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le calice des unitariens

chaque communauté unitarienne arbore un blason ou un logo. Voici celui des unitariens qui sont regroupés au sein de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Voir sur son site à la rubrique "le calice des unitariens"
http://afcu.over-blog.org/categorie-1186856.html


 

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12 juin 2007 2 12 /06 /juin /2007 11:04

Editorial, Andrew James Brown, ministre du culte à l'Eglise unitarienne de Cambridge, The Herald, été 2006, traduit en français par Marie-Claire Lefeuvre

Ils sont comme des arbres plantés le long des cours d’eau, qui donnent leur fruit en leur saison, et dont les feuilles ne se fanent pas. Dans tout ce qu’ils font, ils prospèrent. "  (Psaume I - 1- verset 3 NRSV)

L'Eau bourde à Gradignan (banlieue de Bordeaux), photo J.- C. Barbier

Ces derniers mois, j’ai reçu un ou deux commentaires à propos du langage de la confession de foi de l’UCA - spécialement dans la traduction de " Seigneur et Maître " et de " Christ ". Il est clair que certains peuvent considérer que ces mots sont exclusifs et aimeraient voir ceux-ci abandonnés au profit de termes plus universellement acceptables. L’ennui est que l’on ne peut remplacer des mots que par des mots, et des mots qui n’ont aucune particularité, aucune " souillure " terrestre, n’ont pas non plus de parfum, de mordant, de " sel ". Le philosophe Hegel notait que depuis que le mot " être " était appliqué à toutes choses il n’avait plus aucun sens ! Là est, en dernier ressort, l’inconvénient du langage qui tente d’être universellement acceptable -à la fin il peut n’avoir plus aucun impact.

Mais la position universaliste développée par notre tradition chrétienne libérale unitarienne fut réalisée seulement à cause des expériences particulières et d’un langage partagé par nos membres. La particularité de notre communauté est d’être chrétienne ; son texte, son langage normatif est la Bible, et son expérience, sa réponse à Dieu est comprise à partir de l’imitation de la vie de Jésus et d’une profonde méditation de ses enseignements. C’est pourquoi nous ne croyons pas qu’il faille se prosterner devant le pouvoir humain séculier ou politique, et pourquoi, au lieu d’appeler quelque prêtre, politicien, roi ou dictateur " Seigneur et Maître " ou " Christ " (c’est à dire l’élu de Dieu), en fait nous utilisons ces titres  : un rabbi sans pouvoir et crucifié, un charpentier et un " pauvre criminel ". L’emploi de tels titres est donc profondément subversif et aide à nous diriger vers la seule vraie source de pourvoir qui est notre Dieu.

 

En tant qu’héritiers d’une tradition rationnelle nous sommes terriblement dépendants des mots et, selon moi, cela crée des dysfonctionnements car nous semblons expérimenter seulement leurs limites. Toutefois, s’il y a une grande leçon à tirer de notre condition d’être humain, cela commence à être compris que nous ne pouvons rencontrer l’infini qu’à travers le fini. C’est seulement dans nos limites que nous pouvons intuitivement comprendre l’illimité. En d’autres termes, nous avons à apprendre à être attentifs, par les mots et les phrases dont nous avons hérités, à l’expérience directe de Dieu, de la même manière que les chrétiens orthodoxes sont attentifs, par une icône du Christ, à faire l’expérience de Dieu. Nous devons nous rappeler, comme le grand historien unitarien W. G. Tarrant nous le rappela sagement, " qu’indéniablement on trouve deux caractéristiques d’inégale importance dans l’unitarisme : le rationalisme et le mysticisme (" Unitarianism, Lindsey Press, 1912, p. 3 "). Certainement, nous sommes rationalistes, mais nous sommes aussi enracinés corps et âme dans la mystique, selon notre tradition protestante anabaptiste mystique -comme celui qui a étudié nos ancêtres, les Frères Polonais à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, aura pu le faire aussi.

 

Ainsi ma réponse aux critiques concernant l’emploi encore en usage d’un langage traditionnel par l’UCA, est de préciser très énergiquement que, attentifs à ces mots mystiquement interprétés, nous pouvons, précisément par eux, développer une vision de Dieu qui, à la fin, inclura radicalement l’universalisme, qui peut toujours défier toutes les visions partiales et imparfaites de l’autorité et du pouvoir humain. Les mots hérités ne nous limitent pas ; en fait ils nous aident à ouvrir les vraies portes qui mènent à Dieu. Cela devient de plus en plus clair pour moi (enfin !) que plus quelques unitariens aujourd’hui essaieront d’imposer un langage religieux minimum universellement acceptable, moins notre tradition religieuse s’approfondira, s’enracinera, gagnera en efficacité. Si nous voulons être une communauté chrétienne libre et unitarienne confiante et fructueuse, alors nous devons une fois de plus trouver notre sécurité dans l’originalité de notre tradition avec toutes ses expériences et son langage. Que cela nous amène les fruits de la bonté, la vérité et la beauté qui expriment en vérité la réalité de l’amour de Dieu ignorant les particularités individuelles de son peuple.

 

Ceux qui apprennent à faire cela deviendront, comme le psalmiste le réalise, "des arbres plantés le long des cours d’eau, qui donnent leur fruit en leur saison, et dont les feuilles ne se fanent pas. Dans tout ce qu’ils font, ils prospèrent. "

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