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le calice des unitariens

chaque communauté unitarienne arbore un blason ou un logo. Voici celui des unitariens qui sont regroupés au sein de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Voir sur son site à la rubrique "le calice des unitariens"
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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 08:43

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La doctrine de la justification

La doctrine de la justification qui était enseignée par les Réformateurs était basée sur la doctrine du Péché originel développée par saint Augustin qui voyait l'Homme selon une perspective pessimiste, spécialement dans la doctrine proposée par Calvin. L'homme n'était pas capable d'un seul acte qui aurait une valeur de justification aux yeux de Dieu. Ils prêchaient que le salut n'était possible que parce que Christ sur la croix avait expié les péchés des humains en recevant la colère de Dieu. Pour être sauvé, l'Homme doit avoir une foi forte dans le rôle rédempteur du martyre de Christ. La foi, de toutes façons, n'est pas un mérite personnel de l'homme, mais est un don de Dieu, immérité, qui dépend de sa seule grâce et pour ceux qui ont été sélectionnés arbitrairement. Ainsi le libre arbitre est une fiction. Et sans la grâce de Dieu les hommes sont irrévocablement condamnés ; seuls les élus reçoivent la grâce de Dieu sans aucun mérite de leur part.

La doctrine de Socin sur la justification était assez différente. Il n'existe pas de Péché originel comme décrit dans les théologies catholique et protestante (62). La transgression d'Adam condamne Adam et lui seul. L'homme n'était pas immortel mais par nature était mortel et sa nature était la même qu'actuellement Sa nature était simple et inexpérimentée, sans aucune connaissance ni intelligence spéciale. Aussi il ne possédait pas une droiture originelle. L'Homme a été créé libre de tous déterminismes moraux, mais seulement avec une volonté libre. Le Mal dans le monde est un fait à partir duquel l'Homme devrait tirer des conclusions pour sa conduite morale. L'Homme peut seulement gagner l'immortalité par sa vie dans la foi chrétienne. En dehors de la foi chrétienne, il n'existe pas de possibilité de salut. S’il existe une étincelle de Révélation dans chaque religion, la vraie et complète Révélation est celle qui est donnée en Dieu au travers de Christ. Il n'y a aucune raison de croire que le péché de l'homme a détruit la capacité de tous les hommes à suivre la justice. Si cette capacité n'est pas parfaite, c'est parce que nous avons acquis l'habitude de mauvaises actions.


(62) Faustus Socinus, De Jesu Christo Servatore, dans BFP, op. cit., vol. 2, 121. Valentinus Smalcius, .”De homine,” in Epitome, op. cit., pp. 45-55.

Egalement absurde est la doctrine de la prédestination, spécialement celle qui est exposée par Calvin, selon laquelle Dieu en a destiné certains à la vie éternelle dans la gloire, tandis que d'autres sont prédestinés à la punition éternelle. Aussi Socin considérait la conception de saint Augustin comme absurde ; saint Augustin disait que le mal est le produit de la volonté libre de l'homme, de son libre arbitre et la réussite du bien est conditionnée par la réception de la grâce imméritée de Dieu. Christ nous a sauvé, néanmoins, en nous annonçant la volonté divine et en nous enseignant ce que nous avons à faire pour obtenir la vie éternelle et vaincre la mort, il a montré, par l'exemple de sa vie et de sa mort, la manière dont nous pouvons obéir à la volonté de Dieu et vaincre la mort. Il a montré, par l'exemple de sa vie et de sa mort, comment nous pouvons obéir à la volonté de Dieu et comment nous pouvons suivre ses préceptes ; et il nous a assurés de la vérité de son message par ses miracles (63).

(63) Faustus Socinus, De Jesu Christo Servatore, dans BFP, op. cit., vol. 2, 124

Il existait deux objections aux conceptions de Socin : 1) Cette doctrine n'explique pas que la justice divine réclame une punition pour les péchés ; 2) L'Homme comme créature pécheresse est incapable d'obéir au commandement divin et encore moins d'imiter Christ.

Socin répondait avec un concept de justice totalement différent de la tradition catholique si pittoresquement décrite par Dante et par la doctrine de Calvin. La justice divine n'est pas distincte de la miséricorde divine : sa justice est sa miséricorde. Dieu comme créateur de la justice et justice lui-même ne peut être jugé selon les idées humaines de la justice. On ne peut donc pas parler de la colère de Dieu et de son hostilité envers les hommes. La justice divine n'a pas besoin d'une expiation ou d'une victime sacrée. Dieu ne laisse pas impunie l'iniquité, mais celle-ci n'est pas due aux péchés et aux erreurs, mais à la malice obstinée de quelques hommes. Et une telle punition n'est pas le résultat de la justice divine mais de la libre volonté divine (64).

(64) Faustus Socinus, Summa religionis christianae, dans BFP, op. cit., vol. 1, p. 281a

A la deuxième objection Socin répondait que l'Homme n'est pas capable de suivre Christ et de vivre sans péché dans la même mesure que Christ l'a fait, mais ce qui est demandé à l'Homme c'est de se mettre sur le même chemin et de le suivre avec la même qualité de vertus. Cette vue dérive de l'accent mis sur l'humanité de Christ et sur la dignité morale de l'homme. Socin était conscient que l'imperfection humaine ne nous permettrait pas d'imiter Christ. Mais il est suffisant que l'homme se  mette sur le même chemin, qui est de croire en ses promesses et d'obéir à ses préceptes. C'était une foi active, une unité entre la foi et les œuvres, qui restait en accord avec les postulats de l'humanisme. De là Socin décrivait un nouveau concept de religion chrétienne comme une doctrine céleste qui enseigne aux hommes un vrai chemin pour atteindre la vie éternelle (65).

(65) Valentinus Smalcius, ”De praedestinatione,” dans Epitome, op. cit., p. 55.

Il a été expérimenté dans l'Ecriture, interprété par la raison, et est mis en place par l'obéissance aux principes évangéliques. Et ceci est lié au problème du libre arbitre. Le libre arbitre a survécu à la chute d'Adam. L'idée que l'Homme est privé de sa libre volonté est absurde parce qu'alors il n'y aurait plus de religion car la religion n'est rien d'autre qu'un effort pour obéir à Dieu (66).

(66) Faustus Socinus,Tractatus de Justificatione, dans BFP, op. cit., vol. 1, pp. 601-628.

Socin maintenant pose une question générale : est il possible d'affirmer que la volonté humaine est libre et de croire que dès le commencement des temps Dieu a connu toutes les œuvres et les pensées humaines avant même qu'ils ne viennent au monde ? La réponse que donne Socin c'est que la pré-connaissance divine n'est pas incompatible avec la libre volonté de l'homme : 1) Notre justification par Dieu n'est pas le résultat de la sainteté de nos vies ou de notre innocence (causa impulsiva and causa effectiva /cause impulsive et cause effective) (67). Il n'en est pas ainsi parce que qu'avant le commencement des temps Dieu a décidé de sauver les hommes à la condition qu'ils croient en Christ ; 2) La foi en Christ est un don immérité de Dieu parce qu'aucune personne à qui est donnée la possibilité de croire en Christ ne mérite ce don (68). A priori ceci semble être en accord avec les Réformateurs, mais une analyse plus fine montre qu'il n'en est rien ; 3) La foi en Christ est donnée non selon une sélection arbitraire de gens mais à tous les hommes à qui l'Evangile est annoncé (69) ; 4) La foi qui nous justifie ne consiste pas à affirmer la conviction que les mots du Christ sont vrais. Une telle foi peut être possédée par ceux qui désobéissent à Dieu. La foi qui nous justifie consiste non seulement en la confiance que Dieu accomplira les promesses de vie éternelle qu'il a faites par Jésus Christ, mais elle implique nécessairement l'obéissance aux commandements de Dieu. Cette obéissance n'est pas le résultat de la foi. La foi qui justifie est l'obéissance à Dieu (70) ; 5) La foi que les promesses de Christ seront accomplies émerge en nous de notre libre volonté, parce que la décision de croire est la nôtre (71).

(67) Faustus Socinus, Tractatus de Justificatione, dans BFP, op. cit., vol. 1, 602b.
(68) Faustus Socinus, Tractatus de Justificatione, dans BFP, op. cit., vol. 1, 603b ; De Jesu Christo Servatore, dans BFP, op. cit., Vol. 2, 240a.
(69) Faustus Socinus, De Jesu Christo Servatore, dans BFP, op. cit., vol. 2, 234a.
(70) Faustus Socinus, De Jesu Christo Servatore, dans BFP, op. cit., vol. 2, 240b-241.
(71) Faustus Socinus, Assertiones theologicae de Trino et Uno Deo, in BFP, op, cit., vol. 2, 455-457. Valentinus Smalcius, “De homine,” dans Epitome, op. cit., pp. 45-55.

à suivre ...

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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 05:01

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L'origine de la foi

Quant à la manière dont la foi apparaît, Socin suggère un combat constant entre la raison et l'inclination. La raison nous conseille de suivre la justice même à notre désavantage, tandis que l'inclination nous conduit à ce qui est le plus avantageux. Ainsi il dépend de notre libre volonté d'agir justement à notre désavantage ou d'agir pour notre profit immédiat bien que nous comprenions que nous ne devrions pas agir de cette manière. Celui qui décide de suivre le conseil de la raison est aisément conduit à croire que le Dieu qui récompense les justes et punit ceux qui font le mal existe. Celui qui suit ses inclinations ne peut atteindre cette conviction ou ne peut y arriver qu'avec difficulté parce q'une telle conviction est un obstacle à ses desseins. Ainsi la cause et la fondation de la foi est le désir de l'Homme et la tendance à faire ce qui est juste et à éviter ce qui est injuste (72).


(72) Faustus Socinus, Assertiones theologicae de Trino et Uno Deo, in BFP, op. cit., vol. 2, 456b.
 

La grâce que Dieu donne aux peuples, ce sont les enseignements de Christ, qui contiennent en plus des stricts commandements moraux, les promesses des récompenses qui sont les plus désirées par les peuples, nommément, une vie éternelle de bonheur.

Le processus de l'émergence de la foi est présenté par Socin de manière entièrement naturaliste sans aucune intervention surnaturelle. Une telle intervention détruirait complètement tout mérite humain et rendrait le salut dépendant des lubies du Créateur. Cette intervention apparaît néanmoins à un certain stade. Mais, en accord avec Socin, cette assistance surnaturelle ne réduit pas le degré de responsabilité de l'homme.

Les commandements du Nouveau testament d'imiter Christ sont justes et conformes à la raison. Mais leur accomplissement nécessite un degré d'héroïsme et d'abnégation qui dépasse les capacités naturelles de l'homme. L'espoir d'une récompense (la vie éternelle) qui sera atteinte par l'obéissance peut ne pas être suffisant pour persister dans l'accomplissement des commandements. Ainsi il est nécessaire d'avoir quelque certitude pour persister dans l'accomplissement des commandements et elle est créée dans les cœurs humains par le pouvoir de l'Esprit de Dieu. Cette grâce est garantie non seulement à ceux qui acceptent la récompense comme vraie mais qui sont aussi préparés à rejeter la méchanceté, à être entièrement obéissant et à persister dans leur pieuse entreprise (73).


(73) Faustus Socinus, Praelectiones theologicae, dans BFP, op. cit., vol. 1, pp. 544b-550a.
 

Négation de la pré-connaissance divine

Socin a débattu de la négation de la pré-connaissance divine dans son œuvre Praelectiones theologicae (74) dans laquelle il examinait la doctrine de la prédestination (75). La doctrine qui dit que Dieu a une connaissance infaillible de toutes les éventualités futures, c’est-à-dire des choses qui pourraient arriver mais ne sont pas autorisées à arriver, objectivement, à cause des actions de l'Homme, est basée, selon Socin sur trois arguments : 1) Le concept que si la nature divine contient la notion de connaissance infaillible, il serait impie de penser autrement ; 2) Qu'il est à peine probable que les choses seraient différentes, quoiqu'elles pourraient être différentes si c'était la volonté de Dieu ; 3) C'est ce qui est soutenu par l'Ecriture. 

 

(74) Valentinus Smalcius, “De praedestinatione,” dans Epitome, op. cit., pp. 55-65.
(75) Valentinus Smalcius, “De Deo,” dans Epitome, op. cit., p. 16.

Ceux qui acceptent la pré-connaissance divine affirment que la libre volonté de l'Homme est incompatible avec la divine prescience. Il s'ensuit que Dieu est incapable de garantir le libre arbitre à l'Homme. Cette opinion est impie et contraire à ce qu'ils disent eux mêmes quand ils affirment que le premier homme avait le libre arbitre avant sa chute (Socin se réfère à Calvin, Institutiones I. chap. XV.8). Socin présente deux raisons que ses adversaires pourraient présenter pour soutenir le premier argument : 1) Que pour Dieu tout ce qui existe est présent parce qu'il est lui-même au-delà du temps et existe dans l'éternité où rien n'est plus tôt ou plus tard. Ce raisonnement ne peut être accepté, parce que le temps, quoi qu'en disent les théologiens, a un passé et un futur. Le temps ne commence pas avec la création du monde, seule la signification du temps a commencé avec la création du soleil et des étoiles. Donc, même pour Dieu le passé, le présent et le futur existent. En conséquence Dieu connaît les choses passées, présentes et futures. Socin se réfère ici à la notion de temps absolu comme l'a fait Gassendi plus tard ou dix septième siècle et Newton après lui ; 2) Il peut être dit que Dieu est omniscient, ce qui veut dire que s’il ne savait pas quelque chose, il ne serait pas omniscient. Mais même cet argument n'est pas convaincant, parce que Dieu connaît tout, mais seulement les choses qui peuvent être connues. Les éventualités futures ne font pas partie de cette catégorie.

Pour réfuter le second argument, Socin le formule sous une forme différente : les partisans de la pré-connaissance divine affirment que la pré-connaissance est incompatible avec le libre arbitre. Socin dit que nous affirmons la même chose. Cependant une question surgit, plus probable : est ce que Dieu refuse le libre arbitre à l'Homme pour préserver la pré-connaissance divine, ou est ce qu'il garantit le libre arbitre et a renoncé à la pré-connaissance ?

Si nous acceptons qu'il n'y ait pas de volonté libre en l'Homme, alors il résulte la situation absurde que Dieu est la source des péchés humains. Il n'y a rien d'absurde, cependant, à maintenir que tout n'est pas connu de Dieu par une connaissance infaillible. N'est ce pas suffisant que Dieu par son pouvoir, sa sagesse et sa connaissance illimités gouverne et dirige toute chose, ainsi il dirigera toujours ce que fait l'Homme pour sa gloire ? Réciproquement, l'acceptation de la thèse de la pré-connaissance fait de Dieu le témoin passif de tous les événements, se retirant de tous les soins des gens et de la direction immédiate des affaires de ce monde.

Vérité essentielle, Justice divine

Socin insiste sur l'obéissance aux commandements de l'Evangile et en faisant ceci il dévalue quelque peu les dogmes et la connaissance religieuse. Mais cet amoindrissement n'est pas total, parce que sans quelque connaissance de la religion il n'y a pas de foi en Christ, et la foi en Christ, quelque soit la manière dont on la comprenne est une condition du salut : 1) Socin est convaincu que seule la foi en un petit nombre de dogmes religieux, les "vérités essentielles", est requise pour accéder au salut. Seuls les actes contraires au message de l'Evangile rendent le salut impossible. Les vérités essentielles sont en général celles sans laquelle la foi en Christ et l'accomplissement des promesses sont impossibles (76). Ces vérités sont clairement établies et facilement comprises. Même des vues totalement erronées et toxiques comme la croyance en la Trinité et en la prédestination n'excluent pas du salut ; elles le rendent difficile. Socin a présenté ses vues durant les séminaires théologiques de Raków en 1601-1602. Dans les mêmes conférences, Socin a formulé ses vues concernant l'enfer (77). Il était d'avis que les expressions comme "le châtiment de l'enfer", "la condamnation éternelle", et "les éternelles souffrances" sont des métaphores que Jésus a utilisé intentionnellement pour adapter sa doctrine au mode de raisonnement des gens qu'il enseignait. Nous devons supposer que tous ne se lèveront pas au jour du Jugement dernier. La thèse que les impies seront laissés à leur destin qui est, la mort éternelle, la non-existence, et que les obéissants et les justes seront appelé à la gloire éternelle, peut être autorisée sur les bases suivantes : 1) la justice nécessaire que les méchants soient punis ; 2) les gens, sachant qu'ils ne souffriront pas après leur mort, persisteront dans leurs péchés.


(76) Valentinus Smalcius, “De statu mortuorum usque ad diem ultimum,” dans Epitome, op. cit., pp. 88-102.
(77) Faustus Socinus, Praelectiones theologicae, dans BFP, op. cit., vol. 1, p. 537.

 

Socin justifie ainsi son premier argument : il semble injuste que les méchants ne soient pas punis, il serait encore plus injuste – et ce serait une plus grande injustice si Dieu qui a fait l'homme mortel, le rendrait alors immortel pour le faire souffrir. Il est plus acceptable que les impies se lèvent au Jour du jugement, voient la gloire de Dieu, et alors meurent à jamais. La dernière vue, cependant, apparaît comme moins probable à Socin que la précédente, c'est-à-dire que leur destin soit simplement la non-existence.

La réponse de Socin au deuxième argument est : ils sont dans l'erreur ceux qui pensent que les peuples peuvent être forcés à se réformer et à se repentir par la menace de l'enfer. Il est possible qu'une telle menace soit dissuasive si les châtiments étaient visibles ou pouvaient être vérifiés visuellement. Celui qui ne se réformera pas à cause d'une récompense aussi magnifique que la vie éternelle, offre peu d'espoir de le faire par crainte du châtiment. Celui qui ne croira pas en la récompense ne croira pas en la punition

à suivre ...

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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 04:15

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Le rationalisme de Socin

A) Socin représentait un strict empirisme. Il commentait : 1) Les hommes n'ont pas d'idées innées ou naturelles de Dieu quoique une telle vue soit largement acceptée. Cette vue provient de "nouvelles" de Dieu qui ont été largement répandues et qui se sont transmises de générations en générations. Ces nouvelles sont apparues en réponse à la Révélation originelle de Dieu. Et les gens qui n'ont pas reçu les "nouvelles" ne peuvent même pas supposer l'existence de Dieu. 2) Aussi il n'y à aucune possibilité de connaître Dieu au travers de l'étude de la nature (78). 

 

(78) Cité par Z. Ogonowski dans préface à Andreae Wissowati, Religio rationalis, traduction par Edwin Jędrkiewicz (Warsaw: Państwowe Wydawnictwo Naukowe, 1960), p. XII.

Un disciple de Socin, Christopher Ostorodt, a formulé succinctement ces assertions dans une oeuvre publiée en 1625 à Raków. Le fait que les hommes aient quelque connaissance de Dieu ne vient ni de leur nature ni de la contemplation des oeuvres de la Création. Il provient des "nouvelles" de Dieu : Dieu s'est révélé lui même aux hommes dès le commencement. Ceux qui n'avaient pas reçu les "nouvelles" n'avaient aucune idée d'une déité quelconque et la preuve est fournie par l'exemple des peuples des Nouvelles Indes [ndlr - Le Nouveau monde vient d'être découvert ; les "Indiens" qui s'y trouvent sont  alors perçus à tort comme n'ayant pas de religion !]. Ainsi l'homme ne peut rien savoir à propos de Dieu et sa volonté, excepté ce qu'il lui a expressément révélé, de manière externe (79).


(79) Faustus Socinus, Lectiones sacrae, in BFP, op. cit., vol. 1, p. 296.


3) La connaissance de Dieu ne provient pas d'une illumination intérieure ou de l'inspiration. Tout ce qui existe dans l'esprit, provient d'une perception empirique. Nam, ut dictum est a Philosopho, nihil est in mente, sive intellectu, quod non prius fuerit in sensu (80) ;  4) Ainsi, la seule source de connaissance à propos de Dieu ne peut venir que d'une révélation transcendantale. Nam cum religio res naturalis nequaqum sit …, sed si vera est, patefactio est quaedam Divina (Maintenant alors, parce que la religion n'est nullement une chose naturelle..., mais si c'est vrai alors la Révélation devrait être quelque chose de divin) (81). Ceci s'applique au Christ aussi bien, qui comme un être humain qui devait être élevé à la dignité divine devait acquérir la connaissance de Dieu d'une manière compatible avec sa nature humaine. La manière dont Socin visualisait cela était que Christ, avant qu'il ne commence sa mission, n'ait pas résidé quelque temps dans les cieux comme il est indiqué par Jean 13 : 3. (Jésus savait que le Père avait tout remis entre ses mains, qu'il était venu d'auprès de Dieu et allait retourner auprès de Lui.). 

 

(80) Faustus Socinus, Commentarius in epistolam Joannes Apostoli primam, in BFP, vol. 1, p. 237.
(81) Faustus Socinus, Tractatus de Ecclesia, in BFP, op. cit., vol. 1, p.343.
 

B) Le rôle du raisonnement. Socin déduisait de ceci que si l'Homme ne peut obtenir la connaissance de Dieu par les moyens naturels mais seulement par la révélation divine, alors les esprits humains peuvent non seulement l'appréhender et l'interpréter de manière indépendante, mais il est essentiel qu'ils le devraient puisque autrement la Révélation aurait été inutile. Nam ubi divina patefactio adest, non solum humana ratio res divinas percipere potest, sed ut percipiat necesse est; alioqui frustra plane esset patefactio illa (Car où qu'il y ait une révélation divine, non seulement la raison humaine est capable d'appréhender les choses nouvelles, mais il est nécessaire qu'elle le fasse ; autrement, la claire et divine révélation aurait été vaine) (82) Pour être compréhensible, la Révélation doit être donnée dans une forme et exprimée selon des catégories accessibles à l'esprit humain. La Révélation doit suivre les principes de la raison. Si une doctrine religieuse contient des enseignements contraires à la raison, cette doctrine est fausse sur ces points et contraire à la raison. De telles vues, de tels enseignements erronés doivent absolument être rejetés. Mais Socin n'était pas encore un rationaliste, mieux, il comprenait la raison comme le sens commun et non comme la raison critique. Toutefois, de cette manière Socin rejetait les autorités antérieurement responsables pour les principes de la religion : l'Eglise et la Tradition. Pour Socin, il n'y a sur terre pas de plus grande autorité pour l'homme que sa propre raison. Socin insistait que pour la Révélation soit évaluée par la raison humaine (83).

 

(82) Faustus Socinus, De Sacrae Scripturae auctoritate, in BFP, op. cit., vol. 1, 273 ; Praelectiones theologicae, ibid., pp. 537-539. Les vues de Socinus sur la religion naturelle et les différences de point de vue sur la question entre Socinus et le socinianisme  ultérieur, en commençant par John Crell, sont discutées par Z. Ogonowski dans son Socynianizm a Oświecenie. Studia nad myślą filozoficzno-religijną  arian w Polsce XVII wieku (Le Socinianisme et les Lumières),  (Warsaw: Polska Akademia Nauk, 1966). pp. 78-104.
(83) Faustus Socinus, De Sacrae Scripturae auctoritate, in BFP, op. cit., vol. 1, p. 273..

C) La vérification de la révélation divine. La question se pose alors de savoir comment nous savons que l'Ecriture, qui est supposée contenir les mots de Dieu, était une révélation divine, puisque nous ne pouvons la vérifier ni par la raison naturelle ni par la contemplation de la nature ?

Le catholicisme en appelle au témoignage premier de l'Eglise, dont l'autorité est la garantie de l'autorité de la parole de Dieu, une position d'abord exprimée par saint Augustin : Ego Evangelio non crederem nisi me commoveret auctoritas Ecclesiae (Je ne croirais pas en l'Evangile si ce n'était à cause de l'autorité de l'Eglise). Le protestantisme pointe sur "l'autorité intérieure du Saint Esprit" (testimonium Spiritus Sancti internum). Socin rejetait à la fois l'autorité de l'Eglise et l'inspiration surnaturelle du Saint Esprit. Il enseignait ce que l'on appellerait aujourd'hui une solution naturaliste au problème de l'autorité. Socin distinguait : 1) Qu'il y a des gens qui, quoique dubitatifs à propos de l'autorité de l'Ecriture, croient que la religion chrétienne est vraie. Il pense qu'il est facile de leur prouver l'authenticité de la Révélation. Il suffit de se référer à son argument philosophique donné dans De Sacrae Scripturae auctoritate ; 2) Il y a aussi ceux qui rejettent cette opinion ou qui doutent que ce soient la vraie religion ou simplement pensent qu'elle est fausse.

La deuxième variante inclut deux sortes de gens : a) Ceux qui pensent qu'il y a ou qu'il pourrait exister, une vraie religion. Dans ce groupe, il peut y avoir des non-chrétiens et pour ceux qui croient qu'il y a une vraie religion, il suggère une comparaison du christianisme avec les autres religions, ce qui prouverait sa supériorité et son excellence ; b) Ceux qui pensent qu'il n'y a pas de vraie religion du tout. Ce groupe inclut les athées. Pour ceux qui ne reconnaissent aucune religion ou rejettent la croyance en Dieu, Socin conseille l'usage d'arguments rationnels mais conclut qu'il n'y a pas d'autres arguments qui prouveraient, sans aucun doute, que Dieu existe et que le christianisme est la vraie religion.

Socin propose les arguments suivants pour l'existence de Dieu et de sa Révélation :

a) arguments des événements qui exigent une libre volonté

Socin a postulé l'existence de Dieu à partir de la libre volonté quoiqu'il n'ait donné aucune argumentation spécifique. Quamquam vero minime dubitamus, quin hoc (c’est-à-dire, l'existence de Dieu) haud magna negotio effici queat, maxime si rationes ducantur non tam ex natura ejusque necessariis effectis, quam ex liberis voluntariisque eventibus extra necessarium naturae ordinum, qui in orbe terrarum conspecti sunt et quotidie conspiciuntur (Nous avons, cependant, peu de doute que cet argument ne puisse produire une grande difficulté, spécialement si la raison est conduite non pas tant par la nature et ses effets nécessaires que par des agents libres et déterminés résidants au-delà de l'ordre nécessaire de la nature et que nous pouvons observer chaque jour sur le globe terrestre) (84). La base de cet argument est l'assertion de l'absolue liberté de la volonté humaine. Socin, rejetait le concept de pré-connaissance divine (praescientia divina). Dieu ne connaît pas les actions futures de l'homme. Autrement il n'y aurait pas de libre volonté et il n'y aurait aucune possibilité soit de récompenser les justes ou de punir les méchants puisque cela nécessite un choix conscient entre le bien et le mal. La volonté libre de l'homme est une part de la providence divine dans le gouvernement du monde et son maintien dans l'harmonie (85). Mais Socin admet qu'un tel argument ne peut être convaincant que pour quelqu'un qui connaît déjà l'existence de Dieu et recherche quelque vérification.


(84) Faustus Socinus, Praelectiones theologicae, dans BFP, op. cit., vol. 1, p. 545.
(85) Faustus Socinus, De Sacrae Scripturae auctoritate, dans BFP, op. cit., vol. 1, p. 274.

b) argument historique

L'argument précédent étant sans importance, donc Socin en propose un qu'il considère comme supérieur. Premièrement on doit prouver au travers des documents historiques que Jésus a existé, puisqu'il est mort sur la croix, et finalement qu'il a fait des miracles. Le reste des arguments suit dans son traité De Sacrae Scripturae auctoritate.

c) Argument du sens moral

Mais Socin était entièrement conscient qu'aucun de ces arguments pour preuve de l'existence de Dieu ne soient convainquants : "Il est certain que quiconque considère la religion comme une invention humaine et la ridiculise, en pensant qu'il est vain d'attendre de Dieu une récompense pour des actions justes et le châtiment pour les actions mauvaises, ridiculisera aussi les miracles en les réduisant à des causes naturelles." (86). Donc quelle est la raison qui fait que quelqu’un croit en Dieu et en sa Révélation et d'autre non, si les arguments rationnels ne sont pas décisifs ? Les Eglises chrétiennes l'expliquent par l'action de la Grâce de Dieu. Socin rejetait cette explication et essayait de résoudre le problème en postulant que la reconnaissance de l'existence de Dieu et de la vraie nature de la religion chrétienne dépend en dernier ressort d'une position morale. Socin affirmait que chaque homme a la capacité de distinguer entre le bien et le mal et au moins de reconnaître l'importance de poursuivre la justice. Et ceci est, en accord chez Socin, avec une forme de la parole intérieure de Dieu. La raison en nous nous pousse au choix de la justice, mais nos impulsions nous poussent vers ce qui est notre désir immédiat. Ainsi notre choix dépend de notre libre volonté et ceux qui poursuivent la justice sont enclins à accepter l'existence d'un pouvoir divin gouvernant le monde (87).


(86) Faustus Socinus, Praelectiones theologicae, dans BFP, op. cit., BFP, vol. 1, p. 539. Valentinus Smalcius, “De homine,” dans Epitome, op. cit., pp. 45-55.
(87) Faustus Socinus, Elenchi sophistici, dans BFP, op. cit., vol. 1, p. 637. Valentinus Smalcius, “De homine,” dans Epitome, op. cit., pp. 45-55.

Ainsi Socin assimilait la religion et la foi à la moralité. La religion n'est pas une affaire de raison mais de foi. La volonté et l'attitude morale va décider de son acceptation. La religion n'est pas évidente en elle-même ; si elle l'était, il n'y aurait aucune différence entre le bien et le mal. Dans un tel cas le monde mauvais et le monde juste serait convaincu de la vérité de la religion et il n'y aurait aucune possibilité de commettre le mal ou le bien et par conséquent ni punition ni récompense. Le choix entre accepter la religion et refuser la religion repose sur la volonté et sur l'attitude morale et non sur des arguments rationnels. La récompense de l'immortalité promise par les évangiles est si désirable qu'il n'y ait personne qui ne ferait bien plus que ce que Christ a requis, s’il était certain que les promesses de Christ sont vraies. Parce que la récompense n'est pas certaine, des gens mauvais et ceux qui n'aiment pas la vertu pour elle-même préfèrent ne pas croire dans sa réalité en dans sa possibilité. Ceux qui ont de la vertu croient aisément en Dieu. Ainsi le fait que les vérités religieuses ne sont pas indiscutables rend possible de distinguer entre le méchant et le juste (88).


(88) Faustus Socinus, De Sacrae Scripturae auctoritate, dans BFP, op. cit., vol. 1, p. 279. Zbigniew Ogonowski, Socinianism and Enlightenment, chapt. 1 “Criteria of Truth of Christianity According to F. Socinus”, op. cit., pp. 15-77.

à suivre ...

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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 03:51

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Impact sur le développement futur


La doctrine de Socin est devenue au début du dix septième siècle la doctrine officielle des Frères de Pologne – appelé sociniens. Dans la génération qui suivit, le socinianisme entrepris des modifications. Plus d'accent fut mis sur les éléments rationnels de la doctrine ; il était acquis que le socinianisme était une "religion rationnelle".


La position de Socin qu'il n'y avait pas de religion naturelle fut abandonnée – il était patent que cette thèse dévaluait le rôle et la fonction de la raison. A la fin de la deuxième décennie du dix septième siècle les sociniens proclamaient une vue opposée. Plus tard, comme les attaques contre le socinianisme en Pologne et en Europe occidentale et que les catholiques comme les protestants étiquetaient le socinianisme comme la plus dangereuse des hérésies, les théologiens sociniens commencèrent à modifier les autres aspects de leur doctrine, probablement pour la rendre moins choquante et plus acceptable à l'opinion chrétienne.


Dans la seconde moitié du dix septième siècle la position des sociniens sur Jésus et sur l'Expiation évolua vers une forme plus modérée.

En 1658 la Diète de la communauté de Pologne introduisit une résolution interdisant l'anti-trinitarisme sous peine de mort. Ils devaient se convertir ou partir avant trois ans. C'était un acte de fanatisme, mais la Pologne était encore officiellement tolérante envers les autres Eglises protestantes après cette résolution. En 1648, le parlement anglais adopta une ordonnance punissant l'anti-trinitarisme de mort (l'Ordonnance draconienne). En 1658 une résolution de la Diète de la communauté de Pologne signifiait la fin de l'Eglise antitrinitaire de Pologne. La majorité des sociniens adoptèrent le catholicisme, une minorité émigra, principalement en Transylvanie. L'élite intellectuelle s'installa en Hollande où ils trouvèrent des sympathisants, principalement les Remonstrants. Ils continuèrent leurs activités de publications à Amsterdam entre 1665 et 1668, ce dont il résulte une œuvre monumentale en de nombreux volumes in-folio Bibliotheca Fratrum Polonorum quos Unitarios Vocant (La Bibliothèque des Frères polonais appelés unitariens). La Bibliotheca incluait les écrits de quelques théologiens et théoriciens majeurs du mouvement socinien et commençait avec les œuvres complètes de Socin.

La propagande vigoureuse conduite par les Frères polonais et leurs sympathisants en Europe occidentale pendant le dix-septième siècle, qui continua même après leur exil de Pologne, exerça un grand effet, spécialement en Hollande ou en Grande Bretagne. De plus, les sévères édits anti-sociniens et les nombreux tracts théologiques désignant cette doctrine comme la plus pernicieuse des hérésies excitaient la curiosité et l'intérêt à propos de la secte. Le socinianisme, une fois expulsé de Pologne n'a jamais pu renaître en tant que grande Eglise et ses doctrines n'ont jamais été adoptées dans leur intégralité ; néanmoins, beaucoup des idées qu'il proclamait ont été adoptées par des sympathisants parmi des théologiens de tendance libérale, comme celles qui suivent :


La conception  unitarienne de Dieu ;
L'idée irénique reliée à la doctrine de la vérité essentielle ;
L'idée que le salut est possible dans toutes les Eglises chrétiennes à condition d'accomplir les commandements moraux de l'évangile ;
Le principe de la tolérance religieuse et de séparation de l'Eglise et de l'Etat auquel les successeurs de Socin, en commençant avec John Crell, ont porté une grande attention (89).

 

(89) Z. Ogonowski, “Tolerance and Religion” dans Z zagadnień tolerancji w Polsce XVII wieku, (Warsaw: Państwowe Wydwanictwo Naukowe, 1958), Part 2. Marian Hillar, “From the Polish Socinians to the American Constitution,” dans A Journal from the Radical Reformation. A Testimony to Biblical Unitarianism. vol. 3, n°. 2, Winter 1994. pp. 22-57.


Ces idées et des idées similaires furent partagées par des penseurs des centres religieux, et les théologiens orthodoxes attribuèrent la source principale de toutes ces idées au socinianisme. Dès la fin du dix-septième siècle et au cours du dix-huitième siècle, ils dénoncèrent comme socinianisme toutes les opinions religieuses qui gravitaient autour des tendances libérales et rationalistes. D'autre part, le socinianisme (si compromettant pour les théologiens orthodoxes) eut un effet positif sur les idéologues des Lumières. On y insistait sur le fait que la doctrine socinienne avait embrassé des concepts de grande valeur pour la tradition humaniste et rationaliste. Donc, presque tous les principaux représentants du mouvement intellectuel qui se proclamaient eux mêmes comme des vecteurs de cette tradition considéraient le socinianisme comme la première avancée des Lumières.

La rationalité de Socin était très limitée. Elle n'était pas autonome comme dans chaque système religieux qui suppose l'existence d'une révélation divine et l'accepte comme une base de foi.  Néanmoins il fut une avancée spécialement si on le compare avec la "rationalité" de Thomas d'Aquin ou avec le protestantisme orthodoxe. Il avait émancipé la raison de la domination des autorités de l'institution de l'Eglise et de la Tradition. La raison dans le système socinien devient le seul juge qui décide de la "véracité du mot divin". Dans le système de Thomas d'Aquin chaque spéculation religieuse devait d'abord être soumise à l'autorité décisive de l'Institution et à la tradition de l'Eglise. Socin n'admet pas cette doctrine aussi bien que l'attitude de spiritualité hétérodoxe et les systèmes mystiques qui rejetaient l'autorité de l'Eglise. Dans ce sens, le socinianisme primitif fut un précurseur des doctrines ultérieures, plus rationalistes, celle de la génération suivante de sociniens et des Lumières (90).

(90) Marian Hillar, “The Philosophical Legacy of the XVIth and XVIIth Century Socinians : Their Rationality.” dans The Philosophy of Humanism and the Issues of Today. Anthology of Essays. (Essays in the Philosophy of Humanism, vol. 4). (Houston : American Humanist Association, 1995), pp. 117-126. Marian Hillar, “The XVIIth and XVIIth Century Socinians : Precursors of Freedom of Conscience, of Separation of Church and State, and of the Enlightenment.” dans The Essays in the Philosophy of Humanism, (Houston: American Humanist Association, 2001), vol. 9, pp. 35-60.

 

L'auteur souhaite exprimer ses remerciements et sa gratitude à Claire S. Allen pour la lecture du manuscrit et ses commentaires.

Note de la traduction (Ndt) : Les noms de personnes ou de lieu ont été conservés dans l'orthographe initiale de leur langue d'origine ou dans leur version latinisée.

FIN

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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 14:38

Article à la Une : Discussion sur l’unitarisme sur la page Facebook du Groupe « Eglise réformée de France », fin novembre 2011, présentée par Jean-Claude Barbier, 4 pages A4, publié dans la Correspondance unitarienne n° 111, janvier 2012, mis en ligne le 4 janvier 2012 dans La Besace des unitariens (lien).

Message d'envoi, par Jean-Claude Barbier le 4 janvier 2012 :  Avec nos meilleurs vœux pour cette nouvelle année, nous vous adressons une invitation pour participer au réseau social de Facebook où vous pourrez rencontrer des unitariens de toutes les nationalités (francophones, anglophones, hungarophones, etc.). Pour une mise en appétit, vous trouverez dans ce bulletin un exemple de bonne et franche discussion. Outils de l’Internet, ces réseaux sociaux sont désormais incontournables pour tous ceux qui veulent valoriser leurs activités militantes.

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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 13:53

Discussion sur l’unitarisme sur la page Facebook du Groupe « Eglise réformée de France », fin novembre 2011, présenté par Jean-Claude Barbier, article à la Une du bulletin de la Correspondance unitarienne n° 111, janvier 2012.


R.J. - L'adjectif "chrétien" venant du substantif "christ", et les unitariens ne reconnaissant dans le meilleur des cas qu'un statut de maître à penser à Jésus de Nazareth, faut-il vraiment les affubler de ce qualificatif ? Il me semble qu'il y a là une évolution à partir du christianisme, mais qui a pris son autonomie comme le christianisme l'a fait précédemment par rapport au judaïsme.


M.J. - Ce n'est pas très sympa de chercher à exclure ceux qui ne sont déjà pas très nombreux ... Castellion au secours ! J'aime bien l'article 1er de la discipline de l'ERF (qui va être conservé dans l'EPUF) : " L'Eglise réformée de France professe qu'aucune Eglise particulière ne peut prétendre délimiter l'Eglise de J.-C., car Dieu seul connaît ceux qui lui appartiennent " ...


N.B. Il [le premier intervenant] ne cherche pas à les exclure. Je comprends sa vision des choses. On ne peut pas dire qu'ils soient chrétiens, étant donné que pour eux, Jésus n'est pas l'incarnation de Dieu, qu'il n'est pas mort et ressuscité pour le salut de nos âmes. Être chrétien, c'est justement reconnaître cela.


M.J. – Attention ! il peut y avoir une façon mythologique de croire à l'Incarnation qui n'est pas celle des premiers siècles ! Pour moi j'en reste au : " Dieu seul connaît ceux qui lui appartiennent"... J'aime bien quand Raphaël Picon écrit : "Ce qui fonde notre vérité ultime n'est pas ce que nous faisons ou donnons à voir de nous-mêmes, mais ce qui nous saisit, nous traverse et nous précède.." (Evangile et Liberté, « magazine théologique chrétien libéral », n° 177, lien).


R.B. - Et le mot Christ signifiant Messie, peut-être faudrait-il aussi exclure tous ceux qui ne croient pas que Jésus est venu rétablir la monarchie dans l'État d'Israël. Cette boutade pour dire que le mot Christ, comme le mot Seigneur d'ailleurs, ont fait l'objet de tellement d'interprétations que celle des unitariens en vaut bien d'autres. Bon c'est vrai quoi, comme "chrétiens", les unitariens, ils sont un peu borderline, mais c'est pour ça qu'on les aime. J'aurais plutôt tendance à considérer que "les confessions de foi successives" de l'Église constituent autant de poteaux indicateurs plantés dans notre histoire. Merci de ne pas les considérer comme des clôtures. Merci aussi de ne pas les arracher. Parce que tendre du fil de fer barbelé entre les poteaux indicateurs, ça ne se fait pas.
Tout ce qu'on peut dire d'un point de vue formel, c'est que les unitariens renoncent volontairement à la "catholicité", alors que les confessions Luthériennes et Réformées y prétendent explicitement (cf. les articles 1 à 4 de la Confession d'Augsbourg).


N.B. - Comment ça, ils renoncent à leur "catholicité" ? Et comment ça, nous y "prétendons explicitement" ? Tu parles de "catholicité" au sens grec du terme (universel) ou au sens romain ?


R.B. - http://www.egliselutherienne.org/bibliotheque/CA/AC1erePartie.html (lien)
Je crois que les articles 1 à 4 la définissent assez bien. Je réserverais volontiers "universel" pour un usage moins formel et plus large. Donc je l'entends au sens romain : les Églises réformées et luthérien-nes sont tout autant les légitimes héritières de cette catholicité là.
Première Partie - Confession d'Augsbourg de 1530, http://www.egliselutherienne.org (lien)
Nos Églises enseignent en parfaite unanimité la doctrine proclamée par le Concile de Nicée : à savoir qu'il y a un seul Être divin, qui est appelé et qui est réellement Dieu. Pourtant, il y a en lui trois Personnes, également puissantes et éternelles : Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu le Saint... Et la Confession de la Rochelle prend bien soin de se référer aux mêmes critères. Alors que les unitariens s'en détachent.


R.J. - Quelles que soient les interprétations des mots, il y a quelques fondamentaux qui demeurent. Au temps où le mot "mashiah" a été utilisé en hébreu, il a servi dans la Bible à désigner trois catégories de personnes : les rois, c'est vrai, mais aussi les Grands prêtres et les prophètes. Pour autant que je comprenne ce que M.J. nous dit des unitariens, la notion même de messianité est totalement rejetée par leur Eglise. Ils n'envisagent aucune forme de révélation de celui que l'on appelle le Dieu. Chez eux, tout me semble affaire de réflexion et de quête de sens. Cela me parait extrêmement respectable, mais je doute que ce soit encore du christianisme.
à M.J. : Je ne désire absolument pas exclure qui que ce soit ! Par contre, ce qui me semble violent, c'est la façon dont nous récupérons parfois certains mouvements ou courants de pensée en cherchant à les intégrer dans nos critères et nos champs de références. Les unitariens souhaitent-ils vraiment être qualifiés de chrétiens ? Est-ce qu'au moins nous leur avons demandé leur avis ? Il n'en demeurent pas moins d'excellents interlocuteurs pour le dialogue entre les différentes recherches de Dieu.


M.J. - Cher R.J, mais pourquoi vouloir toujours jauger / juger l'autre ?.. Les unitariens (plutôt européens) se veulent chrétiens ou universalistes-post-chrétiens (outre Atlantique) [ndlr – plutôt « unitariens-universalistes »] : Dieu seul connaît ceux qui lui appartiennent ! La recherche des hérétiques fut une maladie mentale du christianisme alors que la seule hérésie du christianisme fut son manque d'amour !
Aujourd'hui, on nous attend au tournant de notre capacité de dialoguer avec les religions non-chrétiennes (dont l'islam) et avec l'athéisme ... Dans ce contexte les unitariens (universalistes ou pas) [ndlr – idem remarque précédente] très minoritaires sont de notre côté comme les Quakers et les Baha’is !


R.J. - Tout à fait d'accord, M.J. ! Qui parle ici de jauger ou de juger ? J'aime beaucoup l'expression américaine. L'appellation "post-chrétien" correspond exactement à ce que j'essaie de dire. Ce n'est ni un rejet, ni une condamnation, ni quoi que ce soit de semblable. Juste le besoin pour moi de rester clair envers la société. Pour nos contemporains, les chrétiens pensent que Dieu se donne à connaître dans la vie de Jésus de Nazareth. D'après ce que tu nous communiques habituellement sur les unitariens, ils ne s'intéressent guère plus à Jésus qu'à Platon ou Gandhi et ne croient pas que Dieu se donne à connaître de quelque manière que ce soit. Nous ne manions pas les mots juste pour notre petit monde luthéro-réformé ! Tout ce que nous publions est accessible aux internautes de manière universelle.


M.J. - Tout à fait d'accord avec toi , R.J... Seulement soyons larges et généreux... Moi j'ai toujours cru à l'amour de Dieu depuis mon enfance car mon père fut quelqu'un de formidable et de très bon (j'en ai témoigné le jour de ses obsèques). Ma foi n'est pas que dogmatique, elle est psychologique et fruit d'une éducation. De même quand, adolescent, j'ai commencé à lire, par moi même, un évangile c’était après avoir parcouru un livre sur Gandhi … Gandhi m'a conduit à Jésus. De même, l'historien romantique Napoléon Peyrat demandait qu'on arrête d’opposer Platon à Moïse.


R.P. - Je crois qu'il est bon de rappeler comme R.J. que Christ est d'abord un terme hébreu : Messie. Mais, Cher R.J., il faut aller plus loin et se dire que les chrétiens ont tendance à récupérer ce terme à leur profit et même à se l'accaparer et à croire que leur interprétation de ce titre est la seule bonne. Or Christ, ou Messie, c'est bien un titre, celui d' "oint" . Ce titre qui est donné dans la Bible non seulement à Saül et David, mais aussi, il faut le souligner, à Cyrus, le roi de Perse, installé à Babylone (voir Esaïe 45,1) et qui a une autre religion bien différente de celle des Juifs, même s'il est monothéiste, puisqu'il est mazdéen. Les Juifs n'ont jamais eu une interprétation unique de la signification de ce titre. Si aujourd'hui, une partie des Juifs attendent encore la venue d'un messie individuel, beaucoup d'entre eux, les Juifs réformés notamment, croient plutôt à une signification symbolique de ce terme et n'attendent tout au plus que des temps messianiques. Ajoutons que les musulmans donnent aussi à Jésus de Nazareth le titre de Christ, mais avec une interprétation bien différente de celle des chrétiens.
Personnellement, membre d'une paroisse réformée, je suis de sensibilité unitarienne chrétienne et je tiens à me situer dans cette tradition chrétienne dont j'ai hérité (par une famille catholique), même si je donne à ce titre une signification nouvelle, mais peut-être pas si lointaine de celle que lui donnaient les premiers disciples de Jésus qui n'auraient jamais osé en faire un Dieu.
Pour moi, un christ (je dis bien un et non pas le) est un être empli de l'Esprit saint et le christ que je suis est le Jésus de Nazareth qui est au centre de mon héritage culturel et spirituel. Il n'est pas Dieu incarné, mais un maître spirituel, et je comprends bien qu'en Asie certains le considèrent comme un Bouddha, c'est à dire un Etre éveillé, terme qui pour moi est presque superposable à celui de Christ. Donc, j'ose dire que le Gautama, le Bouddha historique, est un Christ, mais ce n'est pas celui de mon héritage culturel.


N.B. - Jésus LE Christ, le Messie, le oint de Dieu.

R.P. - Vu qu'il y a eu d'autres Messies avant Jésus, dont un non Juif, comme je l'ai expliqué ci-dessus, la position de ceux qui croient qu'il est "le" seul Messie n'est pas tenable. C'est simplement leur Messie, ce qui est déjà beaucoup ...

N.B. - Ce n'est pas notre Messie, mais c'est Le Messie de toute l'Humanité, celui qui nous a sauvé.

R.B. - Et qui nous sauve.

N.B. - Maintenant, et pour toujours, Amen.

R.P. - Tant mieux, si cela vous aide et ne vous empêche pas de rester tolérants avec les autres, mais votre position, à mon avis, n'est pas le résultat d'une expérience personnelle, mais celui d'une soumission aux dogmes des Eglises ... Amen !

R.B. - Faut-il énumérer le nombre de situations où, dans mon existence, le souvenir des promesses de mon baptême fût pour moi planche de salut ? D’où la certitude d'être personnellement impliqué dans la séquence "passion-croix-resurrection" m'a permis d'affronter les crises et d'en sortir. Le nombre de fois où 2 Cor 1, 8 et ss s'est interprété de soi-même ? Auquel des trois de cette séquence attribuer ce miracle sans cesse renouvelé ?

R.P. - Tant mieux, Richard. Malgré la petite "pique" de mon précédent message, mes réflexions n'ont pas pour but de dévaloriser vos expériences, mais de répondre à la question initiale de R.J. : pourquoi les unitariens se disent-ils chrétiens ? N.B. - Bonne question ! [ndlr –la question initiale de R.J. que R.P. vient de rappeler].

P.C. - Et pas neuve...
X.L. - Les messies, c'est amusant car on n'en trouve toute une ribambelle dans le premier testament : Samuel, David, Salomon, etc. On ne trouve pas le terme "Christos", mais le terme hébraïque "Mashia".

R.J. - C'est vrai, Xavier, à ceci près que « christos » est le seul mot utiliser pour traduire « mashiah » dans la toute première traduction du Premier testament, la Septante.


JCB (Jean-Claude Barbier, chrétien unitarien, Bordeaux) : Pauvres unitariens, vraiment méconnus et maltraités dans ce dialogue ! Pourtant nous avons pleins de sites qui expliquent tout, à commencer par celui de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU) dont Théodore Monod fut le président d'honneur jusqu'à sa mort (lien).
Cher R.J., votre question sur les unitariens est très pertinente, mais elle concerne une partie des unitariens seulement (car nous sommes une grande famille de près d'un million d'habitants). A partir de la fin du XIXème siècle, les congrégations unitariennes des Etats-Unis ont commencé à ouvrir leurs portes, sur la base des valeurs évangéliques, à des non chrétiens (agnostiques, non-théistes, humanistes spirituels) puis à d'autres religions en tant que faisant partie du patrimoine spirituel de l'Humanité (bouddhistes, soufis, baha'is, etc.) - d'où la pratique de l'échange "interfaith". Ces unitariens se disent depuis 1961 "unitariens-universalistes" et, en tant que communautés, ne se disent plus officiellement "chrétiens" (bien qu’environ 13% d'entre eux aux Etats-Unis et 60% au Royaume uni le soient). Il s'agit donc d'un post-christianisme où le christianisme reste une valeur sûre, mais n'est plus exclusif ; il est mis sur le même pied d'égalité avec d'autres héritages religieux et d'autres spiritualités.
Je poursuis sur l'état de l'unitarisme contemporain : nos Eglises historiques de Transylvanie et de Hongrie sont restées tout à fait protestantes (la Réforme anti-trinitaire qui est la "benjamine" des Réformes protestantes du XVIème siècle). Certes, c'est un peu différent de la luthérienne et de la calviniste, mais c'est protestant historique quand même ! Se sont ajoutées à ce pôle unitarien chrétien, fin XX° et début XXI° des associations chrétiennes unitariennes en France, Royaume Uni, Italie, Afrique noire et Amérique latine. La confession unitarienne (au sens chrétien du terme) existe donc et est reconnue comme telle.
A compter désormais dans la grande famille unitarienne, les chrétiens universalistes (de l'Eglise universaliste américaine qui, à partir de la fin du XVII° siècle professa que le salut était universel puisque la Rédemption avait été faite une fois pour toute par le sacrifice de Jésus et que cela valait pour tous les hommes sans exception). Cette Eglise n'a jamais remis en cause le dogme trinitaire (elle n'est donc pas anti-trinitaire), mais elle n'en parle pas et est libérale et non dogmatique. Elle a fusionné en 1961 avec les congrégations unitariennes, ce qui a donné l'unitarisme-universalisme qui est la dénomination officielle de l'unitarisme aux Etats-Unis. Paradoxalement, ce sont donc les unitariens post-chrétiens des Etats-Unis qui, dans une corbeille de noces, ont apporté une autre confession chrétienne dans la mouvance de l'unitarisme contemporain. Pour en savoir plus sur cette confession chrétienne voir notre dossier (lien).
Le nom historique de Jésus qui fait usage est Jésus-Christ, à savoir Jésus dit le Christ, considéré comme le Christ par ses adeptes. Lorsqu'un historien l'appelle ainsi, cela ne veut pas du tout dire qu'il reconnaît que Jésus soit messie, ni le Messie par excellence, ni celui qui est concerné par les prophéties "messianiques" des textes hébraïques. En plus, "messie" ne veut pas dire sauveur, mais oint par Dieu. Il y en eut plusieurs pour les Juifs : Darius, David, Jésus, et après Jésus aussi ... Bon, Jésus ne semble pas avoir fait l'unanimité, mais c'est là une autre histoire. Pour les nazôréens, à savoir les judéo-chrétiens de Jérusalem, il était pour eux le Messie attendu (avec un M majuscule !). Cela n'a rien à voir avec le dogme trinitaire qui, lui, est beaucoup plus tardif et qui avance que Jésus est Dieu incarné. Ce n'est qu'à partir du concile de Nicée en 325 que cette croyance fut "obligatoire" : avant cette date, les chrétiens - comme l’a dit Théodore Monod - étaient pré-nicéens ; ils n'en étaient pas moins chrétiens !


R.J. - Merci beaucoup, Jean-Claude ! Voici, enfin, des réponses concrètes et dépassionnées. Et les sites mentionnés me seront très utiles également.


E.G. - Euh, l'idée que Jésus est "Fils de Dieu", dans un sens plus fort qu'une simple filiation spirituelle, est quand même bien antérieur au concile de Nicée et aux histoires de substances, essences, etc. On la trouve tout à fait attestée dans un certain nombre d'épîtres, et pas les plus tardives d'entre elles...


JCB - Je réponds à E.G. Si mes souvenirs sont bons, Paul, à deux reprises, reprend des hymnes christiques populaires, d'un style tout à fait lyrique, exalté, théologiquement très approximatif et difficile à traduire, où il est question d'un dieu qui a accepté de s'abaisser à la condition humaine. C'est peut-être (?) une allusion au Fils de l'homme du Livre d'Hénoch qui était avec Dieu (donc "comme un dieu") avant que de descendre sur terre, figure que Jésus semble s'être appropriée pour lui-même (lien).
Et puis, il y a effectivement dans l'évangile de Jean cette histoire de Fils unique, Bien aimé de Dieu, qui promet de nous introduire dans la proximité de Dieu "son père" : qui me voit, voit Dieu. Donc un introducteur à Dieu, en position privilégiée. Nous restons cependant au niveau d'une filiation toute spirituelle. La "chair" commence avec le logos du Prologue = la Sagesse de Dieu qui s'incarne en Jésus ; mais c'est seulement une incarnation du Logos, du seul Verbe, et non pas de Dieu lui-même tout entier, dans sa personne même ! Au tout début du IIème siècle, vers 110, dans les épîtres de l'évêque d'Antioche, Ignace, la divinité de Jésus est affirmée à plusieurs reprises : Jésus est dieu à côté de Dieu, sans que l'on explique toutefois le passage de l'un à l'autre ! Les prémisses de la Trinité n'arrivent qu'à la fin du IIème siècle avec Tertullien et on connaît la suite. Bon, j'ai oublié Luc et son évangile de l'enfance ! Cela constituera d’ailleurs un argument de poids pour Ignace d'Antioche.

bonjour_et_au_revoir.jpgNdlr – Les réseaux sociaux étant des espaces privés où n’accèdent que des « amis », nous avons, par discrétion, réduits les noms des discutants à leurs initiales, hormis pour l’éditeur de ce débat, Jean-Claude Barbier. Les lecteurs auront pu constater le bon niveau des débats et la courtoisie qui y a régné, ce qui est tout à l’honneur de ce groupe Facebook de l’Eglise réformée de France (ERF).

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20 décembre 2011 2 20 /12 /décembre /2011 10:50

Article à la Une - Les juifs sont nos « pères » et les musulmans « nos fils », par Roger Parmentier, pasteur ERF (texte rédigé avant novembre 2010 et toujours d’actualité), article à la Une du n° 110 de la Correspondance unitarienne, décembre 2011, mis en ligne le 20 décembre 2011 sur le site des Amitiés islamo-unitariennes (lien).

Libres propos - Dialogue entre un musulman internaute et un unitarien, par messagerie électronique à l’adresse de la Correspondance unitarienne, paru dans le bulletin n° 110 de la Correspondance unitarienne, décembre 2011, mis en ligne le 20 décembre 2011 sur le site des Amitiés islamo-unitariennes (lien).

Documents :

- Prière pour nos défunts, par Claire Lavant, publiée le mercredi 3 août 2011 dans la rubrique "le travail de deuil" sur le site de l'Eglise unitarienne francophone (EUfr), (lien), reproduit dans le bulletin n° 110 de la Correspondance unitarienne, décembre 2011.

- Présentation de la revue "Alternatives non violentes", publiée dans les Actualités unitariennes du 18 décembre 2011 à partir d'un message reçu de François Vaillant, directeur de cette publication (lien), reproduit dans le bulletin n° 110 de la Correspondance unitarienne, décembre 2011.

Message d'envoi - par Jean-Claude Barbier, le 20 décembre 2011

Les relations entre chrétiens et musulmans, sous diverses latitudes et dans des contextes allant de la cohabitation pacifique voire fraternelle aux affrontements tragiques et meurtriers, sont plus que jamais d’actualité. Nous apportons, dans ce bulletin, une modeste contribution avec une belle exhortation du pasteur Roger Parmentier, un dialogue avec un musulman internaute, et la présentation de la revue « Alternatives non-violentes » qui a toute sa place dans ce dialogue inter-religieux. Nous avons ajouté une prière pour nos défunts qui fut composée par une militante catholique, Claire Lavant, prière d’autant plus émouvante qu’elle fut lue lors de sa propre cérémonie d’inhumation.

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8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 00:10

Ferenc Balazs, unitarien transylvain, vécut de 1901 à 1937. Il étudia à Starr King (près de San Francisco) et à Meadville-Lombard (près de Chicago), deux Facultés de théologie unitarienne aux Etats-Unis. Il visita le Japon, la Chine et l'Inde, avant de retourner chez lui en Transylvanie où il travailla comme ministre du culte. Il formula un credo comme suit (traduit en français par Jean-Claude Barbier avec l'aide de Samantha Fink) :


My Own Credo/ My Testimony
Mon propre credo / Mon témoignage par Ferenc Balazs


Ndlr – ce credo est « très américain », à savoir de tonalité théiste mais en mettant en avant les valeurs humaines universelles : Dieu n’est cité qu’au terme de cette approche. Jésus, quant à lui, est en filigrane dans l’amour que nous devons porter aux autres, sans être mentionné comme tel. Rappelons que l’Eglise unitarienne de Transylvanie, anti-trinitaire, fondée en 1568, se réfère à Dieu et à l’enseignement de Jésus (lequel est simplement homme). Ce credo, personnel, témoigne de l’évolution du christianisme unitarien

qui, aux Etats Unis, à partir de la fin du XIX° siècle, s’est ouvert aux non croyants (agnostiques, humanistes spirituels), puis aux croyants d’autres religions pour donner, à partir de 1961, l’unitarisme-universalisme

– et non de la foi unitarienne en Transylvanie, laquelle est restée de style protestant.


I believe that this world is not a chain of casual things.
Je crois que ce monde n'est pas une chaîne de choses fortuites.
I believe that everything has its own purpose.
Je crois que chaque chose a son propre objectif.
I believe that the world's nature - predestination, fate, decision, unchangeable will - is to form persons who, with great trust, can feel and know themselves to be integrated parts of the whole world, and act as such.
Je crois que la nature du monde - prédestination, destin, décision, ferme volonté - est de former des personnes qui, avec grande confiance en elles, pourrons se sentir et savoir elles-mêmes combien elles sont partie intégrante du monde entier, et agir en tant que telles.
I believe that the world's purpose keeps working through many small purposes, through the fulfillment of human will, and that each generation and each individual has the task of forging one of the links in the chain.

 Je crois que les grands projets de ce monde consistent à travailler à de nombreux petits buts, et que cela passe par l'accomplissement de la volonté humaine, que chaque génération et chaque individu ont pour tâche de forger l'un des maillons de la chaîne.
I believe in this task, in my separate small purpose. First of all, I want to clean and bring to perfection my own personality, this one dewdrop that mirrors the world.  I do not repress any expression of my multi-faceted personality. I live for my body as much as I live for my soul, but I keep trying to harmonize each of my wishes, instincts, and convictions with the highest and most valuable of the characteristics I have developed to this point. And I aim to build the connections of love with others among my brothers and sisters in our community.  I have a strong wish to keep peace among us and to build an association for achieving our mutual interests with those with who I am in close, loving connection.
Je crois dans cette tâche, dans ces petits projets individualisés. Tout d'abord, je tiens à rendre plus nette et à amener à la perfection ma propre personnalité ; elle est une goutte de rosée qui reflète le monde. Je ne réprime aucune expression de ma personnalité à multiples facettes. Je vis pour mon corps autant que je vis pour mon âme, mais j’essaie sans cesse d'harmoniser chacun de mes désirs, instincts et convictions, avec la plus haute et la plus valable des caractéristiques que j'ai pu développer sur tel ou tel point. Et je cherche à construire des liens d'amour avec les autres, avec les frères et soeurs de notre communauté. J'ai un fort désir de maintenir la paix entre nous et que nous nous associons pour réaliser nos intérêts mutuels avec tous ceux avec qui je suis en étroite et aimante relation.

I believe that if I can fulfill my small purpose in this short life of mine, I will achieve something valuable in itself, and not even death can diminish its meaning.
Je crois que, si je peux réaliser cet objectif limité durant cette courte vie qui est la mienne, je réaliserais quelque chose de valable en soi, et pas même la mort n’en diminuera la signification.
I believe in human dignity--and when it identifies itself with the world purpose, I believe in the freedom of will.
Je crois en la dignité humaine - et quand elle s'identifie au bienfait de ce monde, je crois en notre libre arbitre.
I believe that the will of my true self is the will that achieves expression in the world purpose, and if I follow the world purpose, I only follow my own will.
Je crois que ma volonté authentique est celle du Monde même, et qu'en épousant celle-ci [ndlr - le "Monde" fonctionnant ici selon les lois morales de la Nature qui nous conduisent vers le Bien selon le théisme du Siècle des lumières], je ne fais que suivre la mienne.
And I believe in God :  this world is beautiful, great, and wonderful with a happy fate. It is amazing and mysterious, and when I am filled with it, overwhelmed with its infinity, its intimacy raises me, its joy makes me rejoice--then what springs forth from me is God....
Et je crois en Dieu : ce monde est beau, grand et merveilleux avec un destin heureux. Il est étonnant et mystérieux, et quand je suis rempli de lui, submergé de son infinité, son intimité me soulève, sa joie me réjouit ; ce qui jaillit alors de moi, c'est Dieu …
 

gretchen_thomas.jpgSource : Walking in Others' Shoes” (Marcher dans les chaussures d’autrui) par Gretchen Thomas *, Roots and Wings Press, 2010, p. 154 ; texte reproduit dans la Newsletter d’octobre 2011 de l’Unitarian Universalist Felloship of Paris (UUFP).
* Ce livre de la révérende Gretchen Thomas évoque le partenariat entreprit par le Partner Church Movement en faveur des unitariens transylvains après le renversement du régime communiste roumain en 1989 ; outre sa propre expérience (par exemple la première communion chrétienne de sa vie prise dans une église transylvanienne !  lien), l’auteur nous livre des informations sur l’histoire de ces unitariens de l’Europe de l’Est, à savoir notre Eglise historique de langue hongroise, en Transylvanie et en Hongrie.
 
photo : la révérende Gretchen Thomas à Boston en juin 2010 avec le révérend József Kázsoni,  qui est maintenant ministre à la « Première Eglise unitarienne » à Budapest.


Pour une présentation de l’action de l’Unitarian Universalist Partner Church Council, voir notre article dans les Actualités unitariennes (lien).

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17 novembre 2011 4 17 /11 /novembre /2011 19:44

Ralph Waldo Emerson – « Discours aux étudiants en théologie de Harvard » suivi de « Le dernier repas », traduction en français par Raphaël Picon du célèbre discours « Divinity School address » (1838) et d'un sermon, aux éditions Cécile Defaut dans la collection « La chose à penser », 137 p., sorti le 15 octobre 2011, vendu à la Fnac et à Amazon.fr (13,30 euros avec livraison gratuite) ( lien)
 
Présentation par l’éditeur de l’auteur :

 

ralph_waldo_emerson_discours_aux_etudiants.jpgEmerson, figure fondatrice de la culture américaine, dresse ici un violent réquisitoire contre un christianisme engoncé dans le carcan dogmatique d'un temps révolu. Il lui oppose un hymne à la nature, à la confiance en soi, à l'âme humaine devenue parcelle de Dieu et de l'univers. Publié pour la première fois en français, Le discours aux étudiants en théologie est une pièce maîtresse de l'oeuvre d'Emerson ; il peut en être une magnifique introduction.


Conférencier, essayiste, poète, prédicateur, Emerson nous a laissé une oeuvre riche, singulière et marquante. Il est considéré comme l'une des figures fondatrices de la culture américaine. Ses textes en ont profondément influencé la littérature et la philosophie, de Walt Whitman à Allen Ginsberg, de William James à Stanley Cavell. Le rayonnement d'Emerson traverse l'Atlantique pour marquer de manière durable des auteurs comme Carlyle, Wordsworth ou encore Nietzsche. Emerson a influencé les grandes figures intellectuelles de son temps. Père de ce que l'on appelle déjà de son vivant le "transcendentalism" (en français : le transcendantalisme), un mouvement intellectuel et culturel d'hommes et de femmes qui partagent nombre de ses idées, et notamment celle sur le "Dieu en nous" qui est aussi l'âme de la nature et de l'univers, Emerson n'est pourtant pas l'homme d'une école. Il n'aura de cesse d'exhorter ses contemporains à fuir les modèles et à marcher seuls, et fera sa vie durant preuve de l'indépendance de pensée qu'il appelle de ses voeux.


Présentation par l’éditeur du traducteur : 

 

Raphaël Picon est théologien. Il est doyen de la Faculté de théologie protestante de Paris et rédacteur en chef du mensuel Evangile et liberté. Il a notamment publié Le Christ à la croisée des religions (van Dieren édition), Le protestantisme, la foi insoumise (avec Laurent Gagnebin, éditions Flammarion, collection Champs), Dieu en procès (éditions de l'Atelier). En plus de la traduction, Raphaël Picon a annoté le texte et l’a préfacé.
 
Présentation de la collection « La chose à penser » des éditions Cécile Defaut (lien)

 

Chaque volume de la collection « La Chose à penser » aborde une problématique actuelle doublement traitée à travers un texte d’hier et à la lumière de son commentaire d’aujourd’hui. Ces textes signés d’auteurs célèbres s’articulent à une réflexion philosophique esthétique ou littéraire et sont introduits par un auteur d’aujourd’hui.

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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 11:01

Article à la Une - " L'unitarisme américain est-il un romantisme ? " par Richard Brodesky, membre de l'Unitarian Universalist Church of Tucson (UUCT) et du conseil de l'Eglise unitarienne francophone (EUfr) (lien)

Libres propos (lien) par Jean-Claude Barbier (" Soumission pour les uns, obéissance pour les autres ",  " Notre mouvance ", " La voie étroite "), Richard Roullier (" Dire Dieu comme on voit un mirage "), Paul Pistre (" L'unitarisme au vue de nos bulletins ") et Benhur1942 (" Une Eglise fraternelle ").

Message d'envoi du 10 novembre 2011 : reprise de nos bulletins après une année sabbatique dûe en partie à des ennuis de santé pour le rédacteur de ce bulletin.

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