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le calice des unitariens

chaque communauté unitarienne arbore un blason ou un logo. Voici celui des unitariens qui sont regroupés au sein de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Voir sur son site à la rubrique "le calice des unitariens"
http://afcu.over-blog.org/categorie-1186856.html


 

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23 juin 2012 6 23 /06 /juin /2012 17:52

suite de l'article publiée le 31 janvier 2012 dans notre rubrique "Sur le protestantisme libéral" ( lien).


En tant que théologien et historien des sciences Victor Monod note les temps de retard dans les mises à jour des compréhensions du monde chez les croyants. A l’époque newtonienne beaucoup croyaient encore dans le cadre aristotélicien ! Et aujourd’hui beaucoup s’attardent dans une vision mécaniste périmée !

 

L'effort fait par Newton pour superposer le Dieu manifesté dans le temps au Dieu manifesté dans l'espace ne fut pas heureux. Ces deux Dieu semblaient de taille trop inégale. C'est que Newton avait, par son œuvre même, porté au maximum l'antithèse séculaire entre le Dieu de la nature et le Dieu de la grâce. Jamais le Dieu Créateur n'avait paru plus majestueux, plus simple en ses gestes, plus économe d'interventions inutiles que dans les Principes mathématiques de la nature. Jusqu'aux plus lointaines étoiles s'étendait une même force, rayonnait une même lumière. L'action de la seule et unique gravité expliquait la chute des corps terrestres, les orbites elliptiques des planètes, les irrégularités de l'orbite lunaire, les marées océaniques, la précession des équinoxes, bref, mille phénomènes qui avaient paru jusque-là inextricablement complexes. L'écheveau de la nature semblait débrouillé par le magicien Newton. Jamais l'unité physique de l'Univers, jamais le principe de la simplicité et de l'immutabilité des lois de la nature n'avait reçu une aussi éclatante démonstration. Comment ce Dieu, si sobre en moyens, pourrait-il s'abaisser ensuite à des interventions temporelles spéciales, écouter les prières des hommes, réparer leurs folies alors qu'il semblait déjà plaisant aux philosophes de lui attribuer le soin de réparer les orbites planétaires endommagées par les comètes ? Le cadre newtonien de la nature s'était brusquement élargi jusqu'aux étoiles : en son milieu, le Dieu éthique, le Dieu qui s'intéresse aux hommes avait gardé sa taille et il semblait un nain imperceptible.” (Victor Monod, Dieu dans l’Univers, 1933, p. 174).


1- La Révélation pour Wilfred Monod : « S’il était la cause unique, si l’état du monde était son œuvre, alors, en nous consolant de la souffrance, Dieu nous consolerait de … Dieu. La chrétienté actuelle entrevoit, elle aussi, le drame : Dieu (non celui du Cosmos, mais celui de l'Evangile) essayant de parler, s'efforçant d'agir, s'incarnant pour délivrer, se révélant, au prix d'une énigmatique agonie. La révélation naît dans les dou­leurs de l'enfantement. Le « Père » apporte la lumière, comme la mère « donne le jour » : dans la souffrance et dans le sourire, dans l'extase d'une vic­toire : « Tout est accompli ! ».


Malgré l'Histoire et la préhistoire, malgré la Na­ture et la tragédie de l'Evolution, malgré l'Univers et le silence des nébuleuses, avoir le droit, et le moyen, et le pouvoir, enfin, de croire, avec Jésus-Christ, et par lui, que « Dieu est Amour » — voilà qui nous arrache des larmes trop longtemps contenues, des « pleurs de joie ». Là est le cœur de la Révélation. Dans une minute glorieuse — qui déchira, comme une pointe de dia­mant, le Voile — notre Sauveur tressaillit d'un fris­son d'allégresse à la pensée qu'il « connaissait le Père » ; et il entonna soudain, comme s'il a parlait en langues », un hymne passionné : « Je te loue, ô Père ! je te loue, Seigneur du ciel et de la terre, car tu as celé un pareil secret aux sages et aux intelligents, mais tu l'as dévoilé aux enfants. Oui, ô Père ! je te loue pour l'avoir voulu ainsi ! » (Wilfred Monod, Viens et vois, Paris 1928 § sur Dieu).


Einstein_dans_la_ville_d-Ulm_-Wikipedia-.jpg2- La Raison chez Victor Monod, et après lui : un peu à la manière de Whitehad (qu’il était un des premiers théologiens français à citer), Victor Monod disait que le Dieu cherché dans le temps est celui qui se manifeste comme un jaillissement d’imprévu, comme une Conscience sans cesse en activité (p. 330) ! Il cherchait, pour cela, à réconcilier « Durée et simultanéité » de Bergson avec la gravitation et la relativité selon Eddington ou Einstein.

 

Statue d'Albert Einstein à Ulm, la ville où il est né en 1879


Il s’est, en fait, en cela, lourdement trompé alors que sa perspective était a priori géniale. Le temps n’est pas une valeur objective et solide qui remplacerait l’espace dans la recherche d’un lieu ou d’une dimension pour l’« habitation » divine .. Monod (avec Bergson) voulait s’y appuyer ; il s’est trompé ! Monod déconsidérait l’espace matériel, vide, immuable, l’espace euclidien, pour espérer dans un « devenir » (ce qui correspondait à sa sensibilité de chrétien-social proche de Wilfred Monod). En fait l’espace n’est pas euclidien et le temps n’est pas indemne ! Temps et espace sont liés. On parle de courbure de l’espace temps..


Certains scientifiques pensent que la notion, toute subjective et anthropomorphique, du temps doit être abandonnée au profit d’un espace repensé (à la fois fini et sans limites, à la fois matière et Esprit)… Faut-il penser à « Dieu » aujourd’hui comme à de la matière noire ou comme de l’énergie du même nom ?

 

Depuis le barthisme l’apologétique chrétienne a été déconsidérée. Saint Augustin avait mis, de même, un frein aux spéculations philosophiques de certains chrétiens de son époque ; il avait en cela favorisé la vision d’un monde plat et d’une verticalité céleste (ce que les scientifiques de son époque n’avaient plus !) .. Ne pas faire d’apologétique c’est comme ne pas faire de politique : ceux qui disent ne pas en faire, en font !


Car chacun de nous, consciemment ou inconsciemment, porte en soi une justification de ses croyances et de ses doutes. Le barthisme portait la satisfaction d’avoir résisté contre le nazisme et de redécouvrir la vocation prophétique de l’Eglise (c’était quand la sociabilité protestante était encore forte). Certains, comme des trapézistes sans filet, se créent un discours apologétique par la raison (irraison) justement de ne pas en avoir (la folie de la foi ? sens du paradoxe psy ? ou simple orgueil bien protestant ?). Ne faudrait-il pas reprendre le chantier d’une apologétique révisable ou pluraliste (croire de façon post-moderne avec des tiroirs). Et dans le domaine de l’univers Dieu dans l’univers reprendre et actualiser Victor Monod, avec et après, C. Hartshorne ...

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