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le calice des unitariens

chaque communauté unitarienne arbore un blason ou un logo. Voici celui des unitariens qui sont regroupés au sein de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Voir sur son site à la rubrique "le calice des unitariens"
http://afcu.over-blog.org/categorie-1186856.html


 

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18 novembre 2008 2 18 /11 /novembre /2008 02:56

par Jean-Claude Barbier, extraits de l’introduction au 11ème Cahiers Michel Servet Au risque de me perdre ; la foi (de retour ?) pour un ancien prêtre qui, désormais, assume son homosexualité 1967-2008, par Michel Bellin (écrivain) ; Itinéraires spirituels tome II, 24 p. + couverture, octobre 2008

Alors que la tradition évangélique nous livre un Jésus accueillant les mal aimés de son époque – les petits enfants, les femmes, y compris celles qui sont prostituées ou adultères, les éclopés, les aveugles, les lépreux, et puis les percepteurs d’impôt d’autant plus impopulaires qu’ils collaboraient pour César, ou encore les étrangers en la figure de la Samaritaine et du centurion romain de Capharnaüm, nombre de chrétiens d’aujourd’hui et nombre de leurs Eglises se réfugient derrière des critères discriminants : le non accès des hommes mariés, des femmes et des homosexuels au sacerdoce et aux fonctions ecclésiales dirigeantes, le non accès au mariage pour les homosexuels.


Les fondamentalistes s’en donnent à cœur joie en citant les nombreux versets bibliques reléguant les femmes à leur rôle traditionnel et accusant les homosexuels du plus grand des péchés. Lourd héritage pour tous ceux qui proclament, à l’encontre de l’exégèse historico-critique, que la Bible est la Parole de Dieu – alors qu’aucun auteur de cette magnifique bibliothèque n’a eu une telle audace !


L’Eglise auraient-elle perdu le souffle de ses fondateurs ? Force est de constater que sur ces questions, les conservateurs l’emportent : que de contorsions, que d’hésitations, que d’hypocrisies ! Les femmes, grâce à leur persévérance, ont désormais accès au rabbinat dans certains milieux juifs, aux charges pastorales et sacerdotales (à condition de choisir son Eglise !) et à l’épiscopat dans certains milieux chrétiens ; il en sera peut-être / sans doute de même, plus tard, pour l’imamat dans certains milieux musulmans. En attendant l’évolution des mœurs, les homosexuels portent sur eux les malédictions de la Bible juive ; ils en sont meurtris, du moins pour les plus jeunes d’entre eux et les non déclarés.


Les Eglises conservatrices, lorsqu’elles ne mettent pas en avant les versets bibliques, arguent que la question divise leurs ouailles, qu’il faut avancer avec prudence pour ne pas choquer les consciences, et patati et patata. Et c’est vrai que la communion anglicane, par exemple, se trouve pratiquement scindée entre conservateurs et progressistes depuis qu’un évêque américain a été élu en proclamant haut et fort son homosexualité ...

Hormis les Eglises très libérales qui ont pris fait et cause en faveur des homosexuels, comme par exemple les Eglises unitariennes-universalistes, le clivage conservateurs / progressistes traverse toutes les communautés religieuses. Il s’ensuit bien souvent une paralysie au nom du consensus nécessaire à la bonne entente, au nom de l’unité des croyants, au nom du respect de fidèles qui ne peuvent pas tout comprendre et qu’il faut préserver (indéfiniment ?) … et au détriment de la recherche de la vérité.


Alors faut-il s’enfermer dans cette absence de dialogue, dans ce rapport de force interne et souvent non dit, dans des argumentaires ressassés, ou bien ne faudrait-il pas poser les problèmes autrement ?


Aux conservateurs qui mettent en avant Dame Nature et les ingénieux mécanismes biologiques qu’elle a su mettre à la disposition de la nécessaire reproduction des espèces, ne faudrait-il pas rappeler que, du moins chez les êtres humains, l’orientation sexuelle adéquate à cette fonction n’est pas réussie à 100% . Force est de constater que, naturellement, certaines personnes se découvrent homosexuelles. Elles sont les premières à en souffrir. Il ne s’agit donc pas d’y ajouter une stigmatisation morale car l’éthique n’a rien à voir à ce niveau, les homosexuels n’étant ni plus ni moins moraux que les autres. Au même titre que les hétérosexuels, ils ont leurs fantasmes, leurs pratiques érotiques, leurs perversités ... et aussi, ne l’oublions pas, leurs amitiés fidèles et leurs amours romantiques.


Rappelons aussi que nos Eglises sont, somme toute, des institutions bien humaines, bien faillibles pour reprendre un terme catholique. Faut-il donc les sacraliser au nom du corps mystique du Christ ou bien d’une filiation apostolique qui resterait exclusivement masculine ? En quoi une femme ou un homosexuel serait-il moins bon dirigeant ? Dans nos sociétés modernes, ce sont désormais les qualités de la personne qui comptent, avant son genre, ses appartenances liés à la naissance ou son statut et rang social. La méritocratie va de pair avec la démocratie.


Enfin quelle présomption de la part des communautés religieuses de vouloir encore légiférer nos statuts matrimoniaux. Le mariage, du moins pour un pays comme la France, n’est plus l’affaire des religieux mais des mairies. C’est devant la société civile que les couples s’engagent à fonder une famille et c’est devant la Justice que les séparations et divorces peuvent être prononcées. Le rôle des acteurs religieux est tout simplement de proposer un accompagnement spirituel à la demande des couples qui le souhaitent.


C’est donc à la société civile, entre autres aux partis politiques, de débattre des formes de statut matrimonial, de la politique familiale à mettre en œuvre pour favoriser le bon renouvellement de la population, de l’adoption des enfants, des pratiques contraceptives à conseiller, des conditions pour avorter en cas de difficulté majeure (médicale ou sociale), etc. Sur toutes ces questions, les avis sont divers et contradictoires au sein d’une même communauté religieuse : en tant que telles, ces communautés ne peuvent s’engager au nom de leur troupe, ni d’un côté (le cléricalisme de Droite) ni de l’autre (le cléricalisme de Gauche) sans que ce soit manifestement un abus de confiance vis-à-vis de leurs membres, une confiscation de leur liberté de pensée.


Aux acteurs religieux, les cérémonies qui accompagnent les moments de nos vies, nos joies et nos peines. Qu’ils ne s’en plaignent pas puisque c’est la meilleure part, celle de Marie, sœur de Marthe et de Lazare " Car Marie a choisi la bonne part , qui ne lui sera pas enlevée "
(Lc 10, 42).

C’est bien entendu la fin d’un Dieu législateur, celui de Moïse, de Mahomet et d’autres fondateurs de religions. Mais, déjà, Jésus n’avait-il pas dit que la Loi est au service de l’homme et non pas l’inverse ?


[…] N’est-ce pas cette recherche de la vérité jusqu’au bout, avec intransigeance, sans compromis, sans négociation, qui est au cœur des évangiles ? Avons-nous peur des excès que réserve une telle exigence pour que nous nous arrêtions en chemin, au milieu du gué, pusillanimes ? Que sont les chrétiens et leurs Eglises s’ils n’osent ? où est, aujourd’hui, le sel de la terre ?


A la suite d’un Michel Servet (1511-1553) au destin si tragique et solitaire, puisqu’il fût brûler vif à Genève sur un bûcher de l’inquisition calviniste, la tradition unitarienne n’a eu de cesse de scruter les Ecritures avec les moyens dont dispose l’intelligence humaine : la raison et la philosophie, les sciences en progrès, la découverte du monde, l’appréhension globale de l’homme. De nos jours, avec l’unitarisme-universalisme, elle élargit cette quête dans le sens de l’universel à l’ensemble des religions et des sagesses de l’Humanité. […]


Allons nous jusqu’au bout de nous mêmes ?

Les "Cahiers Michel Servet" sont des documents, cours didactiques, actes de journée(s) ou de colloque, débats ou dossiers thématiques, etc., publiés par le réseau francophone Correspondance unitarienne ( correspondance.unitarienne@wanadoo.fr ). Contact : Jean-Claude Barbier, Résidence Les Saules, bât. C1, avenue du Maréchal Juin, F-33170 Gradignan, tél. 05 40 32 56 12. Le prix au numéro est de 5 euros (paiement par chèque, timbres tarif économique ou billets). 

 

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