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le calice des unitariens

chaque communauté unitarienne arbore un blason ou un logo. Voici celui des unitariens qui sont regroupés au sein de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Voir sur son site à la rubrique "le calice des unitariens"
http://afcu.over-blog.org/categorie-1186856.html


 

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16 décembre 2008 2 16 /12 /décembre /2008 03:00

POEME UNITARIEN

  

Oh je sais

Que vous croyez

En des choses

Qui me sont étrangères

Je ne me ferai jamais

A votre Trinité

L'Esprit

Le Fils

Le Père

A moins d'en faire

Les éléments

Premiers d'un inventaire

Y ajoutant

Pour s'amuser

Ou passer le temps

Des marrons glacés

Des filles de joie

La guerre des Roses

Une meute aux abois

Un hommage à Prévert

 

Je ne me ferai jamais

A l'idée qu'un humain

Fût-il Jésus

de Gaulle

César

Staline

Hitler

Se prenne pour Dieu

 

Je crois simplement

Que sans nuages

Le ciel est bleu

Que la soupe peut manquer de sel

Que l'abeille fournit le miel

Qu'un épais brouillard

Est une purée de pois

Et qu'il est grand temps

Que sonne le glas

Des délires pieux

   

Jacques Herman

© La Besace des unitariens, 2008

 

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21 novembre 2008 5 21 /11 /novembre /2008 10:42

" Quand le fils de l’homme viendra dans sa gloire … "

commentaire par Jacques Musset de l’évangile de Matthieu 25, 31-46

prédication au temple de l’Eglise réformée de Nantes le dimanche 16 novembre 08

 

31 - Quand le fils de l’homme viendra dans sa gloire avec tous les messagers, il siègera sur le trône de sa gloire. 32 - Et tous les goîm (païens) se rassembleront en face de lui. Il les séparera les uns des autres comme le berger sépare les moutons des boucs. 33 – Il mettra les moutons à sa droite et les boucs à sa gauche.

34 – Alors le roi dira à ceux de sa droite : ‘Venez, bénis de mon Père, héritez du royaume préparé pour vous dès la fondation de l’univers. 35 – Oui, j’étais affamé, et vous m’avez donné à manger ; j’étais assoiffé, et vous m’avez donné à boire ; métèque, vous m’avez accueilli ; 36 – nu, vous m’avez vêtu ; infirme, vous m’avez visité ; en prison, vous êtes venus à moi ".

37 – Alors les justes lui répondent et disent : " Adôn, quand t’avons-nous vu affamé, pour te nourrir, assoiffé, pour te donner à boire ? 38 - Quand t’avons-nous vu métèque, pour te recueillir, ou nu, pour te vêtir ? 39 – Quand t’avons-nous vu infirme ou en prison pour venir à toi ? ". 40 – Le roi répond et leur dit : " Amen, je vous dis : pour autant que vous l’avez fait à un de mes frères, le dernier, vous l’avez fait à moi-même ".

41 – Alors il dira à ceux de sa gauche : " Allez loin de moi, honnis, au feu de pérennité, préparé pour le diable et pour ses messagers. 42 – Oui, j’étais affamé, et vous ne m’avez pas donné à manger ; assoiffé, et vous ne m’avez pas donné à boire ; 43 – métèque, et vous ne m’avez pas recueilli ; nu, et vous ne m’avez pas vêtu ; infirme, en prison, et vous ne m’avez pas visité ". 44 – Alors ils répondent aussi et disent : " Adôn, quand donc t’avons-nous vu affamé, ou assoiffé, ou étranger, ou nu, ou infirme, ou en prison, et ne t’avons nous pas servi ? " 45 – Alors il leur répond et dit : " Amen, je vous dis : pour autant que vous ne l’avez pas fait à l’un de ceux-ci, le dernier, à moi non plus vous ne l’aurez pas fait. ".

46 – " Ceux-là s’en iront vers la punition de pérennité, et les justes vers la vie de pérennité. "

traduction André Chouraqui, éditions Lidis, Paris, 1985

  

Si la lecture incessante des évangiles a pour but d’entretenir en nous la vigilance spirituelle sur ce qui donne sens à notre vie, le texte que nous lisons ce matin est à coup sûr une référence essentielle. Tout est dit dans ces quelques lignes de la fin de Matthieu sur ce qui fonde la valeur de nos existences, de toute existence. C’est en effet notre disponibilité à servir autrui et notamment nos semblables éprouvés par la vie qui détermine de quel poids pèse nos existences. Selon notre texte, aucune excuse n’est recevable, tout humain est concerné, chrétien ou non, puisque les critères sont identiques. Voilà donc un texte salutaire pour nous demander chacune et chacun où nous en sommes.

 

Replaçons-le d’abord dans son contexte pour en percevoir tout le sens. Notre passage est une grande mise en scène imaginée par l’évangéliste Matthieu qui se situe en fin du 5ème et dernier grand discours de son évangile. Le thème de ce discours, c’est l’avènement du monde nouveau qu’inaugure Jésus et la question sous-jacente peut se résumer ainsi : où la présence de Dieu se manifeste-t-elle désormais au milieu des hommes ?

 

Assurément, ce n’est plus au cœur du temple de Jérusalem, considéré jusque là comme le lieu très saint de la présence de Dieu au milieu de son peuple et des nations. " Il n’en restera pas pierre sur pierre " dit le Jésus de Matthieu au début du 5ème discours. La réponse est finalement donnée dans le récit de la passion qui suit. Au moment de la mort de Jésus, les ténèbres couvrent la terre ; celle-ci tremble et le voile du Temple se déchire de haut en bas. Cette mise en scène de l’évangéliste reprend les images bien connues exprimant à travers la Bible la fin du vieux monde et l’apparition du monde nouveau. Le message est clair : c’est en Jésus de Nazareth, apparemment mort comme un réprouvé de Dieu (Celui qui pend au bois, dit le Deutéronome, est maudit de Dieu) ; c’est en lui, à travers ses paroles et ses actions, et nulle part ailleurs qu’on trouve désormais la présence du Dieu vivant.

 

Mais une autre question surgit aussitôt pour les chrétiens de la communauté de Matthieu : comment accueillir Jésus présence de Dieu, puisqu’il n’est plus visiblement de ce monde ? La réponse de Matthieu est double : c’est d’une part dans le service des frères humains souffrants – et cette exigence s’adresse à tout homme. D’autre part – et cela vaut spécifiquement pour les chrétiens - c’est dans la célébration de la Cène en mémoire de Jésus.

 

Notre texte d’aujourd’hui rappelle donc l’un des deux critères fondamentaux de l’accueil de Dieu qui vient vers nous. Et ceci concerne autant nos Eglises en ce début du 21ème siècle que les chrétiens de la communauté de Matthieu.

 

Reprenons maintenant en détail notre passage et voyons ce qu’il dit et ne dit pas, ce que parfois on lui fait dire et qui va à contresens de la parole évangélique. Dans la mise en scène grandiose de Matthieu, Jésus s’adresse d’abord à une première catégorie de personnes. Rien ne précise qu’ils sont chrétiens. En fait les destinataires de ses paroles sont tout simplement des humains, croyants, disciples ou non du Galiléen, agnostiques ou athées : Venez les bénis de mon Père, leur dit-il, traduisons : Je vous l’assure, aux yeux de Dieu, vous avez réussi votre vie. Puis Jésus en décline la cause : J’ai eu faim et vous m’avez donné à mangé, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité,  en prison et vous êtes venus à moi. Ses interlocuteurs lui disent que jamais ils ne l’ont vu dans ces situations mais Jésus d’ajouter cette précision décisive : Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits c’est à moi que vous l’avez fait.

 

Le message est clair. D’abord, la valeur d’une vie humaine réside dans le service rendu à autrui souffrant. L’appartenance à une religion, la fréquentation de la catéchèse et du culte, les temps de prière, la participation active à la vie paroissiale, tout cela ne semble pas compter ou du moins cela n’a d’importance qu’orienté vers le service d’autrui le plus démuni. Remarquons encore que Jésus ne dit pas à chacun :  tu as réussi ta vie parce que tu m’as reconnu dans la personne de ton frère souffrant, mais : parce que tu as aimé ton frère souffrant pour lui-même tu m’as accueilli et donc tu as accueilli Dieu. Il y a de quoi surprendre ceux qui prétendent n’aimer leur prochain que pour l’amour de Dieu. Cette conception est le contraire du message évangélique. L’accueil de Dieu dans nos existences et dans la vie sociale se vit donc d’une manière non-religieuse, sur des enjeux humains essentiels. Cette perspective est une révolution en christianisme. Dieu ne peut être qu’en ce qui aide les êtres humains à s’humaniser ; c’est là qu’on le rencontre réellement sans s’illusionner.

 

Il y a mille façons d’être au service de notre prochain qui a faim et soif, est étranger, nu, malade et en prison. Ne réduisons pas ces mots à leur sens premier, si essentiel soit-il : on peut avoir à sa porte, dans son milieu de travail et dans sa propre maison des gens qui ont faim de sens, de dignité, de reconnaissance, de vraies relations ; on peut côtoyer des gens qui ont soif de vie spirituelle, d’espaces fraternels, de lieux de ressourcement ; on peut découvrir dans sa vie quotidienne des gens qui nous sont étrangers spirituellement, religieusement, politiquement, socialement, idéologiquement ; on peut croiser des gens qui sont nus, accablés par des deuils, dépouillés de leurs certitudes à la suite d’épreuves, plongés dans les ruines d’un passé mal assumé ; on peut connaître des gens malades de leurs attachements, de leurs possessions, de leur refus de voir la réalité comme elle est ; on peut trouver sur sa route des gens emprisonnés dans leurs préjugés, leurs fausses sécurités, leur histoire malaisée dont ils n’arrivent pas à émerger. A chacun de nous d’ouvrir ses yeux et son coeur : le service d’autrui est à la portée de tous et les grandes misères ne sont pas toujours les plus spectaculaires. Regardons Jésus : sa pratique est toujours inspiratrice.

 

Je n’insiste pas sur la seconde catégorie de personnes auxquelles le Jésus de Matthieu s’adresse : vous l’avez compris, leur fermeture systématique à autrui démuni et souffrant quelles qu’en soient les raisons est synonyme de vie ratée dès maintenant, en dépit des apparences. Cette situation existe-t-elle dans la réalité ? En tout cas, l’essentiel du texte est de nous rappeler sur quels enjeux se joue la valeur de nos existences.

 

Nous voilà donc encouragés dans cette belle aventure de la fraternité, la seule qui vaille, que nous partageons avec tous les humains, au-delà des chapelles et des appartenances particulières. Chacun y participe selon ses propres dons ; là où la vie l’a placé. La contribution de tous est indispensable, irremplaçable.

 

Si l’évangile d’aujourd’hui dit vrai comment ne pas nous émerveiller devant les actes de fraternité qui irriguent notre monde et dont nous sommes témoins, d’où qu’ils viennent et quelles qu’en soient les formes ! Dieu est là présent et nous l’ignorons parfois. Comment ne pas nous sentir encore davantage mobilisés là où nous vivons quotidiennement pour la tâche immense d’humanisation d’un monde si douloureux ! Dieu nous convie à ce rendez-vous. Puissions-nous ne pas le manquer !

 

Jacques Musset est auteur de plusieurs livres dont " Les chemins de la naissance à soi-même. Un itinéraire spirituel  " (Paris, Karthala, juillet 2007, 182 p., collection " chrétiens en liberté ").

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18 novembre 2008 2 18 /11 /novembre /2008 02:56

par Jean-Claude Barbier, extraits de l’introduction au 11ème Cahiers Michel Servet Au risque de me perdre ; la foi (de retour ?) pour un ancien prêtre qui, désormais, assume son homosexualité 1967-2008, par Michel Bellin (écrivain) ; Itinéraires spirituels tome II, 24 p. + couverture, octobre 2008

Alors que la tradition évangélique nous livre un Jésus accueillant les mal aimés de son époque – les petits enfants, les femmes, y compris celles qui sont prostituées ou adultères, les éclopés, les aveugles, les lépreux, et puis les percepteurs d’impôt d’autant plus impopulaires qu’ils collaboraient pour César, ou encore les étrangers en la figure de la Samaritaine et du centurion romain de Capharnaüm, nombre de chrétiens d’aujourd’hui et nombre de leurs Eglises se réfugient derrière des critères discriminants : le non accès des hommes mariés, des femmes et des homosexuels au sacerdoce et aux fonctions ecclésiales dirigeantes, le non accès au mariage pour les homosexuels.


Les fondamentalistes s’en donnent à cœur joie en citant les nombreux versets bibliques reléguant les femmes à leur rôle traditionnel et accusant les homosexuels du plus grand des péchés. Lourd héritage pour tous ceux qui proclament, à l’encontre de l’exégèse historico-critique, que la Bible est la Parole de Dieu – alors qu’aucun auteur de cette magnifique bibliothèque n’a eu une telle audace !


L’Eglise auraient-elle perdu le souffle de ses fondateurs ? Force est de constater que sur ces questions, les conservateurs l’emportent : que de contorsions, que d’hésitations, que d’hypocrisies ! Les femmes, grâce à leur persévérance, ont désormais accès au rabbinat dans certains milieux juifs, aux charges pastorales et sacerdotales (à condition de choisir son Eglise !) et à l’épiscopat dans certains milieux chrétiens ; il en sera peut-être / sans doute de même, plus tard, pour l’imamat dans certains milieux musulmans. En attendant l’évolution des mœurs, les homosexuels portent sur eux les malédictions de la Bible juive ; ils en sont meurtris, du moins pour les plus jeunes d’entre eux et les non déclarés.


Les Eglises conservatrices, lorsqu’elles ne mettent pas en avant les versets bibliques, arguent que la question divise leurs ouailles, qu’il faut avancer avec prudence pour ne pas choquer les consciences, et patati et patata. Et c’est vrai que la communion anglicane, par exemple, se trouve pratiquement scindée entre conservateurs et progressistes depuis qu’un évêque américain a été élu en proclamant haut et fort son homosexualité ...

Hormis les Eglises très libérales qui ont pris fait et cause en faveur des homosexuels, comme par exemple les Eglises unitariennes-universalistes, le clivage conservateurs / progressistes traverse toutes les communautés religieuses. Il s’ensuit bien souvent une paralysie au nom du consensus nécessaire à la bonne entente, au nom de l’unité des croyants, au nom du respect de fidèles qui ne peuvent pas tout comprendre et qu’il faut préserver (indéfiniment ?) … et au détriment de la recherche de la vérité.


Alors faut-il s’enfermer dans cette absence de dialogue, dans ce rapport de force interne et souvent non dit, dans des argumentaires ressassés, ou bien ne faudrait-il pas poser les problèmes autrement ?


Aux conservateurs qui mettent en avant Dame Nature et les ingénieux mécanismes biologiques qu’elle a su mettre à la disposition de la nécessaire reproduction des espèces, ne faudrait-il pas rappeler que, du moins chez les êtres humains, l’orientation sexuelle adéquate à cette fonction n’est pas réussie à 100% . Force est de constater que, naturellement, certaines personnes se découvrent homosexuelles. Elles sont les premières à en souffrir. Il ne s’agit donc pas d’y ajouter une stigmatisation morale car l’éthique n’a rien à voir à ce niveau, les homosexuels n’étant ni plus ni moins moraux que les autres. Au même titre que les hétérosexuels, ils ont leurs fantasmes, leurs pratiques érotiques, leurs perversités ... et aussi, ne l’oublions pas, leurs amitiés fidèles et leurs amours romantiques.


Rappelons aussi que nos Eglises sont, somme toute, des institutions bien humaines, bien faillibles pour reprendre un terme catholique. Faut-il donc les sacraliser au nom du corps mystique du Christ ou bien d’une filiation apostolique qui resterait exclusivement masculine ? En quoi une femme ou un homosexuel serait-il moins bon dirigeant ? Dans nos sociétés modernes, ce sont désormais les qualités de la personne qui comptent, avant son genre, ses appartenances liés à la naissance ou son statut et rang social. La méritocratie va de pair avec la démocratie.


Enfin quelle présomption de la part des communautés religieuses de vouloir encore légiférer nos statuts matrimoniaux. Le mariage, du moins pour un pays comme la France, n’est plus l’affaire des religieux mais des mairies. C’est devant la société civile que les couples s’engagent à fonder une famille et c’est devant la Justice que les séparations et divorces peuvent être prononcées. Le rôle des acteurs religieux est tout simplement de proposer un accompagnement spirituel à la demande des couples qui le souhaitent.


C’est donc à la société civile, entre autres aux partis politiques, de débattre des formes de statut matrimonial, de la politique familiale à mettre en œuvre pour favoriser le bon renouvellement de la population, de l’adoption des enfants, des pratiques contraceptives à conseiller, des conditions pour avorter en cas de difficulté majeure (médicale ou sociale), etc. Sur toutes ces questions, les avis sont divers et contradictoires au sein d’une même communauté religieuse : en tant que telles, ces communautés ne peuvent s’engager au nom de leur troupe, ni d’un côté (le cléricalisme de Droite) ni de l’autre (le cléricalisme de Gauche) sans que ce soit manifestement un abus de confiance vis-à-vis de leurs membres, une confiscation de leur liberté de pensée.


Aux acteurs religieux, les cérémonies qui accompagnent les moments de nos vies, nos joies et nos peines. Qu’ils ne s’en plaignent pas puisque c’est la meilleure part, celle de Marie, sœur de Marthe et de Lazare " Car Marie a choisi la bonne part , qui ne lui sera pas enlevée "
(Lc 10, 42).

C’est bien entendu la fin d’un Dieu législateur, celui de Moïse, de Mahomet et d’autres fondateurs de religions. Mais, déjà, Jésus n’avait-il pas dit que la Loi est au service de l’homme et non pas l’inverse ?


[…] N’est-ce pas cette recherche de la vérité jusqu’au bout, avec intransigeance, sans compromis, sans négociation, qui est au cœur des évangiles ? Avons-nous peur des excès que réserve une telle exigence pour que nous nous arrêtions en chemin, au milieu du gué, pusillanimes ? Que sont les chrétiens et leurs Eglises s’ils n’osent ? où est, aujourd’hui, le sel de la terre ?


A la suite d’un Michel Servet (1511-1553) au destin si tragique et solitaire, puisqu’il fût brûler vif à Genève sur un bûcher de l’inquisition calviniste, la tradition unitarienne n’a eu de cesse de scruter les Ecritures avec les moyens dont dispose l’intelligence humaine : la raison et la philosophie, les sciences en progrès, la découverte du monde, l’appréhension globale de l’homme. De nos jours, avec l’unitarisme-universalisme, elle élargit cette quête dans le sens de l’universel à l’ensemble des religions et des sagesses de l’Humanité. […]


Allons nous jusqu’au bout de nous mêmes ?

Les "Cahiers Michel Servet" sont des documents, cours didactiques, actes de journée(s) ou de colloque, débats ou dossiers thématiques, etc., publiés par le réseau francophone Correspondance unitarienne ( correspondance.unitarienne@wanadoo.fr ). Contact : Jean-Claude Barbier, Résidence Les Saules, bât. C1, avenue du Maréchal Juin, F-33170 Gradignan, tél. 05 40 32 56 12. Le prix au numéro est de 5 euros (paiement par chèque, timbres tarif économique ou billets). 

 

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28 octobre 2008 2 28 /10 /octobre /2008 10:43

Correspondance unitarienne, n° 85, novembre 2008

 

Les théologies chrétiennes libérales

par Pierre–Jean Ruff

pasteur de l’Eglise réformée de France (ERF),

conseiller honoraire de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU)

communication à la Semaine unitarienne de Nantes, du 1er au 4 mai 08

 

Un tel sujet se prête difficilement à un exposé raccourci. Aussi, ce que je vous propose ici n’est qu’un aperçu en survol. C’est un résumé de ce que cette thématique suppose. Ceux qui souhaitent retrouver ces points de vue plus amplement développés peuvent se reporter à mon livre sur le Protestantisme Libéral ( éditions Théolib, 2005 ). Je vous présente cette courte évocation en cinq points.

1 ) les hérétiques

Il y a des affinités interpersonnelles ou des familles d’esprit. Tous, nous nous sentons plus proches de certains que d’autres. Mais aussi, et heureusement, nous avons chacun nos particularismes. Il y a donc légitimement autant de théologies libérales que de croyants qui revendiquent cette famille d’esprit. Il nous faut donc prendre en compte cette dualité. Il y a un courant chrétien d’ouverture et des options personnelles de chacun à l’intérieur de ce mouvement ou de cette tendance. Les deux doivent se conjuguer et trouver un équilibre harmonieux entre eux.

C’est pourquoi, même si chacun a sa personnalité et son autonomie de pensée, il y a des maîtres à penser. Ce ne sont pas des penseurs qu’il faudrait suivre totalement et aveuglément, mais des théologiens qui ont conceptualisé et exprimé au mieux une part importante de ce à quoi nous adhérons.

Enfin, je rappelle qu’indépendamment de l’usage courant et regrettable du mot hérétique, étymologiquement, ce terme signifie choisir. L’hérétique est alors celui qui choisit personnellement ce à quoi il adhère même si, bien sûr, il reste à l’écoute des autres voix de la pensée chrétienne. Le non-hérétique est alors celui qui suit bien sagement les voies tracées ou imposées par d’autres, celles de l’ortho-doxie. Vous comprendrez qu’au sens vrai et étymologique il est souhaitable que tous soient hérétiques.

2 ) christianisme libéral, protestantisme libéral, catholicisme libéral
.

Personne n’a le monopole de Jésus, de son enseignement, de l’Evangile. En revanche, il y a des traditions religieuses qui sont plus proches de son enseignement et qui lui sont plus fidèles que d’autres.

Toutes les branches du christianisme comptent des chrétiens d’ouverture, donc libéraux. Dans le livre mentionné dont cette communication s’inspire, je déclare :
Le libéralisme n’est pas l’apanage des seuls protestants. Je connais beaucoup de catholiques dont les convictions sont communes aux nôtres ou voisines d’elle. Il y a des catholiques libéraux comme il y a des protestants libéraux. En revanche, si je ne me trompe pas, à ce jour, ces amis catholiques et libéraux n’ont guère la possibilité statutaire ou officielle de se réunir " (p. 10 et 11 ).

Je rappelle alors la création vers 1830 d’un mouvement catholique libéral dont le journal s’appelait l’Avenir et la devise Dieu et liberté, mais qui fut condamné par le pape Grégoire XVI au travers de l’encyclique Mirari Vos. De même, plus proche de nous, le mouvement des Réseaux des Parvis réunit beaucoup d’associations catholiques ou d’inspiration catholique qui se veulent réformatrices. Aujourd’hui, fort heureusement, le fait qu’elles ne soient pas agréées officiellement ne remet pas en cause leur existence.

Voilà pourquoi j’aime mon Eglise. Elle connaît les mêmes faiblesses et les mêmes pesanteurs que les autres Eglises. Mais jusqu’alors, elle s’honore à mes yeux, acceptant le pluralisme religieux et ayant une attitude tolérante pour les positions minoritaires qui s’y expriment.

3 ) les différents visages du protestantisme libéral.

Schématiquement, je distingue trois types de protestantisme libéral, avec entre eux des passerelles possibles mais pas obligatoires.

a) les libéraux seulement pluralistes.

Ils sont souvent très différents les uns des autres. Certains revendiquent des dogmes orthodoxes (la toute-puissance de Dieu, la divinité du Christ, la Trinité). Ce qui les caractérise, c’est le profond respect de ceux qui pensent autrement. C’est un pacte de non-agression théologique et, en même temps, le plus petit commun dénominateur des protestants libéraux. Ils seraient en droit de proclamer la déclaration des droits des croyants, ceux-ci n’ayant pas que des devoirs, à commencer par celui d’obéissance.

b) les libéraux rationalistes
.

Cette catégorie de libéraux concernait davantage les libéraux du 19° siècle que ceux d’aujourd’hui, même s’il peut en exister des restes. Ce sont surtout des contestataires. Ils s’opposent fermement à toutes les assertions théologiques orthodoxes, fausses à leurs yeux. De ce fait, ils peuvent être ou paraître à la frontière de l’athéisme. Parfois, du message de Jésus, ils ne gardent que l’éthique et l’exhortation à l’amour.

c) les libéraux mystiques
.

Ce sont d’authentiques spiritualistes. Certes, ils discutent et raisonnent avec beaucoup de sérieux. Mais, en priorité, ils ont une conscience aiguë des limites de la raison humaine, de l’impossibilité fréquente à rendre compte verbalement de ce qui est essentiel à la vie et à la spiritualité, donc de la priorité de l’existentiel sur le notionnel.

L’école théologique dite de Paris, avec les pasteurs Ménégoz et Sabatier, en a rendu compte avec force au travers de ce que l’on a appelé le symbolo-fidéisme. En présence de l’inadéquation de nos mots à dire l’essentiel, le langage symbolique, dont les paraboles, est le plus valable pour ne pas trahir le message. De son côté, le fidéisme rappelle s’il en est besoin que la foi – attitude existentielle – prime de beaucoup les croyances au travers desquelles nous la formulons.

4) protestantisme libéral et unitarisme.

Beaucoup de protestants libéraux sont unitariens. Ils ne croient pas à la divinité de Jésus au sens habituel du terme, pas plus qu’à une trinité divine. Certains le clament haut et fort. D’autres y souscrivent de manière plus feutrée.

Comme je l’ai dit précédemment, tous les protestants libéraux ne sont pas unitariens. En ce qui me concerne, je suis unitarien, mais libéral avant tout, de même qu’en politique je suis démocrate avant de faire valoir mes opinions personnelles. Par ailleurs, même si cela peut surprendre et paraître de prime abord contradictoire, je suis simultanément unitarien et dualisant. Autrement dit, pour moi, le Dieu de l’Evangile est un et seulement un. En même temps, cela n’exclut pas l’existence éventuelle d’un Principe du Mal. En tout cas, même si je revendique l’agnosticisme concernant les origines, je tiens fortement à ce que le Dieu que Jésus nous apprend à appeler Père n’ait aucune responsabilité avec tout ce qui ternit l’existence.

5) apport de Charles Wagner à ce sujet.

Ma reconnaissance à Charles Wagner en ce qui concerne la théologie libérale trouve son apogée au travers de deux assertions clés.

Premièrement, le protestantisme libéral n’est pas une sorte d’avorton du christianisme, brusquement apparu au 19° siècle. Le protestantisme libéral, le christianisme d’ouverture, trouve ses racines dès le début du christianisme et même bien avant lui. Charles Wagner déclare : 
" Le plus formidable levier a besoin d’un point d’appui. Le point d’appui du protestantisme se trouvait dans les Prophètes et dans l’Evangile qui, eux-mêmes, le tenaient de plus loin, selon la loi inéluctable qu’il n’y a pas plus de génération spontanée dans le domaine spirituel que dans celui de la vie physique…L’esprit prophétique remonte dans la nuit des temps. Il a traversé tous les âges " (p. 39 ).

Secondement, nous devons à Charles Wagner la définition du protestantisme libéral qui, pour moi, est de beaucoup la plus pertinente et la plus encourageante.
"  Nous autres, protestants libéraux, aimons beaucoup penser et dire que Dieu est esprit et qu’il est amour. Le plus souvent, nous nous contentons de l’appeler Père " (p. 56).

Qu’est-ce à dire ? D’abord, qu’il doit toujours y avoir adéquation entre le penser et le dire. Il faut que le dire soit un dire vrai. Ensuite, honnêtement, nous ne pouvons affirmer haut et fort que deux choses : Dieu est esprit et il est amour. Ces axes sont incontournables. Il importe d’en tirer toutes les implications. Enfin, tout le reste, toutes les autres assertions théologiques peuvent être légitimes, mais jamais infaillibles. On ne saurait leur reconnaître une valeur normative.

Tels me paraissent les grands axes qui déterminent fondamentalement le christianisme libéral et accessoirement le protestantisme libéra
l.
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22 octobre 2008 3 22 /10 /octobre /2008 01:20

Carte d'idendité de L’Eglise réformée de France
Source : ERF (2008) – Qui sommes-nous ?

 


L’Eglise réformée de France (ERF)
actuelle est née, en 1938, de la réunion de ses courants libéraux et orthodoxes qui s’étaient organisés en diverses unions (l'Union nationale des Eglises réformées pour les libéraux et l'Union des Eglises réformées évangéliques (1) pour les orthodoxes) à l’occasion de la séparation des Eglises et de l’Etat français en 1905. D’autres communautés d’origine méthodiste(2) et libriste(3) ont aussi rejoint l’ERF à ce moment. Ses racines sont en fait beaucoup plus anciennes, dans la mesure où le protestantisme réformé existe depuis les origines de la Réforme.

Née avec la Réforme au XVIe siècle, maintenue au travers des aléas de l’histoire, membre co-fondateur de la Fédération protestante de France (FPF)
, l'ERF est la première Eglise protestante en France. Son noyau actif et engagé est constitué de 50 000 familles. Mais ce sont plus de 300 000 personnes qui participent ou font appel à ses services. Elles sont de moins en moins issues de familles ou de terroirs traditionnellement protestants.

Le synode national, annuel, a la charge de gouverner l’Eglise. Il a pour tâche d’analyser les activités de l’Eglise par rapport aux besoins exprimés aujourd’hui par les 470 Eglises locales (associations cultuelles = structures juridiques)
. L’ERF compte 881 lieux de culte. Composé de 92 membres à voix délibérative, élus par les huit synodes régionaux et par des membres à voix consultative représentant les œuvres, mouvements, institutions et équipes liés à l'ERF, le synode national compte environ 200 participants, laïcs et pasteurs, hommes et femmes. Par des résolutions, votées le dernier jour, le Synode s’exprime sur des sujets de société.

L’ERF
forme avec l’Eglise évangélique luthérienne de France (EELF) et l’Union des Eglises protestantes d’Alsace-Lorraine (EPAL) une Communion protestante luthéro-réformée (CPLR). A échelle européenne, cet échange luthéro-réformé s’exprime dans la Communion des Eglises protestantes en Europe (CEPE) ou Communion ecclésiale de Leuenberg. Les Eglises qui font partie de cette communion déclarent qu’elles sont d’accord sur l’essentiel et en tirent les conséquences : reconnaissance des ministères, formation des pasteurs, sujets et projets commun d’Eglise, mutualisation des ressources etc. Au synode national de Sochaux (2007), un projet d’union ERF-EELF a été voté.

L’ERF est membre de la Fédération protestante de France (FPF)
qui comprend par ailleurs, avec les Eglises de la CPLR, diverses Eglises évangéliques et baptistes et l’Eglise adventiste du 7ème jour. La question de l’admission à cette fédération d’Eglises pentecôtistes est à l’ordre du jour *.
* ndlr : l'Eglise de Dieu en France est une église de pentecôte et elle fait déjà partie de la FPF. Voir son site. Mais les Assemblées de Dieu, la plus importante Eglise pentecôtiste de France, n'en est pas membre. 

Au niveau international et extra-européen, l'ERF fait partie de l’Alliance réformée mondiale (ARM)
et du Conseil Oecuménique des Eglises (COE), qui se trouvent tous les deux à Genève.

Quelques éléments statistiques

Environ 110 000 "foyers connus" (familles ou individus avec lesquels il y a un lien plus ou moins fort), soit 300 000 à 400 000 personnes : l’ERF a fait le choix d’être une Eglise "ouverte" et de ne pas tenir une liste exhaustive de ses membres. Environ 50 000 foyers participants à sa vie financière (pour une participation annuelle moyenne ordinaire de 384 euros par foyer).

492 associations cultuelles (l’association cultuelle est la base légale de l’Eglise locale)
, 881 lieux où le culte est célébré plus ou moins régulièrement, 412 postes ERF de pasteurs incomplètement pourvus.

L'ERF compte 340 pasteurs (ministres)
en poste dans l’Eglise, à l’Institut protestant de théologie et à la Fédération protestante de France. 70 autres pasteurs exercent leur ministère dans des Oeuvres et mouvements : aumôneries (prisons, hôpitaux, armée, jeunesse), services d’entraide, communautés religieuses, Cimade, animation biblique, mission, enseignement, autres Eglises ...

29 % des pasteurs sont des femmes.
Il y a 28 couples de pasteurs. La moyenne d’âge des pasteurs en activité est de 47 ans. 18% sont de nationalité étrangère.

Certaines Eglises n'ont pas souhaité intégrer l'ERF et sont restées indépendantes
:
(1) Des Eglises réformées évangéliques indépendantes qui représentent 78 lieux de culte implantées dans le sud de la France et un peu en Île-de-France.
(2) Des Eglises évangéliques méthodistes qui représentent 20 lieux de culte dont plus de la moitié dans l'Est de la France.
(3) Des Eglises évangéliques libres qui représentent 53 lieux de culte répartis sur toute la France.

ce document a été envoyé à La Besace des unitariens par Henri de Vaucluse (Cercle Evangile et Liberté de Vaucluse et environs)

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21 octobre 2008 2 21 /10 /octobre /2008 12:46

Article " Liberal Protestantism "de la SpeedyLook encyclopedia, http://www.speedylook.com, traduit en français par Marie-Claire Lefeuvre.
Les ajouts [ndlr] sont de La Besace des unitariens

Le protestantisme libéral est né de la ligne théologique qui part de Friedrich Schleiermacher (1768-1834) et d’Adolf von Harnack (1851-1930) et en particulier de la révolution exégétique du XIXème siècle, où se sont illustrés Albert Ritschl (1822-1889) et Ernst Troeltsch (1865-1923) qui  a renouvelé la lecture de la Bible.
Ses vulgarisateurs : en Allemagne, le pasteur Frenssen Gustav (1861-1945) (dont le Dorfpredigten fut vendu à 54 000 exemplaires) et, en France, le pasteur Charles Wagner (qui décède au moment où il est invité à présenter sa candidature à l'Académie française).

Toutefois, son certificat de naissance est contresigné par trois parrains : 
- Heinrich Eberhard Gottlob Paulus, Das Leben Jesu als Grundlage einer Geschichte reinen de Urchristentums, en 1828,
- David Friedrich Strauss, le Christ de la foi et le Jésus de l'histoire, en 1865,
- Ferdinand Christian Baur
critique pour Untersuchungen über die kanonischen Evangelien, Verhältniss ihr zu einander, votre caractère et Ursprung, en 1847.
Une chronologie donnant un meilleur aperçu culturel et religieux de l'époque se trouve dans l'article de notre encyclopédie portant sur la "Crise moderniste".  On peut, en effet, considérer que le protestantisme libéral a causé deux réactions : dans le catholicisme, c’est la crise moderniste ; et dans le protestantisme, ce sont les mouvements du Réveil qui, au cours du Colloque du Niagara donneront naissance au fondamentalisme.

Dans l'article présent, on se rendra compte de la dimension européenne de ce mouvement dont la liberté d'expression est née suite à la publication des travaux ci-dessus, mais dont les sources intègrent les courants de pensée qui résultaientt de la Philosophie des Lumières et de l'Encyclopédie, et parfois, remontant à la Réforme.
Dans une certaine mesure, dans le protestantisme, la tension est constante entre le libéralisme et le Fondamentalisme : tout en donnant toute autorité morale à la foi dans la Bible - il s'agit d'un fondamentalisme -, mais en critiquant l'institution liée à l'église et à tout Magistère - il s'agit d'un libéralisme.

Depuis la deuxième guerre mondiale, le protestantisme libéral est surtout présent dans les Églises réformées ; on note toutefois une association luthérienne libérale fondée à Strasbourg [ndlr : l’Union protestante libérale] et actuellement présidée par le pasteur Ernest Winstein.

Caractéristiques

- Il est généralement très attaché au dialogue de la religion avec la culture, et, selon ses adversaires, il relativiserait la première place donnée à la Bible.
- Il présente quelques orientations particulières : en son centre, certaines sont reconnues proches de l'unitarisme, parfois du catharisme.
- Il confesse volontiers l'universalité du Salut en raison d'une perception plutôt optimiste de l'homme et de la civilisation.
- Il vise un idéal de vie qui, pour Ritschl, revient à un christianisme opérationnel dans le monde.
- Il critique les règles orthodoxes, les croyances ecclésiastiques et les pratiques
, les appareils et leur capacité normative.
- Il est un chaud partisan du dialogue inter-religieux , du pluralisme et de la laïcité : l'une des premières théories de la séparation de l'Église et l'État a été formulée dans le livre de Castellon Contre le fait de M. Calvin puis reformulée par Alexandre Vinet quand il était en Belgique.

Il a été en France l'un des artisans de la loi de 1905, avec Wilfred Monod, Athanase Coquerel, tandis que Felix Pecaut, Charles Wagner et Ferdinand Buisson sont intervenus dans la construction de l'Ecole publique. Aujourd'hui, la théologie du Process d’ Alfred North Whitehead et de John B. Cobb l’intéresse.


Parcours européen : e
n Allemagne,

Le protestantisme libéral y assume l'héritage du passé et doit relever le défi de la théologie dialectique.

Le 30 sept 1863, fondation à Francfort de la Deutsche Protestantverein, qui s’est donné pour objet, " la restauration de l'Eglise protestante conformément à l'esprit évangélique de liberté et à l'évolution culturelle de notre temps ".

En 1887, fondation du journal luthérien Die Welt Christliche qui voulait se faire l'écho des trois grands courants de théologie en Allemagne, à savoir un protestantisme orthodoxe (par exemple celui d’Erlangen, ville de Bavière)), un protestantisme traditionaliste lié aux affaires, enfin un protestantisme libéral comme celui de Tübingen. Son directeur est Martin Rabe, un ami d'Adolf Von Harnack, le journal devient rapidement le porte-parole du seul protestantisme libéral. Ses maîtres mots sont :
- Contre le cléricalisme et le dogmatisme,
- Pour la liberté de conscience et de la recherche,
- Pour la promotion d'un protestantisme largement ouvert aux problèmes du monde moderne, prenant notamment en compte la désaffection des masses populaires et les progrès de la libre-pensée socialiste.

Dans une conférence sur "la situation présente le protestantisme", Harnack déclare : "la vieille foi évangélique doit donc être formulée dans un langage nouveau et simple, celui de notre temps "

Le piège nationaliste -
En s’imprégnant de la modernité, la théologie est immergée dans l'esprit du temps. C’est la Kulturprotestantismus à laquelle on laisse gagner du terrain, mais qui peut mener à des engagements contestables comme le traditionalisme luthérien avec la foi en la guerre. En août 1914, la proclamation des 92 intellectuels allemands qui soutiennent la politique belliciste (policy warmonger) de Guillaume II sera signée par le libéral Harnack et par quelques autres théologiens.

Karl Barth (1886-1968) y découvre presque le nom de tous ses maîtres et déclare que la théologie du XIXème siècle n'a plus d'avenir. Pour lui, la théologie dialectique qu'il prône est une théologie en crise, en rupture avec la théologie libérale au point de fonder une nouvelle orthodoxie. En 1934, Barth et Niemöller seront les principaux rédacteurs de la Confession de foi de Barnem, celle de l'Église confessante ; c'est-à-dire de la minorité protestante qui résiste au nazisme. La majorité conservatrice compromise avec le nazisme, est illustrée par Sigrid Hunke.

Peu de temps après la guerre, Barth blâmera la théologie libérale, à ses yeux compromise, et ainsi disqualifiée. Sa résistance auréolée, le barthisme prendra le pouvoir au niveau des autorités ecclésiastiques et s’opposera au courant libéral actuel. C'est ce que montre Jean Baubérot dans son étude : Emergence d'une nouvelle orthodoxie au 20 e siècle (1991).

Bernard Reymond, théologien suisse de Lausanne, dénonce l'interprétation barthienne qui blâme la théologie libérale dans son attitude vis-à-vis du nazisme, dans son travail : "Une église à croix gammée ? Le protestantisme allemand au début du nazisme" (1980) :
"loin d'être le repère des théologiens libéraux, le mouvement " chrétiens-allemands " n’en a probablement compté qu’un groupe parmi bien d’autres  ; d'autre part, ce mouvement a rassemblé plus d’un orthodoxe, tandis que plusieurs théologiens libéraux - et non des moindres (tel Hans von Solen) - ont rejoint l'Eglise confessante".

Pour s’imposer Barth a mis entre parenthèses les conditions culturelles du développement de son message et la plausibilité culturelle du message chrétien. Peu à peu, les questions proprement libérales prennent à nouveau de l'influence et, si l'on en entend moins parler, c'est qu'elles ont imprégné tous les courants théologiques parmi lesquels l'après-barthisme, dont firent partie certains compagnons de voyage du théologien ; lui-même choisit de terminer sa carrière par des textes strictement libéraux: " Parole de Dieu, parole humaine ", et par un travail inachevé : la " création artistique " entant que réponse de l'homme à la création du monde par Dieu.

De nos jours, l
e protestantisme libéral allemand s’exprime dans le périodique bi-mensuel : "Freies Christentum. Auf der Suche nach ( Le christianisme libéral. A la recherche de nouvelles voies).

en France,

Ce courant existe tout au long du XIXe siècle.
Ouvrirent la route Thimothée et Antoine Colani (orateur remarqué du Synode de 1872) et Félix Pécaut, plus connu car il fut l'un des proches de Ferdinand Buisson, fondateur du parti radical de gauche (tous deux ont été particulièrement actifs dans la fondation de l'Ecole publique et la création du mouvement féministe). Dans une large mesure, Félix Pécaut, après un court passage dans le ministère pastoral (il refusa de lire le Symbole des Apôtres ...) va hésiter entre le protestantisme libéral et le christianisme théiste.

En théologie, le protestantisme libéral fut également développé à partir de 1872 en France par Charles Wagner (luthérien), fondateur à Paris du Foyer de l’âme en 1907. Il insiste sur la liberté de la foi individuelle, et la supériorité de celle-ci sur les doctrines de les Églises. 
Il refuse le principe des confessions de foi et d'autres textes provenant de systèmes symboliques institutionnalisés et à valeur universelle. Il se méfie du rituel et attache une importance secondaire aux sacrements. En France, ce protestantisme libéral est influencé dans ses orientations théologiques par l’Ecole de Strasbourg et sa célèbre revue. Il se caractérise assez bien par cette réflexion du pasteur Charles Wagner : "Je me méfie de la foi de ceux qui ne respectent pas la foi des autres".

Grosso modo, on peut résumer ces orientations de la manière suivante, en suivant Pierre-Jean Ruff qui fut pasteur du Foyer de l’Âme :
- La vocation de la foi chrétienne à conduire à la Liberté fait de l’ombre à la capacité des Eglises au sujet de l'efficacité de leurs sacrement.
- Dieu est Dieu et il est le seul Dieu ; ceci remet en question la Trinité et la divinité de Jésus. C’est l'affirmation des Eglises unitariennes.
- Jésus sauve, mais par un sacrifice qui n'est que moral et symbolique (et non pas par celui de la religion sacrificielle, avec l’orientation sacramentelle).
- les Eglises sont nécessaires au niveau des moyens et non de la finalité ; le spirituel doit l'emporter sur le rite. "L'Église a pour mission essentielle d'offrir un cadre ouvert où l'on puisse se ressourcer spirituellement. Quand l'Église adhère superstitieusement à la lettre, elle se disqualifie" Henry Babel (Théologie de l'énergie, Baconnière, 1967).

Ce Protestantisme libéral en France n'a pas d’un seul coup émergé au XIXème siècle ; il représente la version contemporaine d'un débat qui, par des vecteurs culturels et historiques différents, a marqué tous les âges de la foi chrétienne.

L'Ecole de Paris : Louis-Auguste Sabatier insiste sur le caractère symbolique systémique des croyances tandis qu’Etienne Mennegoz définit cette Ecole comme symbolico-fidéiste : "la foi, indépendamment des croyances, mais pas sans les croyances". Les doctrines toujours indicatives, approximatives, ont pour avenir leur disparition.

Dans ce courant, on peut nommer Albert Schweitzer (1875-1965), lequel questionne la toute-puissance et l'omniscience de Jésus : "Beaucoup de personnes sont scandalisées à l'idée que le Jésus historique puisse être considéré comme capable d'erreur parce que le Royaume de Dieu surnaturel dont il a annoncé l'arrivée ne s’est pas révélé ... Jésus est pour toujours allégé de cette omniscience". Et puis, Wilfred Monod (1867-1937), auteur du "Problème du Bien",
André Numa Bertrand (1876-1946), Albert et Jean Réville, Wautier d'Aygallier, Georges Marchal et Elie Lauriol.

L'une des plus remarquables réalisations de l'École de Paris consiste à avoir mis en oeuvre le repli de la faculté de théologie de Strasbourg à Paris pour fonder l'Institut de théologie protestante et pour ouvrir une formation pour les pasteurs luthériens et les pasteurs réformés depuis 1873.

La laïcité : on ne comprendrait rien au protestantisme libéral si l'on oubliait le rôle central joué par des personnalités telles que Ferdinand Buisson et Félix Pécaut dans leur volonté de créer une religion moderne, laïque, certainement d’inspiration protestante, mais ouverte à tous les courants spirituels. Combien de groupes engagées ? Et combien de femmes et d'hommes libres ont-ils été formés ? Cherchez sur Internet et vous verrez les œuvres, réalisées ou en germe : à Fontenay-Aux-Roses, le baccalauréat ouvert aux jeunes filles, le Parti radical de gauche, la première Eglise chrétienne libérale, la lutte pour le théisme chrétien ... et, allez voir leurs descendants : la planification familiale, entre autres ...

De nos jours le protestantisme libéral [francophone] s’exprime dans la revue Evangile et Liberté (plus de 150 ans d'existence), la revue Théolib (fondée en 1998) ; les éditions Fischbacher et les éditions Van Dieren revendiquent aussi cette orientation. On compte aussi parmi les théologiens actuels des enseignants en théologie, comme André Gounelle, Laurent Gagnebin, Raphaël Picon et des héritiers de familles camisardes comme Christian Mazel. Depuis 1938, certaines paroisses de tendance libérale, dont deux situées à Paris, le Foyer de l’âme et l'Oratoire du Louvre, font partie de l’ERF.

en Belgique,

L'Église réformée de l'Alliance a été créée en 1888.  [Un siècle plus tard], en 1983, l'Association libérale LOCUSTE [ndlr : ?] fonde, en 2001, la Fraternité protestante libérale unitarienne Profils de libertés [ndlr : NON ! en fait, ouverture du site " Profils de liberté " à l’initiative de Pierre Bailleux, par ailleurs pasteur à l’Eglise réformée de l’Alliance, et sous le patronage du Centre de recherche et d’information sur les questions théologiques, éthiques et sociales – CRIQUETS, asbl ].

en Suisse,

Le mensuel : " Le Protestant " dont l’éditeur est le professeur Bernard Reymond [ndlr : depuis c’est Thierry Laus, professeur à la faculté de théologie de Lausanne].

et en Grande-Bretagne

Le débat autour de Honnête envers Dieu de John AT Robinson, évêque de Woolwitch et du Guide pour débattre de Dieu de David Jenkins

Pour de plus amples informations sur le protestantisme libéral, consulter l’article " Le libéralisme théologique " et les notices rédigées dans l’encyclopédie sur Louis-Auguste Sabatier
, Paul Tillich, Charles Hartshorne, John Hick.  Voir aussi les ouvrages suivants :
- Pierre-Jean Ruff Le protestantisme libéral, nouvelle édition, Théolib 2005.
- Patrick Cabanel, Le Dieu de la République
- l'histoire des religions, le libéralisme religieux à l’Université libre de Bruxelles
- Felix Pécaut, L’avenir du théisme chrétien considéré comme religion, réédité par Théolib en 2007

- Théolib, revue trimestrielle de libéralisme théologique, www.theolib.com
- Marie-Claire Weber-Lefeuvre, Etude des Evangiles. Suivi de: Les Evangiles et l'écologie, Les éditions de l'Harmattan 2006 - collection " Chrétiens autrement " .

Pour la théologie du Process,
voir Alfred North Whitehead et Charles Hartshorne sur les sites
d'Evangile et liberté, des éditions Van Dieren et de Theolib.
 
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12 octobre 2008 7 12 /10 /octobre /2008 07:00

Au moins une fois chaque année, vers la fin du mois d’octobre afin de commémorer le martyre de Michel Servet en date du 27 octobre 1553 et à l’occasion de visites internationales à la Maison natale de ce dernier, les cloches de l’église de Villanueva de Sijena, en pays Aragon, sonnent le glas funèbre, relayées ensuite par une musique traditionnelle du coin.

Pendant ce temps, des lumignons sont déposés au pied et sur la statue elle-même qui représente l’enfant du village, Michel Servet, assis dans une chaise professorale, en position de méditation et prêt à livrer sa sagesse.

Une adresse est alors faite en ces termes à ce réformateur du XVIème siècle qui, à l’inverse de ses contemporains Luther et de Calvin, n’a pas pris une seule ride avec le temps. Bien au contraire, notre héros est plus que jamais moderne !

T
raduite en français par Jean-Claude Barbier, secrétaire général de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens, et avec l’accord de l’Instituto de los estudios sijnenses Miguel Servet, auteur et dépositaire de ce document, nous vous en livrons le contenu chargé d’émotion.

Miguel Servet, messager de la liberté religieuse, que Calvin sacrifia pour renforcer son pouvoir temporel. Ton sacrifice à Champel, en cette fin d’après-midi du 27 octobre 1553, fit de toi un exemple de fermeté et de fidélité indéfectible aux convictions justes, comme le sont la liberté de conscience et la liberté religieuse. Aujourd'hui, nous voulons nous rappeler ce moment difficile où tu offris ta vie comme apôtre de l’unitarisme ; c’est pour cela que nous sommes réunis ici ; et, fidèles à ton exemple et nous souvenant de ta grandeur d’âme, tes compatriotes villeneuvois, l'Institut "Miguel Servet ", tous ceux qui sont ici qu’ils soient Aragonais, du reste de l’Epagne, ou encore citoyens du monde, s’associent à cette adresse intime à ta mémoire.

Michel, reçois les flammes de nos lumignons, le feu qui est le plus ancien et le plus noble des éléments. Reçois ces flammes qui sont le symbole du martyre, mais aussi celui de l'intelligence et de la sagesse ; ces flammes qui donnent la lumière nous permettant de voir chaque chose en sa vraie forme. Avec elles, nous pouvons te voir comme tu étais, à savoir un Villeneuvois à l’esprit clairvoyant et au cœur large. Nous sommes fiers de toi.

 

C'est pourquoi, en ta mémoire, nous nous réunissons ici pour te dire de reposer en paix et que nous conservons ta mémoire en nos cœurs.

© Instituto de estudios sijenenses Miguel Servet

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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 12:58

Les unitariens étaient nombreux parmi les membres de la Société lunaire, cette société savante anglaise, de la fin du 18ème siècle, à laquelle appartenaient des hommes de science aussi prestigieux que James Watt (l’inventeur de la machine à vapeur) ou le chimiste Joseph Priestley (qui isola l’oxygène pour la première fois). Priestley lui-même fut ministre du culte et défenseur ardent de l’unitarisme.

A cette même société, qui se réunissait les soirs de pleine lune dans la région de Birmingham, appartenaient aussi les deux grands-pères de Charles Darwin : Erasmus Darwin, médecin, naturaliste, libre penseur et franc-maçon, et Josiah Wedgwood, qui initia la fabrique de porcelaine Wedgwood dont la renommée s’étendit jusqu’à la cour des rois.

Josiah était notoirement unitarien. Il en fut de même pour la majorité de ses enfants et en particulier pour sa fille Susanah, la mère de Charles Darwin. Charles, enfant, accompagna sa mère à l’église unitarienne de Shrewsbury (Le souvenir nous en est rappelé par une plaque présente aujourd’hui dans cette église).
Susanah mourut lorsque son fils avait huit ans. Par la suite, Charles s’éloigna de cette Eglise et, lorsqu’il envisagea de devenir pasteur, il choisit l’Eglise officielle : l’Eglise d’Angleterre. Mais il ne devint jamais pasteur et, après son long périple autour du monde, se contenta d’être naturaliste à la campagne.


Il retrouva l’Eglise unitarienne en épousant sa cousine Emma Wedgwood, elle aussi petite-fille de Josiah Wedgwood. A l’époque de son mariage, déjà, il s’était éloigné des convictions qui avaient fait de lui un fervent adepte de la " théologie naturelle ", cette théologie qui prévalait au 18ème siècle et qui expliquait tous les ajustements de la Nature par l’Intelligence de Dieu. Avec le temps, il allait montrer que la sélection naturelle peut, dans la durée, rendre compte de ces adaptations si caractéristiques dans le monde vivant. Sur le plan religieux, il devenait agnostique.

Emma, sa femme, souffrit de cet abandon de la foi par son mari, mais elle ne fit pas d’objections à ses recherches "  vous ne pouvez être dans l’erreur ", lui écrivait-elle,lorsque vous agissez selon votre conscience, souhaitant, en vous y efforçant sincèrement d’atteindre la vérité ".
Ne sachant plus s’il croit encore au Dieu créateur, Darwin défendra cependant jusqu’au bout ce qu’il appelle " la forme religieuse la plus élevée " : " l’idée d’un Dieu abhorrant le péché et aimant la justice ".

Alors que nombre de ses partisans (eugénistes), dans la seconde partie de 19ème siècle, verront les pauvres et les indigents comme des ennemis de la société, Darwin, lui, affirmera sa compassion : " Nous ne saurions restreindre notre sympathie, en admettant même que l’inflexible raison nous en fit une loi, sans porter préjudice à la plus noble partie de notre nature ".
N’avons-nous pas là l’écho de ce que Darwin entendit dans la bouche de sa mère et dans celle de sa femme ?

A l’heure où des chrétiens fanatisés s’attaquent à Darwin comme à un suppôt de Satan, on peut espérer que l’Eglise unitarienne, historiquement si proche de la science, tiendra
toute sa place, entre autres à Shrewsbury en particulier, lors des évènements qui célèbreront le bicentenaire de la naissance de Charles Darwin, l’homme qui écrivit L’Origine des espèces !

texte de Christiane Silliau, Grande-Bretagne, envoyé à la Correspondance unitarienne le 2 octobre 08. Les domaines de  compétence de l'auteur sont la biologie et la philosophie des sciences ; elle s'intéresse entre autres à Emma Darwin et à Jérôme Monod. 
 

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2 octobre 2008 4 02 /10 /octobre /2008 11:40

L'archidiacre Charvet juge sévèrement Michel Servet. " Ce savant, dit-il, n'était autre chose qu'un loup déguisé. Il avait exercé la médecine et eut beaucoup mieux fait de s'en tenir à l'étude de sa profession que de vouloir pénétrer dans le sanctuaire de la religion, avec des lumières trop courtes pour une si dangereuse entreprise : l’éclat du mystère de la Trinité l'aveugla, et, ne pouvant le comprendre, il osa le nier, soutint que Jésus-Christ n'était qu'un pur homme, et rejeta la foi du péché originel et la nécessité du baptême (…) " Histoire de la Sainte Eglise de Vienne (Lyon, Cizeron, 1761).

Extrait du livre d’E.-J. Savigné paru en 1907 (un an après la mort de l’auteur), sous le titre " Le savant M. Servet, victime de tous les fanatismes ", chez Henri Martin (éditeur à Vienne), un livret d’environ 65 pages en 14 x 22. Celui-ci a été mis en ligne par Fabien Girard, sur son site " Liberté de croyance autour de Michel Servet et Sébastien Castellion "
http://libertedecroyance.blogspot.com/2008/05/le-savant-m-servet-victime-de-tous-les.html 

Lecture du livre " Out of the Flames " (Au delà des flammes)
présentée par la pasteur Diane Rollert lors du culte en anglais du dimanche 25 mai 2008 à l’église unitarienne de Montréal, traduit en français par Marie-Claire Lefeuvre 

Voici la présentation très vivante que font Laurence Goldstone et Nancy Goldstone, dans leur livre : " Out of the flames " (Au-delà des flammes) *, de la mise au bûcher de Michel Servet.
* éditeur Broadway, septembre 2003, 368 p.

Peu après midi, lors d’une journée froide et pluvieuse d’octobre, en 1553, une procession commença à l’hôtel de ville de Genève, dans la partie Ouest de la Suisse, à la frontière française. Elle était menée par les responsables locaux : conseillers municipaux, magistrats, pasteurs, et le lieutenant-criminel, à savoir le chef de la police. Immédiatement à leur suite venaient les officiers de la cavalerie et une garde d’archers à cheval ; ils étaient suivis des citoyens de la ville : les bourgeois aisés d’abord, puis les commerçants et les artisans, enfin le reste des habitants, les moins aisés. Ils se dirigeaient vers un versant de la colline de Champel, à environ un mile de la cité, hors les murs. 

Parmi ces Suisses au teint clair se trouvait un prisonnier : le teint basané, sale et faible, non rasé, aux habits en lambeaux, presqu’un Maure ; il avait dans les quarante ans ; il était entouré par un grand nombre de pasteurs qui l’exhortaient à confesser ses péchés. Un homme d’Eglise âgé, marchant près de lui, lui parlait à voix basse à l’oreille. Pour toute réponse, intérieurement, le prisonnier priait. 

Ce prisonnier d’apparence misérable était en réalité un des penseurs les plus en vue de son temps et un savant de grande envergure. Il s’appelait Michel Servet ; son seul crime était d’avoir publié un livre qui redéfinissait le christianisme d’une manière plus tolérante et authentique. 

Il avait risqué sa vie et sa position sociale pour publier ce livre. Après avoir été poursuivi par l’Inquisition, il s’était caché et avait resurgi avec une identité sans risques pour devenir un citoyen respecté en France. Des gentilshommes parcouraient de grandes distances pour venir consulter le " Dr Villeneuve ". Mais Michel Servet ne voulait pas vivre une vie qui n’était pas en accord avec ses croyances ni avec ses principes. C’est ainsi qu’il imprima et fit distribuer son livre. 

Peu de temps après l’avoir publié, il fut arrêté par les Inquisiteurs en France. Il évita de longs mois d’emprisonnement en se sauvant à la veille de son procès où il fut condamné à mort. Il aurait pu se sauver en Italie, où il aurait eu la vie sauve, mais il préféra s’arrêter à Genève. C’est alors que son teint basané le trahit. Il fut reconnu alors qu’il priait dans une église et on l’arrêta. 

Avant que ses partisans aient pu rien faire pour le défendre, Michel Servet fut jeté dans un cachot sans air ni lumière, infesté de vermine, où il resta soixante quinze jours. Le 26 octobre 1553, Michel Servet fut condamné à être brûlé vivant, ainsi que ses livres, le lendemain, à Champel ".

C’est ainsi que se termine la lecture, ainsi que la vie de Michel Servet - ou Miguel Serveto, puisqu’il était né en Espagne. 

Les étincelles qui s’élevèrent des flammes consumant Michel Servet furent à l’origine d’un mouvement qui débuta dans la petite colonie italienne de Genève, puis qui se propagea en Pologne, en Transylvanie, en Angleterre, et en Amérique du Nord ; et à chaque étape une histoire qui pourrait en inspirer plus d’un. 

Qu'écrivit donc Servet pour ainsi perdre la vie ? Il osa avoir sa propre interprétation de la Bible et affirma qu'il n’y trouvait aucune preuve de la Trinité, d'où le nom d'unitariens
[ndlr : Dieu Un, unique] dont nous avons hérité. Mais, plus important encore, il affirma que "Dieu existait en chacun de nous et en toutes choses ", parole à la fois si puissante et dangereuse que rien, ni l'exécution ni le bûcher, ne put l'anéantir. 

Aujourd'hui on trouve les communautés unitariennes principalement aux Etats-Unis (sous la forme de l’unitarisme-universalisme) et en Transylvanie, ce dernier pays ayant été d’une façon ininterrompue, depuis le milieu du XVIe siècle, en continuité avec l'unitarisme. En Europe, même si des Eglises furent supprimées ou disparurent au cours des siècles
[ndlr. la Petite Eglise de Pologne], les idées de Michel Servet s'y enracinèrent. Aujourd'hui, sur la toile, nous observons une renaissance ténue mais solide de ces convictions en Europe, en Amérique du Sud, en Afrique, amenant tout un chacun à dire que nous sommes et avons toujours été un mouvement universel.

Oui, nos racines sont profondes et s'enfoncent loin dans le temps : plus de quatre cent cinquante ans en arrière
.

paru en article à la Une de la Correspondance unitarienne, n° 84, septembre 2008.

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2 octobre 2008 4 02 /10 /octobre /2008 11:13

2007 – DE MARCOS ANDREU, Jaume, La Influencia de Erasmo en las Obras de Miguel Servet. Villanueva de Sijena, Instituto de Estudios Sijenenses "Miguel Servet"


2007 - ALCALA Angel, Christianismi Restitutio o Restitución del cristianismo, 2 tomes, Zaragosse, Prensas Universitarias de Zaragoza, Historia y Pensamiento, coll. Collection Larumbe, Clásicos Aragoneses 45, 1760 pp., format 21 x 13. Ces 2 tomes constituent les deux derniers volumes, V et VI, des œuvres complètes de Michel Servet reproduites en latin et traduites en espagnol. Un travail monumental mené à son terme par le professeur Angel Alcalá

2007 – CARRASQUER LAUNED Francisco, Servet, Spinoza y Sender. Miradas de Eternidad, Zaragosse, Ed. Prensas Universitarias de Zaragoza, 97 p. La pensée de M. Servet est comparée à la théorie cosmique du grand philosophe juif hollandais Baruch Spinoza (1632-1677) et à l’œuvre du romancier aragonais Ramon José Sender Garcès (1901-1982)

2007 - Doctori Solsona Amicorum Liber
, Zaragosse, 400 p., ouvrage publié en juin 2007 en hommage au Dr. Francisco Solsona. Parmi les contributions :
"El Dr. Solsona y los orígenes del servetismo español contemporáneo" par l’Instituto de Estudios Sijenenses Miguel Servet, et "Servet-Leibniz-Benedicto XVI" par D. Eduardo Montull

2007 – 2008 – McNARY FORSEY Alicia Dr. (sous la direction de), An English Translation of Christianismi restitutio, 1553, by Michael Servetus (1511-1553). Traduction en anglais du "Christianismi restitutio" par Christopher A. Hoffman et Marian Hillar, et publication en plusieurs volumes aux éditions Lampeter à Lewiston (Etat de New-York) et à Queenston (Ontario, Canada) et aux Edwin Mellen Press, au Pays de Calles (Wales, UK). Un premier volume en septembre-octobre 2007, sous le titre " De Trinitate ", puis un second volume (en 2 livres) en juillet 2008, avec un prologue de McNary.

2008 – BENIN Rolande-Michelle et GICQUEL Marie-Louise, Michel Servet – Sept Livres sur les erreurs de la Trinité, édition bilingue, latin / français. Introduction et annotations par R.-M. Bénin, aux éditions Honoré Champion, 634 p. (format 14x22 cm, coll. "Textes de la Renaissance " n° 142, paru en juillet, à commander à la Librairie Honoré Champion, 3 rue Corneille, F–75006 Paris) (1). C’est la première traduction en français du "De Trinitatis Erroribus Libri Septem". Les deux auteurs sont membres conseillers de l’Instituto de estudios sijenenses " Miguel Servet ". Voir notre présentation dans les Actualités unitariennes du vendredi 8 août (2).
(1)
librairie@honorechampion.com, www.honorechampion.com,
(2) http://actua.unitariennes.over-blog.com/article-21835918.html

2008 – DOMEYNE Pierre, Michel Servet (1511-1553). Au risque de se perdre, Paris, éd. L’Harmattan, 180 p. (paru en septembre). Voir la présentation par l’éditeur dans les Actualités unitariennes du lundi 29 septembre 08 (1) et la publication de deux annexes (liste des contemporains que M. Servet a ou pu rencontrer, et chronologie de sa vie) dans notre site documentaire de La Besace des unitariens des lundi 29 septembre et mardi 30 septembre 08 (2).
(1)
http://actua.unitariennes.over-blog.com/article-23243007.html 
(2) http://labesacedesunitariens.over-blog.com/article-23248198.html et http://labesacedesunitariens.over-blog.com/article-23269193.html


2008 - CREMADES SANZ PASTOR Juan Antonio, Miguel Servet en Francia, El Exilio forzoso de un pensador aragonés, édité par la institución del Justicia de Aragón, dans la collection "El Justicia de Aragón" (le responsable de cette institution, D. Fernando García Vicente, en a écrit la préface).

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