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le calice des unitariens

chaque communauté unitarienne arbore un blason ou un logo. Voici celui des unitariens qui sont regroupés au sein de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Voir sur son site à la rubrique "le calice des unitariens"
http://afcu.over-blog.org/categorie-1186856.html


 

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9 mai 2008 5 09 /05 /mai /2008 12:03

Bibliographie de Théodore Parker (1810-1860) par Dean Grodzins, parue en 2008 sur le site de l'Unitarian Universalist Historical Society (UUHS),
http://www25-temp.uua.org/uuhs/duub/articles/theodoreparker.html
traduite en français par Noëlle Colle (mai 2008),
les sous-titres sont de La Besace des unitariens

Théodore Parker (24 août 1810,10 mai 1860) fut un prédicateur, un conférencier, un écrivain, un intellectuel connu et un réformateur de la religion et de la société. Il a joué un rôle majeur en aidant les unitariens à se détacher d'une foi basée sur la Bible et en créant, quant à l'activisme clérical, un précédent qui a inspiré des générations de responsables religieux. Bien que classé avec William Ellery Channing comme le plus important et influent pasteur de l'Eglise unitarienne du XIX° siècle, il a été en son temps très controversé et, ce qu'il a légué à l’unitarisme-universalisme, demeure contesté.

du calvinisme à l’unitarisme

T. Parker naquit le 24 août 1810 à Lexington, Massachusetts ; il était le plus jeune d'une famille nombreuse de fermier. Pendant sa jeunesse il fit partie de l'Eglise de Lexington. Ce fut une longue histoire de calvinisme tolérant puis, encore jeune garçon, évoluant sans heurt, il devint unitarien. Cependant, il admirait la ferveur des évangélistes et, devenu jeune homme, il envisagea de se convertir au calvinisme orthodoxe.

Son sentiment religieux s'est en partie développé en réponse à une tragédie domestique A l'âge de 27 ans il avait perdu une grande partie de sa famille : ses parents et sept de leurs neuf enfants - principalement à cause de la tuberculose ; sa mère mourut quand il avait 12 ans. A la suite de ces deuils T. Parker acquit une solide croyance en l'immortalité de l'âme et en un Dieu qui ne voudrait pas laisser un mal durable arriver à aucun de ses enfants. Cette solide croyance en la bonté de Dieu le conduisit à rejeter la théologie calviniste parce que cruelle et déraisonnable

l’ambition d’appartenir à l’élite bostonienne

C'est aussi l'ambition qui a poussé T. Parker a devenir unitarien. Il rêvait de faire partie de l'élite de la société bostonienne, généralement unitarienne. D'une intelligence précoce et conduit par la volonté d'être le meilleur, il devint instituteur à l'âge de 16 ans. A 19 ans il réussit l'examen d'entrée à Harvard mais n'ayant pas les moyens d'assumer les frais de scolarité, il étudia tout seul la totalité du programme de Harvard. En 1832 il ouvrit une école privée à Watertown. A cette époque il rencontra sa future femme, Lydia Dodge Cabot, la plus jeune enfant d'une famille unitarienne riche et très connue.

T. Parker avait pensé faire du Droit mais sa solide piété le poussa à devenir pasteur. Pratiquement tout seul il étudia le latin, le grec, l'hébreu, l'allemand, la théologie, l'histoire de l'Eglise et la Bible. En 1834, malgré l'absence de diplômes, il fut admis à Harvard Divinity School dans une classe avancée. Un bienfaiteur, sans doute un membre de la famille Cabot, en paya les frais.

A Harvard, T. Parker étudia avec "voracité", devint chargé de cours en hébreu et, pendant quelque temps, enseigna lui-même chaque mois l'étude d'une nouvelle langue ; en 1836 il disait connaître "vingt langues". Il avait en même temps beaucoup d'activités extérieures; entre autres il édita pour les étudiants un journal d'études bibliques, le Christian Register.


Il acheva ses études à Divinity Scool au printemps de 1836. En avril 1837 il se maria avec Lydia Cabot. En juin de la même année, il fut ordonné pasteur de l'Eglise unitarienne de West Roxbury [ci-contre], laquelle ne comptait que 60 membres adultes. Il accepta ce poste peu important à la demande de sa belle-famille qui vivait dans les environs.

T. Parker se rendit compte qu'il pouvait en même temps assumer le peu de charges de sa petite paroisse et continuer à mettre la plus grande partie de son énergie à étudier et à construire sa réputation d'homme de lettres et érudit. Il lut des milliers de livres, écrivit un grand nombre de courtes nouvelles pour le Register , aussi bien que des articles littéraires importants pour divers journaux y compris la revue périodique unitarienne : The Christian Examiner. En même temps il se fit connaître autour de Boston pour l'intelligence, l'éloquence et la sincérité de ses sermons. Son point de vue théologique fit cependant de lui une figure de plus en plus controversée
.


Il acheva ses études à Divinity Scool au printemps de 1836. En avril 1837 il se maria avec Lydia Cabot. En juin de la même année, il fut ordonné pasteur de l'Eglise unitarienne de West Roxbury [ci-contre], laquelle ne comptait que 60 membres adultes. Il accepta ce poste peu important à la demande de sa belle-famille qui vivait dans les environs.

T. Parker se rendit compte qu'il pouvait en même temps assumer le peu de charges de sa petite paroisse et continuer à mettre la plus grande partie de son énergie à étudier et à construire sa réputation d'homme de lettres et érudit. Il lut des milliers de livres, écrivit un grand nombre de courtes nouvelles pour le Register , aussi bien que des articles littéraires importants pour divers journaux y compris la revue périodique unitarienne : The Christian Examiner. En même temps il se fit connaître autour de Boston pour l'intelligence, l'éloquence et la sincérité de ses sermons. Son point de vue théologique fit cependant de lui une figure de plus en plus controversée
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9 mai 2008 5 09 /05 /mai /2008 11:50

L’exégèse critique allemande et les miracles dans la Bible

Les historiens ont qualifié la théologie des unitariens de "rationalisme surnaturel" ; selon celle-ci, la raison humaine pouvait, par elle-même, découvrir certaines vérités religieuses telles que l'existence de Dieu ; l'ensemble de ces vérités constituait la "religion naturelle". Cette religion devait cependant puiser dans la religion révélée certaines vérités essentielles, telles que le rôle médiateur que jouait le Christ dans la rédemption, vérités qui ne pouvaient être découvertes qu'à travers les révélations miraculeuses de la Bible.

Ceux qui niaient que le christianisme soit miraculeusement révélé étaient des "infidèles" ou des "déistes" indignes de faire partie de la communauté chrétienne. T. Parker au cours des années 1830 en vint à nier que le christianisme soit une vérité miraculeusement révélée, mais insistait sur le fait qu'il était toujours digne de faire partie de la communauté chrétienne. A l'origine, sa foi était basée sur la Bible qui, croyait-il, contenait une révélation miraculeuse. En 1832 il écrivit " Une histoire des Juifs " destinée à devenir un catéchisme pour l'Ecole du dimanche (mais qui ne fut jamais publiée) dans laquelle il soutenait que les histoires miraculeuses de l'Ancien testament étaient des faits établis. Ses idées ont commencé à changer quand le pasteur unitarien de Watertown lui fit connaître les nouvelles critiques sur les faits historiques relatés dans la Bible qui se développaient à l'époque en Allemagne.

En 1834, T. Parker interprétait comme naturelles un certain nombre d'histoires miraculeuses de L'Ancien Testament. En 1836 dans un article à l'Interpreter il nia la croyance traditionnelle ... acceptée par la plupart des unitariens - selon laquelle le prophète Isaïe aurait annoncé la venue du Christ. En 1836 il entreprit un grand travail qui lui prit sept ans : une édition en anglais (élargie et révisée) des résultats d’un séminaire allemand d’exégèse biblique, W. M. L. DewettesCritical and Historical Introduction to the Old Testament ". Dewettes y défendait l'idée qu'il vaudrait mieux considérer les miracles de L'Ancien Testament non comme des faits, ni les rejeter comme légendes, mais les apprécier comme des mythes, lesquels étaient des expressions poétiques qui reflétaient la piété des anciens juifs avec un sens symbolique profond.

En même temps, le critique allemand D. F. Strauss soutenait le même point de vue, dans un contexte de violente polémique, avec son livre "Life of Jesus, critically examined" (1835). En 1840, T. Parker en fit un long compte-rendu, de tonalité généralement favorable, dans l'Examiner. A cette période, il en était arrivé à mettre en doute la réalité de toutes les histoires miraculeuses et à considérer la Bible comme pleine de contradictions et d’erreurs.

être inspiré par Dieu en étant fidèle à ses lois spirituelles

Théodore Parker en 1850 (à remarquer son refus de porter la cravate blanche des pasteurs de l'époque)

T. Parker appuya sa foi sur de nouvelles bases en mettant au point sa propre théorie sur l'inspiration divine. Il soutenait alors que Dieu était "immanent dans la matière et dans l'Homme". Les lois de l'esprit humain étaient analogues à celles de la matière ; les deux étant des aspects de Dieu et donc éternelles et immuables. Mais si la matière devait obéir aux lois, Dieu avait donné à l'homme la liberté de leur désobéir.

La désobéissance était une faute. L'obéissance était d'inspiration divine. Plus on obéissait aux lois spirituelles, plus on était proche de Dieu - plus on devenait sincère, moral, bon, fidèle, plus on était divinement inspiré. L'inspiration divine était naturelle et universelle et la race humaine, à mesure qu'elle progressait de la "sauvagerie" à la "civilisation", était de plus en plus inspirée. La plupart des unitariens pensaient que Jésus avait été miraculeusement inspiré pour donner une révélation qui faisait autorité. A l'époque T. Parker pensait que Jésus avait été inspiré comme chacun en étant fidèle aux lois spirituelles. T. Parker honorait toujours Jésus mais en tant que personne la plus inspirée de l'histoire ; il pensait que Jésus avait prêché la religion absolue. Toutefois, l'autorité de la révélation apportée par Jésus était seulement de l’ordre de l’inspiration. En même temps T. Parker disait que beaucoup de personnes modernes étaient plus divinement inspirées que bien des écrivains de la Bible.

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9 mai 2008 5 09 /05 /mai /2008 11:09

le transcendantalisme

Les idées de T. Parker correspondaient à celles du mouvement transcendantaliste qui émergeait chez les jeunes unitariens vers le milieu des années 1830. Il assistait aux réunions duTranscendentalist Club et écrivit beaucoup d'articles et de critiques pour le périodique le plus important de ce mouvement, The Dial (1840-1844). En 1838, il assista avec enthousiasme à une conférence donnée à Divinity School par le transcendantaliste Ralph Emerson. Le ton prophétique de ce dernier inspira T. Parker qui commença à prêcher une réforme religieuse et sociale.

Entre temps, l'éloquente attaque d'Emerson contre les miracles lors de sa conférence fit l'objet d'une controverse sous la forme d'un violent pamphlet. Andrew Norton disait que ce cas de super rationalisme, qui déniait les miracles du christianisme, était une " infidélité ", tandis que Georges Ripley soutenait le nouveau courant de pensée. Lorsque les deux antagonistes devinrent surtout préoccupés par des problèmes d'érudition qui ne concernaient pas les simples croyants unitariens, T. Parker essaya de rediriger le débat. Il publia un pamphlet où il donnait la parole à un unitarien imaginaire nommé "Levi Blodgett". Il y traçait avec brio la position transcendantaliste concernant l'inspiration, les miracles et l'autorité religieuse.

En mai 1841, T. Parker fut reconnu comme l'un des plus importants porte-parole du transcendantalisme lorsque, lors d'une ordination, il fit un discours sur "La permanence et la transcendance dans le christianisme" à la congrégation de Boston Sud. L'idée maîtresse de son sermon était que Jésus avait prêché la vraie religion. Ce qui fit la plus forte impression sur son auditoire fut sa véhémente négation de l’historicité des miracles de la Bible et de l'autorité fondée sur elle, que ce soit Jésus ou la Bible. Trois invités trinitariens en furent personnellement scandalisés. Ils attaquèrent le sermon dans les journaux et demandèrent si les unitariens considéraient encore T. Parker comme un pasteur chrétien. Dans le chambardement qui en résulta, la plupart des pasteurs unitariens et la plus grande partie des laïcs conclurent que la théologie de T. Parker n'était pas chrétienne.

T. Parker se vit refuser l’accès aux chaires unitariennes [ndlr : selon la coutume pastorale qui consiste à inviter d’autres confrères à venir prêcher en sa paroisse] et fut renvoyé du Register et de l'Examiner. Il craignit que sa carrière de pasteur ne soit terminée. La controverse lui fit perdre ses amis et le força à abandonner son vieux rêve de faire partie de l'élite de Boston. Même sa belle-famille, écrira-il plus tard, le traita comme s’il avait commis un crime.

Sa paroisse de West Roxbury lui resta cependant fidèle et tout le bruit fait autour de lui le rendit célèbre. A l'automne de 1841, c'est en foule qu'on venait écouter une série de conférences qu'il publia ensuite sous une forme révisée le printemps suivant sous le titre "A Discourse of Matters Pertaining to Religion". Dans ce manifeste sur la transcendance T. Parker relançait systématiquement ses idées sur l'inspiration, Jésus, la Bible et l'Eglise. Les critiques unitariens traitèrent ce livre de déiste et d’impie.

Les polémiques avec ses collègues de Boston

A la fin de 1842, T. Parker suscita une nouvelle controverse en prenant le parti de John Pierpont, pasteur unitarien de Hollis Street Church de Boston. Le soutien de J. Pierpont à la législation à propos de la tempérance avait divisé sa congrégation. Une minorité hostile, qui contrôlait les finances de l'Eglise, essaya de le renvoyer. En 1841, un conseil d'Eglise composé de dirigeants unitariens avait essayé sans succès de régler la dispute. Dans le numéro d'octobre 1842 du Dial  Parker accusa le conseil de Hollis Street d'avoir été secrètement hostile à J. Pierpont parce que celui-ci était réformateur. L'accusation de T. Parker réjouit les amis de J. Pierpont, mais elle était insultante pour les collègues bostoniens de Parker. Le conflit s'intensifia avec les collègues de J. Parker (tous unitariens) de l'Association des pasteurs congrégationalistes. En janvier 1843, il fut confronté à l'association qui essaya de le persuader de démissionner. Il refusa.

A l'automne de 1843, il prit avec Lydia un congé sabbatique en Europe. Exposé pour la première fois à la grande inégalité des richesses et au despotisme politique, il réfléchit encore plus aux questions de démocratie, société démocratique et culture démocratique.

Pendant ce temps la controverse théologique contre lui s'amplifiait. En novembre 1844, John Sargent organisa un débat avec lui. J. Sargent était pasteur d'une des deux chapelles unitariennes pour les pauvres soutenues financièrement par la Fraternité bénévole des Eglises. Le bureau de la Fraternité pria J. Sargent de ne plus débattre avec T. Parker dont la théologie était choquante. En réponse J. Sargent démissionna et accusa le bureau de violer les principes unitariens.

En décembre Parker fit une conférence à la First Church de Boston. Cette traditionnelle "conférence du mercredi" (en réalité un sermon) était financée par l'Association de Boston, chaque membre y prêchait à tour de rôle. Le sermon de Parker sur "Le rapport de Jésus avec son temps et l'éternité" réaffirmait sa christologie naturaliste. L'Association se réunit pour discuter de son éventuelle exclusion. A la fin, ils décidèrent de confier l'administration de la conférence du mercredi à la First Church ce qui avait pour conséquence d'empêcher T. Parker de continuer à prêcher.

En janvier 1845, James Freeman Clarke, pasteur de Church of the Disciples de Boston, qui détestait la théologie de T. Parker mais ne voulait pas que les chrétiens libéraux deviennent exclusifs, organisa un débat avec lui. Quatorze importantes familles de sa congrégation démissionnèrent [ndlr : par opposition à cette initiative] et créèrent leur propre société. Ces événements poussèrent le public unitarien à se demander si les unitariens avaient une croyance implicite, s'ils devaient en expliciter une et s'ils pouvaient garder T. Parker parmi eux.  T. Parker présenta alors sa position personnelle dans "A friendly letter to the Boston Association" (1845) où il maintenait que les unitariens n'avaient aucune raison de l'exclure.

la 28ème société congrégationaliste de Boston

En janvier 1845, T. Parker accepta l'invitation de certains de ses supporteurs à prêcher régulièrement à Boston. Ils louèrent le Melodeon Theater et son premier sermon en février eut une large audience. Cette année là, il prêcha le matin à Melodeon et l'après-midi à West Roxbury. En décembre 1845, ses supporteurs créèrent la 28me société congrégationaliste de Boston. Il y fut installé en tant que pasteur en janvier 1846 ; sa séparation d'avec ses collègues se symbolisant par le fait qu'il prêcha lui-même son sermon d'installation (The True Idea of a Christian Church). Il résilia sa chaire à West Roxbury le mois suivant.

La nouvelle société comprenait 300 membres, la plupart d'anciens paroissiens de John Sargent et de John Pierpont (lequel quitta Boston en 1845) ; ce groupe finançait et administrait la Société. L'assistance aux sermons de Parker passa de 1 000 en 1846 à 2 000 en 1852, obligeant la congrégation à quitter le Melodeon pour le plus spacieux Boston Music Hall  [photo ci-dessous]



Les auditeurs devinrent encore plus nombreux lorsque T. Parker prêcha sur des événements publics ou politiques. Parmi les auditeurs de Melodeon ou de Music hall on peut citer : William Lloyd Garison, Elisabeth Cady Stanton, Julia Ward Howe, Samuel Gridley Howe, William C. Nell et Louisa May Alcott (qui fit un commentaire favorable, à peine déguisé dans son roman "Work")

La 28me société congrégationaliste n'était généralement pas considérée comme une organisation unitarienne. On l'appelait Free Church et ses membres étaient parfois nommés "Parkerites". Les liens personnels de T. Parker avec l'unitarisme s'affaiblissaient. Les pasteurs unitariens ne faisaient pas de débats avec lui et les publications unitariennes l'ignoraient ou le critiquaient. Il cessa de faire partie de L'Association de Boston quand il démissionna de sa chaire de West Roxbury et n'y fut plus jamais admis. Il assistait aux réunions annuelles de l'Association unitarienne américaine (AUA) moins par sympathie que pour prouver qu'il en avait le droit. Quand en 1853, les dirigeants de AUA publièrent une " Proclamation of Unitarian view " (Le point de vue unitarien) qui rappelait leur orientation chrétienne, T. Parker en fit une violente critique dans " A Friendly letter to The Excutive Committee of The American Unitarian Association ".

Lorsqu'il s'installa à Boston, il était reconnu dans tout le pays comme un remarquable intellectuel. Il donnait des conférences dans tout le Nord [des Etats-Unis], publiait des livres, prêchait sans cesse, créait sa bibliothèque personnelle de 13 000 volumes qu'il avait la réputation d'avoir tous lus. Sa pensée s'orientait vers de nouvelles directions.

L'avancée de ses recherches bibliques persuadèrent T. Parker que Jésus n'avait pas prêché la religion absolue mais commit de sérieuses erreurs théologiques. Ce point de vue nouveau se sentait dans la 4me édition révisée du "Discourse of Matters Pertaining to Religion" (1854). En même temps, la montée de l'athéisme philosophique tel que le défendait le penseur allemand L. Feuerbach poussa T. Parker à s'intéresser plus à la réalité de Dieu qu'à la religion. Cela ressort dans son livre "Theism, Atheisme, and the Popular Théology" (1853).

A la même époque il critiquait le renouveau évangélique qui, démontrait-il, dégradait l'idée de Dieu et de la nature humaine. En 1858 il attaqua le Renouveau dans deux sermons qui devinrent des best-sellers pour toute la nation :"A False and True Revival of Religion" et "The Revival of Religion Which We Need ".

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9 mai 2008 5 09 /05 /mai /2008 10:51

l’engagement social

T. Parker s'ouvrit à une nouvelle compréhension sociologique de la société. Il remplissait ses sermons et conférences de statistiques, parlait de "classes sociales", se préoccupait d'ethnologie et de " romantiques " théories raciales. Il affirmait que la " race " anglo-saxonne était plus avancée que les autres, européennes ou autres, et commentait de façon quelque peu condescendante et méprisante les aptitudes des Africains pour le progrès. Malgré cela, il prônait l'intégration raciale dans les écoles et les Eglises de Boston et devint un leader abolitionniste.

Après son voyage en Europe, sa pensée politique se développa en une vision de l'Amérique devenant une démocratie industrielle. Son gouvernement serait une vraie démocratie, par opposition à une aristocratie ou monarchie, de tout le peuple, par le peuple, pour le peuple (concept qui influença Abraham Lincoln). Par cette phrase T. Parker voulait parler d'un Gouvernement qui serait l'expression de l'esprit, de la conscience et de la piété de tout le peuple, qui ne serait pas dirigé par un individu ou une classe, qui travaillerait au bien-être de tous et pas seulement d'un individu ou d'une classe. En même temps l'ordre social américain serait industriel par opposition à féodal, et récompenserait le travail et les qualités des gens plutôt que leurs richesses ou position sociale.

Cette démocratie industrielle pousserait chaque individu à la perfection spirituelle et serait de ce fait la plus religieuse possible forme de société. T. Parker pensait que les Etats-Unis étaient mieux placés que toute autre société dans le monde pour devenir une telle démocratie industrielle. Pour l'y préparer il conçut un programme de réformes culturelles, sociales et politiques.

Il critiquait ce qu'il appelait l'atavisme aristocratique dans la littérature et l'éducation et réclamait de meilleures écoles et un enseignement universel. Il soutenait les efforts faits pour soulager la pauvreté urbaine et réclamait que le système de justice pénale réforme les criminels au lieu de les punir. Il se faisait l'avocat de la fin "de l'avilissement des femmes" et défendit le droit de vote des femmes dans son sermon, "On the Public Function of Woman"(1853).

contre l’esclavage

T. Parker voyait l'esclavage comme le plus grand obstacle à la réalisation de la démocratie industrielle. Il dénonça la guerre du Mexique (1846-1848) comme une tentative d'étendre l'esclavage et conduisit l'opposition au "Fugitive Slave Act" de 1850. Cette loi installait une bureaucratie fédérale destinée à arrêter les esclaves qui s'échappaient vers les Etats libres. La plupart des pasteurs unitariens de Boston soit refusaient de s'opposer à la législation, soit la défendait publiquement en tant qu'obligation constitutionnelle et concession politique faite au Sud pour sauvegarder l'Union et régler le problème de l'esclavage. Toutefois, certains répondaient qu'arrêter les esclaves fugitifs était condamné par l'Ecriture.

T. Parker déclara que la loi violait l'idéal chrétien et était un danger pour les institutions libres. Dans son " Sermon of Conscience " (1850), il appela ouvertement à s'y opposer. T. Parker aidait les esclaves fugitifs en tant que pasteur abolitionniste. Il dirigea le comité exécutif du "Vigilance Committee", principale organisation bostonienne d'aide aux fugitifs, qui assurait aide matérielle, assistance juridique et asile. En 1850, lorsqu'une fugitive de sa congrégation, Ellen Craft, risqua l'arrestation il la cacha chez lui jusqu'à ce qu'il soit possible de l'envoyer au Canada. A la suite de son soutien a un autre fugitif, Anthony Burns, il fut traduit devant une juridiction fédérale. Il fut accusé de s'opposer à la police fédérale. Mais l'opinion populaire était tellement en sa faveur que le poursuivre en justice devenait politiquement impossible. En 1855 le cas fut abandonné pour vice de forme.

T. Parker pensait de plus en plus qu'une solution politique au problème de l'esclavage était impossible. Pendant la première guerre civile dans le Kansas, il récolta des fonds pour acheter des armes pour les milices de l'Etat libre et, plus tard, devint membre du comité secret qui aida financièrement l'armement de la tentative infructueuse de John Browm pour provoquer un soulèvement des esclaves en Virginie. Quand Brown fut arrêté, T. Parker, dans une lettre ouverte, défendit les activités de Brown et le droit pour les esclaves de tuer leurs maîtres (John Brown's Expedition Reviewed).

mort et postérité

La santé de Parker commença à se dégrader en 1857. En janvier 1859, un grand affaiblissement dû à la tuberculose mit fin à sa carrière de prédicateur. En février il quitta la froidure de Boston avec sa femme et d'autres personnes pour la chaleur des Caraïbes. En mars et avril, il écrivit une longue lettre autobiographique à sa congrégation, lettre qui était aussi une confession de foi. Elle fut rapidement publiée sous le titre "Theodore Parker's Experience as a Minister". Puis il voyagea en Angleterre, Suisse et Italie. Il s'affaiblit de plus en plus durant l'hiver de 1859 et mourut à Florence le 10 mai 1860. [ndlr : il fut enterré au cimetière anglais de la ville en toute simplicité, mais ses admirateurs américains, à la fin du XIX° siècle, élevèrent sur sa tombe une plaque commémorative].


Les dirigeants unitariens de Boston lui restèrent hostiles jusqu'à la fin. En 1859, alors que Parker était malade, la réunion annuelle des anciens de Harvard Divinity School refusa un vote pour une proposition de témoignage de sympathie.

Mais beaucoup de jeunes pasteurs unitariens l'admiraient pour son combat contre la théologie traditionnelle, pour la liberté de la foi et des prédications et son engagement politique. Lorsqu'ils devinrent les dirigeants de l'unitarisme à la fin du 19me siècle, ils firent de Parker une figure canonique, le modèle d'un pasteur prophétique dans la tradition unitarienne américaine.

Actuellement les idées de Parker sont à moitié oubliées et certains le critiquent pour avoir été sans nécessité diviseur et source de confrontations. Il est aussi accusé d'avoir été un mauvais homme d'Eglise. La 28me société congrégationaliste est considérée comme ayant été un one-man-show qui s'est éteinte après sa mort.

En réalité, bien que les foules aient quitté la société après 1860, un reste était resté actif. Ils recrutèrent plusieurs successeurs à Parker dont le plus connu est David A. Wasson. Ils construisirent en 1873 leur propre lieu de réunion, le Parker Memorial Building, et continuèrent à faire des cultes jusqu'en 1889, date à laquelle (assez ironiquement si l’on considère les échanges de Parker avec John Sargent en 1844) ils donnèrent leurs possessions à la Fraternité bénévole des Eglises.

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9 mai 2008 5 09 /05 /mai /2008 10:17
le bureau de Théodore Parker tel qu'il le laissa en partant pour l'Europe en 1859 (où il mourut à Florence). On y voit un buste de Jésus et une statuette de Spartacus.

la notice bibliographique à la fin de l’article de Dean Grodzins.


The Andover-Harvard Theological Library contient plus de 700 manuscrits et sermons de T. Parker, 4 volumes de son journal, beaucoup de carnets de notes, des manuscrits de plusieurs de ses livres, y compris trois brouillons de A discours of Matters Pertaining too Religion et plusieurs lettres.

The Massachusetts Historical Society possède la plus grande collection de lettres reçues ou envoyées (la plupart photocopiées), deux autres volumes de son journal et des carnets de notes.

The Boston Public Library détient un recueil des sermons de T. Parker, quelques manuscrits importants y compris The History of the Jews et l'Experience as a Minister, plusieurs lettres, carnets de notes, et brouillons ; T. Parker ayant légué sa bibliothèque personnelle à la BPL, on peut y trouver l'original de ses livres.

Des collections importantes de T. Parker se trouvent à la Houghton Library, à la Harvard University, à la Library of Congress , à la Huntington Library  et au State Archives of Neuchâtel, en Suisse ; de nombreuses autres librairies ont des fonds plus petits.

La plus complète bibliographie des publications de T. Parker jusqu'en 1846 se trouve chez Dean Grodzins, American Heretic : Theodore Parker and Transcendentalism (2002) ; voir aussi Joel Myerson, Theodore Parker : A Descriptive Bibliography (1981). Il y a eu deux éditions des œuvres complètes de T. Parker : The Collected Works of Theodore Parker (paru en 14 volumes de 1863 à 1872), et The Works of Theodore Parker, Centennial Edition (paru en 15 volumes de 1907 à 1913)  ; on ne peut éviter de trouver intéressantes ces collections bien qu’aucune ne donne les textes dans une version absolument certaine.

On dénombre cinq principales biographies de T. Parker qui sont le fait de John Weiss, Life and Correspondence of Theodore Parker (2 vols; 1864), Octavius Brooks Frothingham, Theodore Parker : A Biography (1874), John White Chadwick, Theodore Parker: Preacher and Reformer (1900), Henry Steele Commager, Theodore Parker : Yankee Crusader (1936), et de Dean Grodzins, American Heretic : Theodore Parker and Transcendentalism (2002). Ce dernier qui donne le récit de la vie de l'auteur jusqu'en 1846 doit être complété par deux articles portant sur la fin de sa vie : D. Grodzins, Theodore Parker, dans Wesley T. Mott, ed., Dictionary of Literary Biography 235 : American Renaissance in New England (2001) et D. Grodzins, Theodore Parker and the 28th Congregational Society : The Reform Church and the Spirituality of Reformers in Boston, 1845-1859 dans Charles Capper and Conrad E. Wright, eds., Transient and Permanent : The Transcendentalist Movement and Its Contexts (1999). Le dernier article discute des théories de T. Parker et de sa pratique de la vie de l'Eglise.

Des points de vue plus brefs, mais bien informés, sur différents aspects des pensées de T. Parker se trouvent dans Daniel Aaron, Men of Good Hope : A Story of American Progressives (1951), notamment le chap. 2 qui développement ses idées de réforme, et Lewis Perry, Boats Against the Current: American Culture Between Revolution and Modernity (1993), dont le chap. 22 traite à la fois de sa pensée politique et de sa théologie.

La seule évaluation monographique de la théologie de T. Parker publiée après 1900 l’a été par John Dirks, The Critical Theology of Theodore Parker (1948) ; sa conclusion selon laquelle l'auteur n'était pas vraiment un transcendantaliste suggère seulement que sa définition du transcendantalisme était inadéquate. H. S. Commager, cependant, dans un important article ("The Dilemma of Theodore Parker," New England Quarterly [June 1933]), et dans sa biographie de l’auteur, soutient que l'intérêt de T. Parker pour l'empirisme contredit son transcendantalisme, bien que l’intéressé n'y ait pas vu de contradiction ; il croyait que Dieu était "immanent dans la Matière et dans l'Homme, donc des études empiriques et l'intuition devait aboutir aux mêmes conclusions ; en fait il pensait que l'une complétait l'autre.

A voir aussi les commentaires sur la théologie de Parker dans William Hutchison, Dirks et dans un plus large contexte par Jerry Wayne Brown, The Rise of Biblical Criticism in America, 1800-1870 : The New England Scholars (1969), chap. 10 : mais J. W. Brown ne réussit pas à faire la distinction entre la première et la quatrième édition du Discourse of Religion et ne donne donc pas un bon point de vue de la pensée de T. Parker sur Jésus.

Les positions de T. Parker sur la question raciale n'ont jamais été traitées de façon adéquate, mais voir Michael Fellman, Theodore Parker and the Abolitionist Role in the 1850s, Journal of American History (décembre 1974) et Paul A. Teed, Racial Nationalism and its Challengers : Theodore Parker, John Rock, and the Antislavery Movement, Civil War History, (juin 1995). George M. Fredrickson, The Black Image in the White Mind : The Debate on Afro-American Character and Destiny, 1817-1914 (publié en 1971) donne une description de la position romantique de l’auteur sur les questions raciales. Fredrickson souligne "le besoin indispensable de davantage d'explications, plus détaillées, sur le paradoxe que présente la tendance extrêmement raciste de Parker quand il parle des capacités des Noirs ... et son militantisme égalitaire sur les questions de politique raciales."


Voir tous nos articles de la rubrique "(hist) PARKER Théodore"


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9 mai 2008 5 09 /05 /mai /2008 09:56

Jean-Claude Barbier (à gauche) avec des amis unitariens et quakers lors de la Première semaine unitarienne de Nantes, les 1-4 mai 2008, photo Piotr Uhlig

pour une présentation de l'auteur voir l'article "biographie unitarienne de Jean-Claude Barbier", en date du vendredi 12 septembre 2008, à la même rubrique

2007 - Accueil aux mariés,
discours de Jean-Claude Barbier à la Chapelle de Pise (Gard), le jeudi 21 septembre 2006, pour le mariage de Nathalie Bibeau et Lionel Mann, à la Une de la Correspondance unitarienne, n° 63, janvier 2007
http://prolib.net/pierre_bailleux/unit/cu063.mariage.htm

2007 -
Du culte communautaire aux festivités pour tous
mis en ligne sur le site Profils de libertés, le 8 janvier 07, dans la rubrique " Chroniques "
http://prolib.net/pierre_bailleux/chroniques/201.070108.culte.barbier.htm

2007 – L’unitarisme dans l’éventail des croyances
à la Une de la Correspondance unitarienne, n° 64, février 2007
http://prolib.net/pierre_bailleux/unit/cu064.eventail.jcb.htm

2007 –
Christianisme d’ouverture et post-christianisme ; faut-il inviter les autres à faire partie de nos communautés chrétiennes ?
à la Une de la Correspondance unitarienne, n° 65, mars 2007
http://prolib.net/pierre_bailleux/unit/cu065.ouverture.jcb.htm

2007 –
Les unitariens pratiquent l’accompagnement spirituel et non la direction de conscience
préface à " Itinéraires spirituels ", Cahiers Michel Servet, n° 8, mars, p. 1, à paraître dans
La Besace des unitariens

2007 –
Les unitariens et le trèfle de la Saint-Patrick
mis en ligne dans les Actualités unitariennes du 11 mars 2007, dans la rubrique " l’unitarisme "
http://actua.unitariennes.over-blog.com/article-5968191.html
suivi de Saint-Patrick : les serpents à la mer, publié le même jour dans la rubrique " la défense des animaux "
http://actua.unitariennes.over-blog.com/article-5968949.html

2007 -
L’hérétique
mis en ligne sur le site "Profils de liberté, le 6 avril 2007
, dans la rubrique " Spiritualités "
http://prolib.net/pierre_bailleux/spiritualités/211.006.heretique.jcb.htm

2007 -
Les unitariens à Milan en 1875
traduction par Jean-Claude Barbier d'un article de Roberto Rosso publié sur le site "Unitariani" (message du 1er mai 2007), mis en ligne dans La Besace des unitariens, le 7 mai 2007, rubrique " sur l’unitarisme ",
http://labesacedesunitariens.over-blog.com/article-6571573.html

2007 - Les unitariens à Paris en 1830
D’après des informations données par John Eichrodt ; mis en ligne dans La Besace des unitariens, le 7 mai 2007, rubrique " sur l’unitarisme ",
http://labesacedesunitariens.over-blog.com/article-6571307.html

2007 – La tombe de Jésus
rubrique des Actualités unitariennes, plusieurs articles " 
Y-a-t-il une " affaire " de la tombe de Jésus ? " (31 mai 07), " A Talpiot et ailleurs, les ossuaires judéo-chrétiens sont classés … sans suite " (31 mai 07), " Ne boudons pas la tombe de la famille de Jésus à Talpiot " (27 juin 07), " Les deux tombeaux de Jésus " (27 juin 07), " Les rapports archéologiques sur ce qui peut s’avérer être le tombeau de la famille de Jésus à Talpiot " (3 juillet 07), etc. http://actua.unitariennes.over-blog.com

2007 - A quel saint se vouer ?
libre propos dans la Correspondance unitarienne, n° 68, juin 2007
http://prolib.net/pierre_bailleux/unit/cu068.jamet.htm#saint

2007 –
Roger Sauter
" 
Les unitariens sont en deuil de Roger Sauter " allocution de Jean-Claude Barbier aux obsèques de Roger Sauter, au crématorium du cimetière Saint-Georges, au Petit Lancy, en banlieue genevoise, le lundi 23 juillet 2007, dans les informations de la Correspondance unitarienne, n° 70, août 2007
http://prolib.net/pierre_bailleux/unit/cu70.quaker.htm
" 
Les unitariens sont en deuil de Roger Sauter
 ", dans les Actualités unitariennes du 28 juillet 07, rubrique " l’unitarisme ", http://actua.unitariennes.over-blog.com/article-11551547.html
Lorsque les unitariens sont en deuil … Roger Sauter : le bilan d’une vie et d’une œuvre "
à la Une de la Correspondance unitarienne, n° 71, septembre 2007
http://prolib.net/pierre_bailleux/unit/cu71.sauter.htm

2007 –
Le foyer Georges Lecocq ou comment l’ancien aumônier militaire de Nancy se retrouva à Strasbourg
dans les Actualités unitariennes (rubrique " les protestantismes ") du 13 août 2007
http://actua.unitariennes.over-blog.com/article-11785219.html

2007 –
A Sibiu, au 3ème rassemblement œcuménique européen, les protestants ont, pour un plat de lentilles, vendus leur aile libérale
mis en ligne dans les Actualités unitariennes du 11 septembre 2007, dans la rubrique " les protestantismes ".
http://actua.unitariennes.over-blog.com/article-12295359.html

2007 –
Et si le mariage ne concernait plus les Eglises ?
mis en ligne dans les Actualités unitariennes du 27 septembre 2007, à la rubrique " l’homosexualité ".
http://actua.unitariennes.over-blog.com/article-12643542.html

2007 –
rencontre internationale de l’International Council of Unitarians and Universalists (ICUU) à Oberwesel, du 1er au 6 novembre 07
Voir les Actualités unitariennes du 10 novembre 2007 (" Rencontre internationale de l’ICUU à Oberwesel ", " L’unitarisme contemporain a sa cohérence théologique ")
http://actua.unitariennes.over-blog.com/article-13699105.html
http://actua.unitariennes.over-blog.com/article-13699909.html
Et le site de l’AFCU,
http://afcu.over-blog.org, à la rubrique "ICUU "

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30 avril 2008 3 30 /04 /avril /2008 15:35

"Les chrétiens unitariens sont en relation avec tous les autres croyants libéraux" - suite du bilan au 15 avril 2008 des activités de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens AFCU (depuis 1997) et du réseau de la Correspondance unitarienne CU (depuis 2002), par Jean-Claude Barbier

Pour certains unitariens la tentation sectaire ou du moins élitiste peut être grande avec le sentiment d’avoir raison sur d’autres chrétiens (en théologie ou en exégèse des textes) ou encore par la promotion d’une forme religieuse plus rationnelle, de pointe.

En fait, le christianisme est pluriel comme toutes les autres grandes religions et nous devons respecter cette diversité où chacun peut se sentir à l’aise en toute démocratie. L’essentiel, n’est-il pas que le chrétien se sente dans l’amour des autres avec Jésus et dans la joie de la présence de Dieu au sein d’un Monde qui est une Création ?

la rondelle, peinture de Thierry Moralès vue sur son site "le jardin", plate-forme d'Over-blog (en lien réciproque avec le site de l'AFCU)


Parmi nous, les positionnements sont également multiples du fait même que nous mettons en avant la liberté de conscience et la liberté, pour chaque communauté, de s’organiser à sa guise. En cela la théologie et l’ecclésiologie unitarienne sont nécessairement de type libéral.

Plus que des croyances intellectuelles, l’unitarisme est un art de vivre sa religion et d’être en relation avec les autres, en toute modestie et charité, comme le fit Jésus en son temps.

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30 avril 2008 3 30 /04 /avril /2008 15:23

 

L’heure du bilan pour les chrétiens unitariens de l’Europe francophone (France, Wallonie, Communauté francophone de Bruxelles, Suisse romande) - bilan au 15 avril 2008 des activités de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens AFCU (depuis 1997) et du réseau de la Correspondance unitarienne CU (depuis 2002) - par Jean-Claude Barbier

Fondateur et responsable du réseau de la Correspondance unitarienne (CU) depuis octobre 2002 et secrétaire général de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU) depuis octobre 2004, j’ai pu conduire, avec le soutien et la participation des uns et des autres, à la fois une affirmation de notre identité chrétienne - avec en point d’orgue le Manifeste d’Avignon en août 2007 - et à la fois une politique de re-dynamisation et de désenclavement de l’AFCU.

Cela valait le coup ! Le christianisme unitarien est en effet bien particulier et unique en Europe francophone. C’est dire qu’il ne vient pas se surajouter à d’autres mouvements, mais qu’il représente l’une des couleurs indispensables de l’arc-en-ciel chrétien. Mieux, il nous paraît tout à fait opportun dans la reconstruction d’un christianisme moderne et pleinement en phase avec notre siècle. Il est porteur d’une théologie spécifique (l’anti-trinitarisme et, plus largement, le rejet des dogmes), héritier d’une des réformes protestantes du XVI° siècle qui, bien qu’importante, est restée méconnue dans nos pays.

Il s’est développé dans nos pays francophones depuis 1986 (date de la fondation de l’Association unitarienne française) grâce à des hommes de qualité et qui ont fait oeuvre de pionniers : Théodore Monod (1902-2000), Albert Blanchard-Gaillard, Roger Sauter (1917-2007), Pierre Bailleux (1942-2008), Pierre-Jean Ruff, etc. Nous nous devions de prendre le relais de leurs efforts.

Notre mouvement répond à l’aspiration de nombreux chrétiens qui, décrochant des dogmes qu’on leur a enseignés, se sentent hérétiques et isolés par rapport aux autres chrétiens, au sein de leur paroisse catholique ou protestante, privés de culte selon leurs convictions. Grande est alors leur joie d’apprendre notre existence et de savoir qu’ils ne sont pas les seuls à penser ainsi. Pour d’autres, notre mouvement est un complément bienvenue à leur propre spiritualité et aux engagements qu’ils ont déjà pris.

Il restait à faire davantage connaître notre mouvement en utilisant les moyens modernes mis à notre disposition par Internet : mise en place d’un large réseau touchant les unitariens et leurs sympathisants grâce aux messageries électroniques (c’est le rôle de la Correspondance unitarienne, lancée en octobre 2002), organisation d’un groupe de discussion sur le serveur Yahoo (ce fut fait en mai 2005 avec " Unitariens francophones "), participation au site " Profils de libertés " édité par Pierre Bailleux, puis ouverture de nos propres sites (le site de l’AFCU en décembre 2006, les " Actualités unitariennes " et " La Besace des unitariens " en février 2007). Pour cela, nous avons bénéficier des talents des uns et des autres en informatique : Pierre Bailleux, en premier lieu, également Luc Norbert Schneider pour l’utilisation des groupes sur Yahoo, Pascal Acker et Didier Le Roux pour l’utilisation des blogs.

Grâce à ces nouveaux moyens, nous avons pu mener à bien une large mise en relation avec les autres associations unitariennes (chrétiennes et autres), les autres milieux croyants libéraux (protestants, catholiques, quakers, baha’is et soufis), ce qui va de pair avec une reconnaissance réciproque. En point d’orgue, notre cooptation au sein de la Fédération des réseaux des Parvis, en mai 2006, et notre reconnaissance en tant que groupe émergent représentant la France par l’International Council of Unitarians and Universalists (ICUU), en avril 2006.

Je veux dire ici - et le souligner - que ce ne fut pas un exercice solitaire. Loin de là. En effet, cette action a mis à profit de nombreuses collaborations, certes parfois occasionnelles mais qui se sont révélées décisives au moment opportun. Chacun y a apporté du sien et son apport a été valorisé. Dans notre bilan, ci-dessous, nous mettrons d’ailleurs en caractère gras ces acteurs qui ont permis, ces dernières années, une avancée tout à fait remarquable du christianisme unitarien francophone. Je me suis retrouvé dans le rôle d’un chef d’orchestre qui utilise les talents des uns et des autres, distribue les partitions en conséquence, rassemble, encourage et anime. Il n’est pas lui même l’orchestre, loin de là, mais il assume une fonction indispensable sans laquelle les synergies ne se réalisent pas.

Si, dans nos pays, l’unitarisme jouit désormais d’une très bonne audience, du moins dans les milieux libéraux, il reste encore à œuvrer pour que l’AFCU puisse s’appuyer sur un nombre plus important de militants . C’est cette mobilisation qu’il nous faut désormais réussir. C’est le but précisément des Semaines unitariennes de Nantes dont la première se déroulera du 1er au 4 mai prochain.

Au vue du bilan très positif de notre mouvement, nous avons toute légitimité pour lancer une campagne de recrutement
 :

Oui, nous vous demandons de vous inscrire à l’AFCU (la cotisation annuelle a été laissée au tarif ancien de 20 euros afin de permettre à chacun la possibilité de faire cet effort) (1), de soutenir le réseau de la Correspondance unitariennes par vos dons (ce que font déjà spontanément plusieurs membres de ce réseau) (2), de participer dans la mesure de vos possibilités à nos activités, entre autres les rencontres que nous organisons, de vous exprimer dans nos libres propos ou les articles à la Une de nos bulletins, etc.

(1) AFCU : les cotisations sont à envoyer au trésorier de l’AFCU : Michel Jamet,
10 rue Francis Merlant, 44000 Nantes,
tél. 02 53 45 02 21, lesmichel@numericable.fr.
En dehors de la France, payer avec un billet de 20 euros en le mettant dans une simple enveloppe, ceci afin d’éviter les frais bancaires.
(2) pour nos bulletins de la CU : les dons sont à adresser à Jean-Claude Barbier,
résidence Les Saules, bât. C1, avenue du Maréchal Juin, 33170 Gradignan, tél. 05 40 32 56 12,
correspondance.unitarienne@wanadoo.fr

Oui, nous insistons car la vie associative dépend des efforts de chacun, fussent-ils minimes. Le christianisme que nous promouvons est l’œuvre d’une communauté vivante, capable de se réunir en assemblée (= ekklesia) au nom de Jésus, pour louer Dieu et lui rendre grâce pour la Vie qu’il nous a donnée. C’est une communauté de convaincus et de volontaires pour s’organiser, mettre en commun les talents de ses membres.

Qu’on se le dise, sans cet effort des uns et des autres, il n’y a plus d’association, plus d’activités, plus de bulletin mensuel, plus de projet en commun ...

Nous ne sommes pas une Eglise avec son assise historique, son clergé et ses recettes. Nous sommes un Petit Poucet associatif. Nous avons besoin de votre participation active ou, du moins, de votre aide en talents, en relations, en aide financière, etc. Que vive le christianisme unitarien car il est porteur d’un message d’espérance pour beaucoup de nos contemporains.

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29 avril 2008 2 29 /04 /avril /2008 20:23

poème de Malcolm Guite paru dans The Herald - été 2007, traduit en français par Marie-Claire Weber-Lefeuvre.
La Faucheuse est le 
symbole de la mort, en français. L'illustration représente une épidémie de choléra.


Derrière mon dos, comme vous, / Je l’entends toujours, la Faucheuse, / Qui se rapproche.

Ce n’est pas l’aveugle Furie / Qui élague tout sur son passage. / Mais voici ce que je crains : / Les ciseaux d’une époque aveugle, / Coupant à la dérobée / Dans toute l’ampleur du passé / Monotones, quotidiennement supprimant, / Tout ce qui n’est pas à venir / Et ricanant, et critiquant, et tailladant, / extirpant toute communication mystérieuse du texte, / Epluchant toutes les parties qui nous dirigent ailleurs / Que dans notre propre moi encerclé.

Je sais que les anges furent les premiers à tomber, / Chérubin et Séraphin, en spirale, / En un ballet en boucles de textes sacrés, / Brûlant, encre et papier, jusqu’au sol, / La plus petite preuve de ce qui nous concerne, / De notre longue affaire avec Dieu. / Et Dieu lui-même suivra bien assez vite ; / Un petit mot si facile à retrancher, / Un autre petit bout pour le montage du film / Le coup de balai au sommet de l’histoire.

Mais quand même de nuit, sur la pointe des pieds, / Je me dirige vers la porte, pour faire bruire / ces banderoles d’amour grave, / Et je jonche mon cœur de bribes poétiques, / D’espoirs interdits et d’éclats d’argile mystérieux./ Ils m’habitent et passent, froufroutant / En mes rêves éveillés / Et ainsi j’aurai un coeur -une tête- / J’en aurai plein les mains, / Quand les ciseaux viendront me chercher.

Car derrière mon dos, comme vous, / Je l’entends toujours, la Faucheuse, / Qui se rapproche.

 

ajout du 14 juillet 2011. L'auteur de ce poème, Malcom Guite, a discuté de cette traduction sur son site, dans un article du 31 mars 2011, "Found in translation" (lien).

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23 avril 2008 3 23 /04 /avril /2008 10:28

à Bâle, à un moment inopportun

Lorsque Michel Servet arrive à Bâle, il est bien jeune (19 ans), qui plus est étranger et catholique. Il lui faudra insister avant d’être reçu par le grand réformateur de la ville, Oecolampade (Johannes Husschin, dit en latin Oecolampadius). Michel Servet indispose. L’aîné fut scandalisé par l’audace et irrité par la vanité du jeune réformateur en herbe et perdit patience devant son obstination à traiter de la Trinité. Il lui écrira plus tard : " J'ai plus de raison de me plaindre que vous. Vous vous êtes jetés sur moi comme si je n'avais rien à faire, juste répondre à vos questions. ".

Le célèbre Erasme, de son côté, ne daigna répondre aux sollicitations du nouveau venu. Il faut dire que cette année là (1530), à Bâle, Conradin Bassen, qui avait nié la déité du Christ fut décapité et sa tête posée sur un poteau pour avoir osé nier la déité du Christ (il serait intéressant de savoir si cet événement tragique fut antérieur ou postérieur à l’arrivée de notre jeune héros en cette ville).

L’ambiance n’était donc pas du tout aux innovations religieuses, mais à la défense des acquis de la Réforme.

L’heure était aussi à la répression féroce des anabaptistes considérés comme trop remuants et trop radicaux. Outre Conradin Bassen que nous venons d’évoquer, Jacob Kautz, un jeune prédicateur de Bockenheim (village au sud-ouest de Worms ou devenu quartier de Francfort-sur-le-Main ?), qui avait nié la doctrine de la punition éternelle et avec zèle défendu les vues de Hans Denck*, fut emprisonné à Strasbourg en 1528, puis banni. Pour des " erreurs " semblables Michael Sattler, qui avaient été chef des Eglises anabaptistes en Suisse, eut la langue coupée et des morceaux de chair déchirés de son corps, puis il fut mis sur le bûcher en 1527 ; ceci se passa à Rottenburg, au sud ouest de Tübingen, dans la vallée du Neckar.

* Né en Bavière dans les environs de 1495, Hans Denck devint célèbre pour sa maîtrise de l’hébreu. Recteur d'une école réputée de Nuremberg, il fut privé de son poste en 1523, lorsqu’il fut soupçonné de sympathie anabaptiste, et dût quitter la ville l’année suivante. Il vécu la vie d'un prédicateur itinérant, persécuté pour sa foi, allant de ville en ville, jusqu'à ce qu’il trouva un bref refuge à Bâle, où il fut emporté par la peste en 1527.

à Strasbourg

Dépité, notre jeune homme partit alors pour Strasbourg où dominait la figure du luthérien Martin Bucer, secondé par Wolfgang Capiton. Il y est mieux accueilli.

Durant ce séjour à Strasbourg, M. Servet a-t-il rencontré les Réformateurs allemands Caspar Schwenkfeld, à Strasbourg de 1529 à 1533, et Sébastien Franck, qui vint en cette ville en 1531 pour y éditer sa " Chronica " (chez quel imprimeur ? )  ? Ces deux derniers en tout cas sympathisent ensemble et, plus tard, se retrouveront ensemble dans la ville d’Ulm.

Mais, bien que Strasbourg soit une ville un peu plus ouverte que bien d’autres, elle est dominée par les luthériens qui y font la loi. Nous avons déjà vu que J. Kautz fut banni de la ville en 1528 pour ses sympathies anabaptistes. Le séjour de S. Franck, en 1531, est écourté par la prison et l’expulsion.

Quant à C. Schwenkfeld, M. Luther lui reprocha ses positions sur la communion chrétienne à l’heure où il ferraillait avec U. Zwingli sur cette question. Il le fait si vertement qu’il en déforme le nom de son adversaire en le désignant sous le nom de " Stenchfeld " , soit " un champ de puanteur ". Les injures volent rapidement et tous les coups bas sont permis de la part de certains Réformateurs ! Bref, il est pris pour cible dans les écrits de M. Luther en 1527 contre les sacramentaires et sa position devient intenable lorsque U. Zwingli publie son traité sur la question.
Le doux et spiritualiste C. Schwenkfeld se voit priver de la protection du duc de Liegnitz et se retire à Strasbourg en 1529. Mais là, bien qu’il s’abstienne de répondre aux sollicitations des anabaptistes et ne fréquente pas leur communauté (ce qui lui vaut d’ailleurs leur hostilité), M. Bucer lui reproche de sous estimer les sacrements et l’efficacité de la parole prêchée. Sur ce, il devra quitter Strasbourg en 1533.

Lui et son ami Sébastien Franck seront encore poursuivis par la vindicte luthérienne lorsque l’assemblée des théologiens protestants réunie à Schmalkalde en 1540, les condamnera sur la base d’un traité rédigé par Mélanchthon.

à Haguenau

W. Capiton, étant né à Haguenau, aurait-il fait connaître 
Johann Setzer, imprimeur en cette ville, à M. Servet ? En effet, ce dernier, venant d’arriver à Strasbourg, n’aurait pas pu établir des relations de confiance en si peu de temps. Mais rien n'indique en fait une telle entremise. Selon l'abbé d'Artigny (1749), qui étudia les archives du procès de M. Servet à Vienne, ce dernier avait laissé son manuscrit aux mains d'un imprimeur bâlois appelé Conrad Rouss, lequel n'osant l'imprimer l'envoya à son collègue d'Haguenau. De Strasbourg, M. Servet alla donc à Haguenau pour en accélérer l'impression.

L’imprimeur connaissait tout l’enjeu du texte puisqu’il ne mit pas son nom ni son adresse ! Quant à M. Servet, pleinement confiant dans la justesse de ses idées, il apposa son vrai nom - en latin - et indiqua sa nationalité espagnole.

Le livre sort en été 1531 (1). L’imprimerie rééditera l’exploit l’année suivante, en 1532, avec (2a) et (2b), mais J. Setzer lui-même mourut auparavant. La littérature du jeune Servet avait déjà un tel succès (malgré son latin un peu frustre) que cela valait le coup de prendre des risques commerciaux ! Diffusée dans les villes du Rhin, elle gagna en effet rapidement l’Allemagne, la Suisse et l’Italie du Nord, ne laissant personne indifférent.
(1) - De Trinitatis erroribus, libri septem. Per Michaelem Serveto, alias Reves ab Aragonia Hispanum. Anno M.D. XXXI. [Haguenau, 1531].
(2a) et (2b) Dialogorum de Trinitate libri duo. De Iustitia regni Christi, capitula quatuor. per Michaelem Serveto, alias Reves, ab Aragonia Hispanu. [Haguenau, 1532].


M. Servet s’aperçoit rapidement que Strasbourg n’est pas le refuge libéral qu’il pensait.

P. Melanchthon et Oecolampade s’accordèrent pour trouver des choses intéressantes dans le " De Trinitatis erroribus ", même s’ils n’étaient pas d’accord sur l’ensemble, mais U. Zwingli, le fondateur et le chef de la Réforme helvétique, ayant ameuté les uns et les autres contre le jeune loup qui venait d’arriver, ce fut bientôt le tollé général. M. Luther déclara péremptoirement que c’était " un livre abominablement mauvais ". M. Bucer aurait déclaré du haut de sa chaire que l’auteur méritait d’être écartelé jusqu’à rupture des membres (mais certains mettent en doute cette déclaration qui fut rapporté par J. Calvin en 1553). A la demande expresse d’Oecolampade, il écrivit une réfutation du livre, mais qu’il n’essaya cependant pas d'éditer. Il prévint l’auteur que le magistrat de la ville ne souffrira plus de le voir resté dans la ville.

panique à bord de l'Empire !

La vente du livre est interdite à Strasbourg et à Bâle. Cette interdiction s’étendra à tout l’Empire lorsque Juan de Quintana tomba de haut en prenant connaissance du livre de son ex protégé (" le plus pestilent livre " dit-il !). Les inquisitions, tant catholiques que protestantes furent d’ailleurs si vigilantes que, lors du procès de M. Servet à Genève en 1553, il fut impossible de mettre la main sur un exemplaire.

Tous, craignant les foudres de la puissance impériale et prédisaient les conséquences néfastes d’un tel livre sur le destin de la Réforme. Dans l’entourage impérial, Juan de Quintana perdit d’ailleurs son poste de confesseur et fut renvoyé en Espagne.

On soupçonna l’auteur d’avoir été chercher sa doctrine auprès des Maures, ce qui en faisait un traître à l’Europe chrétienne à l’heure où celle-ci était sérieusement menacée par les Turcs. Le 29 août 1526, en effet, le roi de Hongrie avait été tué à la bataille de Mohacs (non loin de Pecs, sur la rive droite du Danube). Les Turcs s’ingérèrent dès lors dans le conflit de succession et vassalisent la partie orientale de la Hongrie, dont la Transylvanie. En 1529, ils arrivent sous les murs de Vienne afin de faire pression sur Ferdinand 1er, nouveau roi de Hongrie, pour que ce dernier accepte cette emprise. Or, Ferdinand 1er est lui aussi de la maison des Habsbourg et frère de l’empereur Charles Quint.

M. Servet revint, sans doute tout penaud, à Bâle et écrivit à Oecolampade en indiquant qu’il était prêt à quitter la ville si tel en était le souhait, qu’il était également prêt à écrire un second libre afin de se rétracter. Oecolampade lui accorda son indulgence, puis mourut avant la fin de l’année 1531 âgé de 49 ans (il était né à Weinsberg en 1482).

Heureusement pour le patriarche car, au lieu d’une marche en arrière, M. Servet persista et signa de nouveau, publiant au printemps 1532 les 2a et 2b. La forme était différente (un dialogue fictif à la mode de l'époque), moins abrupte par rapport à l’enseignement existant de l’Eglise et le texte plus concis, mais le contenu était bel et bien le même ! L’accueil fut donc en conséquence le même.

la fuite à Paris

En pénurie d’amis et d’argent, handicapé par sa non connaissance de la langue locale, l’allemand , craignant un procès pour hérésie, M. Servet quitte la ville sans bruit. On le retrouvera à Paris la même année, enseignant les mathématiques, sous un autre nom - Michel de Villeneuve, du nom toponymique de sa ville natale -, et pour d’autres aventures ...

L’inquisition espagnole enverra le frère de M. Servet, qui était prêtre, à Bâle, afin que l’hérétique revienne au bercail, mais le frère revint bredouille.

Les gens de Bâle et ceux de Strasbourg n’entendirent plus parler de cet Espagnol qui fut comme une étoile filante dans leur ciel qu’ils ne regardèrent pas ... jusqu’en 1553 lorsque Jean Calvin s’acharna contre M. Servet.
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