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le calice des unitariens

chaque communauté unitarienne arbore un blason ou un logo. Voici celui des unitariens qui sont regroupés au sein de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Voir sur son site à la rubrique "le calice des unitariens"
http://afcu.over-blog.org/categorie-1186856.html


 

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17 juillet 2010 6 17 /07 /juillet /2010 09:27

"Partager ses biens selon Jacques, le frère du Seigneur" par Régis Pluchet, secrétaire général de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU) - prédication à deux voix au culte du 11 octobre 2009 au temple de l’Eglise réformée du Mans. Lectures : Hébreux 4, 12-13, par Didier Travier : « le détachement spirituel et la grâce », et Marc 10, 17-30, par Régis Pluchet : « l’appel à la pauvreté et les œuvres » (partie ici seule reproduite), publié en article à la Une dans le bulletin de la Correspondance unitarienne, n° 106, août 2010.

Lorsque Jésus demande au jeune homme riche de vendre tous ses biens et de donner l’argent aux pauvres, cela nous concerne-t-il aujourd’hui ? Cette exigence n’est-elle que symbolique ? Ou doit-elle être prise au pied de la lettre ?

La réponse est à la fois oui et non. Sans doute, Jésus ne demande-t-il pas à tout le monde d’abandonner tous ses biens. Il appelle avant tout à une transformation intérieure. Il ne diabolise pas l’argent, il le remet à sa place. Mais il ne faudrait pas qu’une lecture symbolique, aujourd’hui, nous délivre de l’exigence du partage des richesses. L’épître de Jacques (2,14-17) est très claire là-dessus. La foi ne vaut rien si les riches laissent les plus démunis de côté. On voit pourtant dans les Evangiles Jésus fréquenter des hommes ou des femmes riches et accepter, quelques jours avant  sa mort, d’être oint par un parfum luxueux, dont les apôtres auraient préféré que son coût (300 deniers, soit un an de salaire) soit distribué aux pauvres. Il ne moralise pas, lorsque le geste vient du cœur et correspond aux circonstances. Il fréquente les riches autant que les pauvres, reçoit tout le monde sur un pied d’égalité, avec toutefois une attention plus particulière pour ceux qui sont en difficulté et nous rappelle que les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers.

Il ne s’en prend pas tant aux riches, qu’à ceux qui sont esclaves de leurs de richesses. Et nous sommes tous concernés, car nous avons tous des richesses qu’elles soient économiques, sociales, culturelles, psychologiques ou autres : nous pouvons aussi être trop riches de notre famille, de notre milieu, de notre Eglise, de notre paroisse.

Jésus rappelle dans ce texte (Marc 10 : 17-30) qu’il est plus facile à un chameau de passer par le chas d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu. Certains expliquent aujourd’hui qu’il ne s’agissait pas d’une aiguille à coudre, mais de la Porte de l’Aiguille à Jérusalem, qui était une porte très étroite, trop étroite pour être franchie par un chameau muni de son bardas, chargé de biens dont il fallait d’abord qu’il soit délesté. Quoiqu’il en soit de la traduction, la mise en garde est claire. Sachez partager vos richesses, sinon vous risquez d’y perdre votre âme : « Là où est ton trésor, là est ton cœur » dit Jésus.

Jacques le dit aussi d’une autre manière un peu plus loin, dans le passage que nous avons lu : « Votre richesse est pourrie, vos vêtements sont mités, votre or et votre argent sont rouillés (…). Il crie le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont moissonné vos champs et les clameurs du moissonneurs sont venues jusqu’aux oreilles du Seigneur ». Il demande aussi qu’il n’y ait pas discrimination entre riches et pauvres dans les assemblées et que ces derniers ne soient pas mis debout par derrière et les riches assis par devant. On accuse un peu vite Jacques de trop moraliser et il est vrai que son ton est parfois excessif, mais cela ne doit pas nous empêcher de voir le caractère prophétique de sa parole. Il ne fait que redire la parole de Jésus : « Amassez-vous plutôt des trésors dans le ciel que sur la terre, là où ni rouille, ni vers ne les détruisent » et c’est là qu’il concluait : « Là où est ton trésor, là est ton cœur » (Matthieu 6, 19-21).

Une parole toujours d’actualité dans un monde où le règne de l’argent sans frein a abouti à une telle crise, où le clinquant et le luxe s’affichent outrageusement, où certains qui ont déjà des salaires mirifiques reçoivent en outre des primes et des bonus considérables, tandis que d’autres sont jetés à la porte de leurs entreprises avec de maigres indemnités et sans considération. Une parole prophétique dans un monde où les peuples les plus riches tolèrent la pauvreté et l’injustice en leur sein et rejettent sans scrupules ceux qui viennent des pays les plus démunis et s’installent clandestinement, et on leur reproche sans doute de n’avoir pas frappé à la porte. C’est tout le sens de l’action de l’Entraide protestante de prendre au sérieux ces paroles de Jésus et de les mettre en oeuvre, comme essayaient de le faire les premiers chrétiens, lorsqu’ils mettaient en commun leurs biens.

Ce n’est pas seulement l’aumône qui est nécessaire, mais aussi inventer des modes de partage des biens matériels et spirituels, entre nous dans les Eglises, et agir pour qu’il en soit de même dans la société. Les communautés Emmaüs de l’abbé Pierre, les Fraternités de la Mission populaire évangélique, l’Entraide protestante et bien d’autres mouvements nous montrent les chemins de ces nouveaux modes de partage, suivons-les.

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