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le calice des unitariens

chaque communauté unitarienne arbore un blason ou un logo. Voici celui des unitariens qui sont regroupés au sein de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Voir sur son site à la rubrique "le calice des unitariens"
http://afcu.over-blog.org/categorie-1186856.html


 

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21 octobre 2008 2 21 /10 /octobre /2008 12:46

Article " Liberal Protestantism "de la SpeedyLook encyclopedia, http://www.speedylook.com, traduit en français par Marie-Claire Lefeuvre.
Les ajouts [ndlr] sont de La Besace des unitariens

Le protestantisme libéral est né de la ligne théologique qui part de Friedrich Schleiermacher (1768-1834) et d’Adolf von Harnack (1851-1930) et en particulier de la révolution exégétique du XIXème siècle, où se sont illustrés Albert Ritschl (1822-1889) et Ernst Troeltsch (1865-1923) qui  a renouvelé la lecture de la Bible.
Ses vulgarisateurs : en Allemagne, le pasteur Frenssen Gustav (1861-1945) (dont le Dorfpredigten fut vendu à 54 000 exemplaires) et, en France, le pasteur Charles Wagner (qui décède au moment où il est invité à présenter sa candidature à l'Académie française).

Toutefois, son certificat de naissance est contresigné par trois parrains : 
- Heinrich Eberhard Gottlob Paulus, Das Leben Jesu als Grundlage einer Geschichte reinen de Urchristentums, en 1828,
- David Friedrich Strauss, le Christ de la foi et le Jésus de l'histoire, en 1865,
- Ferdinand Christian Baur
critique pour Untersuchungen über die kanonischen Evangelien, Verhältniss ihr zu einander, votre caractère et Ursprung, en 1847.
Une chronologie donnant un meilleur aperçu culturel et religieux de l'époque se trouve dans l'article de notre encyclopédie portant sur la "Crise moderniste".  On peut, en effet, considérer que le protestantisme libéral a causé deux réactions : dans le catholicisme, c’est la crise moderniste ; et dans le protestantisme, ce sont les mouvements du Réveil qui, au cours du Colloque du Niagara donneront naissance au fondamentalisme.

Dans l'article présent, on se rendra compte de la dimension européenne de ce mouvement dont la liberté d'expression est née suite à la publication des travaux ci-dessus, mais dont les sources intègrent les courants de pensée qui résultaientt de la Philosophie des Lumières et de l'Encyclopédie, et parfois, remontant à la Réforme.
Dans une certaine mesure, dans le protestantisme, la tension est constante entre le libéralisme et le Fondamentalisme : tout en donnant toute autorité morale à la foi dans la Bible - il s'agit d'un fondamentalisme -, mais en critiquant l'institution liée à l'église et à tout Magistère - il s'agit d'un libéralisme.

Depuis la deuxième guerre mondiale, le protestantisme libéral est surtout présent dans les Églises réformées ; on note toutefois une association luthérienne libérale fondée à Strasbourg [ndlr : l’Union protestante libérale] et actuellement présidée par le pasteur Ernest Winstein.

Caractéristiques

- Il est généralement très attaché au dialogue de la religion avec la culture, et, selon ses adversaires, il relativiserait la première place donnée à la Bible.
- Il présente quelques orientations particulières : en son centre, certaines sont reconnues proches de l'unitarisme, parfois du catharisme.
- Il confesse volontiers l'universalité du Salut en raison d'une perception plutôt optimiste de l'homme et de la civilisation.
- Il vise un idéal de vie qui, pour Ritschl, revient à un christianisme opérationnel dans le monde.
- Il critique les règles orthodoxes, les croyances ecclésiastiques et les pratiques
, les appareils et leur capacité normative.
- Il est un chaud partisan du dialogue inter-religieux , du pluralisme et de la laïcité : l'une des premières théories de la séparation de l'Église et l'État a été formulée dans le livre de Castellon Contre le fait de M. Calvin puis reformulée par Alexandre Vinet quand il était en Belgique.

Il a été en France l'un des artisans de la loi de 1905, avec Wilfred Monod, Athanase Coquerel, tandis que Felix Pecaut, Charles Wagner et Ferdinand Buisson sont intervenus dans la construction de l'Ecole publique. Aujourd'hui, la théologie du Process d’ Alfred North Whitehead et de John B. Cobb l’intéresse.


Parcours européen : e
n Allemagne,

Le protestantisme libéral y assume l'héritage du passé et doit relever le défi de la théologie dialectique.

Le 30 sept 1863, fondation à Francfort de la Deutsche Protestantverein, qui s’est donné pour objet, " la restauration de l'Eglise protestante conformément à l'esprit évangélique de liberté et à l'évolution culturelle de notre temps ".

En 1887, fondation du journal luthérien Die Welt Christliche qui voulait se faire l'écho des trois grands courants de théologie en Allemagne, à savoir un protestantisme orthodoxe (par exemple celui d’Erlangen, ville de Bavière)), un protestantisme traditionaliste lié aux affaires, enfin un protestantisme libéral comme celui de Tübingen. Son directeur est Martin Rabe, un ami d'Adolf Von Harnack, le journal devient rapidement le porte-parole du seul protestantisme libéral. Ses maîtres mots sont :
- Contre le cléricalisme et le dogmatisme,
- Pour la liberté de conscience et de la recherche,
- Pour la promotion d'un protestantisme largement ouvert aux problèmes du monde moderne, prenant notamment en compte la désaffection des masses populaires et les progrès de la libre-pensée socialiste.

Dans une conférence sur "la situation présente le protestantisme", Harnack déclare : "la vieille foi évangélique doit donc être formulée dans un langage nouveau et simple, celui de notre temps "

Le piège nationaliste -
En s’imprégnant de la modernité, la théologie est immergée dans l'esprit du temps. C’est la Kulturprotestantismus à laquelle on laisse gagner du terrain, mais qui peut mener à des engagements contestables comme le traditionalisme luthérien avec la foi en la guerre. En août 1914, la proclamation des 92 intellectuels allemands qui soutiennent la politique belliciste (policy warmonger) de Guillaume II sera signée par le libéral Harnack et par quelques autres théologiens.

Karl Barth (1886-1968) y découvre presque le nom de tous ses maîtres et déclare que la théologie du XIXème siècle n'a plus d'avenir. Pour lui, la théologie dialectique qu'il prône est une théologie en crise, en rupture avec la théologie libérale au point de fonder une nouvelle orthodoxie. En 1934, Barth et Niemöller seront les principaux rédacteurs de la Confession de foi de Barnem, celle de l'Église confessante ; c'est-à-dire de la minorité protestante qui résiste au nazisme. La majorité conservatrice compromise avec le nazisme, est illustrée par Sigrid Hunke.

Peu de temps après la guerre, Barth blâmera la théologie libérale, à ses yeux compromise, et ainsi disqualifiée. Sa résistance auréolée, le barthisme prendra le pouvoir au niveau des autorités ecclésiastiques et s’opposera au courant libéral actuel. C'est ce que montre Jean Baubérot dans son étude : Emergence d'une nouvelle orthodoxie au 20 e siècle (1991).

Bernard Reymond, théologien suisse de Lausanne, dénonce l'interprétation barthienne qui blâme la théologie libérale dans son attitude vis-à-vis du nazisme, dans son travail : "Une église à croix gammée ? Le protestantisme allemand au début du nazisme" (1980) :
"loin d'être le repère des théologiens libéraux, le mouvement " chrétiens-allemands " n’en a probablement compté qu’un groupe parmi bien d’autres  ; d'autre part, ce mouvement a rassemblé plus d’un orthodoxe, tandis que plusieurs théologiens libéraux - et non des moindres (tel Hans von Solen) - ont rejoint l'Eglise confessante".

Pour s’imposer Barth a mis entre parenthèses les conditions culturelles du développement de son message et la plausibilité culturelle du message chrétien. Peu à peu, les questions proprement libérales prennent à nouveau de l'influence et, si l'on en entend moins parler, c'est qu'elles ont imprégné tous les courants théologiques parmi lesquels l'après-barthisme, dont firent partie certains compagnons de voyage du théologien ; lui-même choisit de terminer sa carrière par des textes strictement libéraux: " Parole de Dieu, parole humaine ", et par un travail inachevé : la " création artistique " entant que réponse de l'homme à la création du monde par Dieu.

De nos jours, l
e protestantisme libéral allemand s’exprime dans le périodique bi-mensuel : "Freies Christentum. Auf der Suche nach ( Le christianisme libéral. A la recherche de nouvelles voies).

en France,

Ce courant existe tout au long du XIXe siècle.
Ouvrirent la route Thimothée et Antoine Colani (orateur remarqué du Synode de 1872) et Félix Pécaut, plus connu car il fut l'un des proches de Ferdinand Buisson, fondateur du parti radical de gauche (tous deux ont été particulièrement actifs dans la fondation de l'Ecole publique et la création du mouvement féministe). Dans une large mesure, Félix Pécaut, après un court passage dans le ministère pastoral (il refusa de lire le Symbole des Apôtres ...) va hésiter entre le protestantisme libéral et le christianisme théiste.

En théologie, le protestantisme libéral fut également développé à partir de 1872 en France par Charles Wagner (luthérien), fondateur à Paris du Foyer de l’âme en 1907. Il insiste sur la liberté de la foi individuelle, et la supériorité de celle-ci sur les doctrines de les Églises. 
Il refuse le principe des confessions de foi et d'autres textes provenant de systèmes symboliques institutionnalisés et à valeur universelle. Il se méfie du rituel et attache une importance secondaire aux sacrements. En France, ce protestantisme libéral est influencé dans ses orientations théologiques par l’Ecole de Strasbourg et sa célèbre revue. Il se caractérise assez bien par cette réflexion du pasteur Charles Wagner : "Je me méfie de la foi de ceux qui ne respectent pas la foi des autres".

Grosso modo, on peut résumer ces orientations de la manière suivante, en suivant Pierre-Jean Ruff qui fut pasteur du Foyer de l’Âme :
- La vocation de la foi chrétienne à conduire à la Liberté fait de l’ombre à la capacité des Eglises au sujet de l'efficacité de leurs sacrement.
- Dieu est Dieu et il est le seul Dieu ; ceci remet en question la Trinité et la divinité de Jésus. C’est l'affirmation des Eglises unitariennes.
- Jésus sauve, mais par un sacrifice qui n'est que moral et symbolique (et non pas par celui de la religion sacrificielle, avec l’orientation sacramentelle).
- les Eglises sont nécessaires au niveau des moyens et non de la finalité ; le spirituel doit l'emporter sur le rite. "L'Église a pour mission essentielle d'offrir un cadre ouvert où l'on puisse se ressourcer spirituellement. Quand l'Église adhère superstitieusement à la lettre, elle se disqualifie" Henry Babel (Théologie de l'énergie, Baconnière, 1967).

Ce Protestantisme libéral en France n'a pas d’un seul coup émergé au XIXème siècle ; il représente la version contemporaine d'un débat qui, par des vecteurs culturels et historiques différents, a marqué tous les âges de la foi chrétienne.

L'Ecole de Paris : Louis-Auguste Sabatier insiste sur le caractère symbolique systémique des croyances tandis qu’Etienne Mennegoz définit cette Ecole comme symbolico-fidéiste : "la foi, indépendamment des croyances, mais pas sans les croyances". Les doctrines toujours indicatives, approximatives, ont pour avenir leur disparition.

Dans ce courant, on peut nommer Albert Schweitzer (1875-1965), lequel questionne la toute-puissance et l'omniscience de Jésus : "Beaucoup de personnes sont scandalisées à l'idée que le Jésus historique puisse être considéré comme capable d'erreur parce que le Royaume de Dieu surnaturel dont il a annoncé l'arrivée ne s’est pas révélé ... Jésus est pour toujours allégé de cette omniscience". Et puis, Wilfred Monod (1867-1937), auteur du "Problème du Bien",
André Numa Bertrand (1876-1946), Albert et Jean Réville, Wautier d'Aygallier, Georges Marchal et Elie Lauriol.

L'une des plus remarquables réalisations de l'École de Paris consiste à avoir mis en oeuvre le repli de la faculté de théologie de Strasbourg à Paris pour fonder l'Institut de théologie protestante et pour ouvrir une formation pour les pasteurs luthériens et les pasteurs réformés depuis 1873.

La laïcité : on ne comprendrait rien au protestantisme libéral si l'on oubliait le rôle central joué par des personnalités telles que Ferdinand Buisson et Félix Pécaut dans leur volonté de créer une religion moderne, laïque, certainement d’inspiration protestante, mais ouverte à tous les courants spirituels. Combien de groupes engagées ? Et combien de femmes et d'hommes libres ont-ils été formés ? Cherchez sur Internet et vous verrez les œuvres, réalisées ou en germe : à Fontenay-Aux-Roses, le baccalauréat ouvert aux jeunes filles, le Parti radical de gauche, la première Eglise chrétienne libérale, la lutte pour le théisme chrétien ... et, allez voir leurs descendants : la planification familiale, entre autres ...

De nos jours le protestantisme libéral [francophone] s’exprime dans la revue Evangile et Liberté (plus de 150 ans d'existence), la revue Théolib (fondée en 1998) ; les éditions Fischbacher et les éditions Van Dieren revendiquent aussi cette orientation. On compte aussi parmi les théologiens actuels des enseignants en théologie, comme André Gounelle, Laurent Gagnebin, Raphaël Picon et des héritiers de familles camisardes comme Christian Mazel. Depuis 1938, certaines paroisses de tendance libérale, dont deux situées à Paris, le Foyer de l’âme et l'Oratoire du Louvre, font partie de l’ERF.

en Belgique,

L'Église réformée de l'Alliance a été créée en 1888.  [Un siècle plus tard], en 1983, l'Association libérale LOCUSTE [ndlr : ?] fonde, en 2001, la Fraternité protestante libérale unitarienne Profils de libertés [ndlr : NON ! en fait, ouverture du site " Profils de liberté " à l’initiative de Pierre Bailleux, par ailleurs pasteur à l’Eglise réformée de l’Alliance, et sous le patronage du Centre de recherche et d’information sur les questions théologiques, éthiques et sociales – CRIQUETS, asbl ].

en Suisse,

Le mensuel : " Le Protestant " dont l’éditeur est le professeur Bernard Reymond [ndlr : depuis c’est Thierry Laus, professeur à la faculté de théologie de Lausanne].

et en Grande-Bretagne

Le débat autour de Honnête envers Dieu de John AT Robinson, évêque de Woolwitch et du Guide pour débattre de Dieu de David Jenkins

Pour de plus amples informations sur le protestantisme libéral, consulter l’article " Le libéralisme théologique " et les notices rédigées dans l’encyclopédie sur Louis-Auguste Sabatier
, Paul Tillich, Charles Hartshorne, John Hick.  Voir aussi les ouvrages suivants :
- Pierre-Jean Ruff Le protestantisme libéral, nouvelle édition, Théolib 2005.
- Patrick Cabanel, Le Dieu de la République
- l'histoire des religions, le libéralisme religieux à l’Université libre de Bruxelles
- Felix Pécaut, L’avenir du théisme chrétien considéré comme religion, réédité par Théolib en 2007

- Théolib, revue trimestrielle de libéralisme théologique, www.theolib.com
- Marie-Claire Weber-Lefeuvre, Etude des Evangiles. Suivi de: Les Evangiles et l'écologie, Les éditions de l'Harmattan 2006 - collection " Chrétiens autrement " .

Pour la théologie du Process,
voir Alfred North Whitehead et Charles Hartshorne sur les sites
d'Evangile et liberté, des éditions Van Dieren et de Theolib.
 
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