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le calice des unitariens

chaque communauté unitarienne arbore un blason ou un logo. Voici celui des unitariens qui sont regroupés au sein de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Voir sur son site à la rubrique "le calice des unitariens"
http://afcu.over-blog.org/categorie-1186856.html


 

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7 juin 2009 7 07 /06 /juin /2009 08:20

biographie établie par Van Eric Fox et Alice Blair Wesley, éditée par l’Unitarian Universalist Historical Society (UUHS), lien, et traduite en français par Christian Phéline (Orléans).

James Luther Adams (12 novembre 1901 – 26 juillet 1994) fut à la fois pasteur de paroisse, acteur social, éditeur de journal, érudit distingué, traducteur et éditeur de théologiens allemands éminents, auteur prolifique et professeur de séminaire pendant plus de quarante ans. Il a influencé de façon décisive la pensée de centaines d’étudiants orientés vers le pastorat libéral ou aux fonctions d’enseignement. Ce fut au 20° siècle parmi les unitariens-universalistes américains le théologien le plus influent et l’un des meilleurs du groupe des théologiens libéraux américains en général.

portrait de James Luther Adams par Paul Hertz en 1975


Le cheminement vers l’unitarisme d’Adams fut similaire à celui de nombreux membres des congrégations unitariennes-universalistes. Il a grandi dans une famille chrétienne fondamentaliste de l’Est de Washington. Chez lui et à l’église, le jour du jugement annonçant la fin des temps était constamment évoqué comme possibilité réelle et vraisemblablement proche. Tandis qu’il était étudiant à l’université du Minnesota, Adams d’après ses propres mots était
, "on the rebound from fundamentalism" (un rejeton ? du fondamentalisme), il s’éleva contre la religion organisée et rejoignit temporairement une sorte d’humanisme athée.

Mais il fréquente les réunions du samedi du club masculin de l’Eglise unitarienne et devint rapidement auditeur des propos unitariens du révérend John Dietrich qui prêchait un autre type d’humanisme, à la fois scientifique et religieux. L’un de ses professeurs, Frank Rarig, unitarien, perçut que les éclats du jeune Adams envers la religion provenaient en fait d’un élan passionné pro-religieux. Lors d’un conseil de carrière, Rarig déclara calmement à Adams, à la consternation de celui-ci, qu’il deviendrait pasteur. L’humaniste délirant étonna ses amis lorsque à la fin de son travail préparatoire à la graduation, en 1924, il émigra à Harvard Divinity School pour entamer la préparation au pastorat unitarien.

A Harvard, Adams découvrit un programme de formation dépassé et privé des éléments intellectuels nécessaires à une foi moderne. Bien qu’inscrit aux autres cours de cette université, il trouva ces derniers aussi inadaptés pour la même raison. Au cours de sa croissance, il avait appris très tôt combien un mysticisme mal fondé peut dériver, " il part dans la brume, disait-il, et aboutit au schisme ". Par delà ces inconvénients, il trouva inacceptable une confiance infondée dans le modernisme, sans argument plus valable que l’inspiration du moment. Adams ne fléchissait que face à une conviction que l’intelligence puisse démontrer. Lors de l’obtention de son diplôme en 1927, il n’était pas encore l’humaniste chrétien inspiré qu’il devint après plusieurs années ultérieures d’études.

Avant même ce diplôme, alors qu’il travaillait sur le terrain à l’église unitarienne proche, à Salem, il créa un nouveau groupe de jeunes. Il épousa une pianiste accomplie, membre du groupe, Margaret. Celle-ci resta toute sa vie durant active dans l’Eglise et présente auprès des étudiants unitariens (ultérieurement unitariens-universalistes) de façon très vivante. Tout au long de sa carrière d’enseignant, John, avec Margaret, reçut en soirée dans l’intimité de son salon, chaque week-end, un ou plusieurs étudiants de l’université. Les Adams eurent trois filles. Margaret Adams mourut en 1978.

Après avoir eu son diplôme, Adams occupa une chaire comme pasteur dans deux congrégations : la Deuxième église unitarienne de Salem (Massachusetts), de 1927 à 1934, puis à la première Société unitarienne de Wellesley Hills (dans le même Etat) en 1934 et 1935. Alors qu’il était pasteur à Salem, il obtint la maîtrise de Littérature Comparée à Harvard et enseigna au département d’anglais de l’ Université de Boston. (1929-1932).

A Salem, il s’interrogea sur les revendications des travailleurs en grève de l’usine textile Paquet, la presse avait omis de couvrir le sujet. Son intervention en chaire exposa leur malaise et fit que la presse en parla ; il y eu alors règlement du conflit. Les propriétaires de l’usine autant que les directeurs et ouvriers étaient membres de l’Eglise. Pas un parmi les paroissiens ne se plaignit qu’il eut fait allusion à la grève en chaire. Ceci montre bien, comme Adams l’a dit à des générations d’étudiants, ce que représente la liberté de la chaire.

Cette expérience à Salem renforça la conviction, déjà bien ancrée chez Adams, qu’une Eglise libérale peut et se doit de représenter fidèlement la parole des opprimés rendus muets. Il était fermement critique vis à vis du libéralisme ambiant qui, dans son individualisme excessif, observait tout juste et ne prenait jamais partie en matière de justice sociale. Une religion libérale faible fournit une fausse bénédiction a un statu quo. Il ne cessa de mettre en avant cet argument devant ses classes.

En 1935, après un an à Wellesley Hills, on invita Adams à intégrer le groupe des professeurs de l’Ecole théologique unitarienne et universaliste de Meadville/Lombard à Chicago. Cet appel correspondait au souhait précis de certains : " le mouvement unitarien avait un besoin urgent d’élever son niveau intellectuel dans la branche théologique, de façon à ce que les Eglises ne soient pas sous équipées face aux défis du monde moderne ". Il accepta cet appel à condition de pouvoir étudier un an en Europe avant d’assumer sa tâche d’enseignant.

En Allemagne, pendant les années 1935-1936 Adams observa la façon dont le gouvernement nazi d’Adolf Hitler écrasait impitoyablement toute dissension tandis qu’il alignait ses forces en vue de la marche à travers le continent. Interrogé par la Gestapo, il évita de peu l’emprisonnement lié à son adhésion au mouvement de l’Eglise clandestine. Avec une caméra de cinéma domestique, il filma Karl Barth, Albert Schweitzer, entre autres, y compris ceux qui appartenaient à des groupes de résistance liés à l’Eglise, ou encore des leaders pro nazis de la prétendue German Christian Church.

Adams, de retour aux U.S.A., était plus que jamais convaincu que la tendance des religieux libéraux à se contenter théologiquement de slogans vagues et de platitudes sur l’ouverture d’esprit, ne pouvait que rendre incompétentes et impuissantes les Eglises libérales face aux maux du monde ; ces convictions, il les affirma bien haut et souvent.

Adams enseigna à Meadville/Lombard de 1936 à 1943 et exerça également comme professeur de 1943 à 1956 à la Fédération des facultés théologiques de l’université de Chicago dont Meadville/Lombard était membre. En 1945, Adams obtint un titre de Ph. D de l’université de Chicago. Il collabora vigoureusement avec les électeurs indépendants de l’Illinois, formation politique indépendante dont la visée était d’obtenir un gouvernement ouvert et honnête. L’action d’Adams lui attira l’amitié des politiciens libéraux Paul Douglas et Adlai Stevenson.

En 1957, Adams quitte Chicago pour rejoindre la Harvard Divinity School comme enseignant. Après l’âge légal de la retraite, il poursuit ses fonctions à Andover Newton theological seminary et à Meadville / Lombard. Dans le cadre de l’Académie, Adams eut la réputation d’avoir rendu accessible au monde anglophone les travaux des théologiens allemands libéraux : Paul Tillich, Ernst Troeltsch, et Karl Holl en traduisant, éditant, interprétant leurs écrits.

Ses nombreux autres essais et articles se concentrent sur la théologie de l’éthique sociale et couvrent un très large éventail de sujets, de la politique au grotesque dans l’art, de la signification des anges au SIDA. Particulièrement remarquable a été son travail sur l’histoire et la théorie des associations bénévoles en culture démocratique.

L
a conception d’Adams concernant la signification et l’importance des associations bénévoles provient en ligne directe de sa compréhension de l’inspiration authentiquement libre de " l’Eglise libre ". Il décrivait celle-ci comme un corps de croyants librement unis par un contrat de loyauté vis à vis de " l’esprit saint de l’amour ", réunissant intentionnellement la dissidence, dirigé par ses membres eux mêmes, et farouchement libérés du contrôle de l’Etat. Le règne de l’esprit d’amour parmi les membres doit se manifester par leur prise volontaire de responsabilités pour que l’ensemble de la société soit plus juste.

Il en vint à considérer l’idée d’Eglise libre comme la racine même de la tradition judéo-chrétienne dont résulte notre civilisation occidentale, en particulier parce qu’elle impose une limite délibérée et soigneusement entretenue au Gouvernement afin que celui-ci ne puisse contrôler à sa guise les associations bénévoles ; ce qui assure leur prospérité dans une société démocratique [par opposition aux régimes totalitaires que connaît alors l’Europe. ndlr].

Pour lui, la participation aux associations bénévoles, sous quelque Gouvernement que ce soit, a été le moyen principal par lequel un changement bénéfique a pu être effectué à travers l’histoire humaine et est la clé de compréhension de celle-ci. Pour Adams, l’idée qu’un groupe puisse avoir le monopole de l’esprit d’amour est absurde et idolâtre. Dans le monde occidental, l’Eglise libre fournit un modèle historique à bien d’autres associations bénévoles dont le but est d’élever le niveau et la promotion d’un changement constructif. Comme théologien, Adams s’intéressait aux associations bénévoles parce que son expérience et ses études l’avaient conduit à croire qu’à travers une participation volontaire à des groupes, l’humanité peut répondre depuis toujours à "la puissance de former des communautés" inhérente à l’amour de Dieu présent dans le cœur et l’esprit de chaque humain.

Adams, paraphrasant Jésus énonce sa théologie sous l’expression : " C’est par leur groupement qu’on les connaîtra ". Ceci est également écrit en raccourci bref, souvent relu dans les services unitariens-universalistes en voix antiphonées : ‘Je nomme libre cette Eglise’. Dans la théologie d’Adams, l’Eglise libre est une institution de haute valeur dans la mesure où elle répond à deux autres critères : ses membres sont variés et elle comprend tous les âges et rangs sociaux, occupations, compétences, niveaux de fortune, etc., et aussi que l’Eglise s’adresse à un éventail beaucoup plus large de préoccupations que ne le font les groupes plus réduits. De plus, le but essentiel de l’Eglise libre est l’adoration, expérience renouvelée loyalement par l’amour en esprit sous toutes ses formes.

Ceci veut dire que l’Eglise doit avoir une théologie compréhensible, susceptible d’être formulée en une langue nouvelle, vivante et ouverte à une critique éclairée et à une réforme, si l’on veut éviter qu’elle ne glisse par inadvertance dans l’idolâtrie, qui en fait représenterait pratiquement une fidélité à une réalité de moindre qualité. Adams pensait que toutes organisations comportent une théologie implicite dans leurs engagements sous forme de pouvoir légitime ou illégitime, mais cette attention portée aux termes utilisés dans l’articulation de la fidélité religieuse n’est pas du ressort de ces autres organisations dont la vocation première n’est pas l’adoration. Le langage de l’Eglise libre, Adams y insistait, se doit d’être flexible, non doctrinaire. Il disait souvent que " les gens meurent du durcissement des catégories ". Il déplorait la faiblesse confuse des Eglises libérales dont les membres ne portaient pas leurs efforts, lors des discussions courantes au sein de leur Eglise, sur l’examen et l’exposé de leur fidélité personnelle, profonde, essentielle. Paraphrasant Socrate, il disait : " une foi non examinée ne vaut rien ".

Quoique très pris par sa profession et au sein de nombreuses autres associations volontaires, Adams resta toujours un participant très actif dans sa propre Eglise et assista toujours à la célébration du dimanche. Il était également actif à l’Association unitarienne-universaliste (UUA) [ndlr : l'Association unitarienne Américaine AUA avant 1961], servant dans de nombreux comités, plus spécialement à la commission d’Evaluation de 1934 à 1936. Une réorganisation significative de l’Association résulta de ses travaux avec d’autres au sein de cette Commission.

Adams était un brillant enseignant, si bien que ses classes attiraient toujours des étudiants provenant de multiples traditions religieuses. C’est à travers eux que son influence s’étendit à de multiples institutions dont ses anciens étudiants ont maintenant la charge et dont beaucoup sont très distingués. Il avait l’art d’élargir l’horizon des esprits de ses étudiants et de leur communiquer son enthousiasme pour les idées vivifiantes et inspirées, celles de justice et liberté. L’abstraction somnolent l’irritait. Il lui fallait suivre et soutenir le trajet dramatique des idées, l’endroit de leurs origines, la lutte pour leur acceptation, qui avait intérêt à les détruire, et comment elles s’appliquaient à la vie courante des humains. Et c’est cela qu’il demandait à ses étudiants de retenir et de documenter scrupuleusement dans leur travail sur le cours.

Il arriva, au cours d’une conférence, qu’Adams défia à plusieurs reprises Edwin Wilson, le leader des unitariens humanistes, de citer la source des idées énoncées par son groupe. Adams se régalait de rappeler et de citer la façon dont en public, Wilson reçut le coup : " James Luther Adams croit au salut par bibliographie ", à quoi Adams répliqua : " Il n’existe rien de tel que l’immaculée conception d’une idée ".

Les amis d’Adams s’adressent à lui affectueusement comme " JLA " d’après la signature qu’il utilisait sur des milliers de mémos et lettres adressées à des centaines de correspondants dans le monde. Chez des pasteurs surtout. Les histoires sur JLA abondent. La plupart se terminent sur une saillie et éclat de rire réputés chez JLA de même que ses illuminations concernant certains sujets importants.

Au début, la critique d’Adams concernant la religion libérale restait sur le cœur de ses collègues. A l’occasion, on lui disait que s’il découvrait tant de défauts dans l’Eglise unitarienne, il serait bienvenu qu’il la quitte ; mais avec l’écoulement des années, il vint à être respecté par la majorité comme un réformateur constructif, bon à écouter pour la profondeur et l’étendue de ses vues.

Adams a souffert dans ses dernières années d’une atteinte douloureuse de la colonne. En ses années 80, et bien que malade, il poursuivit sa correspondance animée et continua ses études, affable comme d’habitude avec ses nombreux visiteurs. Il mourut à 92 ans dans sa maison à Cambridge, Massachusetts en 1994.

La première collection d’écrits et films d’Adams est à la George Arents Research Library for special Collections à l’université de Syracuse. Des éléments additionnels se trouvent à la James Duncan Phillips Library à l’institut Essex à Salem Mas. Et les archives de l’Andover-Harvard Theological library à la Harvard Divinity School. The James Luther Adams Foundation fût créée en 1977. L’un de ses buts statutaires est de " aider, encourager, s’engager dans la collecte, le maintien et la publication des dossiers sur la vie et la pensée de James Luther Adams ".

Comme il ne put jamais résister à une convocation, à une série de meetings destinés à donner une autre forme à encore une autre institution, Adams n’a jamais pu se mettre à organiser ses publications.
 

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