par Maurice Causse, suite des pages précédentes ...
Les recherches récentes sur les origines de l'islam s'orientent vers une résurgence de l'arianisme, dont il ne se distingue vraiment qu'à partir du IX°siècle. De l'islam, la culture française de base connaît trois dates ou personnages :
1. Mahomet a fondé l'islam avec l'Hégire en 622 et enseigné le Coran.
2. Charles Martel a battu les Arabes à Poitiers en 732.
3. Charlemagne, couronné empereur à Noël en l'an 800, correspondait avec le calife Haroun ar-Rachid.
Si maigre soit-il, ce squelette d'histoire dit déjà pas mal de choses. On peut lui donner chair et couleurs.
Le prophète Mahomet
Toute cette histoire est à revoir de fond en comble. On a contesté jusqu'à l'existence du prophète Mahomet, ou Mohammed. Il en résulte deux problèmes. D'abord cette mise en cause scandalise les musulmans, et chacun sait que cela ne va parfois sans danger. Le seul moyen, à mon sens de tenter la chose dans l'esprit qu'il faut, c'est de se rappeler le scandale intérieur à notre propre Eglise protestante de France au XIX° siècle, quand on mettait en cause l'histoire évangélique, et les disputes féroces entre les "orthodoxes" et les “libéraux”. Avec ce rappel, on éprouvera quelque modestie, peut-être de la sympathie envers les musulmans indignés. Il est plus facile de détruire un système que de reconstruire ensuite une Histoire sur laquelle des croyants non savants, mais sincères et honnêtes dans leur foi en Dieu, ont construit le sens de leur vie, avec le désir de faire ce qui est juste et bon. Je ne puis que dire ici ma synthèse personnelle et sans doute provisoire.
Le prophète Mohammed a bien existé, avec le nom que nous lui connaissons. Mais, s'il n'est pas tout à fait inconnu chez les auteurs chrétiens de l'époque, ce n'est pas comme prophète, mais comme marchand. De toute façon, ce qu'on sait de la vie locale est de la plus extrême modestie. Son épouse préférée Aïcha racontera plus tard comment, pour faire ses besoins naturels, elle s'écartait du village le soir, et que sinon les maisons empestaient. Or sa famille était l'une des plus riches de la tribu. Mohammed ayant commencé à prendre de l'importance, son gendre Omar déplore l'indigence de son logement, un mobilier réduit à quelques tapis de feuilles de palmier, avec des coussins. Rien à voir avec les rois de Perse.
Néanmoins l'ascension prodigieuse de l'islam sur la scène politique internationale est un fait avéré.
La "Mosquée d'Omar", ou "Coupole du Rocher", sur l'Esplanade des mosquées à Jérusalem, est un monument superbe et daté en 692, avec une inscription de 240 mètres de long en arabe à l'intérieur. Tout le monde vous dit que ce sont des citations du Coran. Il vaut la peine d'y voir de plus près.
Coran 19, 33-36 - (Marie) montra l'enfant au berceau ... qui dit : ... Dieu a exigé de moi la piété envers ma mère, 34 : la paix soit sur moi le jour de ma naissance, le jour ma mort, le jour de ma résurrection. Tel est Jésus fils de Marie, de vérité sur qui ils se disputent. Il n'est pas de Dieu, de prendre un fils. Loué soit-il. S'il décide une chose, il dit : qu'elle soit et elle est. Certes, Dieu est mon maître et le vôtre. Servez-le, c'est la voie droite.
Le texte de l'inscription de la Mosquée - O Dieu, bénis ton envoyé, ton serviteur Jésus fils de Marie, paix sur lui le jour de sa naissance, le jour de sa mort, le jour de sa résurrection. Tel est Jésus fils de Marie, parole de vérité, sur qui vous vous disputez. Il n'est pas de Dieu, de prendre un fils. Loué soit-il. S'il décide une chose, il dit : qu'elle soit et elle est. Certes Dieu est mon maître et le vôtre. Servez-le, c'est la voie droite.
La mosquée d’Omar à Jérusalem. Les musulmans l’appellent « Koubbet es Shakra » (la coupole, ou dôme, du rocher). Elle fut érigée au VIIe siècle sur le rocher où, selon la légende, s’élevait le temple du roi Salomon et où Hérode le Grand fit reconstruire un autre temple.
La correspondance mot à mot exclut tout hasard. La seule différence est le sujet. Dans l'inscription, c'est une bénédiction sur Jésus. Dans le Coran, c'est le bébé qui parle. Quel est l'original ? Personne de sensé ne peut prétendre que ce soit le Coran. C'est le Coran qui a utilisé un texte liturgique chrétien. En 692, la Mosquée récemment inaugurée est encore une église chrétienne. La considération des autres citations de l'inscription conduit à d'autres conséquences très importantes. La plus grave est celle-ci : Mohammed est un mot arabe signifiant : Qu'il soit loué. Il est hautement probable qu'à l'origine, la Confession de foi de l'islam fut une confession chrétienne arienne : Il n'y a de Dieu que Dieu ; qu'il soit loué l'Envoyé de Dieu (Jésus !).
C'est une confession de foi anti-trinitaire. Un certain nombre d'érudits doutent même qu'avant le IX°siècle Mohammed ait pu désigner un personnage défini. A mon avis c'est là une erreur. Les synopses du Hadith me paraissent à cet égard décisives. Cet ensemble de traditions, de valeur très inégale, permet d'asseoir un fond historique solide sur la période très pauvre du désert. En particulier le nom du personnage était sûrement Mohammed. C'est toujours, selon ces mêmes érudits, un titre de fonction ; et ils ont sûrement raison pour des monnaies arabes du VII° siècle portant sur une face la croix chrétienne et sur l'autre face l'inscription en arabe Mohammed, l'envoyé de Dieu. Dans ces conditions, le problème sera de trouver à quel moment le prophète Mahomet, ou bien ses disciples, auront utilisé la double signification de son nom pour en faire la confession de foi de l'islam.
Il est en tout cas certain que le Prophète fut influencé par l'arianisme, et cela lui fut reproché par d'autres chrétiens. Les conséquences de ces faits pour comprendre la nature du Coran ne seront pas moins graves.
à suivre ...