"Les Réformateurs d’avant le XVIème siècle", par Jean-Claude Barbier, contribution à la séance du lundi 16 mai 2011 du "Groupe Religions" du Réseau d’échange réciproque des savoirs (RERS) de Malartic, Gradignan, département de la Gironde, animée par Bernard Périllat. Source principale d’information : articles de l’encyclopédie en ligne Wikipedia.
« Pré-réformateurs » et « réformateurs ».
Certains historiens traitent les réformateurs antérieurs à Martin Luther de pré-réformateurs, signifiant par là que la Réforme commence avec les 95 thèses que celui-ci placarda en 1517 sur la porte de la cathédrale de Wittenberg. C’est là une vision tout à fait « protestante » qui reporte au second plan les réformateurs antérieurs et qui occultent ceux qui, néanmoins, restèrent fidèles à l’Eglise romaine. Or, l’étude des « pré-réformateurs », entre autres Pierre Valdo / Valdès (vers 1130-vers 1217), John Wyclif (vers 1320 – 1384) et Jan Hus (vers 1370 – 1415), montre combien les thèmes débattus sont pratiquement les mêmes et sont nettement affirmées
Si bien que la différence n’est pas tant thématique, étant entendu que chaque réformateur peut avancer des thèses qui lui sont particulières en plus des thématiques générales, qu’historique. La grande nouveauté est en effet l’invention de la typographie vers 1440 par l’imprimeur Johannes Gutenberg et la publication, en 1455, à Mayence, de la première bible imprimée. Dès lors, les nouvelles idées se diffusent à plus grande vitesse et touchent de plus en plus de monde.
La différence, c’est aussi que, mieux protégés par des princes et des cités acquis à leur cause, les deux principaux réformateurs du XVIème siècle, Martin Luther et Jean Calvin, vont désormais pouvoir résister aux efforts de Rome et des autorités temporelles qui lui sont restés fidèles, et pouvoir diffuser leurs mouvements à grande échelle.
La même optique « protestante », très réductrice, va d’ailleurs également jouer quant à la liste des réformateurs du XVIème siècle, trop souvent limitée aux seuls réformateurs qui ont vraiment « réussi » ; ceux qui ont pu non seulement résister à Rome mais aussi diffuser leur foi à grande échelle, à savoir Martin Luther (1483-1546) et Jean Calvin (1509-1564). Cet éclairage privilégié s’est fait au détriment des réformateurs qui insistèrent sur d’autres thèmes, notamment les anabaptistes, les anti-trinitaires, et les spiritualistes allemands.
Compte tenu des continuités thématiques entre tous ces réformateurs, il nous paraît plus simple d’adopter une distinction chronologique qui n’implique aucune différence de valeur ; les réformateurs du XVIème siècle pouvant toutefois être qualifiés de « protestants » au sens large du terme.
Quels sont les principaux thèmes réformateurs qui vont émerger à partir de la seconde moitié du XIIème siècle ?
1° - une réaction contre les richesses temporelles de l’Eglise et le train de vie mondain des prélats ; le rappel de la pauvreté évangélique
2° - une réaction contre la dépravation des mœurs des clercs ; le rappel de la sainteté nécessaire à toute autorité ecclésiale
3° - le rappel de la non violence évangélique
4° - la promotion des langues locales pour les prêches et la lecture de la Bible
5° - la critique de la transsubtantiation érigée en dogme par le 4ème concile de Latran en 1215 et qui limite la communion du vin aux seuls clercs
6° - la critique des indulgences
7 ° - la distinction entre la dimention spirituelle de l’Eglise du Christ et sa réalité institutionnelle.
8° - passer outre aux condamnations papales et faire Eglise dissidente
à suivre ...