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le calice des unitariens

chaque communauté unitarienne arbore un blason ou un logo. Voici celui des unitariens qui sont regroupés au sein de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Voir sur son site à la rubrique "le calice des unitariens"
http://afcu.over-blog.org/categorie-1186856.html


 

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28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 15:47

suite de l'article précédent


La figure de Michel Servet Conesa (Villanueva de Sigena 1511 -? Genève 1553) a toujours attiré la polémique et l'inquiétude. Les catholiques espagnols les plus traditionnels, comme Menendez Pelayo, l’admiraient à contrecoeur comme un Espagnol dont on savait qu’il était mort des mains de l’hérésie calviniste, mais ses visions religieuses hétérodoxes les incommodaient. Les libres penseurs le revendiquèrent comme médecin et scientifique sacrifié par l’intolérance religieuse, mais ne comprirent jamais pourquoi la description la plus remarquable de la petite circulation du sang, qui a atteint une renommée mondiale, se trouvait dans un livre de théologie et de physiologie. Déroutés les uns les autres par une figure qui ne répondait pas à leurs attentes respectives, les études sur Servet, pendant de nombreuses années, se limiteront généralement à une seule narration biographique. Le manque d’éditions de ses oeuvres traduites en espagnol, en particulier son magnum opus, le Restitutio Christianismi de 1553, a contribué à concentrer les études sur sa personne, en ignorant son travail.

 

Aujourd'hui, nous ne pouvons plus nous contenter seulement de l'étude de sa vie, de ses voyages et de ses péripéties. Il est impératif d’avancer dans l'étude de son œuvre et de l'insérer dans le contexte tourmenté dans lequel il a été forgé : l'Europe du XVIème siècle qui vient de s’entredéchirer avec la Réforme. Contribue à cet effort la récente publication des Œuvres complètes, entreprise par la Diputación General de Aragón, sous la supervision du Dr Angel Alcala et l'approbation de l'Institut des études «Miguel Servet», qui occupe la maison natale de Servet dans la ville monégrine de Villanueva  Disposer du texte intégral des œuvres servètiennes,  c’est, en plus du plaisir pour lecteur et le chercheur, un grand privilège qui fut réservé à quelques uns seulement  au cours des siècles, car de nombreux livres de Servet furent brûlés. Ainsi y eut-il beaucoup de malentendus et de calomnies jetés sur cet auteur.


Comment comprendre ce qui a pu pousser un homme si intelligent et bien versé dans les questions théologiques comme Melanchthon, assistant et successeur de Luther à la tête de la Réforme allemande, de dire, en 1556, qu’en Pologne se diffusait « l'enseignement servètien, c'est à dire , mahométan » (Baron, 1989, p. 435, en citant Camerarius, Opera Melanchtonis, VIII.). Une simple ignorance de l'œuvre de l'hérétique aragonais, ou bien le désir implicite ou intentionnel de déformer ses enseignements ? Trois ans seulement après sa mort, la doctrine de Servet souffrait déjà de déformations et d’interprétations partisanes d'une telle ampleur, si bien que très peu étaient, souvent au péril de leur vie, en mesure de transmettre cet enseignement à d'autres esprits insatisfaits et en rupture avec la doctrine enseignée par les Églises établies. En outre, l’auteur ne pouvait plus se lever pour répondre à ses détracteurs et il ne restait plus que quelques uns de ses livres qui purent être sauvés des flammes ; enfin ceux qui auraient pu parler haut et fort ne pouvaient oser le faire..


Qu’elle était relation réelle entre la doctrine servètienne et l'islam ? Si nous écartons la réponse simpliste de Melanchthon, qui assimilait l’anti-trinitarisme à l’islam, qu’elle était alors l'approche qu’adopta le génie d'Aragon, et dans quelle mesure elle était originale, voire choquante pour l'époque? En quelle considération tenait-il l'islam et comment il pourrait l'intégrer dans sa théologie et dans sa construction de la réalité ?


Pour ce faire, nous allons voir d'abord comment le contexte du XVIe siècle en Europe conditionne la façon dont on considère l’islam en Occident, puis nous verrons comment la religion musulmane se reflète dans les travaux de Servet, notamment en ce qui concerne son livre sacré, le Coran, et comment l'auteur l’évalue à la fois son œuvre et pendant le procès à Genève, qui le condamna à mort. Enfin, nous en extrairont certaines conclusions quant à la vision que Servet avait de l'islam.
 

à suivre ...

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