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le calice des unitariens

chaque communauté unitarienne arbore un blason ou un logo. Voici celui des unitariens qui sont regroupés au sein de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Voir sur son site à la rubrique "le calice des unitariens"
http://afcu.over-blog.org/categorie-1186856.html


 

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24 juin 2010 4 24 /06 /juin /2010 17:37

Article à la Une : "Eloge funèbre sans pasteur ni prêtre", témoignage de Robert Nicole, membre du Fonds de soutien des Activités du pasteur Rittmeyer (FAR), mis en ligne le 24 juin sur le site de l'Eglise unitarienne francophone, à la rubrique "le travail de deuil" (lien)

Informations :

deux nouveaux Cahiers Michel Servet, n° 13 et 14 (lien),

lettre de Jean-Claude Barbier à la communauté musulmane de Drancy (le 31 janvier 2010, publiée dans les Actualités unitariennes du 13 mars 2010 à la rubrique "islam en Europe", (lien)

Documents : les rubriques sur les sites unitariens Actualités unitariennes (lien) et La Besace des unitariens (lien) mis en ligne sur le site portail du Conseil des unitariens et universalistes français (le CUUF),  Unitariens français, le 24 juin 2010, dans la rubrique "les récapitulatifs"

Message d'envoi de Jean-Claude Barbier le 22 juin 2010 : 

Pour nombre de chrétiens, l’heure de la franchise est venue. Pourquoi faire mine encore de faire des sacrements auxquels on ne croit plus, du moins dans la forme où ils sont "administrés" ? Beaucoup de rites sont manifestement à repenser, à relier de nouveau à l’Evangile, à "restituer" disait Michel Servet déjà en 1553. Robert Nicole, protestant suisse et fidèle à la pensée innovante d’un Charles Rittmeyer (1918-2002) donne ici un magnifique exemple et émouvant puisqu’il s’agit de faire le deuil de sa femme. Osons et faisons nous-mêmes les rites qui nous concernent sans attendre qu’un clerc, pasteur ou prêtre ou pope ou imam, ne vienne le faire à notre place ! C’est ce que Luther appelait le sacerdoce universel.

L’unitarisme étant une mouvance ouverte et libérale, vous pouvez y participer tout en restant au sein de votre communauté d’appartenance. Vous pourrez y dire ce que parfois vous n’osez dire là où vous êtes ! Nos publications, nos sites et notre forum valorisent la liberté et la possibilité d’expression. Notre famille est accueillante. Nous vous souhaitons un bon été.

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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 04:12

- Présentation de ce numéro consacré à la question musulmane, par Léo Poncelet
- L’islam, par Peter Morales
- L’islam, acteur de la géopolitique mondiale, par André Serra
- Considérations sur les migrations musulmanes en particulier, et les migrations humaines en général, par André Serra
- L’islam : entre blocage et réforme, par Hassan Jamali
- Les mu'tazilites, par Fabrice Descamps
- Encore le voile, par Diane Rollert
- La Burqua. L’identité nationale et La Liberté, par Fabrice Descamps

 

A lire sur le site du Mouvement unitarien-universaliste du Québec (lien)

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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 10:19

 

Au-delà d’une meilleure connaissance de Giorgio Biandrata (1515-1588) et des humanistes de son temps, le colloque international de Saluzzo, organisé les 21-22 mai 2010 en sa ville natale, a vu l'acceptation, par les unitariens, de cette figure chrétienne de la Renaissance italienne comme l'une des leurs.

 

En effet, la querelle théologique qui l’a opposé en 1578 à Ferenc David, évêque fondateur de l’Eglise unitarienne de Transylvanie et qui se termina dramatiquement par la mort de ce dernier, le 15 novembre de l’année suivante, embastillé à vie dans la forteresse de Deva, fit de lui un Judas trahissant son propre ami et le dénonçant au bras séculier.


Or Ferenc David avait raison dans sa lecture des Ecritures : le baptême des touts petits enfants est en contradiction flagrante avec l’appel à la conversion, le renoncement au péché, l’engagement personnel à suivre Jésus. Les anabaptistes le disaient avec force. Michel Servet le répéta dans sa « Restitution du christianisme » (lien ). Dès 1569, F. David publie plusieurs pages contre le pédo-baptême dans un ouvrage en collaboration d’ailleurs avec G. Biandrata.


Pour l’Eglise unitarienne francophone (EUfr, fondée en 2008) s’il faut tenir compte de l’éveil de l’enfant, de son amour pour Jésus et de son envie à faire le bien et à aimer comme Jésus et donc permettre le baptême lorsque l’enfant le désire vraiment, il ne convient pas de substituer les parents à la liberté et à la volonté de leur enfant (c’est la position qui a été prise en janvier 2010, lien). Par contre, les mêmes parents peuvent être invités à faire une présentation de l’enfant au temple, à louer Dieu donneur de la Vie par une action de grâce, à fêter avec joie et en Eglise la naissance de leur enfant.

 

De même, les unitariens ont abandonné toute adoration à Jésus, celle-ci allant à Dieu seul sous la forme de louanges et d’action de grâce. Par contre les rites comme le baptême et le partage du pain et du vin se font au nom de Jésus. Avec les non adorants de son époque (Simon Budny en Lituanie, Giacomo Paleologo / Jacob Palaeologus qui enseignait au collège de Kolozsvar) , F. David était bien dans la logique de la foi unitarienne qui n’accepte pas la divinisation de Jésus, simplement homme, et qui en tire les conséquences.


Dans une lettre qu’il adressa à l’Italien-Grec G. Paleologo, G. Biandrata fit valoir que le conflit n’avait pas été d’ordre théologique, ni une question de personne, mais institutionnel. En effet, la mort accidentelle, lors d’une partie de chasse du roi Jean II Sigismond (le 14 mars 1571) marqua un coup d’arrêt au développement de la Réforme anti-trinitaire. Le nouveau prince de la Transylvanie, Etienne Ier Bathory est en effet catholique.

 

Si G. Biandrata peut conserver son rôle de médecin de cours et de conseiller, par contre F. David perd sa place de chapelain. Les autres anti-trinitaires sont également écartés. L’imprimerie royale de Gyulafehérvár n’est plus en leurs mains et le 17 septembre de la même année, le nouveau régime impose la censure préalable à toute publication religieuse, y compris pour une réédition. Puis, les 15-19 mai de l’année suivante (1572), si la diète de Torda confirme les lois religieuses promulguées par Jean II Sigismond, Etienne Bathory y fait ajouter l’interdiction de toute innovation : la Réforme s’arrête ! Les réformateurs doivent gérer les acquis sans vouloir aller au-delà. C’est la fin de la Réformation au sens où les protestants l’entendent aujourd’hui.


En 1574, les anti-trinitaires perdent deux des leurs : l’imprimeur Heltai Gáspár (à Kolozsvar) et le pasteur György Alvinczi arrêté et exécuté par les calvinistes dans le cadre d’un débat théologique à Nagyharsány. Mauvais points aussi en 1575 avec la participation d’anti-trinitaires dans une révolte de nobles.


L’Eglise anti-trinitaire n’est toutefois pas menacée en tant que telle.

 

La Diète tenue le 28 janvier 1576 à Medgyes reconnaît l’épiscopat de Dávid Ferenc et le droit à l’Eglise d’élire son évêque. Mais la même année, la pression catholique augmente car Christophe Bathory succède à son frère Etienne parti en Pologne où il deviendra roi. Les anti-trinitaires peuvent toutefois tenir un important synode à Torda en mars 1578, réunissant 322 ministres *, où ils réaffirment la liberté de recherche sauf sur les points qui ont déjà été tranchés dans le cadre d’un synode.

* le nombre de participants des synodes anti-trinitaires est désormais limité sur décision de C. Bathory


Georges Biandrata va toutefois relancer le débat théologique qui sera funeste à F. David : en mars de la même année (1578), il fait venir Faust Socin à Kolozsvar afin de convaincre F. David de la nécessité du culte à Jésus. Le 28 février 1579, le synode de Torda rejette l’accusation de G. Biandrata et considère qu’il s’agit seulement du développement d’un enseignement antérieur et que cela est non seulement permis mais requis de la part des pasteurs. Mais en mars, passant outre cette décision synodale de son Eglise, G. Biandrata dénonce F. David devant le Prince. DL'évêque est immédiatement interdit de prêche, détenu en sa maison et traduit le 26 avril devant la Diète de Torda. La Diète conseille au Prince le temps de la réflexion et le jugement est reporté les 1-2 juin à Gyulafehérvár. L’accusation y est menée par le jésuite János Leleszi. Le groupe de G. Blandrata et Déméter Hunyadi, présents à la séance, déclare que l’enseignement de D. Ferenc est bel et bien une innovation. Une fois F. David condamné et emprisonné à Deva, le même groupe obtient du synode du 2 juillet 1579 à Kolozsvar un alignement  sur 4 points : la divinité de Jésus, le culte et l’invocation de Jésus et le royaume du Christ. Puis un consistoire de 24 membres élit D. Hunyadi comme successeur. Le 20 octobre, les Jésuistes sont autorisés à ouvrir des écoles et le 7 ou le 15 novembre,

F. David meurt dans son cachot.

 

Il avait écrit sur le mur : “ Ni l'épée des papes, ni la croix, ni l'image de la mort - rien ne va arrêter la marche de la vérité. J'ai écrit ce que j'ai ressenti et c'est ce que j'ai prêché avec l'esprit de vérité. Je suis convaincu que, après ma disparition, les enseignements des faux prophètes vont s'effondrer. "


A Temesvar, en novembre, le pasteur anti-trinitaire Karádi Pál lance pamphlet accusant G. Biandrata et D. Hunyadi de trahison et fait dissidence de l’Eglise. Il devient évêque de cette dissidence des Eglises locales du Banat, et, en 1580, il publie une Defensio Francisci Davidis, jouant ainsi, en face de G. Biandrata, le même rôle de Sébastien Castellion en face de Jean Calvin. A Franckfort, les œuvres de F. David sont réédités par Paleologus Jakab, Glirius-Vehe-Mátyás and Hertel Dávid.

 

Pour cette partie historique, nous avons utilisé la chronologie de Janos Erdö, traduite en anglais par Judit Gellérd "Major dates from the History of the Transylvanian Unitarian Church" (lien ).

 

giorgio_biandrata_la-volpe-ed-il-leone_lionello_nardo_2.JPG

affiche de la pièce de théatre "Giorgi Biandrata, La Vole ed il Leone",

avec Lionello Nardo dans le rôle de G. BIandrata


En pleine connaissance de cette trahison et de ce drame, quel allait être le comportement des unitariens d’aujourd’hui par rapport à l’initiative de l’Association Giorgio Biandrata de Saluzzo de faire un colloque international en hommage du fils du pays ? Les organisateurs associèrent à celle de leur héros la figure victimaire de Michel Servet et finalement convièrent les participants à une réflexion plus élargie sur les humanistes italiens du XVIème siècle (lien).


Aussi inopportun que fut le conflit théologique entre G. Biandrata et F. David, le principal fut la survie de l’Eglise unitarienne de Transylvanie, alors que l’Eglise correspondante en Pologne fut interdite par la Diète de ce royaume en 1658. C’est cela que finalement qu’il nous faut retenir aujourd’hui.


En ce sens, le message de l’évêque de l’Eglise unitarienne de Transylvanie aux participants du colloque (lien) se trouva complété par la présence de trois unitariens : les révérends Ferenc Miko (Transylvanie) (lien) et Roberto Rosso (Italie), et Jean-Claude Barbier (France) (lien), en sa qualité de fondateur de l’Eglise unitarienne francophone (lien). Cela s’appelle tourner une page d’histoire, aussi douloureuse soit-elle. Elle n’est ni oubliée, ni absoute, mais laissée à l’histoire et aux historiens. En tant qu’unitarien, c’est le meilleur de Giorgio Biandrata dont nous avons à recevoir l’héritage.


En paix, nous l’avons réintégré dans notre histoire d’Eglise.

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28 mai 2010 5 28 /05 /mai /2010 11:34

« Georges Biandrata : le renard et le lion » (Giorgio Biandrata, La Volpe ed il Leone), pièce historique en deux actes de Ugo Rizzato, adapté et réalisé par Walter Scarafia, jouée en 7 représentations du 30 avril au 21 mai 2010 au théâtre du Marquis, à Saluzzo (Italie). Ci-dessous, la présentation de la pièce traduite librement en français par Jean-Claude Barbier.

 

Cette pièce est l’occasion de réunir autour de Giorgio Biandrata tous les personnages historiques du XVIème siècle dont il fut le protagandiste. Sur la photo, de gauche à droite : Michel Servet, Giorgio Bernardino (son neveu, soupçonné de son meurtre), Ferenc David (premier évêque de l’Eglise unitarienne de Transylvanie), la reine Isabelle (fille de Bona Sforza et épouse de Jean I Zapolva), Etienne Bathory (prince catholique qui succéda à Jean II Sigismond à la tête de la Transylvanie), Jean II Sigismond (fils d’Isabelle et de Jean I Zapolva), Bona Sforza (reine de Pologne et mère d’Isabelle), Campanus (moine dominicain symbolisant la Contre-Réforme), Giorgio Biandrata, Giovanni Alciati Paolo della Motta (médecin et compatriote italien qui fut également en Pologne), Guillaume Farel (pasteur à Neuchâtel et bras droit de Jean Clavin), Jean Calvin, Petrus Melius (le chef de file des calvinistes hongrois), Heinrich Bullinger (pasteur réformateur de Zurich qui succéda à Ulrich Zwingli) et Demetria (la mère du neveu supposé meurtrier).

 

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La pière commence avec la mort de Giorgio Biandrata en 1588, puis le procès d’Inquisition mené à Genève par Jean Calvin contre Michel Servet en 1553, se poursuit avec l’arrestation de l’évêque Ferenc David en 1579, pour revenir de nouveau à la mort du héros sous les coups répétés des représentants des autres religions tous ligués contre lui et ayant payé le neveu et sa mère pour ce crime.

L'intrigue (texte de Walter Scarafia) :

 

Qui l'a assassiné? En tant que directeur de scène j’ai voulu partir de sa mort, avec toute sa part d’obscurité, parce que celle-ci fut effectivement mystérieuse et sombre. Un originaire de Saluzzo à la fois aimé et haï en Europe ! Sa fin, je voulais qu’elle devienne l'une des pages les plus frappantes de l’histoire de l'Europe. Je voulais raconter l'histoire comme la froideur des des romans policiers, avec un style personnel et unique, avec l’obsession de comprendre comment ce fils de Saluzzo a été si connu à l’étranger et si ignoré chez lui ! Je voulais me concentrer uniquement sur la représentation de sa mort et les mécanismes de peur et de suspense, sans modifier le récit historique de l'auteur (Ugo Rizzato) et la recherche historique approfondie qui s'y rapportent

L’histoire (texte de présentation de Ugo Rizzato) :

 

Giorgio Biandrata, figure extraordinaire de notre région, était le fils de Bernardino Biandrate, propriétaire du château de Sanfront. Il est né en 1516 et a achevé ses premières études à Saluzzo. D’esprit très religieux, il fut aussi motivé par un idéalisme politique teintée de «machiavélisme». Sa vie exceptionnelle fut faite de relations intenses et quelque peu houleuses avec les plus grands protagonistes de l’histoire du XVIème siècle, tant sur le plan religieux que politique. Humaniste, de profonde culture biblique et théologique, il obtient à 17 ans son diplôme de médecine à l’université de Montpellier, puis, deux ans plus tard, à celle de Padoue, il se spécialise dans “les désordres organiques et nerveux des femmes”, qu’on appelle aujourd’hui la gynécologie. Il écrivit quelques traités sur ce sujet.

 

Sa réputation professionnelle l'amène à Cracovie, en Pologne, où il devient médecin personnel de la reine Bona Sforza, l’épouse du roi Sigismond Jagellon I de la Pologne. Quelques années plus tard, retourné en Italie, il y embrasse la Réforme, mais il doit s’exiler en Suisse. Il y est élu parmi les meneurs de la communauté italienne réformée de Genève.


A Genève, ses idées unitariennes (l’unitarianisme est la doctrine qui affirme l'unicité de Dieu et, par conséquent, le refus du dogme de la Trinité et la négation de la divinité du Christ) et son étude des Ecritures le mettent en contradiction avec les idées réformistes de Jean Calvin, chef de l'Eglise de Genève. Il s’ensuit son expulsion de la Suisse ou plutôt sa fuite afin de ne pas tomber aux mains de l'Inquisition, qui, à peine trois ans plus tôt, avait mis sur le bûcher, le médecin espagnol Miguel Servet, accusé d'hérésie à cause de son livre sur "Erreur de la Sainte Trinité”. Ces affirmations du médecin ibérique, Biandrata les reprenait à son compte.


Avec son ami et collègue médecin Giovanni Paolo Alciati della Motta, originaire de Savigliano, Biandrate trouve refuge en Pologne, qui fait alors figure de pays libre, d’une nation où un édit du roi autorise la cohabitation de plusieurs dénominations religieuses, où catholiques et réformés sont à égalité de droits. Il sera partie prenante des synodes qui conduiront à la formation d’une Eglise unitarienne en Pologne. Puis il se retrouve médecin et conseiller en Transylvanie à la cour d’Isabelle, fille de Bona Sforza et veuve du roi Jean Zapolva mort jeune. Il appuya et fut partie prenante de la candidature du catholique Etienne Bathory à la royauté de Pologne et de Hongrie et il put garder son rôle de conseiller.


Il fut tué en 1588 à Alba Julia, et il est difficile d'identifier clairement le motif de ce meurtre. Il a été contraint de prendre des mesures décisives parfois cruelles ; il fut appelé un renard (1) pour sa ruse et un lion (2) pour la force avec laquelle il influenca les serviteurs du bras séculier (le lion, en fait) à frapper ceux qui nuirait à son Église. Il se retrouva propriétaire d’une grande fortune, qui était le résultat d’une vie dévouée aux rois et reines de son temps. Cela lui fut-il fatal ? Son neveu, Georges Bernardino, qu’il avait fait venir auprès de lui, l’aurait-il empoisonné ou étranglé ?


Nombre d’Eglises unitariennes sont encore en activité en Europe ; il existe même une Eglise unitarienne en Italie. Aux Etats-Unis, les unitariens, appelés là-bas unitariens-universalistes, sont 502 000. Ils s’honorent d’avoir eux cinq présidents de leur République ayant appartenu à leur foi : Thomas Jefferson, John Adams, John Quincy Adams, Millard Filmore, William Howard Taft. Les unitariens contemporains participent à toutes les batailles pour les droits civiques. En cela, traversant eux-aussi les frontières, ils sont les dignes successeurs de Georges Biandrata.

(1) ndlr : Jean Calvin tint à mettre en garde les Réformés polonais de l’arrivée en leur pays de G. Biandrata en ces termes : "Quel monstre Giorgio Biandrata est, ou plutôt, combien de monstres il stimule". Peter Vermigli, réformé de Zurich, avisera de même par écrit les Polonais que l’intéressé niait de la même façon que son mentor Gribaldi, que le père et le fils soient de la même essence. Mais faut-il pour autant le traiter de renard ? La franchise des opinions ne pouvait pas se faire à cette époque car la vie était rapidement mise en danger. Quant à ses talents de conseiller auprès des reines et des rois, de médiateur pour défendre les intérêts de son Eglise, cela relève de la diplomatie et non pas de la ruse dont le renard est le symbole depuis les fables de La Fontaine !


(2) ndlr - le lion : la solidité d’une formation professionnelle et la réussite dans l’exercice de la médecine, le sérieux de ses engagements, la stabilité avec la constitution d’un patrimoine personnel en Transylvanie, l’organisation d’une filière d’immigration en ce pays pour les humanistes italiens, mais en aucun cas le pouvoir politique lui-même. Même s’il fut influant, il ne succéda pas à F. David à la tête de l’Eglise unitarienne et n’y exerça pas de rôle fonctionnel. Là aussi la référence au lion relève de la seule responsabilité de l’auteur de la pièce.

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27 mai 2010 4 27 /05 /mai /2010 16:12

Communication de Ferenc Mikò à la conférence internationale de Saluzzo (Italie) sur Giorgio Biandrata, les 21-22 mai 2010, extraits en traduction libre par Jean-Claude Barbier

saluzzo_participants_5.JPG[…] Je viens d'une région, la Transylvanie, où, aujourd'hui encore, nous gardons une foi ancienne appelée l’unitarisme. Une petite région où l'on pratique la liberté religieuse depuis 1568, où nous conservons les premières idées anti-trinitaires, qui ont été celles de théologiens bannis à leur époque pour leur esprit ouvert, tels que Biandrata, Sommer ou Paléologue. Dans un environnement politique et spirituel très particulier des idées nouvelles et radicales purent se développer ; des livres furent écrits. Nous, unitariens de Transylvanie, nous avons pu prêcher et vivre la liberté de pensée, la tolérance entre les différentes religions et les comportements. Nous sommes très fiers de ce patrimoine.

 

révérend  F. Miko visitant la Casa  Cavassa à Saluzzo en compagnie d'une guide touristique de la Ville.

 

Ministre du culte et enseignant, lorsque je parle de nos racines à des enfants unitariens, j’y inclus les théologiens étrangers qui nous ont apporté ces nouvelles idées. Nous ne pouvons pas les oublier. Bien sûr, nous parlons de Ferenc Dávid comme le fondateur de notre Eglise. Il fut une grande personnalité charismatique et convaincante, mais il ne put atteindre un tel niveau qu’avec l’aide de théologiens de l’Europe occidentale, et je pense d’abord à G. Biandriata. Même s’il ne fut pas le premier des anti-trinitariens, il apportait avec lui des éléments décisifs : le livre de Michel Servet, qui avait disparu à cause de la censure mais dont il possédait un exemplaire, son expérience polonaise où il contribua à l’organisation d’une nouvelle Eglise, et son talent de diplomate pour la faire accepter aux autorités publiques. Sous sa sage influence, la principauté de Transylvanie est devenue une île de liberté religieuse dans une mer d’intolérance.

 

Après quatre siècles d’existence, nous pouvons dire que notre Eglise doit beaucoup au travail de G. Biandrata. Sa théologie rationnelle, mais aussi sa politique et sa diplomatie, ont aidé le Prince et les théologiens locaux à construire une nouvelle Eglise très particulière. Il n’apporta pas lui-même d’idées inédite, mais il nous enseigna comment mettre en doute les croyances établies et comment penser d’une façon rationnelle et en tirer de nouvelles idées. Il contribua à rééditer le livre de M. Servet, à l’organisation de notre Eglise, à la protéger contre les sectes. Il fit venir des théologiens célèbres au collège de Kolozsvar que F. Dávid avait fondé. Dans les dernières années, il fut en désaccord avec F. David sur des questions théologiques. De par son influence sur le gouvernement, il stoppa le développement théologique de notre Eglise, lui évitant ainsi de devenir anabaptiste et de disparaître à coup sûr. Grâce à lui, nous avons survécu en tant qu’Eglise et, avec le martyr de F. David, nous avons gardé la conscience de nous-mêmes (With the help of Biandrata we remain a Christian church, and with Dávid’s martyr we got self-consciousness).

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27 mai 2010 4 27 /05 /mai /2010 12:45

Amicale adresse de Bálint Benczédi Ferenc, évêque de l’Eglise unitarienne de Transylvanie, aux participants de la conférence de Saluzzo (Italie) sur Giorgio Biandrata, les 21-22 mai 2010


Chers frères,


C’est avec amour et respect que je salue les participants de la Conférence Biandrata-Serveto à Saluzzo. Cela me fait plaisir d'entendre, que vous aller chérir la mémoire de deux remarquables figures historiques du XVIème siècle. Les activités de Giorgio Biandrata et de Michel Servet ont eu un grand impact sur l’évolution spirituelle de l’évêque fondateur de notre religion, Ferenc Dávid. Biandrata, médecin de cours du prince Jean Sigismond de Transylvanie, a aidé Dávid comme partenaire privilégié dans la rédaction de l'édit de la liberté religieuse en 1568. Entre le 6 et le 13 janvier 1568, dans la ville de Torda, la Diète a proclamé pour la première fois dans l'histoire du monde que personne ne devait être persécutés pour la religion, pour sa foi. Ce fut l'année de fondation de notre Eglise.

 

Par cette loi, la Transylvanie fit son entrée dans la culture développée de l’Europe [ndlr. l’Europe de la Renaissance]. La Transylvanie est terre de tolérance et de liberté religieuse, où trois groupes ethniques et quatre confessions (catholique, luthérienne, réformée et unitarienne) ont vécu et vivent toujours ensemble. A l'époque actuelle, la cohabitation s’y fait aussi avec encore plus de communautés religieuses [ndlr. orthodoxes, uniates, autres protestants, juifs, etc.]


Durant leurs 442 ans d'histoire, les unitariens [de Transylvanie] ont connu des moments difficiles de persécution. L'amour providentiel de Dieu, la fidélité du peuple et cette loi de liberté religieuse leur ont permis de survivre. Le plus dur moment de notre histoire est venu après la Seconde Guerre mondiale avec l'émergence du régime communiste : celui-ci a pris nos écoles et nos biens fonciers, nous a privé de nos propriétés et ses pratiques violentes ont conduit à l'emprisonnement de nombreux ministres et à la destruction de collectivités rurales. La loyauté des fidèle a aidé l'Eglise une fois de plus à survivre en ces temps dramatiques. Après la révolution de 1989, nous avons réussi à récupérer nos écoles et nous essayons de récupérer aussi toutes nos propriétés. Nous travaillons dur pour développer nos communautés dans la foi et la vie religieuse et morale.


Au XIXème siècle, une relation étroite s’est instaurée entre les Transylvaniens et les Anglais, et plus tard avec les unitariens américains. Cette relation est devenue plus forte après 1989, et nous essayons aussi d’établir et de renforcer nos relations avec les communautés chrétiennes en Europe qui pratiquent elles aussi la liberté de pensée. C'est pourquoi il est important pour nous d'être présents à cette conférence à Saluzzo, et nous sommes heureux que notre jeune pasteur Ferenc Mikó soit en mesure d’y participer et de vous apporter les salutations des unitariens de notre pays. Votre conférence coïncide avec la célébration de la Pentecôte et celle-ci nous apporte un message important : l'esprit est libre et il ne devrait pas y avoir de frontières dans la pratique de notre religion. Ferenc Dávid a écrit: « il n'y a rien de plus insensé, absurde, d'essayer de forcer la conscience et l'esprit sur lesquels seul le Créateur a pouvoir».

 

saluzzo_participants_2.JPG

quelques participants en visite à la Casa Cavassa (Saluzzo). De gauche à droite : Roberto Celada Ballanti (professeur à l'université de Gêne), une étudiante italienne, une guide du service culturelle de la ville, Mme Gabriella Brun (interprête en français pour la Ville), Sergio Baches-Opi (secrétaire général de l'Instituto de estudios sijenenses "Miguel Servet" à Villanueva de Sijena, Aragon, Espagne), Sergio Carletto (université de Turin, fondateur et directeur du CESPEC, animateur de l'Association G. Biandrata), Jean-Claude Barbier (unitarien français, fondateur du réseau de la Correspondance unitarienne et de l'Eglise unitarienne francophone) ; devant, le révérend Roberto Rosso (fondateur de la Congregazione italiana cristiano unitariana CICU)

 

Chers frères ! Nous envoyons nos salutations de Transylvanie ! Essayons de vivre notre vie comme un peuple bon dans l'amour de Dieu et de l'Homme, en se sentant responsable de l'enseignement évangélique de Jésus. Puissions-nous conserver et respecter le droit à la liberté de penser et de nous tenir loin de toute violence et intolérance. Puissions-nous travailler ensemble dans l'amour et la paix pour le développement de la vie humaine. Que Dieu bénisse la vie et le travail des participants à la Conférence et nous pousse à mieux connaître les uns et les autres. A vous dans la foi.

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27 mai 2010 4 27 /05 /mai /2010 09:57

"Le prophète et l’évêque, entre vérité et institution", communication de Jean-Claude Barbier, sociologue, au colloque Georges Biandrata, Saluzzo 21-22 mai 2010

Les premières communautés chrétiennes étaient dirigées par des presbytres, à savoir des « anciens » en âge et en sagesse et des premiers organisateurs de celles-ci. Les assemblées se faisant chez des propriétaires de maison on peut penser que ceux-ci pouvaient se retrouver au sein de ces collèges. A Jérusalem, la communauté fut dirigée par les Douze, avec semble-t-il Pierre et Jean fils de Zébédée comme meneurs, puis par Jacques le frère du Seigneur (adôn = maître). Il y eut les diacres, qui étaient « consacrés aux tables » pour le service des veuves et des orphelins, dans le cadre d’une mise en commun de biens et leur répartition pour aider les plus pauvres de la communauté. Les Douze qui partirent en mission « aux quatre coins du monde » furent appelés des apôtres, auxquels s’adjoignit Paul – comme « avorton » dit-il – prétextant de son illumination de Damas comme preuve d’un contact direct avec Jésus. Les docteurs de la Loi expliquaient les Ecritures, des prêcheurs itinérants allaient de maison en maison, de communauté en communauté pour conforter les fidèles comme Jean l’Ancien auteur de deux épîtres ; et puis aussi des prophètes qui faisaient part de leurs visions, parfois apocalyptiques car la Fin des temps était imminente.

Avec l’ancrage de la nouvelle voie dans les petites villes et leurs campagnes, apparut au tournant du 2ème siècle, une figure urbaine, l’épiscope, le « surveillant », nos évêques d’aujourd’hui, chef d’une Eglise locale, chargé de veiller à l’orthodoxie, à la bonne transmission de la tradition, contre les premières déviations que furent la gnose, les emballements prophétiques, les dualismes, etc.

Au temps des Réformes protestantes du XVIème siècle, on retrouve les humanistes dans ces divers rôles. Jean Calvin comme docteur de la Loi avec son œuvre monumentale que fut l’Institution chrétienne, mais aussi comme épiscope, organisateur de la communauté genevoise et, au-delà, des Réformés en France, en Wallonie, etc., et comme chasseur d’hérétiques, d’abord par un pamphlet de jeunesse contre les anabaptistes, puis comme inquisiteur à charge contre l’anti-trinitaire Michel Servet. Celui-ci à la foi docteur de la Loi, mais confiné dans un rôle prophétique du fait de son isolement. Georges Biandrata dans le rôle de presbytre de la communauté des Italiens réfugiés en Suisse, puis prêcheur de la Réforme anti-trinitarienne dans les pays au nord et à l’est de l’Allemagne : Lituanie, Pologne, Transylvanie, Moldavie, et théologien écrivant des livres en collaboration avec le Hongrois Ferenc David. Celui-ci qui fut successivement baptisé catholique, évêque luthérien, surintendant réformé, puis premier évêque de l’Eglise unitarienne de Transylvanie, mais qui mourut en prophète et en martyr.

david-ferenc_3.jpgLe tandem Biandrata – David, qui débuta en étroite collaboration et s’acheva par le drame de 1579 que nous connaissons, est un mélange des genres. Etranger venu d’Italie à la cour des rois de Pologne et de Transylvanie, G. Biandrata est d’abord en position d’apôtre et collabore avec un autochtone qu’il convertit à l’anti-trinitarisme. Ce dernier se retrouve évêque en 1568 … et chapelain de roi Jean Sigismond II.

 

Ferenc David, premier évêque de l'Eglise unitarienen de Transylvanie 1568-1579

 

Mais le roi meurt d’un accident et son successeur est catholique. Lors de la deuxième Diète de Torda, en 1572, le nouveau régime confirma l'existence de la tolérance religieuse, mais interdit n'importe quelle nouvelle innovation religieuse. Or Ferenc David, à la fois dans un rôle d’évêque fondateur de son Eglise et de théologien, continue ses recherches personnelles et affirme que le pédo-baptême et le culte à Jésus ne sont pas conformes aux Ecritures. La situation dégénéra en conflit entre les deux hommes en 1578.

Dans un contexte de Contre-Réforme avec le retour des jésuites dans les sphères des pouvoirs royaux en Transylvanie et en Pologne, G. Biandrata se maintient comme médecin personnel du Prince et comme diplomate à son service. Paradoxalement, c’est lui qui porte le souci de la survie de la nouvelle Eglise, et non l’évêque en titre, Ferenc David. Elle survivra grâce à ses efforts, mais au prix douloureux du lâchage d’un évêque devenu prophète à contre temps de son époque. Il appelle à son secours le théologien italien Fausto Soccini, puis demande que les Eglises anti-trinitaires de Transylvanie, de Pologne et de Moldavie se concertent. F. David n’en a cure et continue ses méditations et ses proclamations. Bon orateur, c’est une voix qu’il faut faire taire. Il y a finalement interversion des rôles : l’évêque F. David se fait prophète et G. Biandrata devient le protecteur de la communauté par intermédiaire d’un nouvel évêque qui sera Démétrius Hunyadi,

Dès son origine, le christianisme a connu cette tension entre la vérité à proclamer d’urgence (car la fin des temps est proche !) et la protection de la communauté contre les répressions. Le Sanhédrin condamne Jésus car il met en danger le statut privilégié dont le Temple de Jérusalem et les Juifs bénéficiaient au sein de l’empire romain. Le diacre Etienne et les « hellénistes » à Jérusalem s’attirent par excès de zèle les foudres des populations locales ; Etienne est lapidé (hiver 36 ou 37 ). Paul est arrêté à la Pentecôte 58 à Jérusalem car il dispense les Gentils qui se convertissent au judaïsme (le christianisme est alors une voie juive) de certaines pratiques de la Thora (circoncision, interdits alimentaires, etc.). La communauté des nazoréens (disciples de Jésus) se maintient avec Jacques, mais en menant profil bas et en se montrant assidue au Temple.

Dans les communautés chrétiennes d’aujourd’hui, le dilemme est toujours présent car, si la répression des pouvoirs publics n’est plus à craindre dans les Etats laïcs et démocratiques, il reste le contrôle des hiérarchies ecclésiales et aussi le risque d’éclatement des communautés par l’adoption de nouveautés : l’accès des femmes au ministère, le célibat des prêtres dans l’Eglise catholique (longtemps resté tabou, mais les opinions publiques y sont aujourd’hui largement favorables), l’accès aux responsabilités (conseil presbytéral, pastorat, épiscopat) d’homosexuels déclarés, la liberté de penser du clergé pouvant aller jusqu’à l’agnosticisme ou au non-théisme.

Peut-on fonctionner avec tous les rôles que comporte la tradition chrétienne ? Le protestantisme a d’excellents exégètes, enseignants, théologiens, mais il n’a pas de prophètes. L’Eglise catholique a remplacé les prophètes par des saints comme l’abbé Pierre, la sœur Emmanuelle, la mère Teresa, etc. Le pentecôtisme et autres mouvements charismatiques ont réintroduit les visions … mais n’ont toutefois pas eu de grandes figures prophétiques. En Afrique noire, les prophétismes sont le fait de fondateurs de nouvelles Eglises, endogènes, mais si celles-ci sont luxuriantes dans leur liturgie et leurs modes d’expression, elles ne proposent pas d’innovation théologique proprement dite sinon mineures, histoire de se distinguer des autres ; et la plupart de leurs visionnaires se font guérisseurs. Les visions d’avenir seraient plutôt à rechercher du côté d’hommes politiques qui osent des réconciliations jugées impossibles : le Mahamat Gandhi libérateur de son pays par la non-violence, les pères de l’Europe communautaire (Maurice Schuman, le chancelier Adenauer, etc.), Anouar Al Sadat, président égyptien, Nelson Mandela, premier président Noir de l’Afrique du Sud, Baracq Obama, premier président Noir des Etats-Unis, etc.

Est-ce la fin des prophétismes ? En France, il convient de rappeler l’enseignement d’un Teilhard de Chardin, ceux des réformateurs catholiques qui, comme le père Congard, furent écartés par leur hiérarchie, mais rappelés à l’heure de Vatican II, les coups de butoir du dominicain « rouge » que fut le père Cardonnel, sans oublier le discret Marcel Légaut dans sa découverte d’un Jésus humain qui nous invite - par son humanité même - à nous hisser au divin en découvrant en nous même cette dimension. J’y ajouterai volontiers la voix de Michel Benoît, bénédictin défroqué, lui aussi très attaché à ce Jésus humain et seulement homme, non divinisé, et qui dénonce une chrétienté obsolète. Et puis, rejoignant Ferenc David, un autre évêque-prophète, Jacques Gaillot, connu pour ses engagements sociaux et politiques, qui fut, en 1995, déchargé par le Vatican de son diocèse d’Evreux pour non collégialité avec les autres évêques de la Conférence épiscopale de France.

Face aux évêques chargés du développement communautaire de leur diocèse ou autres patriarches, face aux responsables de mouvements ou d’associations chargés de décisions collectives, ne faut-il pas préserver des espaces de liberté pour des voix individuelles qui ont des choses à dire à leurs contemporains, fussent-elles radicales, voire excessives ? Les moyens modernes de communication en donnent d’ailleurs les moyens avec des sites ou blogs indépendants, des bulletins et des revues électroniques diffusées par messagerie, l’autoédition (lulu.com, etc.), voir même des Eglises ou des communautés fonctionnant sur la Toile (church on line). Mais les médias officiels des Eglises peuvent aussi aménager de tels espaces : le courrier des lecteurs, des textes d’auteur, des rubriques « coups de gueule », des débats contradictoires, etc. En cela, les éditeurs courageux sont importants : donner la parole aux prophètes qui dérangent, loin des communiqués officiels bien lissés, des discours langue de bois, du religieusement correct.

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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 19:30

Cette chronologie a été établie par Jean-Claude Barbier à partir principalement de deux sources suivantes : l'article de Charles A. Howe et Peter Hughes, sur le site de l’Unitarian Universalist Historical Society (UUHS), traduit en français par Didier Le Roux sur son site « Unitariens", et l'article « Giorgio Biandrata » du site italien sur les hérésies, traduit de l'italien par Alain Bourdy (lien).

giorgio_biandrata_la-volpe-ed-il-leone_lionello_nardo_4.JPG1516 -
Giovanni Giorgio Biandrata, fils aîné de Bernardino B., de l’ancienne famille aristocratique De Blandrata, naît le 5 mai à Saluzzo (Saluces en Français), dans le piémont italien, entre Turin et Cunéo. Saluzzo fut le siège d’un marquisat indépendant durant 4 siècles, de 1142-1548, avant d’être français, puis conquis par le duc de Savoie en 1588
1533 - Il fait des études en arts libéraux à Montpellier où il est diplômé de médecine en 1533,

 

Lionello Nardo dans le rôle de Giorgio Biandrata dans la pièce d'Ugo Rizzato "Giogio Biandrata : la Volpe ed il Leone", Théâtre du Marchesato, Saluzzo, mai 2010.


1540-1551 – S’étant spécialisé dans les troubles fonctionnels et nerveux chez les femmes, cela lui permet de devenir, vers 1540-1544 médecin de la cour de la reine de Pologne, Bona Sforza, fille du duc de Milan et femme de Sigismond II Jagellone, dit Auguste (1543-1572). De là, il fait la connaissance en 1544 d’Isabelle fille de Bona et de Sigismond, et veuve récente du vovoïde de Transylvanie et roi de Hongrie orientale Jean Ier Zapolya (1529-1540). Il sera médecin à la cour de celle-ci de 1544 à 1551, et en même temps conseiller. A Jean Ier, avait succédé son fils alors mineur Jean II Sigismond Zapolya (1541-1571) mais en 1551 Isabelle et son très jeune fils sont contraints de renoncer à la couronne en échange d'un fief en Silésie par Ferdinand de Habsbourg (empereur de 1558 à 1564), l'autre prétendant au trône hongrois.
1551 – G. Biandrata se déplace pour Vienne afin de négocier en faveur de la reine. En Italie, à Pavie ou à Milan, puis à Mestre, près de Venise.
1553 – dans le canton suisse des Grisons en compagnie d’autres réformés italiens : Giovanni / Giampaolo Paolo Alciati della Motta et Camillo Renato. En octobre, martyr de Michel Servet. A la fin de l’année, il va à Vienne comme témoin pour un procès relatif au meurtre d’un cardinal catholique de l’entourage de la reine Isabelle.
1556 – début du mouvement anti-trinitarien en Pologne au synode de Secemin avec Pierre de Goniadz (ou Gonésius).
1557 – à Genève durant un an. Il y soigne Jane Stafford, la femme anglaise du comte Celso Massimiliano Martinengo, prédicateur de l'Eglise italienne à Genève.
1558 – se sauve à Zurich,
mais Martinengo dénonce les propos anti-trinitaires de G. Biandrata à son propre protecteur, le réformateur de Zürich, Heinrich Bullinger. Il revient à Genève un court temps après lorsque son ami Alciati lui obtient un sauf conduit. Mais le 18 mai 1558, Calvin demande à tous les Italiens exilés à Genève de signer un acte de foi trinitaire. Refus de Giovanni Valentino Gentile, Giampaolo Alciati della Motta et G. Biandrata. Il part chez Gribaldi à Farges, ensuite il se dirige vers Berne puis Zurich. Après une tentative infructueuse d'y convertir le réformé Pietro Vermigli (Peter Martyr) à ses vues, il est forcé de se sauver également de Zurich. Retour en Pologne. Il y rencontre Lelio Socin.

1558-1563 - Communauté anti-trinitaire de Pinczow, près de Cracovie avec des Italiens (Francesco Lismanini 1504-1566 *, Prospero Provana) et des locaux comme Pietro Genesio et Grzegorz Pawel. Synodes calvinistes de Pinczow en 1558, de Wlodzislaw en 1559 ** et de Ksionz en 1560 et 1562
* G. Biandrata connut Francis Lismonino d'abord comme confesseur catholique de la reine, puis comme meneur protestant. Gagnant la confiance de Lismanino lors des traitements pour son épilepsie, il s'engagea dans de nombreuses discutions théologiques avec son patient et l’amena à douter de la Trinité.

** après les polémiques suscitées par l'hébraïste mantouan Francesco Stancaro pour sa doctrine basée sur Jésus-Christ en tant que médiateur avec Dieu le Père uniquement dans sa nature humaine, hérésie qu'il fut repoussée par le synode de Wlodislaw, où les exemplaires de son livre furent brûlés publiquement.
1563, en Moldavie pour travailler pour Despote Jacob Basilicus. Mais celui-ci est assassiné. G. Biandrata accepte l'invitation du roi Jean Sigismond II de devenir médecin à la cour de Transylvanie à Gjulafehérvar (actuelle Alba Julia). Depuis 1556 la reine mère Isabelle était revenue au pouvoir grâce à ses partisans et l’avait cédé à son fils en 1559. Il convertit Ferenc David, chapelain du roi et alors intendant calviniste, à l’anti-trinitarisme (G. Biandrata possédait l'un des rares exemplaires du Christianismi Restitutio de Michel Servet).
1565 – scission consommée entre calvinistes et anti-trinitaires polonais. Naissance de la Petite Eglise polonaise.
1566 - convocation à la demande des calvinistes (Melius, etc.), d'un synode national à Gyulafehérvar, ensuite ajourné en un nouveau lieu, à Torda (toujours en Transylvanie), et qui se révéla être un triomphe pour les unitariens F. David et G. Biandrata.
1567 – en collaboration avec F. David, "De falsa et vera unius Dei patris, filii et spiritus sancti cognitione" (de la fausse et de la vraie connaissance de l'unité de Dieu Père, Fils et Saint-Esprit), Une autre co-publication : "Antithesis pseudo-christi cum vero uno illo ex Maria nato" (l'antithèse entre le Pseudo Christ et le vrai né de Marie), était une version condensée de De falsa et vero.
1568 - Diète de Torda en janvier 1568, où Jean II Sigismond reconnut la pleine liberté à toutes les confessions religieuses présentes alors en Transylvanie ; ce fut la première déclaration, au monde, de tolérance religieuse jamais prononcée par un souverain. La même année, dispute de Gyulafehérvár où triomphe F. David.  G.Biandrata y participe.
1569 – toujours en collaboration avec F. David : « De Regno Christi » (du royaume du Christ) et « De Regno Anti-Christi » (du royaume de l'Anti-Christ), se composant en grande partie des passages pris du Restitutio de Servet. Un pamphlet de David contre le baptême des enfants était inclus
1571 - 1a Diète reconnait formellement l’unitarisme comme religion faisant partie des quatre reconnues par l’Etat, avec F. David en temps qu’administrateur. La même année, le roi meurt accidentellement. Le catholique Etienne 1er Bathory succède à Jean II Sigismond. F. David perd sa position comme prédicateur de cour, mais G. Biandrata. est maintenu comme médecin.
1572 - deuxième Diète de Torda où le nouveau régime confirme l'existence de la tolérance religieuse, mais interdit n'importe quelle nouvelle innovation religieuse.
1573-1581 ?, le médecin italien Niccolo Paruta est au collège unitarien de Kolozsvar ; il meurt dans la maison de G. Biandrata à Nagyenyed
1574 – G. Biandrata accompagne Etienne 1er Bathory en Pologne qui mène campagne pour le trône. En juillet, l'Italien Niccolo Buccela est recruté comme médecin par Etienne Bathory avec un salaire de 600 talents par an. Liens épistolaires durables de G. Biandrata avec le diplomate italo-hongrois André Dudith Sbardellati.
1575 – G. Biandrata est récompensé de ses services par Christophe Bathory, le frère d’Etienne, avec des droits sur plusieurs villages. Révolte de nobles, dont des unitariens qui sont tués ou emprisonnés. Retour des jésuites en Transylvanie.
1576 – Etienne 1er Bathory devient effectivement roi de Pologne et le restera jusqu’à sa mort en 1586. Son frère Christophe Bathory lui succède comme vovoïde de Transylvanie.
1578 - polémique entre adorants et non adorants. Venue de Faust Socin. F. David, suivant la pensée de l'italo-grec Giacomo Paleologo (Jacob Palaeologus), auteur du traité universaliste "De discrimine Veteris et Novi Testamenti", niait le rôle de guide pour les fidèles en rapport au salut du Christ et réfutait, par conséquent, toute forme d'adoration de Jésus-Christ.
1579 – à l'instigation de G. Biandrata, la Diète s’assemble à Gyulafehérvár en 1579 pour juger F. David sous motif d’innovation religieuse. F. David meurt le 15 novembre dans la forteresse de Deva où il a été emprisonné à vie. Demeter (Demetrius) Hunyadi succède comme deuxième évêque (1579-1592). Pamphlet anonyme accusant G. Biandrata de la mort de son ami. Dans une lettre à Jacob Palaeologus, G. Biandrata se défendit, disant qu'il était moins concerné par les doctrines de David F. que par les conséquences politiques pour l'Eglise unitarienne.
1581 - Marcello Squarcialupi, également médecin italien, qui ne participa pas aux disputes doctrinales du Salucesain mais s'aligna sur sa pensée en 1581, écrivit une lettre à Faust Socin pour l'inviter à baisser le ton de la polémique, qui en outre ternissait l'image des exilés italiens.
1588 – le 5 mai. Mort de G. Biandrata à Gjulafehérvar. A-t-il été asphyxié durant son sommeil par son neveu Giorgio, le fils de son frère Alphonse, qu’il avait fait venir en Transylvanie pour s’occuper de la gestion des ses biens ? Selon le jésuite Jacob Wujek.

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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 15:05

"Giorgio Biandrata (1515-1588), de l'Italie de la Renaissance à la Transylvanie unitarienne", source : site italien sur les hérésies ; traduit de l'italien par Alain Bourdy et publié dans le "Cahiers Michel Servet", n° 4, avril 2004 "Chrétiens de base en Italie", pp. 3-4

La jeunesse et les débuts en Pologne et en Transylvanie

biandrata.JPGLe médecin anti-trinitaire Giorgio Brandata, fils aîné de Bernardino Biandrata, naquit vers 1515 à Saluces [Saluzzo en italien], de l'ancienne et noble famille De Blandrate. Il passa son diplôme en arts libéraux et devint docteur en médecine à Montpellier en 1533 [ndlr. François Rabelais y était du 17 septembre 1530 au printemps 1532], puis se spécialisa dans les troubles fonctionnels et nerveux chez les femmes.

Vers 1540-1544 Biandrata devint médecin de la cour de la reine de Pologne, Bona Sforza, femme de Sigismond II Iagellone, dit Auguste (1543-1572), et en 1544 il effectua son premier voyage en Transylvanie, à la cour d'Isabelle, fille de Bona et de Sigismond, et veuve récente du vovoïde de Transylvanie et roi de Hongrie orientale Jean Ier Zapolya (1529-1540). A Jean Ier, avait succédé son fils alors mineur Jean II Sigismond Zapolya (1541-1571) mais en 1551 Isabelle et son très jeune fils avaient été contraints de renoncer à la couronne en échange d'un fief en Silésie par Ferdinand de Habsbourg (empereur de 1558 à 1564), l'autre prétendant au trône hongrois. Néanmoins ils rentrèrent triomphalement en 1556 à Alba Julia (Gyulafehérvar), appuyés par leurs partisans et par le tuteur Peter Petrovics qui prit le pouvoir en même temps que la reine mère Isabelle jusqu'en 1559. Durant cette période critique, jusqu'en 1551, Biandrata fut médecin de cour et conseiller d'Isabelle.

Biandrata en Italie et en Suisse

Au cours de cette même année il rentra en Italie, à Pavie, et c'est à cette époque, vraisemblablement, que remonte son adhésion à la Réforme. Toutefois, en 1553, suite à cette conversion, Biandrata décida de quitter l'Italie, avec Giovanni Paolo Alciati della Motta et Camillo Renato, s'enfuyant d'abord dans le canton des Grisons et s'établissant ensuite à Genève en 1557, où il résida pendant un an, même si son rapport avec Calvin fut quelque peu difficile en raison de la méfiance que le réformateur genevois nourrissait à son égard.

A Genève Biandrata intervint en tant que médecin pour soigner Jane Stafford, la femme anglaise du comte Celso Massimiliano Martinengo, prédicateur de l'Eglise italienne à Genève, et, au sein de cette Eglise, il eut la possibilité d'exprimer librement ses opinions anti-trinitaires. Cependant, celles-ci, potentiellement déstabilisatrices pour la Réforme calviniste, furent dénoncées par Martinengo à son propre protecteur, le réformateur de Zürich, Heinrich Bullinger, bien que le comte bergamasque ait eu au départ des sympathies pour les idées anabaptistes et anti-trinitaires, surtout durant son séjour en Valteline.

Toutefois l'épisode décisif qui motiva le départ de Biandrata de la Suisse eut lieu le 18 mai 1558, lorsque Calvin demanda à tous les Italiens exilés à Genève de signer un acte de foi trinitaire. Le document fut contesté par Giovanni Valentino Gentile, Alciati della Motta et Biandrata, qui refusèrent de le signer. Pour Gentile et Biandrata, la décision était en particulier motivée par le fait qu'ils avaient, entre temps, épousé la cause trithéiste, basée sur la séparation des trois personnes divines : Père, Fils et Saint-Esprit en trois dieux distincts parmi lesquels, pourtant, seul le Père était vraiment source de divinité, tandis que les deux autres lui étaient subordonnés.

A nouveau en Pologne

Biandrata considéra donc plus prudent de s’exiler en Pologne, où il rencontra l'anti-trinitaire Lelio Socin. L'action des unitariens locaux comme Pietro Genesio et Grzegorz Pawel fut renforcée par son arrivée et il les aida à former une communauté, composée surtout de ses compatriotes exilés, à Pinczow, près de Cracovie.

Le courant anti-trinitaire polonais (dénommé Ecclesia Minor, en opposition à l'Ecclesia Major calviniste) retrouva par conséquent en Biandrata un vrai leader qui réussit, au cours des synodes de Pinczow en 1558, de Wlodzislaw en 1559 [convoqué par le collaborateur de Biandrata, Francesco Lismanini (1504-1566)], et de Ksionz en 1560 et 1562, à mettre d'accord les factions rivales, grâce à une confession de foi tirée à la lettre des Ecritures saintes. Cela, surtout après les polémiques suscitées par l'hébraïste mantouan Francesco Stancaro, taxé de mondialisme, pour sa doctrine basée sur Jésus-Christ en tant que médiateur avec Dieu le Père uniquement dans sa nature humaine, hérésie qu'il fut repoussée par le synode de Wlodislaw, où les exemplaires de son livre furent brûlés publiquement.

L'amitié avec David en Transylvanie

Mais en 1562 survint un nouveau changement de programme : ayant laissé la barre de l'anti-trinitarisme polonais entre les mains de son ami Pawel et sa propre bibliothèque à Propspero Provana, Biandrata décida de retourner en Transylvanie, à Gjulafehérvar (Alba Julia), où il devint le médecin de cour de prince Jean II Sigismond Zapolya et où il connut l'évêque de l'Eglise réformée de Transylvanie Ferenc David, auquel il fit lire un exemplaire de la célèbre Christianismi Restitutio (la Restauration du christianisme) de Michel Servet, le convertissant à l'anti-trinitarisme (ou unitarisme).

La conversion de David à la nouvelle foi fut évidente en 1566, lorsque celui-ci fit renvoyer un professeur de l'école de Kolozsvar pour avoir osé enseigner la doctrine de la Sainte Trinité : ce dernier, avec le calviniste Melius, demanda et obtint du roi la convocation d'un synode national à Gyulafehérvar, qui se tint dans la même année 1566 pour être ensuite ajourné en un nouveau lieu, à Torda (toujours en Transylvanie), et qui se révéla ensuite être un triomphe pour les unitariens David et Biandrata.

Entre-temps Biandrata collabora longuement avec David faisant même publier son livre "De vera et falsa unino Dei, Filii et Spiritus Sancti cognitione" (de la fausse et de la vraie connaissance de l'unité de Dieu Père, Fils et Saint-Esprit), dans lequel le réformateur transylvain ridiculisait la doctrine de la Trinité et plaidait la cause de la tolérance religieuse pour toutes les formes de foi. Ce discours fut ensuite repris durant la Diète de Torda en janvier 1568, où Jean II Sigismond reconnut la pleine liberté à toutes les confessions religieuses ; ce fut la première déclaration, au monde, de tolérance religieuse jamais prononcée par un souverain.

En Transylvanie Biandrata fut toujours une référence pour des exilés religieux italiens, comme par exemple ses collègues médecins Niccolo Paruta, qui en 1573 s'était exilé en Transylvanie, dans le Collège unitarien de Kolozsvar, et qui mourut (probablement en 1581) dans la maison de Biandrata à Nagyenyed ; et Niccolo Buccela, qui fut ensuite, grâce à sa renommée de valeureux médecin, recruté par Etienne Bathory en juillet 1574 avec un salaire de 600 talents par an. Il maintint en outre des liens épistolaires durables avec le diplomate italo-hongrois André Dudith Sbardellati.

Toutefois, en 1571, avec la mort à 31 ans seulement de Jean II Sigismond et l'arrivée au trône du catholique Etienne Ier Bathory (1571-1586), devenu par la suite aussi roi de Pologne de 1576 à 1586, la situation de la faction anti-trinitaire de David tomba en déchéance, surtout à partir de 1578, lorsque ce dernier, en pleine polémique entre adorants et non-adorants, mit fin à sa collaboration avec Biandrata, lequel fit venir inutilement de Bâle Faust Socin pour chercher en vain à convaincre David d'abandonner ses positions de non-adorant. Selon la pensée de Faust Socin, à laquelle adhéra Biandrata, Jésus-Christ était en vérité un homme crucifié dont le but fut de révéler Dieu aux hommes qui pouvaient ainsi atteindre le salut, en suivant son exemple. David, en revanche, suivant la pensée de l'italo-grec Giacomo Paleologo, auteur du traité universaliste "De discrimine Veteris et Novi Testamenti", niait le rôle de guide pour les fidèles en rapport au salut du Christ et réfutait, par conséquent, toute forme d'adoration de Jésus-Christ.

Certaines branches de l'unitarisme polonais accusèrent violemment Biandrata d'avoir changé de route sur cette doctrine et d'avoir trahi son ami David, en le livrant à ses opposants politiques, lesquels en 1579 le firent arrêter et emprisonner dans la forteresse de Déva, où, en raison du climat rigoureux et de son affaiblissement physique, il mourut le 15 novembre de cette même année. D'ailleurs la décision d'abandonner David à son destin pesa sur l'avenir de Biandrata, lequel fut isolé et méprisé tel un nouveau Judas Iscariote par les partisans de l'infortuné Transylvain.

Pour la troisième fois en Pologne

Biandrata suivit Bathory en Pologne en 1576, lorsque celui-ci fut couronné roi de Pologne, tout en maintenant de bonnes relations avec Christophe Bathory, le frère et successeur d'Etienne en Transylvanie, bien que celui-ci eut permis, en 1579, la diffusion de l'ordre des Jésuites en Transylvanie.

Un autre ami (et un autre médecin !) de l'époque de Biandrata fut Marcello Squarcialupi, qui ne participa pas aux disputes doctrinales du Salucesain mais s'aligna sur sa pensée en 1581, lorsqu'il écrivit une lettre à Faust Socin pour l'inviter à baisser le ton de la polémique, qui en outre ternissait l'image des exilés italiens.

Dans les dernières années de sa vie, solitaire et isolé, comme il a été dit, à cause de ses positions dans la polémique avec David, Biandrata fut pris de nostalgie pour sa patrie, mais pour pouvoir y retourner en sécurité il avait entamé des pourparlers secrets avec les jésuites, leur promettant de ne plus s'occuper de problèmes théologiques. Cependant comme ces derniers avaient exigé une abjuration totale, Biandrata refusa d'accepter. Quoiqu'il en soit, dans la propagande catholique le bruit circula que Biandrata s'était enfin reconverti à la religion catholique. De même, toujours selon des sources jésuites, en particulier du religieux Jacob Wujek, on supposa que la mort de Biandrata, survenue le 5 mai 1588, était due à un acte criminel : il aurait été en fait étranglé par son neveu Giorgio, le fils de son frère Alphonse, mais cette information n'est pas confirmée par d'autres sources.

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27 avril 2010 2 27 /04 /avril /2010 13:45

articles à la Une - " Le christianisme est-il un ésotérisme ? " par Jean-Claude Barbier, mis en ligne dans La Besace des unitariens le 27 avril 2010

Libres-propos - par Yohann Amal, Fabien Maisonneuve, Eric Agier, Raymond Bath, Nicolas Semaille, mis en ligne dans La Besace des unitariens le 27 avril 2010

Documents : " Bilan à mi-année du paysage unitarien français " par Jean-Claude Barbier, mis en ligne sur le site du Conseil des unitariens et universalistes français (CUUF) "Unitariens français" le 27 avril 2010

Message d'envoi, le 27 avril 2010, par Jean-Claude Barbier

Les opinions tant politiques que religieuses deviennent très fluides dans les pays marqués par l'individuation. De grosses Eglises se retrouvent comme des géants au pied d'argile dans un contexte de forte déchristianisation. Avec l'arrivée de la vague évangélique et pentecôtiste et de mouvements étrangers, les offres se multiplient et la concurrence augmente. Des déplacements sont particulièrement notables en Europe (des catholiques vers les Eglises protestantes) et en Amérique latine (des catholiques vers les Eglises évangéliques). Nous disons dans ce bulletin que le christianisme doit revoir son vocabulaire et sa présentation pour se transmetttre aux futures générations.

Et puis nous faisons un bilan d'étape de l'unitarisme français qui confirme bien son créneau dans le paysage religieux contemporain avec une bonne douzaine de sensibilités religieuses et spirituelles.

Si vous n'avez plus le temps de lire nos bulletins ou ne souhaitez plus le recevoir, veuillez nous le faire savoir en toute simplicité afin que nous puissions actualiser notre liste de destinataires.

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