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le calice des unitariens

chaque communauté unitarienne arbore un blason ou un logo. Voici celui des unitariens qui sont regroupés au sein de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Voir sur son site à la rubrique "le calice des unitariens"
http://afcu.over-blog.org/categorie-1186856.html


 

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16 juin 2007 6 16 /06 /juin /2007 12:21

Albert Monot, " Michel Servet ", Le Réformiste, 15 novembre 1904, reproduit dans la Zion’s Watch Tower en 1905, p. 118

Le jour du seigneur dans lequel nous nous trouvons le fera connaître. " 1 Cor. 8:13

Il met à découvert ce qui est caché dans les ténèbres. " Job 12:22.

statue de Michel Servet à Villanueva de Sijena (Aragon), hommage lors de la visite des membres de l'International Council of Unitarians and Universalists (ICUU) en novembre 2005  

Par une série d'articles publiés l'an dernier dans l'Eclaireur de Vienne, j'ai essayé d'attirer l'attention sur cette noble figure que fut Michel Servet, dont le nom estimable est aujourd'hui tombé dans l'oubli. J'ai en même temps demandé à mes concitoyens de réhabiliter la mémoire de ce novateur en lui élevant un monument sur une place publique de Vienne. Ma proposition a été bien accueillie. Je voudrais maintenant que tous les libres-penseurs de France, que tous les esprits libres en fussent informés, afin de leur permettre de coopérer à l'œuvre de réparation que j'ai eu l'honneur de provoquer. C'est pourquoi je m'adresse au Réformiste, avec la certitude que le propagateur de l’orthographe simplifiée [ndlr : en fonction de la phonétique ?]  (Jean S. Barès, directeur du Réformiste) reproduira mon appel et le fera connaître aux quatre coins de notre pays.

Michel Servet naquit en 1511 à Tudelle-en-Navarre [ndlr : plutôt Villanueva de Sijena en Aragon]. C'est du moins ce qui ressort de l'interrogatoire que lui fit subir à la prison de Vienne le grand inquisiteur Mathieu Dry, d'horrible mémoire.

D'après cet interrogatoire, et contrairement aux estimations de la plupart de ses historiens, Michel Servet qui, à quatorze ans, entendait parfaitement le latin, le grec et l'hébreu, passa en 1526 en Italie à la suite de Quintaine, confesseur de Charles-Quint, et ne put, par conséquent, étudier le droit à Toulouse [ndlr : pourtant si !].

Il ne fut pas davantage un disciple de Socin, puisque Socin (Lélius) ne vint au monde qu'en 1525. Il serait plus exact de regarder Servet comme un précurseur et de dire que Socin fut un servétiste, car le premier ouvrage de Servet contre la Trinité [note ajoutée par la Watch Tower : Michel Servet avait une juste notion de Dieu, comme jadis Arius (Jean IV : 3), fraternisait avec les anabaptistes et tenait aux bonnes œuvres, les fruits de l'Esprit. Il aura probablement entendu de son prédécesseur, l'illuminé Jean Denck qui faisait voir publiquement le non-fondé des tourments éternels et qui comme Servet avait été beaucoup persécuté.] et les principaux dogmes de la religion chrétienne [nominale], De Trinitatis Erroribus, paru en 1531. Socin n'avait alors que six ans.

Après de nombreuses disputes en Allemagne avec les chefs de la Réforme, Oecolampade, Capito, Bucer, Michel Servet vint en France, où il étudia à Paris la médecine sous Sylvius et Fernel. Nous le retrouvons ensuite à Lyon, en qualité de correcteur chez les frères Frellon, imprimeurs-libraires, et sous le nom de Michel Villeneuve. C'est là que l'archevêque de Vienne, Pierre Palmier, le rencontra et l’engagea à venir exercer la médecine dans l'ancienne capitale Allobroge.

Servet accepta, et l'archevêque le logea près de son palais. II y resta douze années, chéri et estimé de toute la population. Voir les Mémoires de l’abbé Cachet d'Artigny (Paris, Debure, 1749), qui contiennent des renseignements fort intéressants sur Servet, notamment les interrogatoires qu'il subit à la prison de Vienne et le texte complet du jugement ecclésiastique. L'abbé d'Artigny ayant eu à sa disposition au moment où il écrivait ses Mémoires, les archives alors intactes de l'archevêché de Vienne, a donné des détails précis qu'ont ignoré nombre d'autres historiens.

Le 3 janvier 1553, l'imprimeur viennois Balthazar Arnollet livra à Servet — connu à Vienne sous le nom de Villeneuve - les 700 exemplaires de son dernier ouvrage, intitulé Christianismo Restitutio. Il n'en reste plus qu'un seul, qui est à la Bibliothèque nationale.

Calvin connut cet ouvrage par le libraire Frellon. Il avait voué à Servet une haine implacable et il s'empressa de le dénoncer au cardinal de Tournon, archevêque de Lyon, lequel dépêcha à Vienne l'exterminateur des Vaudois, l’inquisiteur Matthieu Dry. Michel Servet fut arrêté et incarcéré le 1 avril à la prison de Vienne, d'où il s'échappa le 7 suivant. Son procès fut néanmoins instruit. Condamné au bûcher comme hérétique, par contumace, il fut brûlé en effigie, place Saint-Martin, le 17 juin 1553.

Entre temps, Servet avait été arrêté à Genève. Un nouveau procès fut instruit sur l'ordre de Calvin, et le 27 octobre de" la même année, le bûcher de Champel fut allumé. Michel Servet resta deux heures au milieu des flammes, sans vouloir rétracter aucune de ses doctrines. Il mourut courageusement en persistant dans ses affirmations et ses négations.

Ainsi donc, quelle destinée étrange fut celle de Servet. Deux fois condamné au bûcher comme hérétique, une fois à Vienne par les catholiques, une deuxième fois a Genève par les protestants. Deux fois brûlé, d'abord à Vienne, en effigie, avec ses livres, ensuite à Genève, tout vif ! Le cas est unique, l'illustre savant, à la fois médecin habile, théologien émérite, écrivain, penseur, philosophe, a été persécuté aussi bien par les catholiques que par les protestants, en combattant leurs doctrines et en proclamant le ridicule de leurs dogmes. …

Nulle calomnie posthume ne viendra ternir la réputation de Servet, qui fut "chéri et estimé de tous", dit l'Abbé d'Artigny, chanoine de la cathédrale de Vienne.

Honorer la mémoire de ce martyr, de ce savant, de cette victime des religions [erronées] , c'est faire œuvre de justice; c'est, dans la ville de Vienne livrée par le grand patronat à l'Eglise et à ses prêtres, faire une excellente propagande anticléricale.

J'aurai complété ce rapide exposé en rappelant que Servet, le premier, découvrit le principe de la circulation du sang qui, plus tard, immortalisa Harvey…".

texte présenté à La Besace des unitariens par Fabien Girard

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