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le calice des unitariens

chaque communauté unitarienne arbore un blason ou un logo. Voici celui des unitariens qui sont regroupés au sein de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Voir sur son site à la rubrique "le calice des unitariens"
http://afcu.over-blog.org/categorie-1186856.html


 

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26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 13:01

Le volume 7, numéro 1, 2011 de la Tribune libre unitarienne est consacré à l'humanisme unitarien universaliste ( lien). Compte rendu par Jean-Claude Barbier (chrétien unitarien, France)

 

 Avant-propos sur l’humanisme unitarien universaliste, par Léo Poncelet ( lien).

« Un humanisme à saveur unitarienne universaliste. »


L’humanisme, horizon indépassable, par Fabrice Descamps ( lien).

L’auteur rappelle l’importance de l’humanisme à une époque où Michel Foucault évoque la mort de l’Homme et la fin du sujet dans Les mots et les choses, paru en 1966 ; mais aussi, face à la vague écologique qui attire notre attention sur l’environnement, la planète et l’univers sous le prétexte que l’homme n’y est plus qu’un élément parmi tant d’autres et non plus au centre du système.

Raison et révérence : un humanisme religieux pour notre temps, par William A. Murry (lien).
Ce pasteur émérite de la communauté unitarienne universaliste de River Road et ancien président de la Meadville Lombard Theological School est aussi auteur du livre Reason and Reverence Skinner House. 2006. Son article « La foi naturelle : Comment l’évolution darwinienne changea la religion libérale » est paru dans le numéro précédent de la Tribune libre unitarienne, vol. 6, n°. 2, décembre 2010, numéro consacré à la science et la religion.
Partisan d’une approche rationnelle et scientifique, bannissant toute croyance dans l’existence d’un surnaturel (Dieu, l’âme, les miracles, etc.), l’auteur, à la suite de Ralph Waldo Emerson et son essai célèbre sur la « Nature », nous fait part de son émotion en contemplant la Nature et l’Univers – à qui nous devons un sentiment des respect et de révérence - également de la gratitude car nous sommes vivants. Ces sentiments ne vont nullement à une divinité surnaturelle (il ne s’agit pas là d’un néo-paganisme), mais à une force intrinsèque de la nature (pas très éloigné somme toute du panthéisme – grâce au « pouvoir créatif d’une énergie-matière »). Il s’ensuit un nouveau type de spiritualité très éloigné de ce qu’on appelle d’habitude par ce terme ; une spiritualité faite de respect de la vie, de solidarité, de luttes sociales et d’éthique environnementaliste pour améliorer nos destins, etc. Il propose un naturalisme humaniste … et religieux, réintégrant l’émotion (mais non point l’irrationalité !) ; ce qui correspond d’ailleurs à la ligne directrice adoptée depuis plusieurs années par l’UUisme nord-américain *

* voir l’article à la Une " Quel langage pour l’unitarisme ? Un débat ouvert par le révérend William G. Sinkford, président de l’Association unitarienne-universaliste, Boston, Etats-Unis ", dans le bulletin n° 22 de la Correspondance unitarienne, août 2003, lien .

Son article, qui est un écho de son livre Reason and Reverence : Religious Humanism for the 21st Century, étant d’une très grande richesse ne peut pas être ici résumé : nous conseillons très vivement au visiteur de le lire attentivement en entier.
Selon lui et d’après des sondages, sans doute empiriques car non cités, les humanistes, naguère majoritaires au sein de l’UUisme nord-américain, seraient maintenant moins nombreux, de l’ordre le la moitié des effectifs.


L'exode silencieux  :  Où sont donc partis tous les humanistes ? par Pat Duffy Hutcheon (lien).
Cet article a été soumis au magazine UUWorld vers 1995 (mais non retenu). L’auteur est décédée en 2010. Née dans les années 1920, cette femme a été élevée dans les prairies canadiennes. Son parcours est celui d’une sociologue, d’une humaniste et d’une unitarienne. Dans The Road to Reason : Landmarks in the Evolution of Humanist Thought, publié par Canadian Humanist Publications en 2001, on trouvera un recueil de plusieurs de ses articles.
« J’ai assisté l’an dernier à deux conférences humanistes : une au Canada, l’autre aux États-Unis. Quelle ne fut pas ma surprise de faire connaissance avec un nombre impressionnant d’anciens unitariens universalistes ! Ils avaient tous depuis peu quitté nos églises et nos congrégations pour la même raison. Ils ont quitté non parce que nos pasteurs, lors de leur apprentissage, sont rarement éduqués par des maîtres humanistes, ni obligés de lire les grands classiques du naturalisme philosophique; ni parce que les agnostiques pétillants d’intelligence ne se destinent plus au pastorat et n’adhèrent plus à nos congrégations; ni parce qu’on entend trop peu souvent dans les prêches un langage éclairant sur la pensée humaniste. Même si tel est le cas, là n’est pas la question. Il y a une autre raison, une raison évoquée immanquablement par ces gens pour expliquer pourquoi ils ont quitté leur communauté bien-aimée. C’est quelque chose qu’ils voient de bien plus grave que simplement le désintérêt et l’ignorance par les jeunes pasteurs de l’humanisme sous-jacent à la tradition unitarienne universaliste. Ce qui les préoccupe avant tout, c’est la montée des propos mystifiants dans les prêches et parmi les adeptes de la communauté unitarienne universaliste. ».
Suit un plaidoyer pour l’humanisme, puis une conclusion assez étonnante puisqu’elle propose d’en revenir à des chrétiens : William Ellery Channing (1780-1842), principal fondateur du christianisme unitarien en Nouvelle Angleterre, au début du XIXème siècle (lien), mais également à Albert Schweitzer (Alsacien, protestant libéral et médecin,1875-1965), en sautant l’épisode romantique du transcendantalisme avec Ralph Waldo Emerson (1803-1882) (lien), pour finalement revendiquer une filiation remontant à Erasme (1469-1536).
« C’est pourquoi les humanistes tirent la conclusion que le mouvement mystique et spiritualiste du Nouvel Âge auquel souscrivent tant de nos pasteurs actuels est très nuisible à nos membres et destructeur de tout rôle de leadership que notre dénomination pourrait autrement jouer dans la cité. Nous aimerions voir cette nouvelle influence omniprésente du transcendantalisme d’Emerson contrebalancée par une plus grande allégeance aux deux autres principales trames dont sont tissés les liens de notre mouvement. Notre confession a besoin de porter une attention accrue aux théistes libéraux qui font appel à la raison et à l’autorité de la science comme le veut la tradition de William Ellery Channing et d’Albert Schweitzer. Et nous avons un besoin criant de faire prendre conscience du rôle primordial que la philosophie naturaliste a joué au sein de notre mouvement UU, depuis ses racines qui remontent à la renaissance avec l’humanisme d’Érasme (lequel inspira nos fondateurs et nos martyrs) * jusqu’à la résolution des problèmes de l’approche analytique et empirique de la science moderne. »

* ndlr – pour les unitariens, ce serait plutôt Michel Servet (1511-1553) qui fut médecin et savant en son temps en plus d’être théologien anti-trinitaire.


L’hérésie : a-t-elle toujours une place chez les unitariens universalistes ? par Emanuel Freitas (lien).
« Ce qui suit est une adaptation d’une présentation faite à l’Église unitarienne de Montréal dans le cadre de nos célébrations d’été où les membres de la communauté qui le désirent peuvent s’exprimer sur des sujets qui leur tiennent à cœur. Cette présentation est une réflexion personnelle et n’engage personne d’autre ni l’Église unitarienne de Montréal. ».
Constatant que les positions radicales de l’unitarisme (de l’anti-trinité au XVI°s au mariage des couples homosexuels au XX°s) ont été largement acceptés dans les milieux libéraux, notamment chez les chrétiens progressistes, l’auteur s’interroge sur l’avenir de sa confession et, d'une façon plus générale, sur la disparition des religions dans les pays occidentaux *

* Dans son édition de mai/juin 2011, le magazine The Humanist, de la American Humanist Association, affirme qu’une étude récente présentée à la réunion annuelle de la American Physical Society a conclu que « si la tendance actuelle se maintient, la religion aura disparu dans neuf pays, soit : l’Australie, l’Autriche, le Canada, la République tchèque, la Finlande, l’Irlande, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande et la Suisse ».

D'où l'interrogation suivante : « Le temps est peut-être venu pour les unitariens universalistes de se trouver de nouvelles hérésies. Mais lesquelles ? ». L’auteur finit par des propositions quelque peu hétéroclites et qui ressemblent fort à une fuite en avant A lire pour se rendre compte combien l’humanisme consiste entre autres, pour certains, à se démarquer du christianisme par l’athéisme (l'auteur fait référence au livre de Richard Dawkins, Pour en finir avec Dieu), l’affirmation péremptoire que Jésus n’a pas existé historiquement (en vogue chez certains historiens au début du XX°s, mais encore colporté *), la présentation de la communauté comme simplement une « société » ou une « fraternité », mais non plus comme une Eglise (« s’éloigner graduellement de la religion pour n’être plus qu’une communauté spirituelle »), etc.

* l'auteur mentionne Les mystères de Jésus, de Timothy Freke et Peter Gandy, "où les auteurs démontrent sans équivoque que Jésus n’a jamais eu une existence historique et que le christianisme n’est qu’un mythe dont les racines remontent à l’ancienne Égypte" (sic !).

 

Montreal--Eglise-unitarienne--salle-Thomas--porte--P525065.JPGEglise unitarienne de Montréal (Québec), vitrail représentant l'ascencion de Jésus.

Porte avec vitrail récupéré de l'ancienne église (après l'incendie de celle-ci).

Photo Jean-Claude Barbier, mai 2008


Un apprenti pasteur en manque de racines unitariennes universalistes (UU), par Curtis Murphy ( lien).
L'auteur est Youth Programs Coordinator (coordinateur des programmes pour les jeunes) à l’ Unitarian Church of Montreal, et il est candidat au pastorat. Article paru dans le Canadian Unitarian Newsletter, vol.53, no.1, Spring 2011, et traduit par nous en anglais avec l’autorisation de son auteur.
Partant des propos du moine catholique Thomas Merton (1915-1968) qui revendiquait son droit à l’incohérence, du moins à la diversité de ses points de vue : « Mes idées changent constamment, elles se déplacent sans arrêt autour d’un centre unique. De quelque angle que ce soit, j’aperçois ce centre sans arrêt. Donc, je serai sans cesse accusé d’incohérence. Mais, je ne serai plus là pour entendre l’accusation. », l’auteur constate les mérites de l’espace de libre expression formé par l’unitarisme-universalisme, mais aussi l’existence d’une certaine vacuité.
« Je sais que plusieurs UUs ont choisi cette église parce qu’ils avaient besoin de cet espace. Las des règles et des rituels, ils ont trouvé ici une nouvelle vie dans une communauté libérée des dogmes et de l’emprise de l’autorité, et qui offrait un espace pour s’épanouir. C’est cette liberté que nous acclamons. Et nous nous définissons par rapport à elle.
Malgré tout, ayant grandi dans cette tradition, j’en suis venu à ressentir un grand vide dans tout cet espace. À force d’insister sur des valeurs comme le libéralisme, l’individualisme et le progrès – pour moi des mots mutilés – nous nous donnons très peu de points d’appui. Nous ne voulons pas être gavés d’idées et de croyances, mais nous avons quand même besoin d’être nourris. Combien aurons-nous à offrir en retour si nous demandons si peu ? »
Ou encore cette image de l’arbre qui dévoile ses branches mais qui a besoin aussi de ses racines : « Invisibles, les racines d’un arbre s’enfoncent aussi profondément que s’élève la cime de ses branches. Autrement dit, un arbre ne grandit vers le haut et vers l’extérieur qu’en fonction de la profondeur et de la puissance de ses racines. Si nous ne cherchons qu’à nous ouvrir et à nous déployer, nous nous verrons, peu importe la force de nos aspirations, empêchés d’y parvenir, faute de profondeur. Paradoxalement, pour devenir plus inclusifs, accueillants et ouverts à la diversité dont on nous parle sans cesse, nous aurons probablement besoin d’articuler une identité plus forte. Au bout du compte, les gens ne veulent pas seulement être inclus. Ils veulent être inclus dans quelque chose ".
Sa conclusion : « Alors, c’est quoi ce quelque chose qu’on appelle l’unitarisme universalisme? Je suis ravi de savoir que c’est probablement quelque chose de différent pour chacun d’entre nous. Mais il reste que j’ai parfois l’impression qu’on dépense plus d’énergie pour ne pas faire valoir des croyances particulières que pour créer quelque chose dans laquelle il vaut la peine de croire. Il n’est pas nécessaire que la profondeur, la permanence et la vérité soient rigoureuses ou oppressives. Elles peuvent être chaleureuses et humaines d’un seul coup de cœur. J’ai besoin d’un centre pour avoir quelque chose à embrasser. ».

 

Ces racines, ces points d’appuis, ce centre … ? Mais n’est-ce pas précisément le christianisme unitarien que nombre d'unitariens-universalistes ont jeté un peu trop précipitamment comme le bébé avec l’eau du bain ? Voilà que, plus qu’une réflexion sur l’humanisme unitarien-universaliste, on se retrouve avec ce numéro face aux états d’âme d’une mouvance qui cherche un second souffle et qui apparaît écartelée par sa diversité. En fait, ses progrès, tout à fait méritants, se sont accompagnés chez beaucoup d’une rupture d’avec le christianisme, alors que celui-ci – dans sa version unitarienne dont la référence historique est donnée par l’Eglise unitarienne de Transylvanie, fondée en 1568  - est à son origine et n’a nullement démérité. Certains, sans culture chrétienne d'origine, ont tout simplement fait l'impasse, ne faisant aucun effort pour connaître la tradition unitarienne et son histoire.

 

En conciliant l’ouverture aux autres sagesses - et même la pratique de l’interfaith - et la continuité d’une tradition bien précise, l’unitarisme français entend justement éviter ces écarts et ce manque de cohérence ( lien). 

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