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le calice des unitariens

chaque communauté unitarienne arbore un blason ou un logo. Voici celui des unitariens qui sont regroupés au sein de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Voir sur son site à la rubrique "le calice des unitariens"
http://afcu.over-blog.org/categorie-1186856.html


 

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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 18:18

LELIO ET FAUST SOCIN : FONDATEURS DU SOCINIANISME, LEURS VIES ET LEUR THEOLOGIE, par Marian Hillar, publication initiale dans "The Journal from the Radical Reformation. A Testimony to Biblical Unitarianism." (part. I, vol. 10, n° 2, 2002 ; part. II, vol. 10, n° 3, 2002). Pour en savoir plus sur l’auteur, voir son site ( lien)
Article traduit en français par Christian Collas. Le découpage de l’article en pages est de la rédaction de La Besace des unitariens.

Introduction

On considère que Lelio Socin (Laelius Socinus) est le fondateur du mouvement intellectuel anti-trinitaire et Faust Socin (Faustus Socinus) le théoricien principal de l'Eglise unitarienne (socinienne) en Pologne. Ils appartiennent, respectivement, à la première et à la deuxième génération des réformateurs italiens (1).


Faust Socin était issu de la deuxième génération des réfugiés religieux italiens qui, au contraire de la première génération, était composée d'individus isolés du reste des émigrants italiens à la recherche d'un endroit sûr pour vivre et affirmer leurs convictions religieuses. Ils ont trouvé cet endroit en Pologne et en Transylvanie. Ils ont réussi à trouver des communautés accueillantes et à y gagner une certaine reconnaissance. De toute façon, ils ont toujours refusé d'être considérés comme des hérésiarques ou comme des leaders de groupe ; ils préféraient se considérer comme enseignant d'une méthode d'enquête destinée à comprendre les Ecritures.


(1) Delio Cantimori, Eretici italiani del Cinquecento. Ricerche storiche (Firenze: Sansoni, 1967).

La Réforme contre la Réforme radicale

La Réforme, initiée par Martin Luther en 1517, avait des objectifs très limités, il s'agissait de s'opposer au pouvoir du pape - aussi bien son pouvoir politique que son pouvoir discrétionnaire dans l'Eglise -, et de redresser la corruption morale de l'Eglise. Corriger les standards moraux de l'Eglise signifiait : abolir tous les schémas religieux destinés à faire de l'argent (comme le système des indulgences), abolir la persécution de la pensée libre en matière religieuse (les hérétiques), et abolir beaucoup de décrets qui étaient clairement prévus pour contrôler la société et les individus.
 
Malheureusement, au fur et à mesure que les Eglises réformées gagnaient en puissance, les nouveaux leaders oublièrent leurs buts initiaux et, ayant goûté avec délectation au pouvoir, ont suivi le même chemin que ceux qu'ils avaient condamnés initialement. Ils ont rapidement aboli la liberté de pensée religieuse, introduit leur propres méthodes d'inquisition, et persécutés tous ceux qu'ils considéraient comme n'étant pas conformes à leurs propres dogmes et à leurs pensées religieuse et politique.

Mais, à l'intérieur de la Réforme, il existait un autre courant que l'on a appelé la Réforme radicale qui était le produit de beaucoup d'intellectuels, quoique que cette pensée n'ait pas atteint chez tous le même degré de sophistication et d'avancement. Ce mouvement comportait deux variantes : a) le mouvement anabaptiste qui mettait l'accent sur la conduite morale, le combat contre l'injustice sociale et le retour au mode de vie communautaire qui était celui de l'Eglise chrétienne à ses origines ; b) le mouvement anti-trinitaire ou unitarien qui était issu des tendances évangéliques et rationalistes et se donnait comme objectif l'analyse de la doctrine chrétienne dans son entièreté ainsi que la recherche de sa signification originale dans l'Ecriture.

Le terme Réforme radicale a été introduit par George Huntston Williams (2) pour décrire les mouvements qui sont allés au delà des réformateurs de Wittenberg et ont tendu à la restauration de l'Eglise apostolique primitive. Les tenants de ce mouvement radical reprochaient aux principaux réformateurs leur immobilisme en tenant séparée la réforme religieuse et la réforme politique. Ils voulaient étendre la Réforme théologiquement et sociologiquement jusqu'à la transformation de l'Homme et du monde. Dans l'atmosphère de tensions eschatologiques de l'époque, leurs espoirs s'exprimaient souvent dans l'attente imminente du royaume de Dieu.


(2) Williams, George Huntston, Radical Reformation (Philadelphia : Westminster Press, 1962).

 

Ces deux mouvements internes à la Réforme radicale n'étaient pas clairement séparés et ils se sont recouverts de manière significative. Ils ne pensaient pas tous d'une manière uniforme mais avaient au moins une caractéristique commune : une tendance à séparer l'Eglise du pouvoir temporel. Le mouvement anabaptiste ne dérivait pas tant de différences théologiques avec les réformateurs de Wittenberg que de désaccords sur la politique sociale. Quoique initialement, dans ses écrits, Luther ait visé la réforme de la société séculière et de son ordre, il était confronté d'un côté à la foi profonde et aux exigences des anabaptistes qui dérivaient de l'Evangile authentique, et de l'autre avec les paysans révolutionnaires. Il trouva un secours dans l'autorité de l'Ancien testament et appela les dirigeants du temps à mettre en œuvre le pouvoir qui leur avait été donné par la volonté divine. Thomas Münzer (né autour de 1490 à Stolberg-sur-le-Harz, mort exécuté après le massacre de Frankenhausen le 27 mai 1520) et ses partisans, ainsi qu'une grande variété de groupes qui se sont développés plus tard, ont représenté la tendance anabaptiste qui mettaient l'accent sur l'application des doctrines chrétiennes à la vie sociale. Il est décrit comme "théologien et révolutionnaire, un tout" (3).


(3) Goertz, Hans-Jürgen, “Thomas Müntzer. Revolutionary in a Mystical Spirit.” p. 43 ; dans Goertz, Hans-Jürgen, ed., Klaassen, Walter, Profiles of Radical Reformers. Biographical Sketches from Thomas Müntzer to Paracelsus. (Kitchener, Ontario, Scottdale, Pennsylvania : Herald Press, 1982).

Le mouvement anti-trinitaire a résulté d'un conflit théologique plus grand sur l'interprétation et la signification de l'Ecriture. Ce mouvement a trouvé ses formes les plus avancées dans l'Eglise unitarienne qui s'est développée en Transylvanie et en Pologne, appelés unitariens, Eglise mineure, Frères polonais, ariens, et sociniens. Ce dernier nom dérive du nom de Faust Socin (Fausto Sozzini), le théologien italien et universitaire qui a systématisé la doctrine des Frères polonais. Ses écrits ont été compilés en une édition de neuf volumes publiée à Amsterdam en 1656 comme les volumes 1-2 de la Bibliotheca Fratrum Polonorum (Bibliothèque des Frères polonais). Beaucoup de ses autres œuvres ont été publiées à  Raków ou à Cracovie (Kraków).

à suivre ...

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commentaires

M
Un article à la fois succint et passionnant. qui montre que la réforme radicale edst absolument contemporaine de la "Grande Réforme " luthéro-calviniste qui en a minoré l' importance. J' attends avec impatience la suite de cet article.
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