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le calice des unitariens

chaque communauté unitarienne arbore un blason ou un logo. Voici celui des unitariens qui sont regroupés au sein de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Voir sur son site à la rubrique "le calice des unitariens"
http://afcu.over-blog.org/categorie-1186856.html


 

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12 février 2008 2 12 /02 /février /2008 11:22
Dans sa présentation du protestantisme libéral, faite en 1993 (voir bibliographie de l’auteur), le pasteur Pierre-Jean Ruff annonce sa troisième partie où il compte rappeler " les applications des principes du libéralisme dans lesquels bon nombre de libéraux se reconnaissent, même si elles ne font pas l’unanimité et si nous respectons totalement ceux qui ne s’y retrouvent pas ou qui les récusent ".

A savoir :

1) La vocation chrétienne à la liberté porte ombrage au pouvoir des Eglises et à l’efficacité de leurs sacrements.

2) Dieu est Dieu et il est le seul Dieu (ce qui remet en cause la divinité de Jésus et le rôle de la Trinité). C’est ici, entre autres, l’affirmation des Eglises unitariennes.

3) Jésus sauve, mais par un sacrifice qui n’est que moral et symbolique (il n’y a pas de religion sacrificielle, au sens physique et sacramental). (Introduction, p. 15 dans l’édition de 1993)


L’unicité de Dieu  (pp. 79-81)


Les libéraux unitariens sont réticents à l’égard de tout ce qui tourne autour de la Trinité. Ils ne comprennent pas cette excroissance non originelle du christianisme, qui a pris une telle importance dans la doctrine chrétienne classique. Ils sont lassés par toutes les spéculations et les arguties pour justifier un dogme dont ils se passent aisément. Ils ne comprennent pas que cette sensibilité du christianisme se soit imposée avec tellement de superbe que tous ceux qui n’y adhèrent pas, à tous les moments de l’histoire des Eglises, en soient rejetés avec force *

* en note de bas de page : Il est vrai qu’il y eut une exception à cette règle, lors de l’adhésion de l’Eglise réformée de France au Conseil œcuménique des Eglise (COE). Cette Eglise a souscrit une réserve au principe trinitaire exigé par le Conseil oecuménique, par respect de la minorité libérale présente chez elle. Cette attitude, qui peut paraître ambiguë ou douteuse, a été admise par le Conseil œcuménique.


Qu’il y ait une trinité de fonctions dans le plan de Dieu, beaucoup sont prêts à l’admettre. Jésus n’a pas la même vocation que Dieu. L’Esprit transmet la volonté de Dieu et il poursuit l’œuvre de Jésus. Evoquer une triple manière pour Dieu d’accomplir son dessein, pourquoi pas ? Mais de là à parler d’une trinité de personnes, et à faire de cette trinité un article de foi incontournable, il y a un pas que les libéraux de sensibilité unitarienne ne veulent pas franchir.


On s’interroge : Dieu et l’esprit de Dieu sont-ils une seule et même réalité, ou recouvrent-ils deux réalités distinctes ? Quelqu’un est-il distinct de son esprit ? Je rappelle pour mémoire que dans l’Ancien Testament, l’Esprit c’est la puissance même de Dieu. Il en est de même pour de nombreuses pages du Nouveau Testament, notamment dans le quatrième évangile.


Pour tout le début de cet évangile, notamment au travers des récits des entretiens avec Nicodème et la Samaritaine (chapitres III et IV), l’Esprit, la totale souveraineté de Dieu et la liberté des enfants de Dieu sont étroitement conjugués.


La seconde partie de l’évangile fait appel au Paraclet : le consolateur ou l’avocat.. Le terme grec Paracletos comporte une majuscule dans les manuscrits. Cela ne suffit pourtant pas à en faire une personne indépendante de Dieu. En effet, le Paraclet, synonyme de l’Esprit, a les mêmes prérogatives que ce dernier dans cet évangile. Il dépend de la souveraine liberté de Dieu que rien ne peut prévoir, capter ou canaliser. C’est pourquoi les combats menés dans les églises chrétiennes pour imposer à tous de croire qu’il y a trois personnes divines en une ne sont pas convaincants. Que ce soit l’expression de la foi de certains : très bien. Mais pourquoi vouloir l’imposer à tous ? C’est ce qui fait dire à Christian E. Mazel * : " On peut croire en Dieu le Père, à Jésus-christ, le Seigneur, le Fils du Père, et au Saint-Esprit, et n’être pas trinitarien. La Trinité définit trois personnes (hypostases, en grec) distinctes mais non séparées, égales, coéternelles, consubstantielles dans une seule et même nature. Le Père n’a pas de principe. Le Fils n’est pas créé mais engendré par le Père de toute éternité. Le Saint-Esprit procède du Père et du Fils (dans la théologie romaine opposée en cela à celle de l’orthodoxie orientale **)

* Christian E. Mazel, " Jésus est-il Dieu ? " dans Evangile et Liberté, juin 1989.

** sans adhérer à la théologie orthodoxe, pour ma part, j’ai plus de sympathie pour une théologie qui fait dépendre l’Esprit du Père seul, plutôt que du Père et du Fils, divinisant ainsi ce dernier.

Entre les trois, il n’y a ni subordination, ni dépendance, ni priorité de temps ou d’excellence.

A l’heure actuelle, bien que nous n’ayons pas d’archives sur ces deux réunions, on attribue ces formulations aux conciles de Nicée (en 325) et de Constantinople (en 381).


Il ne faudrait pas clore ce chapitre sur l’unicité de Dieu (ou l’anti-trinitarisme) sans donner la parole à certains de ceux qui, dans l’histoire, furent les plus ardents défenseurs de cette position.


Ferencz David
*, le réformateur de Transylvanie et fondateur des unitariens d’Europe de l’Est a pu dire : " Vous me parlez toujours de substance, d’hypostase, de nature. Indiquez-moi où se trouvent ces mots dans le Nouveau Testament, alors j’accepterai de m’en servir. S’il faut croire tout cela pour être sauvé, aucun chrétien sans instruction ne le sera ; au contraire, le sens des Ecritures est tellement clair que même un illettré peut les comprendre. Nous avons à suivre non pas ce qu’affirme Athanase, mais ce qu’affirme notre Seigneur Jésus-Christ "

* Ferencz David, Rövid Magyarazat, Alba Julia, Koloszvar, 1910, pp. 12-13, cité par Janes Erdo dans une conférence intitulée " The biblicism of Ferenc David " dans les Actes du colloque " Antitrinitarism in the Second Half of the 16th Century ", Budapest, Akademia Kiado, 1982


Nous devons aussi des affirmations très fermes sur cette question à Sébastien Castellion : " Quant à moi, Dieu, la nature, le langage de toutes les nations, la grammaire, la dialectique, l’arithmétique, s’accordent à m’enseigner que trois est trois, et que un est un, et que si telle chose est trois, elle n’est pas un, et si elle est un, elle n’est pas trois … " (De l’art de douter et de croire, d’ignorer et de savoir, éd. Jeheber, 1953, p. 131)

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