Et du côté des unitariens ? Du fait que la tradition unitarienne a toujours valorisé la liberté de penser et les recherches scientifiques en matière de religion, mais aussi du fait qu’il soit, en France et régions francophones voisines, un mouvement récent et qu’il a dû y trouver ses marques et son créneau, l’unitarisme français, suisse et belge, avec respectivement Albert Blanchard-Gaillard, Roger Sauter et Pierre Bailleux, a eu les ressources intellectuelles qui l’ont aidé à mieux se placer sur orbite (1). Depuis 2002, avec ses articles à la Une, la Correspondance unitarienne poursuit inlassablement cet effort ; elle le fait en tenant compte des progrès suivants :
(1) voir les rubriques à leur nom dans La Besace des unitariens (lien)
1 – Les théologies protestantes du Process et du panenthéisme ont renouvelé notre questionnement sur Dieu. Celui-ci n’est plus l’être surnaturel et providentiel répondant aux sollicitations de ses dévots, ni un Dieu garantissant notre éternité en nous récompensant de nos efforts. Dès lors, le vieux clivage entre croyants et non croyants s’estompe au profit d’un mystère de la Vie qui renvoie chacun à son propre itinéraire spirituel personnel et non plus à un credo confessionnel. L’Eglise unitarienne francophone accueille cette nouvelle problématique dans sa rubrique « croyants – non croyants »
2 – Contrairement au scepticisme d’un Rudolf Bultmann, les dernières recherches sur Jésus et des débuts du christianisme prouvent la réalité des faits historiques avancés par le Nouveau testament dès lors que l’on sait, bien entendu, faire la part aux styles littéraires que sont le merveilleux, les théophanies et les apocalypses et que l’on comprend mieux le contexte de l’élaboration des mythes. Il s’ensuit que la figure de Jésus est désormais beaucoup mieux connue ; celle d’un messianique juif qui a cru que la conversion de ses contemporains amènerait à l’avènement du Royaume, à savoir la fin des temps et l’irruption de Dieu dans l’Histoire. Voir le site des Etudes unitariennes aux rubriques « le Fils de l’Homme », « le tombeau de Jésus », « le tombeau vide ». Dès lors, la « Résurrection » proclamée par le kérygme de la Pentecôte, resitué dans ce contexte, devient compréhensible à partir du constat du tombeau vide et n’implique plus l’existence d’un miracle. Pour nous qui sommes d’un autre temps, il reste un enseignement moral et spirituel et l’exemple d’une personne qui a su vivre sa foi d’une façon sincère, en rupture avec le rigorisme des dévots et des bondieuseries de son époque.
3 – Nous avons aussi hérité, de la part des Communautés chrétiennes de base (CCB) de la mouvance catholique libérale, des célébrations libres qui, basées sur la liberté de pensée et d’expression, s’émancipent désormais des cultes avec une liturgie codifiée et une prédication cléricale et qui renouvellent le sens profond de la communion chrétienne. Dans le prolongement de cette très riche expérience , nous proposons une forme post-confessionnelle susceptible de réunir, dans des fois partagées, ceux qui s’assemblent pour faire Eglise. Voir, sur le site de notre Eglise, la rubrique « nos cultes mensuels »
Un nouveau mouvement ne vaut bien entendu que s’il sait se présenter, apporter un plus, proposer une approche inédite, faire entendre un autre son de cloche, être attractif par ses nouveautés. A une ère de consommation, le déjà vu est tout de suite laissé de côté. Ne pas s’endormir sur ses lauriers !
L’enjeu est d’importance, c’est celui du rebond d’un christianisme dépoussiéré de ses oripeaux, requinqué, renouvelé, de nouveau lisible et attirant pour les jeunes. Parmi les chrétiens libéraux, les unitariens français, belges et suisses apportent désormais leur voix.