours d'intellectuel et de croyant ; il peut certainement être une source d'inspiration dans notre vie. La riche expérience d'un homme libre et courageux. Anabel

Anabel est protestante libérale et fréquente l’Eglise réformée de France (ERF) ; elle est membre de l’AFCU et participe au groupe de discussion " Unitariens francophones ".

à suivre ...

Si vous souhaitez apporter votre témoignage ou votre sympathie, vous pouvez envoyer votre message à  Jean-Claude Barbier, correspondance.unitarienne@wanadoo.fr

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30 juillet 2007 1 30 /07 /juillet /2007 08:57

photo prise à Asmara (Ethiopie), Roger Sauter y séjournera dix ans avec sa famille, de 1958 à 1968.

Roger Sauter (1919-2007), fut enseignant et directeur de revue en Ethiopie, de 1946 à 1968

1944 – La mission parmi les Israélites, thèse de licence en théologie, Genève, mars

1944 – " Confrontation des conceptions juives et chrétiennes du salut de l’humanité ", Bulletin des chevaliers de la paix (Lausanne), juillet-août,

1944 – " La mission parmi les juifs en Suisse romande ", L’Ami d’Israël (Bâle)

1955-1957 – nombreux articles dans L’Ethiopie d’aujourd’hui, journal officiel, Addis-Abeba (R. Sauter en est le rédacteur).

1957 – " L’église monolithe de Yekka Mikaël ", Annales d’Ethiopie, Addi-Abeba.

1957 – " Les Postes éthiopiennes ont marqué le 70ème anniversaire d’Addis-Abeba ", L’Ethiopie contemporaine (Addis-Abeba), novembre

1957 – " Un double cinquantenaire à Addis-Abeba ", L’ Ethiopie d’aujourd’hui (Addis-Abeba), novembre.

1965 – " Où en est notre connaissance des églises rupestres d’Ethiopie ", Annales d’Ethiopie (Paris).

1968 –L’Ethiopie, éditions Silva, Zurich, album photos de Roland Michaud, textes de Roger Sauter, publié en 3 langues (français, italien et allemand).

1969 –L’arc et les panneaux sculptés de la vieille église d’Asmara, Instituto des Orriente Rassegna di studi etiopicci, Rome.

1976 – " Les églises rupestres du Tigré ", Annales d’Ethiopie, tome X, Addis-Abéba.

1993 – " Qui sont les Falachas ? ", Le Protestant (Genève), n° 6-7, juin-juillet 1993.

1997 – " Premier raid automobile de Djibouti à Addis-Abeba ", reprise d’un article paru en 1956 dans l’Ethiopie d’aujourd’hui.

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29 juillet 2007 7 29 /07 /juillet /2007 07:24

la famille Sauter durant son séjour à Asmara, de droite à gauche (en regardant la photo) :  au premier plan, Roger, Delphine, Marcel, sa femme Kantsouni Barsonnian ; au second plan, Monique et Nicole

 

La longue et heureuse aventure éthiopienne s’achève à l’été 1968. La famille s’installe enn banlieue genevoise, au Lignon, tout près du C.O. du Renard où Roger enseigne le français, le latin, l’histoire des sciences, la physique et la chimie.

Roger reprend ses études de théologie et ajoute, en 1972, une licence après thèse sur la conspiration de Compesières. Il se retrouve président du conseil de sa paroisse, celle du Lignon, de 1975 à 1979, date à laquelle il doit restreindre ses activités à la suite d’une baisse de la vue. A partir du mois de septembre de cette année, il travaille à mi-temps. En mai 1981, bien que n’ayant que 62 ans, il est mis à la retraite avec AVS et CIA.

Il a désormais davantage de temps à lui pour lire, s’occuper du jardin familial, mais ce seront surtout les activités religieuses qui le mobiliseront. A partir de 1983, étant prédicateur laïque, il lui arrive souvent de remplacer le pasteur pour le culte dominical. Il écrit des articles, donne des conférences à l’Union protestante libérale (ULP) de Genève, découvre l’existence de l’unitarisme. En 1989, lors de la rencontre organisée par Claude-Jean Lenoir, pasteur au Lignon, sur le thème " Jésus est-il Dieu ? ", il affirme ses convictions unitariennes. L’année suivante, en 1990, il voyage en France, va à Mantes-la-Jolie (là où il vécut son enfance), en profite pour assister à l’assemblée générale de l’Association unitarienne française à Essey-lès-Nancy (les 25 et 26 août 1990), etc.

Roger participera à quatre autres AG de cette association : celle de Paris, à l’Oratoire du Louvre (les 24 et 25 octobre 1992), où il acceptera d’adhérer à l’association ; celle du Lignon (les 31 août et 1er septembre 1996) qui vit une scission de l’association ; celle de Strasbourg, à la paroisse Saint-Guillaume (le 3 octobre 1998), où il est déclaré membre d’honneur  ; enfin celle de Ferney-Voltaire juste de l’autre côté de la frontière suisse (les 20 et 21 octobre 2001).

En 1999, Roger a 80 ans. Il envoie au Lycée franco-éthiopien d’Addis-Abeba son dernier ouvrage historique : une histoire d’Addis-Abeba et de sa région. Ce sera sa dernière activité notable.

Début janvier 2006, son épouse décède. Roger reste à la maison aux soins de ses deux enfants, Marcel et Monique. Il décèdera le jeudi 19 juillet 2007 et ses obsèques auront lieu le lundi 23, au cimetière Saint-Georges au Petit-Lancy, la commune voisine du Lignon. Ses enfants respecteront son choix de l’incinération, sans office religieux.

Les Actualités unitariennes et le site de l’AFCU rendent compte des obsèques de Roger Sauter dans les messages du 28 juillet 2007

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29 juillet 2007 7 29 /07 /juillet /2007 07:16

En 1939, la Suisse se mobilise à cause de la Première Guerre mondiale (mais n’y participera pas). Roger est soldat sanitaire dans l’Armée, mais il peut continuer ses études et, en 1944, il obtient sa licence de théologie avec une thèse sur " La mission parmi les Israélites ". Afin de mieux connaître le judaïsme, il demande et obtient de travailler dans les camps de réfugiés où les Juifs sont nombreux.

C’est cette expérience acquise dans les camps de réfugiés qui va être l’occasion pour lui d’entrer dans la vie professionnelle. En février 1945, il est nommé directeur d’un home pour réfugiés à Herzberg, près de Harau. Il sympathise avec les jeunes sionistes, croyants et socialistes, qui s’y trouvent. Ceux-ci partent assez vite en Israël, si bien que, l’année suivante, Roger doit chercher un nouvel emploi. Par chance, on lui propose un poste de précepteur dans une famille allemande à Addis-Abeba, en Ethiopie. En avril 1946 - il a alors 27 ans - il prend le bateau jusqu’à Djibouti, puis rejoint la capitale éthiopienne par le train. Avec bonheur, il découvre l’Afrique. Il va y rester 22 ans, jusqu’en 1968.

Vierge à l'enfant offert à Roger par l'un de ses élèves éthiopiens s'adonnant à la peinture

Sur place, Roger passe du statut de simple précepteur d’une famille à celui de professeur. En 1949, il est nommé au lycée franco-éthiopien d’Addis-Abeba ; puis en 1951, à la Wingare Secondary School, une école anglo-éthiopienne, où il enseigne le français.

Il se fait de bons amis parmi ses collègues ; s’achète une voiture d’occasion, une Fiat Millecento, qu’il peut conduire avec son permis de conduire une moto obtenu en Suisse (la réglementation éthiopienne le permettant) ; s’éprend d’une belle Erythréenne et l’épouse en août 1951, mais l’idylle ne dure que 5 mois et ils se séparent avant la Noël.

L’année suivante, en 1952, Roger fait la connaissance d’une Arménienne protestante venue du Liban, Kantsouni Barsonnian. Ils se marient à l’Eglise suédoise (luthérienne) avec un pasteur allemand ; la liturgie est en anglais. Les époux connaissent le bonheur et auront 4 enfants : Delphine, Marcel, Nicole et Monique. En 1953, Roger acquière la première 2 CV Citroën venue en Ethiopie. Il roulera avec cette voiture particulièrement bien adaptée au pays, pendant 15 ans jusqu’à son départ.

En 1955, Roger devient rédacteur de l’Ethiopie d’aujourd’hui, l’hebdomadaire officiel ; travail passionnant qui le met en contact avec de nombreuses personnalités. Il collabore avec des archéologues, lui-même s’intéressant spécialement aux Eglises rupestres de l’Ethiopie médiévale. Ses articles sur ce sujet sont publiés dans les Annales d’Ethiopie.

En 1958, la famille déménage pour Asmara car Roger a été nommé professeur à l’Ecole secondaire Haï-Selassié. Le voyage, toujours en 2 CV, est long de 1 200 km. Ce voyage est magnifique et la famille apprécie leur nouvelle ville au passé italien. Elle y restera dix ans. Roger y enseignera la physique et la chimie, matières qu’il aime beaucoup. Il y ajoute des cours du soir en français donnés à l’Alliance française, ouverts à son initiative. Il crée aussi une petite école primaire dont bénéficieront ses enfants. Il peut continuer ses études archéologiques dans de bonnes conditions et, en 1967, les éditions Silva, à Zurich, publieront un album sur l’Ethiopie dont le texte est fourni par lui.

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29 juillet 2007 7 29 /07 /juillet /2007 06:45

Roger Sauter (1919-2007)

d’après un manuscrit écrit par Roger Sauter lui-même où il fait sa propre biographie en parlant de lui-même et sans emprunter le " je " de l’autobiographie ; en quelque sorte une biographie par lui-même. Ce document nous fut prêté par sa famille. Nous l’avons mis en forme. Jean-Claude Barbier

Roger Sauter est né en 1919 à Genève. Il est le fils aîné de parents très pieux, membre de l’Eglise libre.

 cathédrale Saint-Pierre à Genève au XVI° siècle.

Son père est architecte et participe, de 1919 à 1925, à la reconstruction de la ville de Soissons détruite par la guerre 14-18. Si bien que c’est en cette ville du nord de la France que Roger passa ses toutes premières années. Puis la famille déménagea dans la région de Cannes où elle goûta aux attraits de la Côte d’Azur jusqu’en 1930. Roger y fit ses études primaires, commença à jouer du piano et du violoncelle et fréquenta l’ " école du dimanche ", l’équivalent du catéchisme catholique, à l’Eglise protestante de Cannes.

Mais en 1930, son père n’a plus de travail à Cannes et en cherche ailleurs. Afin d’être libre pour ses démarches, il confie son fils pour une année à son frère Marc, à Genève. Chez son oncle, à Genève, Roger fréquente à Genève l’école du dimanche de l’Eglise libre et, avec son cousin, il s’initie au scoutisme.

Mais ce n’est qu’une parenthèse en Suisse car, en 1931, son père bénéficie d’une villa à Mantes-la-Jolie, mise gracieusement à sa disposition. La famille y passe d’heureuses années. Roger y obtient son certificat d’études primaires, progresse au piano et reprend son violoncelle. Il persévéra dans le scoutisme et y découvrit les joies du camping dans les rangs des Eclaireurs unionistes. Son chef scout lui donna une bonne instruction religieuse protestante et lui même se prit d’intérêt pour la religion. Il pensa devenir pasteur.

Le retour à Genève se fit en 1933 lorsque la crise économique toucha la France comme partout ailleurs. Pour Roger c’est un avantage car il va pouvoir étudier en section classique du Collège Calvin, après avoir dû rattrapé les cours d’allemand et de latin. Sa vocation de devenir pasteur l’anime toujours. Il continue aussi à jouer du piano et du violoncelle et ses activité d’éclaireur. En mai 1938, il joue en public le Premier concerto pour violoncelle de Saint-Saëns. Ses études progressent bien et, en juin de la même année, il obtient sa maturité classique. La voie est ouverte pour des études de théologie à l’université de Genève.

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19 mai 2007 6 19 /05 /mai /2007 09:07

"Unitarisme et libéralisme à Genève", Roger Sauter, Approches unitariennes, n° 27, septembre-octobre 1996, pp. 7-8

Genève à la fin du XVI° siècle, dessin de Matthieu Méran fait en 1642 d'après un tableau plus ancien

Des évêques à Calvin

Dès l’an 1034 et pendant cinq siècles, des princes-évêques gouvernèrent Genève, permettant aux riches bourgeois d’avoir toujours plus de regard dans l’administration, élisant le Conseil et leurs syndics. Pour mieux résister aux attaques du duc de Savoie, Genève conclut une alliance, en 1526 avec Berne et Fribourg. Mais voilà que les Bernois adoptent la Réforme deux ans plus tard et soutiennent bientôt la prédication réformée à Genève. Le dernier prince-évêque, ne réussissant pas à expulser les prédicateurs, quitte définitivement Genève en 1533.

Le duc de Savoie se fait alors un devoir d’organiser le blocus de la ville pour affamer les Genevois. Mais les syndics embrassent la Réforme et appellent à l’aide les Bernois, qui délivrent Genève en janvier 1536, après avoir conquis le pays de Vaud et d’autres terres savoyardes. Enfin, le 21 mai 1536, les citoyens décrètent la Réforme de Genève. Bientôt Calvin sera appelé et imposera sa religion.

Premiers unitariens à Genève

En dépit de cette intolérance, des unitariens étrangers visitèrent Genève, tels Gribaldo et les deux Socin. Michel Servet, passant par là, y fut reconnu, jugé et brûlé le 27 octobre 1553. D’autre part, parmi les réfugiés italiens, parce que réformés, il se trouva plusieurs unitariens. Calvin, averti, leur imposa de signer une confession de foi calviniste ; ce qu’ils firent pour sauver leur tête, mais à la première occasion, ils quittèrent Genève. Les plus connus de ces unitariens furent : le professeur de médecine Georges Biandrata, le professeur Gentile et le soldat Alciati. Tous trois allèrent en Pologne où ils aidèrent les anti-trinitaires à s’organiser. Biandrata fut appelé en 1563 à la cour de Transylvanie, et là, participa à la création de l’Eglise unitarienne.

Revenons à Genève. Le calvinisme y est obligatoire. Gare aux non conformistes ! C’est ce que montre l’étrange et tragique histoire du Lorrain Nicolas Antoine (encore un étranger). Au cours de ses études de théologie à l’académie de Genève, il en vint à rejeter la manière chrétienne d'interpréter l'Ancien Testament, ainsi que le dogme trinitaire et la christolâtrie. Tout cela sans le laisser paraître. Antoine voulut même devenir juif ! A la fin de ses études, afin de gagner sa vie, il obtint le poste de pasteur réformé de Divonne, cachant soigneusement son judaïsme. Au bout de deux ans, en 1632, il crut son hypocrisie découverte et fut pris d’une crise de folie. S’évadant de Divonne, il courut à Genève où on le soigna, puis on tenta en vain de la ramener à l’orthodoxie. Emprisonné, jugé et condamné pour " apostasie et lèse-majesté divine ", il fut brûlé le 30 avril 1632, en dépit des efforts déployés par les pasteurs pour sauver son âme de l’enfer et son corps des flammes.

Les pasteurs s’émancipent

Cinq ans après la fin dramatique de Nicolas Antoine, donc en 1637, René Descartes publiait son " Discours sur la Méthode ", livre qui marqua le début d’une ère nouvelle dans l’histoire de la pensée. Il encourage en effet la remise en question en question des traditions, en vue d’une recherche indépendante de la vérité. D’autre part, les écrits de Fausto Socin, le réformateur des unitariens polonais, se répandaient, prônant comme ceux de Pierre Bayle, la tolérance religieuse.

Lentement, prudemment, les pasteurs genevois se laissèrent influencer par cette révolution de l’esprit. Le calvinisme orthodoxe en prit un sérieux coup. Ainsi, en 1725, ils décident d’enseigner " la doctrine telle qu’elle est renfermée dans la Sainte Ecriture et dont nous avons un sommaire dans notre catéchisme ". Bientôt, Jacob Verne propose son " nouveau catéchisme ", qui insiste sur la morale évangélique et glisse sur les croyances intellectuelles. L’épître de Jacques est préférée à celles de Paul. Le dogme de Nicée-Constantinople a perdu de son autorité.

Aussi d’Alembert, dans son article " Genève " de l’Encyclopédie, se plaît-il à qualifier les pasteurs genevois de " sociniens ", c’est-à-dire d’anti-trinitaires. Cependant, ceux-ci ne veulent pas de pareille étiquette, car elle les présente comme des hérétiques aux yeux des Eglises suisses et surtout aux yeux des patriciens gouvernant Genève.

Ce même gouvernement a banni Jean-Jacques Rousseau pour avoir mis dans son " Emile ", publié en 1762, une " profession de foi d’un vicaire savoyard " jugée hérétique car attaquant les religions dites révélées au profit d’une religion dite " naturelle ", où la raison et le cœur dicteraient la foi. On sait que le parlement de Paris condamna également le livre de Rousseau. Celui-ci, banni de France et de sa ville natale, se réfugia à Môtier, dans le Jura.

Dans cet exil, Rousseau adressa des lettres aux pasteurs de Genève. Il les traite de " sociniens honteux ". On ne sait pas ce qu’ils croient, ni ce qu’ils ne croient pas, ni ce qu’ils font semblant de croire. Enfin, dans ses " Lettres de la montagne ", Rousseau révèle sa propre foi : adoration d’un Dieu unique et non trinitaire, une religion du cœur et de la conscience, éclairée par la raison ; son attachement à la personne et à l’enseignement du Jésus historique. S’affirmant ainsi unitarien, Rousseau dut quitter Môtier, et il erra dès lors jusqu’à sa mort en 1778.

Naissance du libéralisme protestant

Après la Révolution, les pasteurs se sentirent plus libres à l’égard de la tradition calviniste. En 1806, la Compagnie des pasteurs supprima l’obligation de suivre un catéchisme unique, mais décide de prendre comme base de la foi la Bible et le Symbole des apôtres – ce vieux symbole, que l’on date de l’an 100 environ, ignore la Trinité.

Un pas de plus est franchi en 1810 : les pasteurs n’ont plus à souscrire au Symbole des apôtres et doivent enseigner la Bible " selon leur propre conscience " ", en tenant compte des progrès contemporains de la critique biblique. Comme il fallait s’y attendre, des pasteurs rejetèrent ce libéralisme et s’en tinrent au fondamentalisme et à l’orthodoxie du XVI° siècle. Des paroisses, communautés séparées, s’organisèrent. C’est ce qu’on appelle le Réveil. Il s’ensuivit des querelles entre orthodoxes et libéraux. Pour mieux défendre leurs opinions, les libéraux créèrent en 1831 un journal, " Le protestant genevois ". Ce fut ainsi l’ancêtre du mensuel " Le Protestant " actuel. Et quarante ans plus tard, en 1871, ce fut la fondation de l’Union protestante libérale (UPL), association toujours active aujourd’hui.

Cette Union prend position dans les grandes questions qui se débattent au Consistoire, organe directeur de l’Eglise nationale protestante, et elle organise des conférences. Dans un récent " Manifeste ", l’UPL se présente au grand public. Il est intéressant d’y lire comment elle définit sa foi. En voici un résumé :

Dieu appelle, mais l’homme peut dire oui ou non. Dieu n’est pas à confondre avec la personne de Jésus. Jésus, fils de Dieu par l’Esprit, est le suprême révélateur de la volonté de Dieu. Jésus accomplit parfaitement la volonté de Dieu, qu’il appelle son Père. La Bible doit être lue sans asservissement à la lettre des textes, dont les auteurs furent des hommes inégalement inspirés ; d’où la nécessité d’une lecture critique. La Réforme doit être permanente. Le dialogue interreligieux est souhaitable.

Comme vous le voyez, les opinions des libéraux genevois sont très proches de celles des unitariens.

Une constitution libérale

En 1907, le gouvernement genevois décrète la séparation des Eglises et de l’Etat. La Constitution de la nouvelle Eglise nationale protestante, approuvée par les citoyens protestants, entra en vigueur en 1909. Elle commence par une " Déclaration " tout à fait libérale. En voici deux extraits significatifs :

" L’Eglise nationale de Genève reconnaît pour seul chef Jésus-Christ, sauveur des hommes ".

" Elle place à la base de son enseignement la Bible, librement étudiée à la lumière de la conscience chrétienne et de la science. Elle fait un devoir à chacun de ses membres de se former des convictions personnelles et réfléchie. Elle ouvre ses portes aux protestants du canton de Genève sans leur imposer aucune confession de foi ".

Cette constitution est demeurée en vigueur jusqu’à nos jours, en dépit du fait que le majorité des pasteurs invoquent la Trinité et que certains regrettent l’absence d’une confession de foi orthodoxe.

Et c’est pourquoi le pasteur Claude-Jean Lenoir a pu, en 1989, organiser au Lignon, une rencontre protestante ayant pour titre cette question provocante : Jésus est-il Dieu ? Y participèrent des pasteurs unitariens : Mme Kirk, Messieurs Pierre-Jean Ruff et Hostetter ; le professeur Théodore Monod, président de l’Association unitarienne francophone (AUF) [ndlr : à cette date encore dénommée " française "] et d’autres personnalités. De même, le centre protestant du Lignon a pu accueillir, récemment, le 31 août 1996, nos amis français de l’AUF pour une assemblée générale.

Bénissons Dieu pour cette liberté religieuse.

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19 mai 2007 6 19 /05 /mai /2007 07:46

s.d., À la mémoire des martyrs unitariens, liste établie par Roger Sauter [ndlr : liste non exhaustive qu'il faudrait compléter]

- Adam Duff O’Toole,  est brûlé vif à Dublin en 1327 pour avoir nié les doctrines de l’Incarnation et de la Trinité.

- William Sawtrey, prêtre à Lynn (dans le Norfolk, en Angleterre), est brûlé pour les mêmes raisons à Smithfield (au nord de Carlisle, dans le Cumbria, toujours en Angleterre), le 20 mars 1401.

- Katherine Weigel (ou Vogel), née à Cracovie, en Pologne, vers 1460, est dénoncée à l’évêque catholique de cette ville comme hérétique alors que la réforme luthérienne commence à se répandre dans le Sud de la Pologne. Elle professe librement, peut-être sous l’influence d’amis juifs, qu’elle ne croit pas en la Trinité, mais seulement en l’unité de Dieu. Jésus n’a pas cru autre chose, affirme-t-elle. Enfermée dans une chapelle de la cathédrale jusqu’à ce qu’elle abjure, elle y restera pendant 10 ans. Finalement, le 10 avril 1539, cette dame de 80 ans aux cheveux blancs monta hardiment sur le bûcher, affirmant que pas plus dans ce monde que dans l’autre, il ne peut rien arriver de mal à l’âme de celui qui reste ferme dans la vérité.

- Michel Servet (1511-1553), médecin, géographe, théologien. On lui doit la découverte de la circulation pulmonaire du sang. À 20 ans, il écrit le traité "De Trinitatis Erroribus" où il démontre que rien dans les Evangiles ne justifie le dogme tardif de la trinité. En 1553, il publie en secret à Vienne (au sud de Lyon) sa "Christianismi Restitutio" où il prône le retour au christianisme originel, défiguré par les Églises. De passage à Genève, il est reconnu, arrêté. Calvin le fait condamner après une détention atroce. Il est brûlé vif à Champel le 27 octobre 1553. Son dernier cri est "Jésus, fils du Dieu éternel, aie pitié de moi !".

- Bernardino Occhino, ancien vicaire général des Capucins passé à l’anti-trinitarisme, mort de froid avec ses trois enfants en 1565 alors qu’à 77 ans il fuyait, dans la montagne, la persécution.

- Valentin Gentile, ancien vaudois de Calabre (montagne à l’extrémité sud de l’Italie), célèbre grammairien, passé à l’unitarisme, décapité à Berne en septembre 1566 à la demande de Théodore de Bèze, bras droit de Jean Calvin.

- Nicolas Paruta, médecin, exécuté à Venise en 1567 pour son traité "De Uno Vero Deo Jehovah".

- Francis David (1520-1579), d’abord élu évêque de l’Église luthérienne de Transylvanie (province naguère hongroise, en Roumanie depuis 1918), il se convainc en 1565 que la doctrine trinitaire n’a pas de fondement biblique. Sa prédication enthousiaste gagne à l’anti-trinitarisme la population de Kolosvar (actuel Cluj-Napoca) et le roi Jean Sigismond. Cependant, en 1578, au cours d’un synode, il déclare qu’il ne faut pas prier Jésus, mais seulement Dieu, le Père. Arrêté, condamné, il meurt de maladie et d’épuisement dans le donjon de Deva (toujours en Transylvanie, dans le département - judete - de Hunedoara). Sur le mur de sa prison, il avait écrit "Aucune force ne peut arrêter ce qui est bien".

- Matthew Hamont, anglais, fabricant de charrue, brûlé en 1579 pour avoir nié que Jésus soit dieu.

- John Lewes, son disciple, brûlé en 1583.

- Jacques Massilara, dit Paléologue, qui fréquenta les milieux anti-trinitaires en Pologne et en Transylvanie, brûlé à Rome par l’Inquisition en 1585.

- Peter Cole, tanneur d’Ipswitch (en Angleterre, dans le Suffolk), brûlé en 1587 ;

- Le révérend Francis Kett, diplômé de Cambridge (la célèbre université au nord de Londres), brûlé près de Norwitch (chef-lieu du Norfolk) en 1589, après qu’à la demande de la foule présente, on l’eût essorillé (scié les oreilles).

- Bartholomew Legate, marchand anglais, brûlé le 18 mars 1612.

- Edward Wightman, dernier "hérétique" exécuté en Angleterre, brûlé fin 1612.

- John Biddle, né en 1615, célèbre théologien, fondateur de l’unitarisme déclaré en Angleterre, passe à partir de 1644 plus de la moitié de sa vie en prison où on le laisse finalement mourir d’inanition en 1662.

- Le révérend Norbert Capek, né en 1878, fondateur de l’unitarisme tchèque, opposant aux nazis et à l’arrestation des juifs, exécuté à Dachau (au nord-ouest de Munich) en 1944.

- Le révérend James Reeb, pasteur unitarien noir, assassiné en public à coups de tuyaux à Selma, en Alabama, aux Etats-Unis, à l’issue d’une célèbre marche pour les droits civiques ; ses agresseurs, arrêtés, furent acquittés.

- le Révérend Toribio Quimada, président de l’Église unitarienne des Philippines, est assassiné en mai 1988 par des inconnus, vraisemblablement par des militaires opposés aux coopératives paysannes qu’il installait.

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