" Florence Nightingale (1820-1911) ", par Roger Sauter (Le Lignon, Genève), texte paru dans Approches unitariennes, n° 41, hiver 2001, pp. 41-43.Florence Nightingale appartenait à une famille unitarienne anglaise. Son grand-père maternel, sir William Smith, lutta au Parlement pour faire abolir une loi qui imposait la doctrine de la Trinité. Elle fut enfin abolie en 1813 et l’unitarisme devint licite.
Les parents de Florence étaient de riches bourgeois vivant à la campagne, mais ils aimaient voyager sur le continent. Et c’est à Florence, en Italie, que naquit la petite Florence, en 1820. Enfant, elle accompagnait son père et sa sœur aînée allant le dimanche à une chapelle unitarienne des environs. A la maison, elle reçut une belle instruction, à la fois classique et moderne, sans oublier la musique dont elle raffolait. Son charme et sa gentillesse agrémentaient les soirées mondaines organisées par ses parents.
Toutefois, ce que Florence appréciait le plus, c’était d’aller rendre visite, envoyée par sa mère, aux pauvres et aux malades du voisinage, leur apportant aide et réconfort. Aider ces déshérités éveilla sans doute sa vocation à servir son prochain.
Florence sera infirmière.
A Londres, où elle fréquente la célèbre chapelle unitarienne d’Essex Street, Florence rend visite à une vieille quakeresse, Elizabeth Fry, connue pour son aide aux femmes emprisonnées. Florence lui demande comment servir son prochain et la vieille dame lui répond : " comme infirmière ". Elle sera donc infirmière, en dépit de ses parents qui ne conçoivent pas que leur fille travaille, et surtout pas pour accomplir une tâche laissée aux femmes pauvres, incultes, souvent alcooliques, ou à des religieuses.
Aussi, c’est à l’insu de sa famille qu’elle va visiter quelques hospices et hôpitaux, pour s’initier à l’art de soigner. Mais ses parents découvrent sa vocation et s’en lamentent, s’y opposant. Florence devient triste et perd un peu de sa bonne santé. Alors ses parents l’envoient faire un tour en Italie et en Egypte. Elle en revient enchantée de ce qu’elle a vu, d’autant plus que le grand philanthrope sir Sidney Herbert, rencontré à Rome, l’a encouragée à devenir infirmière. Lui-même a fondé un hôpital. Dès lors, Florence se sent plus forte et décidée vis-à-vis de sa famille.
Agée maintenant de trente ans, Florence n’est pourtant pas indépendante de sa famille . L’occasion se présente d’épouser un homme de son rang social et qui lui plaît. Elle y renonce car cet homme ne partage pas son idéal humanitaire.
Profitant du fait que ses parents font une cure à Carlsbad, en Allemagne, Florence va apprendre comment on soigne les malades chez les diaconesses de Kaiserswerth. L’année suivante, elle va à Paris parfaire son instruction auprès des filles de la charité.
Un comité de bienfaisance anglais l’engage pour diriger un " home " accueillant des dames pauvres. Elle améliore leur confort sans faire augmenter les frais, grâce à son grand sens pratique. Lors d’un congé dans sa famille, une épidémie de choléra s’abat sur Londres. Florence y accourt afin de soulager les victimes.
Florence dirige un hôpital militaire
Lors de la guerre de Crimée, en 1854, le gouvernement britannique décide d’envoyer des infirmières à l’hôpital militaire de Scutari. Appuyée par Sir Herbert, Florence en est nommée la directrice, avec mission de choisir ses collaboratrices parmi les nombreuses volontaires qui s’offrent. Ce seront des Filles de la Charité et des dames de bonne volonté. Ces infirmières devront respecter une neutralité confessionnelle dans leur travail.
A Scutari, elles commencent par nettoyer les salles, installer une buanderie et à améliorer le confort des malades pour qu’ils guérissent plus vite. Florence s’occupe de tout et de tous, circulant de nuit comme de jour dans les salles. Les journaux anglais publient bientôt des articles élogieux sur cet hôpital, louant l’hygiène, la discipline et les bons soins donnés aux soldats blessés. Les parents de Florence comprennent enfin la beauté de l’idéal animant leur fille.
Le siège de Sébastopol cause des milliers de blessés. Aussi Florence s’y rend-elle avec une équipe afin de les secourir sur place. Mais dans le froid et l’inconfort, elle est terrassé e par une terrible fièvre. On la croit perdue. On la transporte à Scutari où on la soigne. Dès qu’elle s’en sent capable, la voilà qui retourne à Sébastopol, y créant une bibliothèque, des cours et un café pour les soldats désoeuvrés. Elle les convainc d’envoyer à leur famille une partie de leur solde, car l’alcool les guette.
Elle crée une école d’infirmières
Florence rentre enfin en Angleterre pour mieux se soigner, mais elle ne se repose guère : de nombreuses personnes viennent lui rendre visite, un courrier abondant requiert son attention et souvent des réponses. Puis le Gouvernement lui demande un rapport sur l’état sanitaire de l’Armée. En suivant ses recommandations, un hôpital militaire moderne sera construit et organisé.
Son rêve se réalise lorsqu’elle peut créer une école d’infirmières avec l’argent d’une souscription mis à sa disposition. Elle fait également construire une école de sages-femmes. Elle dirige ces deux institutions bien que sa santé ne soit pas rétablie. Afin de multiplier son action éducative, elle rédige et publie des " Notes sur l’hygiène des hôpitaux ", puis des " Notes sur les soins aux malades ". Ces livres contribueront à faire de l’Angleterre un modèle dans le domaine de l’hygiène.
Certains s’étonnaient en constatant que Florence n’était pas une religieuse et n’allait pas à l’église le dimanche. Elle leur fit savoir ceci : " La vraie religion, c’est le service de Dieu par le service des hommes ". Elle était consciente d’être un instrument dans la main de Dieu pour soulager la misère humaine.
Avec l’âge, Florence dut diminuer puis cesser ses activités car sa vue baissait. L’ouïe devint mauvaise et bientôt la mémoire ne répondait plus. Florence supporta ces ennuis vaillamment, continuant à sourire à ses visiteurs. Sa solide constitution lui permit de fêter son quatre-vingt-dixième anniversaire. Elle s’éteignit en 1911.
Bibliographie : le livre d’Alice Descoeudres (1935 - Héroïnes et héros, La Chaux-de-Fond, Suisse) et un article de 1906 dans " Memorable Unitarians ".